Shutter Island (Martin Scorsese - 2010)
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Effectivement, une scène très troublante...qui à elle seule, me donnerait presque envie de revoir le film !
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
putain tu m'a fait peur demi luneDemi-Lune a écrit :Oh là là, cruelle désillusion !
Dès l'instant que l'on connait déjà l'intrigue et son dénouement, le film perd singulièrement de son intérêt, le temps devient interminable tandis que les scories de la réalisation sautent aux yeux. Alors que son interprétation névrosée m'avait bluffé la première fois, j'ai trouvé Di Caprio navrant. Tout comme Scorsese, d'ailleurs, qui réalise ici sans doute son plus mauvais film (le nombre de faux-raccords, c'est dingue ). Il n'y a guère que Mark Ruffalo qui tire son épingle du jeu de ce Cluedo chez les zinzins.
Quel gâchis !
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Et au plan suivant, on voit que le verre est plein.Demi-Lune a écrit :Petit détail en passant : à la lumière de vos remarques concernant les fameux "faux"-raccords qui m'avaient plutôt échappé la première fois, j'ai tenté de rester concentré sur cet aspect lors de cette révision, tout particulièrement sur la désormais célèbre "scène du verre d'eau".
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Je ne partage malheureusement pas l'enthousiasme de Demi-Lune et suis contraire, bien déçu par le petit dernier du maître Scorsese.
Mes réticences à l'égard du film ne se portent néanmoins ni sur les acteurs, tous très bons (Marty a définitivement trouvé, avec DiCaprio, un digne "remplaçant" de De Niro, j'en suis convaincu), ni sur la mise en scène, qui regorge d'idées comme vous le soulignez. J'ai de toute façon tendance à aimer ces films-puzzles, petits jeux entre un réalisateur qui parsème son film d'indices et un spectateur qui ne se lasse jamais de découvrir et redécouvrir l'œuvre. Devant Shutter Island, j'ai donc pensé à Fight Club, mais à un Fight Club qui serait dénué de son côté jouissif au profit d'une ambiance supra-glauque, à mon avis trop gratuitement glauque.
Et c'est justement ce qui m'a gêné : l'insistance sur les tas de cadavres est, je trouve, de très mauvais goût, d'autant plus que je la trouve injustifiée (le réalisateur de Taxi Driver avait-il vraiment besoin de ces multiples flashbacks pour faire comprendre à son spectateur le traumatisme de son personnage principal ?). De plus, au risque de paraître pointilleux, je trouve la confusion entre les camps de Dachau et Auschwitz (voire entre Auschwitz I, le camp de travail et Auschwitz II - Birkenau, "le camp de la mort") assez problématique et maladroite.
Finalement, cette utilisation obscène des camps m'a obsédé durant le visionnage, en m'empêchant d'apprécier le film en le prenant pour ce qu'il est.
Il aura sûrement le droit à une deuxième chance, mais pas dans l'immédiat.
Mes réticences à l'égard du film ne se portent néanmoins ni sur les acteurs, tous très bons (Marty a définitivement trouvé, avec DiCaprio, un digne "remplaçant" de De Niro, j'en suis convaincu), ni sur la mise en scène, qui regorge d'idées comme vous le soulignez. J'ai de toute façon tendance à aimer ces films-puzzles, petits jeux entre un réalisateur qui parsème son film d'indices et un spectateur qui ne se lasse jamais de découvrir et redécouvrir l'œuvre. Devant Shutter Island, j'ai donc pensé à Fight Club, mais à un Fight Club qui serait dénué de son côté jouissif au profit d'une ambiance supra-glauque, à mon avis trop gratuitement glauque.
Et c'est justement ce qui m'a gêné : l'insistance sur les tas de cadavres est, je trouve, de très mauvais goût, d'autant plus que je la trouve injustifiée (le réalisateur de Taxi Driver avait-il vraiment besoin de ces multiples flashbacks pour faire comprendre à son spectateur le traumatisme de son personnage principal ?). De plus, au risque de paraître pointilleux, je trouve la confusion entre les camps de Dachau et Auschwitz (voire entre Auschwitz I, le camp de travail et Auschwitz II - Birkenau, "le camp de la mort") assez problématique et maladroite.
Finalement, cette utilisation obscène des camps m'a obsédé durant le visionnage, en m'empêchant d'apprécier le film en le prenant pour ce qu'il est.
