Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub (1933-2022)
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Re: L'Obituaire - Hommage aux disparus
Leur problème aux Straub, c'est qu'ils font des films qui n'intéresse qu'une minorité de cinéphiles. Pourtant quand tu les écoutes parler tu vois bien qu'ils en ont rien à foutre d'eux et qu'ils cherchent plutôt à intéresser le grand public. Mais le grand public se fout éperdument des films des Straub.
"Toutes les raisons évoquées qui t'ont paru peu convaincantes sont, pour ma part, les parties d'une remarquable richesse." Watki.
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Re: L'Obituaire - Hommage aux disparus
C'est pas faux et c'est même bien vrai. Mais si l'on excepte quelques films...dont l'idée est quand même un peu tordue, comme Une visite au Louvre...leur discours selon lequel leurs films sont faits pour un public populaire est non seulement sincère mais "devrait" être vrai. C'est pas les Straubs qui se foutent de notre gueule, c'est le "grand public" qui ignore jusqu'à leur existence.
Leur message est simple et compréhensible, concerne le quotidien des petites gens. Sauf, au premier abord, quand ils donnent dans le littéraire comme De la nuée à la résistance, mais, après tout, les textes de Pavese ne sont pas abscons et il fut un temps (pour ce qui concerne la première partie) où non pas le "grand public" mais les gens instruits en général, connaissaient les bases de la mythologie grecque et pouvaient goûter avec plaisir la première partie du film (non pas que la seconde devienne compliquée, c'est juste que les textes sont "contemporains").
Pour moi, ce n'est pas un cinéma intellectuel, même s'il est d'une grande intelligence. C'est un cinéma destiné à un public qui ne le connaît pas, et qui est vu principalement par des intellectuels, trop heureux de faire les beaux et de gloser, qui ne savent pas faire leur métier de passeurs et qui, au contraire, sont trop contents de donner l'impression que ce cinéma est incompréhensible, sauf à une petite élite à laquelle, bien sûr, ils appartiennent.
Je précise aux râleurs que ces posts ne sont pas HS, Danièle Huillet nous a quitté en 2006 et en matière d'hommage, mieux vaut tard que jamais.
Leur message est simple et compréhensible, concerne le quotidien des petites gens. Sauf, au premier abord, quand ils donnent dans le littéraire comme De la nuée à la résistance, mais, après tout, les textes de Pavese ne sont pas abscons et il fut un temps (pour ce qui concerne la première partie) où non pas le "grand public" mais les gens instruits en général, connaissaient les bases de la mythologie grecque et pouvaient goûter avec plaisir la première partie du film (non pas que la seconde devienne compliquée, c'est juste que les textes sont "contemporains").
Pour moi, ce n'est pas un cinéma intellectuel, même s'il est d'une grande intelligence. C'est un cinéma destiné à un public qui ne le connaît pas, et qui est vu principalement par des intellectuels, trop heureux de faire les beaux et de gloser, qui ne savent pas faire leur métier de passeurs et qui, au contraire, sont trop contents de donner l'impression que ce cinéma est incompréhensible, sauf à une petite élite à laquelle, bien sûr, ils appartiennent.
Je précise aux râleurs que ces posts ne sont pas HS, Danièle Huillet nous a quitté en 2006 et en matière d'hommage, mieux vaut tard que jamais.
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Re: L'Obituaire - Hommage aux disparus
C'est vrai. D'ailleurs il y a pas mal de snobs dans la critique. J'en ai côtoyé. Parfois ceux qui parlent le mieux du cinéma sont souvent des gens qui n'y connaissent rien. Dans la technique, il y a une chose intéressante aussi dans le cinéma des Straub, c'est leur manière de filmer et de monter les plans sans artifices. Ça se retrouve même dans leurs adaptations des opéras de Schönberg où le texte du livret est chanté en direct par les comédiens. Il n'y a pas de post-synchronisation comme c'est souvent le cas.Phnom&Penh a écrit :Pour moi, ce n'est pas un cinéma intellectuel, même s'il est d'une grande intelligence. C'est un cinéma destiné à un public qui ne le connaît pas, et qui est vu principalement par des intellectuels, trop heureux de faire les beaux et de gloser, qui ne savent pas faire leur métier de passeurs et qui, au contraire, sont trop contents de donner l'impression que ce cinéma est incompréhensible, sauf à une petite élite à laquelle, bien sûr, ils appartiennent.
A la limite leurs films s'adressent plus à des gens qui travaillent dans le milieu du cinéma en leur apprenant comment faire des films de façon honnête sans se laisser influencer par des procédés artificiels un peu frelatés que l'on retrouve un peu trop couramment dans l'industrie du cinéma. Par exemple le fait d'utiliser une musique plaintive et larmoyante pour souligner une émotion. Ça c'est un truc qu'ils ont toujours dénoncé.
