Plutôt Tarkovski.Demi-Lune a écrit :Durant la première heure, je m'inquiète : est-ce ça, le film que beaucoup d'entre vous m'avaient conseillé ? Un rythme d'une lenteur incroyable, un gamin au jeu complètement crispé et agaçant, une quasi absence d'histoire à raconter... et lorsque le cinéaste s'attarde sur une cigogne qui marche dans la forêt, je crois être tombé sur un film perdu de Terrence Malick.
Requiem pour un massacre (Elem Klimov - 1985)
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
C'est ce qu'Anorya m'écrivait justement en MP... Tarkovski est un cinéaste dont je ne connais absolument pas l'oeuvre, si ce n'est son court The Killers qui était quand même assez anecdotique, dans mes souvenirs. Si ses films ressemblent beaucoup à ces éléments que j'ai pointés, alors je risque en effet d'avoir un peu de mal, mais j'avoue être plutôt curieux de me pencher sur la filmographie acclamée de ce cinéaste. Le moment venu.Wagner a écrit :Plutôt Tarkovski.Demi-Lune a écrit :Durant la première heure, je m'inquiète : est-ce ça, le film que beaucoup d'entre vous m'avaient conseillé ? Un rythme d'une lenteur incroyable, un gamin au jeu complètement crispé et agaçant, une quasi absence d'histoire à raconter... et lorsque le cinéaste s'attarde sur une cigogne qui marche dans la forêt, je crois être tombé sur un film perdu de Terrence Malick.
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
Son premier film, l'Enfance d'Ivan, est à mon sens son meilleur. Après, il a eu trop tendance à plaquer Bach sur ses images pour provoquer l'extase mystique, mais les choses ne sont pas aussi simples. Comparer les deux Solaris est intéressant.Demi-Lune a écrit :C'est ce qu'Anorya m'écrivait justement en MP... Tarkovski est un cinéaste dont je ne connais absolument pas l'oeuvre, si ce n'est son court The Killers qui était quand même assez anecdotique, dans mes souvenirs. Si ses films ressemblent beaucoup à ces éléments que j'ai pointés, alors je risque en effet d'avoir un peu de mal, mais j'avoue être plutôt curieux de me pencher sur la filmographie acclamée de ce cinéaste. Le moment venu.Wagner a écrit :
Plutôt Tarkovski.
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
Les choses ne sont en effet pas aussi simples. C'est dans Le Sacrifice (et dans une bien moindre mesure Le Miroir et Solaris) qu'il utilise beaucoup Bach, pas dans les autres. Le chef d'oeuvre de Tarkovski est pour moi Andrei Roublev, qui est l'un des plus beaux films du monde (et que je crois bien supérieur à L'Enfance d'Ivan). A mon sens, tu peux acheter Andrei Roublev, les yeux fermés, Demi-Lune et le voir dans la foulée sans crainte ni préparation quelconque. Toi qui attache beaucoup d'importance à la mise en scène dans un film, tu seras saisi par la puissance des cadrages de Tarkovski. Son seul film vraiment difficile, c'est Le Miroir, qui m'est d'ailleurs demeuré assez hermétique.Wagner a écrit :Son premier film, l'Enfance d'Ivan, est à mon sens son meilleur. Après, il a eu trop tendance à plaquer Bach sur ses images pour provoquer l'extase mystique, mais les choses ne sont pas aussi simples.
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
C'est noté !Strum a écrit :A mon sens, tu peux acheter Andrei Roublev, les yeux fermés, Demi-Lune et le voir dans la foulée sans crainte ni préparation quelconque.
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
Oui, je parlais de tendance, pas d'une bande son faite uniquement de Bach, qui apparaît bien dans les moments clés de Solaris par exemple(d'une manière très pertinente d'ailleurs à l'occasion du plan final de la planète).Strum a écrit :Les choses ne sont en effet pas aussi simples. C'est dans Le Sacrifice (et dans une bien moindre mesure Le Miroir et Solaris) qu'il utilise beaucoup Bach, pas dans les autres. Le chef d'oeuvre de Tarkovski est pour moi Andrei Roublev, qui est l'un des plus beaux films du monde (et que je crois bien supérieur à L'Enfance d'Ivan).Wagner a écrit :Son premier film, l'Enfance d'Ivan, est à mon sens son meilleur. Après, il a eu trop tendance à plaquer Bach sur ses images pour provoquer l'extase mystique, mais les choses ne sont pas aussi simples.