Il aura sûrement le droit à une deuxième chance, mais pas dans l'immédiat.
- Demi-Lune
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
C'est un de ces éléments qui rend la lecture ambiguë du film tentante, à mon avis. Une erreur historique aussi énorme est intriguante en même temps qu'elle est, d'un point de vue mémoriel, gênante. Cependant, je crois que, tout comme les "faux"-raccords, cette erreur est volontaire. Franchement, je ne parviens pas à croire que les équipes de la direction artistique du film (vous croyez sérieusement que Dante Ferretti, l'homme des décors ultra-réalistes du Nom de la Rose, aurait laissé passer un truc aussi énorme alors qu'on peut, en deux clics sur Google, vérifier l'information ??? ) aient pu commettre une faute historique si grave sans en avoir eu pleinement conscience. C'est comme les "faux"-raccords : une immense monteuse comme Thelma Schonnmaker ne peut en laisser passer autant à moins que cela soit intentionnel. Et preuves photo à l'appui, la scène du verre en est la meilleure preuve.R2HK a écrit :De plus, au risque de paraître pointilleux, je trouve la confusion entre les camps de Dachau et Auschwitz (voire entre Auschwitz I, le camp de travail et Auschwitz II - Birkenau, "le camp de la mort") assez problématique et maladroite.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Parce que dans ce film, s'il ne faut pas prendre les images et l'intrigue pour argent comptant, la mise en scène ne ment pas. On ne va pas y revenir, mais la mise en scène de Scorsese multiplie les indications, les incitations sonores et visuelles, les jeux sur les couleurs, les plans subjectifs, les panotages de caméra, les faux faux-raccords, les déformations d'objets, les plans attestant une obsession de l'eau, les regards bien compris, les confusions historiques, pour nous faire comprendre le caractère incohérent et purement individuel des souvenirs de Teddy Daniels. Scorsese, comme affolé lui-même par l'horreur du monde et enfermé dedans, ou pour traduire l'affolement de son personnage, on ne sait, en fait même trop. Si bien que très vite, comme je l'avais écrit, on sent que quelque chose cloche. Le seul moment où ces indications scéniques disparaissent, où la mise en scène se fait limpide, se débarrasse de ses ornements baroques qui alourdissaient le film, et donne les images pour vraies, c'est à la fin. La photographie du film, elle-même, change. Et ce souvenir final de Daniels, par les dialogues qui le suivent, est largement corroboré par les personnages qui entourent Daniels si bien que l'ambiguité est levée. Ce qui débouche sur ce très beau choix final, typique de Scorsese, que fait Daniels avec cette phrase finale qui l'explicite. Si l'ambiguité demeurait, le film deviendrait pour moi vain, et on ne comprendrait même plus pourquoi Scorsese l'a fait.Demi-Lune a écrit :On ne doit pas prendre tout ce que Scorsese montre dans ce film pour argent comptant ! Là encore, la scène du verre va dans ce sens. Strum, dans les pages précédentes, ne voyait pas l'ambiguïté du film et de son finale. Pourtant, tout le film est bâti sur cette ambiguïté permanente. Teddy Daniels se plante ostensiblement dans son souvenir des camps ; pourquoi ne se planterait-il donc pas, par exemple, dans son souvenir final...
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Peut-être tout simplement pour le plaisir de réaliser un thriller à twist ludique et malin ? Comme toi, j'aimerais beaucoup entendre Scorsese au sujet de ce qui l'a motivé pour se lancer dans le tournage de ce film. L'homme n'est pas connu pour choisir ses projets à la légère.Strum a écrit :Si l'ambiguité demeurait, le film deviendrait pour moi vain, et on ne comprendrait même plus pourquoi Scorsese l'a fait.
J'espère que les bonus du dvd éclairciront cet aspect...
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Je sors du film (qui sorti de son twist idiot et somme toute périphérique est un bon film de "l'hyperfaiseur" qu'est devenu Scorsese. Aucun jugement de valeur là dedans, on a toujours besoin d'hyperfaiseur) je me fais cette réflexion sur l'usage du portail d'Auschwitz et non Dachau: n'est-ce pas une "simple" facilité permettant de lier les exécutions sommaires des SS à Dachau par les américains à l'image bien connue du "Arbeit macht frei", histoire que le public du samedi soir comprenne bien qu'on est dans un camp de concentration? C'est déprimant, mais il y aura toujours des exécutifs pour prémacher le boulot au public...