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Re: L'Obituaire - Hommage aux disparus
Le meilleur exemple que je puisse citer, c'est le début de De la nuée à la résistance: deux comédiens en toge qui déclament des textes anciens dans une forêt. On ne peut pas faire plus ridicule, mais grâce à une photo magnifique, le texte est sublimé et le résultat est grandiose. Et le message, la surprise passée, est très actuel puisqu'intemporel.julien a écrit :Dans la technique, il y a une chose intéressante aussi dans le cinéma des Straub, c'est leur manière de filmer et de monter les plans sans artifices.
Cela dit, ce n'est pas ce que j'aurai cité comme accessible à tous. Plutôt Sicilia ou Amerika, rapports de classe. On est bien obligé de tous se taper du Kafka à l'école, c'est pas désagréable de le voir bien adapté et "évident".Ça se retrouve même dans leurs adaptations des opéras de Schönberg où le texte du livret est chanté en direct par les comédiens. Il n'y a pas de post-synchronisation comme c'est souvent le cas.
Schönberg, c'est pas facile.
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
J'ai pas vu beaucoup de leurs films en fait. Faudrait que j'approfondisse un peu. Maintenant qu'ils existent en dvd c'est plus facile. Amerika, rapports de classe je ne l'ai pas vu. Sicilia j'avais était le voir parce que j'avais entendu Straub en parler dans une émission sur France Culture et j'avais bien apprécié son discours. Et puis il s'en était pris au cinéma de Kubrick assez vertement, ça m'avait fait rire. Cela dit Sicilia, c'est pas non plus tellement enlevé... Faut vraiment comprendre leurs démarches pour apprécier leurs films je pense. D'ailleurs il y a un réalisateur qui les a filmé au moment du montage du film et c'est extrêmement intéressant. Tu vois vraiment tout le travail de construction des scènes. Un making off digne de ce nom devrait être réalisé comme ça d'ailleurs. La plupart que l'on trouve sur les suppléments dvd s'apparentent généralement plus à des promos. Un qui me tente bien aussi et qu'il faudrait que je visionne c'est leur court-métrage En rachâchant.
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
Trois nouveaux films de Straub (regroupés en un programme) à sortir en début d'année. Comme la dernière livraison, celle-ci laisse vraiment sur sa faim... pour le coup, on est vraiment très très loin d'un cinéma populaire.
Mieux vaut donc se rabattre sur la dernière partie de l'intégrale Straub-Huillet chez Montparnasse avec entre autre le fabuleux documentaire de Pedro Costa évoqué ci-dessus.
Mieux vaut donc se rabattre sur la dernière partie de l'intégrale Straub-Huillet chez Montparnasse avec entre autre le fabuleux documentaire de Pedro Costa évoqué ci-dessus.
Les films sont à notre civilisation ce que les rêves sont à nos vies individuelles : ils en expriment le mystère et aident à définir la nature de ce que nous sommes et de ce que nous devenons. (Frank Pierson)
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
Cézanne (1989) et Une visite au Louvre (2003) Volume 4 des DVD Montparnasse
Joachim Gasquet est un poète français dont le père était ami de Paul Cézanne. Cette amitié lui permit de passer de longs moments en compagnie du peintre, et notamment d’effectuer avec lui une mémorable visite du Louvre durant laquelle Cézanne commenta les œuvres qu’il détestait et celles qu’il adorait.
A une époque où la technique de l’enregistrement était balbutiante, Gasquet prit note de ses entretiens avec Cézanne et il en fit un livre composé de deux parties, "Ce que je sais ou ai vu de sa vie" et "Ce qu’il m’a dit".Jean-Marie Straub et Danièle Huillet ont réalisé un film de 45mn en 1989, Cézanne, dont l’essentiel du texte provient de la seconde partie du livre de Gasquet, "Ce qu’il m’a dit".
Certains esprits chagrins – on n’en manque jamais – ont accusé Gasquet d’avoir interprété les propos de Cézanne. Jean-Marie Straub en disait : "Certains affirment que Gasquet ne s’est pas contenté de recueillir mais a aussi fait passer des opinions à lui. Le fait est qu’il s’agit de propos présentés comme étant ceux de Cézanne. De toute façon, quand on retranscrit…"
Retranscrire est un art. Du reste, Joachim Gasquet est un poète oublié et les propos qu’il fait tenir à Cézanne sont d'une telle spontanéité qu’imaginer que le peintre n’est pas à l’origine du texte est simplement grotesque. Gasquet s’est plié au génie de Cézanne avec la plus grande humilité et le texte publié en 1921 est d’une luminosité qui vaut toutes les fidélités.