Il est certainement très bien de voir tous les films de Tarkovski, ne serait-ce que pour grapiller un plan par ci par là, mais pour quelqu'un qui ne connaît pas, je ne saurais que trop recommander de débuter par L'Enfance d'Ivan. Tout comme je conseillerais à quelqu'un qui ne connaît pas Bergman de commencer par Un été avec Monika plutôt que Cris et chuchotements. A chacun de décider ensuite quelle période trouve ses faveurs.
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
J'abonde dans le sens de Strum, Andreï Roublev est un chef d'oeuvre. Néanmoins, je recommende plus de commencer par Stalker (chef d'oeuvre pour moi) ou L'enfance d'Ivan. Choix éminement subjectifs bien sûr liés à notre histoire personnelle de cinéphile et nos goûts (j'ai commencé avec Stalker que j'ai visionné un certain nombre de fois avant de me décider à me pencher sur le reste de sa géniale filmographie ) mais il m'est arrivé une fois d'avoir eu une remarque désobligeante envers Andréï Roublev du style "c'est trop long" qui fait que j'oriente maintenant plus vers Stalker. Remarque que j'ai du mal à comprendre personnellement mais bon...Demi-Lune a écrit :C'est noté !Strum a écrit :A mon sens, tu peux acheter Andrei Roublev, les yeux fermés, Demi-Lune et le voir dans la foulée sans crainte ni préparation quelconque.
Celà te décidera sans doute ou pas mais l'enfance d'Ivan est celui qui est le moins cher sur le site de la fnac si je me souviens bien (prix vert en ce moment même). Sans doute lié au fait que c'est l'un de ses films les plus courts et qu'il ne tient que sur un dvd contrairement à Roublev, Solaris ou Stalker.
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
L'Enfance d'Ivan fait partie de la sélection à 10 euros, mais sur le site de la Fnac, ce n'est plus ce prix-là qui est indiqué... il est possible que tous ceux proposés par la Fnac dans le cadre de l'opération soient déjà partis. En tout cas, je vérifierai ça tout prochainement. Et Andreï Roublev me tente sacrément.Anorya a écrit :Celà te décidera sans doute ou pas mais l'enfance d'Ivan est celui qui est le moins cher sur le site de la fnac si je me souviens bien (prix vert en ce moment même). Sans doute lié au fait que c'est l'un de ses films les plus courts et qu'il ne tient que sur un dvd contrairement à Roublev, Solaris ou Stalker.
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
Si tu as du mal avec des plans qui ont l'air "de sortir d'un film perdu de Malick", ne commence pas par Stalker.
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Chacun voudrait voir l'autre reproduire sa propre expérience : j'ai pour ma part commencé avec Andrei Roublev. C'est l'un des jalons de ma vie de cinéphile. Au-delà des thèmes du film qui m'intéressaient beaucoup, j'ai trouvé que c'était un film d'une extraordinaire puissance visuelle, et surtout d'une vérité expressive comme j'en ai rarement vu au cinéma. J'ai déjà écrit sur Roublev sur le forum, et je ne voudrais pas me répéter, mais c'est un des rares films que j'ai vus où j'ai eu le sentiment de prendre une machine à remonter le temps (pour voir le moyen-âge russe par les yeux d'Andrei). Le film m'a tellement estomaqué que j'en ai revu certaines scènes les jours suivants, alors que d'habitude, je ne cherche pas à revoir les films que je vois.Anorya a écrit :J'abonde dans le sens de Strum, Andreï Roublev est un chef d'oeuvre. Néanmoins, je recommende plus de commencer par Stalker (chef d'oeuvre pour moi) ou L'enfance d'Ivan. Choix éminement subjectifs bien sûr liés à notre histoire personnelle de cinéphile et nos goûts (j'ai commencé avec Stalker que j'ai visionné un certain nombre de fois avant de me décider à me pencher sur le reste de sa géniale filmographie ) mais il m'est arrivé une fois d'avoir eu une remarque désobligeante envers Andréï Roublev du style "c'est trop long" qui fait que j'oriente maintenant plus vers Stalker. Remarque que j'ai du mal à comprendre personnellement mais bon...
Stalker est plus difficile, je trouve. Narrativement, Stalker est certes un film linéaire, là où Roublev adopte une narration fragmentée, comme impressionniste, pour nous raconter la vie d'Andrei, mais les thèmes et la signification de Stalker sont plus mystérieux, moins évidents à saisir. Le rythme en est plus lent. Et je suis assez réservé sur les couleurs sepia du film. Le film est comme un couvercle où se débattent les personnages.