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
En fait, le verre est à moitié plein, pour être juste !Aragorn Elessar a écrit :Et au plan suivant, on voit que le verre est plein.Demi-Lune a écrit :Petit détail en passant : à la lumière de vos remarques concernant les fameux "faux"-raccords qui m'avaient plutôt échappé la première fois, j'ai tenté de rester concentré sur cet aspect lors de cette révision, tout particulièrement sur la désormais célèbre "scène du verre d'eau".
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Il y a des faux raccords volontaires, ok, mais il y a une autre pelletés qui sont involontaires, c'est fou comme ça saute au visage.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Ca fait des pages et des pages que vous parlez de faux-raccords (en insistant sur le plan du verre qui n'en est evidement pas un), mais moi j'en n' ai vu aucun. Vous pouvez m'en citer quelques uns ?
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Il y en a tellement et sur des scènes banales, qu'il serait difficile de tout disséquer.
La scène la plus flagrante c'est celle ou Dicaprio erre dans le bâtiment C et discute avec l'acteur Jackie Earle Haley, sur chaque changement de plan (champ-contrechamp) un faux raccord.
Après à la fin, dans le phare quand il brandit le fusil, d'un plan à l'autre il n'y a pas la même position.
Il y en a plein d'autres j'ai pas tout en tête, mais je me souviens que j'en remarquais du début à la fin du long métrage, et pourtant j'essayais pas d'en trouver.
La scène la plus flagrante c'est celle ou Dicaprio erre dans le bâtiment C et discute avec l'acteur Jackie Earle Haley, sur chaque changement de plan (champ-contrechamp) un faux raccord.
Après à la fin, dans le phare quand il brandit le fusil, d'un plan à l'autre il n'y a pas la même position.
Il y en a plein d'autres j'ai pas tout en tête, mais je me souviens que j'en remarquais du début à la fin du long métrage, et pourtant j'essayais pas d'en trouver.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Ah ouais... Rien vu du tout, moi.
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Tout d'abord, j'avais lu le livre que je n'avais pas trouvé fabuleux si ce n'est dans sa description de Teddy Daniels.Quand j'ai appris que Scorsese allait l'adapter,j'avais peur.Ca passe ou ca casse.
Connaissant le twist , je me suis plus attaché à la mise en scène.Quand j'entend un critique du Cercle sur Canal dire que si c'était un inconnu qui avait le film , il n'en ferait pas d'autre,ca me fait bien rire.Il y a plein d'idées dans ce film, ne serait ce que le choix de la musique, les scènes dans les camps,les faux raccords, Di Caprio qui porte le film...Après , c'est sur que tout n'est pas parfait (si ca veut dire quelquechose...).
A la sortie du ciné, je trouvais le film convenable mais sans plus mais mon sentiment positif a grandi au fur et à mesure des jours.Il faut remarquer que la scène finale est quand meme très forte.Je touve le traumatisme de Daniels tres bien illustré (un peus ouligné parfois, il est vrai).
Mais c'est bien mieux que le Gangs of New York charcuté (malheureusement) par les producteurs.De plus, scorsese fait un film bien moins lisse que Aviator et moins convenu que le remake de Infernal Affairs (mais ca reste jouissif).
Je suis d'accord avec Demi lune:c'est un film fièvreux,assez envoutant sur certains plans (et d'autres moins) et sans doute son meilleur depuis A tombeau ouvert .mais ce n'est pas un chef d'oeuvre (on ne peut pas faire Casino, Taxi driver et Raging Bull tous les jours ).
Connaissant le twist , je me suis plus attaché à la mise en scène.Quand j'entend un critique du Cercle sur Canal dire que si c'était un inconnu qui avait le film , il n'en ferait pas d'autre,ca me fait bien rire.Il y a plein d'idées dans ce film, ne serait ce que le choix de la musique, les scènes dans les camps,les faux raccords, Di Caprio qui porte le film...Après , c'est sur que tout n'est pas parfait (si ca veut dire quelquechose...).
A la sortie du ciné, je trouvais le film convenable mais sans plus mais mon sentiment positif a grandi au fur et à mesure des jours.Il faut remarquer que la scène finale est quand meme très forte.Je touve le traumatisme de Daniels tres bien illustré (un peus ouligné parfois, il est vrai).