Roublev, au contraire, c'est le film monde par excellence, à la fois intimiste et à grand spectacle, puissant et généreux, maniant les foules et la nature avec une force égale, ouvert sur les sublimes paysages de toundra et de forêts russes, ou curieux des rivières russes (ah, ces sublimes plans d'eau des films de Tarko) qui sont comme les alluvions nourrissant la terre et la glaise, matière incertaine dont sont faits les hommes, comme le suggère le film. Il y a des moments virtuoses dans l'utilisation de la caméra et pleins de bruits et de fureur (cf la violence et la fulgurance du sac de la ville par les tartares ; c'est une des scènes de guerre parmi les plus impressionnantes que j'ai vues), un noir et blanc d'une beauté inoui, donnant presque par moment l'impression d'un voile lumineux sur l'écran (cf la fête paienne). Et il y a des moments qui semblent tout droits sortis de Dostoïevski (la parabole de la crucifixion), mon écrivain préféré. Quant aux thèmes du film, les dialogues sont assez explicites, et là où ils ne le sont pas, les images expriment ce qu'il faut savoir. Le seul moment difficile finalement, c'est le prologue avec le ballon. On n'en comprend pas la signification sur le moment (on la saisit mieux en le revoyant après avoir vu le film). Et mince, j'avais dit que je ne répéterai pas ce que j'ai déjà dit sur Roublev ; me voilà une nouvelle fois débordé par mon enthousiasme !
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Re: Tarkovski
Tarkovski fait partie de ces cinéastes qui ont changé de manière: il est donc logique de commencer par sa première, la plus abordable et déjà riche, plutôt que d'affronter d'emblée des films plus difficiles visiblement issus de gros efforts.Strum a écrit :Chacun voudrait voir l'autre reproduire sa propre expérience
Voilà, ce post pour dire que j'ai raison
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Re: Tarkovski
Tu as raison puisque le meilleur film de sa première période, c'est Andrei Roublev !Wagner a écrit :Tarkovski fait partie de ces cinéastes qui ont changé de manière: il est donc logique de commencer par sa première, la plus abordable et déjà riche, plutôt que d'affronter d'emblée des films plus difficiles visiblement issus de gros efforts.
Voilà, ce post pour dire que j'ai raison
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Re: Tarkovski
Andrei Roublev joue déjà d'un symbolisme très intellectuel, résumé par le long plan du cheval au début du film: beaucoup pourront déjà trouver ça très inspiré, ou très lourd car la symbolique du cheval, déjà à l'époque était usé juqu'à la corde (de Quand la ville dort à 28 jours plus tard, c'est une espèce de scie cinématographique).Strum a écrit :Tu as raison puisque le meilleur film de sa première période, c'est Andrei Roublev !Wagner a écrit :Tarkovski fait partie de ces cinéastes qui ont changé de manière: il est donc logique de commencer par sa première, la plus abordable et déjà riche, plutôt que d'affronter d'emblée des films plus difficiles visiblement issus de gros efforts.
Voilà, ce post pour dire que j'ai raison
Rien de tout ça dans l'Enfance d'Ivan.
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Re: Tarkovski
Il y a un seul plan de ce type dans Roublev, celui du cheval au début. Ce n'est pas le meilleur plan du film effectivement (pour autant, ce n'est pas parce que la fin de Quand la ville dort montre un plan de cheval (dans un autre contexte) que Tarkovski n'a pas le droit de reprendre cette symbolique à son compte). Mais oublions un instant ce plan du cheval, oublions ce prologue obscur : le reste du film tient pour moi du sublime, et n'est guère intellectualisé. Je dois dire que l'Enfance d'Ivan, quoique très beau (quelle belle fin !), m'a beaucoup moins transporté, beaucoup moins marqué, qu'Andrei Roublev, que je trouve d'une beauté visuelle stupéfiante.Wagner a écrit :Andrei Roublev joue déjà d'un symbolisme très intellectuel, résumé par le long plan du cheval au début du film: beaucoup pourront déjà trouver ça très inspiré, ou très lourd car la symbolique du cheval, déjà à l'époque était usé juqu'à la corde (de Quand la ville dort à 28 jours plus tard, c'est une espèce de scie cinématographique).
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Re: Requiem pour un massacre (Elem Klimov)
Je ne peux débattre davantage: je ne me souviens que du plan du cheval et d'un film long
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