Mais c'est bien mieux que le Gangs of New York charcuté (malheureusement) par les producteurs.De plus, scorsese fait un film bien moins lisse que Aviator et moins convenu que le remake de Infernal Affairs (mais ca reste jouissif).
Je suis d'accord avec Demi lune:c'est un film fièvreux,assez envoutant sur certains plans (et d'autres moins) et sans doute son meilleur depuis A tombeau ouvert .mais ce n'est pas un chef d'oeuvre (on ne peut pas faire Casino, Taxi driver et Raging Bull tous les jours ).
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Personnellement, j'ai trouvé qu'il y avait un tel désespoir dans le personnage de DiCaprio, que j'ai du mal à penser qu'il n'y en a pas un peu chez Scorsese et qu'il a voulu le mettre dans le film. De même que je l'imagine mal utiliser n'importe comment les images des camps.Demi-Lune a écrit :Peut-être tout simplement pour le plaisir de réaliser un thriller à twist ludique et malin ? Comme toi, j'aimerais beaucoup entendre Scorsese au sujet de ce qui l'a motivé pour se lancer dans le tournage de ce film. L'homme n'est pas connu pour choisir ses projets à la légère.
Pour moi - c'est juste mon interprétation - on passe d'un héros traumatisé par la libération du camp de Dachau, à un ancien militaire dont on ne sait pas trop si ses souvenirs se mélangent, voire si une partie de ses souvenirs sont le fruit de son imaginaire, partiellement forgé avec des images d'archives comme celles que nous connaissons tous - d'où l'utilisation manifestement volontaire de la porte d'Auchwitz, que chacun connaît et porte dans son imaginaire, plutôt que celle de Dachau, qui aurait au contraire "localisé" le moment où le trauma est né.
Idem pour la fusillade qui me semble être beaucoup plus l'évocation d'images que nous portons tous dans nos souvenirs ou dans notre imaginaire (c'est pour ça que je faisais référence plus haut à Srebrenica, mais on peut penser aussi à beaucoup d'autres évènements) qu'une évocation précise de ce qui se serait passé à Dachau.
En donnant ainsi une portés plus universelle au trauma du héros, il évoque des images de violences et de massacres que chacun de nous porte en tête, ne serait-ce que par la télévision. Et ainsi, il y a un peu de Scorsese et un peu de nous chez son héros qui en a trop vu et passe de la dépression à la folie. Un peu comme s'il devenait vain de ne pas mettre en scène ces images parce qu'elles sont obscènes, à partir du moment où, soixante ans après, des images du même type passent tous les jours à la télé.
C'est peut-être un peu tordu, mais c'est l'impression que le film m'a donné
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker
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Re: Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
Je conçois très bien qu'on puisse avoir aimé Shutter Island (avec ou sans réserve) et que ce que je vois comme des défauts puisse être tenu pour négligeable ou insignifiant. En revanche, je m'étonne de la bienveillance (voire même de la complaisance) avec laquelle certains défendent ce qui m'apparaît au mieux comme des faiblesses, au seul motif que ces erreurs seraient intentionnelles et qu'il faudrait dès lors les tenir quasiment pour des qualités. En résumé, "comme c'est volontairement raté, c'est donc forcément totalement réussi". En vertu de quel principe une succession de faux-raccords, fautes de goût, d'erreurs factuelles et de gaffes diverses
Quant au postulat "être fou, c'est un peu comme être enfermé dans un film réalisé avec les pieds", c'est - a fortiori pour un réalisateur de la trempe de Scorsese - une idée d'une paresse et d'une bêtise indigentes, non ? Rien que dans le cinéma des dix dernières années, on trouve de multiples exemples de représentation probante plus ou moins ostensible (cf. Memento ou Keane) de troubles mentaux ou d'un rapport conflictuel à la réalité. Scorsese aurait pris le parti d'une illustration de la folie aussi grossière en la rendant à l'écran par une succession de champ-contrechamps sciemment approximatifs, de CGI volontairement foireuses ? L'idée me semble encore plus embarrassante que le fait qu'il ait sorti un film "seulement" bâclé. Le roman de Lehane serait-il meilleur, la psychologie du personnage plus aboutie, etc., si le livre était volontairement parsemé de fautes d'orthographes, de coquilles et de phrases lourdingues ?
Reste néanmoins la "scène du verre" dont il est pour le coup inimaginable qu'elle puisse être une erreur involontaire et qui pose une question simple, dont en découlent plusieurs autres : qui voit /ne voit pas le verre ? En d'autres termes : de qui sommes-nous censés partager le point de vue quand il apparaît /disparaît ? Doit-on croire que le verre existe et que certains personnages (DiCaprio et / ou la patiente) ne le voient pas, ou bien l'inverse ? Et plus globalement, à quoi bon cette pirouette ? Ces quelques plans me sont apparus comme une sorte d'abdication : par cette indétermination confuse du point de vue, Scorsese semble rejeter ses responsabilités de director et lâcher le spectateur en disant "tout ça c'est juste des images, vous croyez ce que vous voulez, moi, je vous garantis rien". Pour moi, le "moteur narratif" a cassé à ce moment-là puisque le twist était dès lors attendu et le dénouement prévisible, la localisation de l'intrigue apparaissant pour ce qu'elle est : un piège pas très habile.
Une fois dissuadé de "suspendre mon incrédulité" devant une intrigue à prendre au conditionnel et à laquelle Scorsese lui-même ne semble pas vraiment s'intéresser ou croire, j'ai cherché en vain quelque chose pour sauver le film : une photo pas terrible, un jeu de piste sans queue ni tête (et donc sans grand intérêt), des personnages sans épaisseur, des flashbacks / visions lourdingues, des scènes d'un didactisme insultant (le panneau des anagrammes ! ) et au milieu de tout ça, DiCaprio tentant (avec une certaine conviction, mais pas sans maladresse) de donner un peu d'humanité à un pantin mentalement désarticulé.
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Quant au postulat "être fou, c'est un peu comme être enfermé dans un film réalisé avec les pieds", c'est - a fortiori pour un réalisateur de la trempe de Scorsese - une idée d'une paresse et d'une bêtise indigentes, non ? Rien que dans le cinéma des dix dernières années, on trouve de multiples exemples de représentation probante plus ou moins ostensible (cf. Memento ou Keane) de troubles mentaux ou d'un rapport conflictuel à la réalité. Scorsese aurait pris le parti d'une illustration de la folie aussi grossière en la rendant à l'écran par une succession de champ-contrechamps sciemment approximatifs, de CGI volontairement foireuses ? L'idée me semble encore plus embarrassante que le fait qu'il ait sorti un film "seulement" bâclé. Le roman de Lehane serait-il meilleur, la psychologie du personnage plus aboutie, etc., si le livre était volontairement parsemé de fautes d'orthographes, de coquilles et de phrases lourdingues ?
Reste néanmoins la "scène du verre" dont il est pour le coup inimaginable qu'elle puisse être une erreur involontaire et qui pose une question simple, dont en découlent plusieurs autres : qui voit /ne voit pas le verre ? En d'autres termes : de qui sommes-nous censés partager le point de vue quand il apparaît /disparaît ? Doit-on croire que le verre existe et que certains personnages (DiCaprio et / ou la patiente) ne le voient pas, ou bien l'inverse ? Et plus globalement, à quoi bon cette pirouette ? Ces quelques plans me sont apparus comme une sorte d'abdication : par cette indétermination confuse du point de vue, Scorsese semble rejeter ses responsabilités de director et lâcher le spectateur en disant "tout ça c'est juste des images, vous croyez ce que vous voulez, moi, je vous garantis rien". Pour moi, le "moteur narratif" a cassé à ce moment-là puisque le twist était dès lors attendu et le dénouement prévisible, la localisation de l'intrigue apparaissant pour ce qu'elle est : un piège pas très habile.
Une fois dissuadé de "suspendre mon incrédulité" devant une intrigue à prendre au conditionnel et à laquelle Scorsese lui-même ne semble pas vraiment s'intéresser ou croire, j'ai cherché en vain quelque chose pour sauver le film : une photo pas terrible, un jeu de piste sans queue ni tête (et donc sans grand intérêt), des personnages sans épaisseur, des flashbacks / visions lourdingues, des scènes d'un didactisme insultant (le panneau des anagrammes ! ) et au milieu de tout ça, DiCaprio tentant (avec une certaine conviction, mais pas sans maladresse) de donner un peu d'humanité à un pantin mentalement désarticulé.