Cézanne est un film austère composé principalement de plans fixes sur des photos et des tableaux. Un film austère, certes, mais d’une grande beauté. Straub et Huillet, qui aimaient à se faire appeler les Straubs (avec un S car ils étaient deux), ont réalisé ce film avec Henri Alekan à la photographie et Louis Cochet aux éclairages. L’image est splendide et le long plan fixe sur un sous-bois au soleil levant, durant la seconde citation de La mort d’Empédocle, devrait convaincre le spectateur attentif qui aurait du mal à apprécier la qualité de la photographie des peintures de Cézanne.
Film austère mais aussi film violent. Le texte de Cézanne est récité par Danièle Huillet qui sait, elle aussi, retranscrire. Sa voix claire fait tinter les phrases du peintre d’une manière urgente qui, mieux que toute explication, sait transmettre la force et le génie de l’artiste face à sa toile, vivant et frémissant.
Vie et frémissement d’une terre toujours jeune et éveillée : cette intuition de l’artiste est soulignée par deux extraits de La mort d’Empédocle du poète Hölderlin. Empédocle, ce grec qui choisit de se jeter dans les laves d’un volcan pour retrouver la chaleur primitive de la terre dont il avait la nostalgie.
Un autre extrait est placé dans la première moitié du film et réjouira le cinéphile. Il s’agit de la scène dite des Comices agricoles dans le Madame Bovary de Jean Renoir. Cézanne commente une de ses peintures, la Vieille au chapelet, en précisant que le tableau a une nuance bleu-roux qui lui rappelait la lecture d’un passage de Flaubert et la description d’une petite vieille. Là-dessus commence un long extrait du film au milieu duquel on voit cette petite vieille, à son tour inspirée du tableau de Paul Cézanne, l’un des plus proches amis de son père, Auguste Renoir. Plus important encore que l’art, il y a la transmission, la communication d’une émotion.
Quelques années plus tard, en 2003, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet reviennent sur les propos de Cézanne retranscrits par Joachim Gasquet, dans Une visite au Louvre. Le film commence par un travelling sur le Louvre et se termine par un long mouvement de caméra dans un bois. Entre les deux, Cézanne commente quelques-unes de ses œuvres préférées, et incendie sans vergogne quelques maîtres qu’il méprise.
La violence des ses critiques pourrait faire peur si elle n’était pas noyée dans la tendresse qu’il montre pour les œuvres qu’il chérit. Enflammé d’émotion devant l’Enterrement à Ornans de Courbet et s’indignant de ce que cette toile soit exposée dans un sombre cave (à l’époque), Cézanne crie qu’il préfère mettre le feu au Louvre plutôt que d’accepter une telle indignité.
Cézanne et Une visite au Louvre sont des films exigeants qui nourrissent le spectateur pour longtemps. Ce sont des films courts mais très denses. Je ne les recommanderai pas à quelqu’un n’ayant pas grand goût pour la peinture, mieux vaut alors commencer par Chronique d’Anna Magdalena Bach (1967) pour qui aime la musique, ou l’un de leurs nombreux films littéraires. Mais celui qui ressent de l’émotion face à une toile de maître trouvera dans ces deux films une excellente introduction au cinéma des Straubs.
Films intellectuels ? Le texte est de Cézanne, les peintures présentées sont bien connues. Non : ce sont des films beaux, intelligents et cultivés. C’est encore plus rare, il est donc normal que cela surprenne. Ce sont aussi des films violents, parce qu’une certaine violence se justifie face à la médiocrité.
Cinémathèque de Nice en 2002 :
Le Public : "J’ai été agréablement surpris par votre film parce qu’on m’avait dit que j’étais fou de venir ici. Aussi, je voudrais savoir ce que vous pensez de votre réputation assez intellectualiste ?"
Jean-Marie Straub : "J’en pense que j’aurai du me flinguer depuis longtemps et que, comme je ne l’ai pas fait, lentement, je deviens terroriste, c’est tout ce que j’ai à dire".
Présentation des cinéastes par Jonathan Rosenbaum: The place(s) of Danièle
Joachim Gasquet est un poète français dont le père était ami de Paul Cézanne. Cette amitié lui permit de passer de longs moments en compagnie du peintre, et notamment d’effectuer avec lui une mémorable visite du Louvre durant laquelle Cézanne commenta les œuvres qu’il détestait et celles qu’il adorait.
A une époque où la technique de l’enregistrement était balbutiante, Gasquet prit note de ses entretiens avec Cézanne et il en fit un livre composé de deux parties, "Ce que je sais ou ai vu de sa vie" et "Ce qu’il m’a dit".Jean-Marie Straub et Danièle Huillet ont réalisé un film de 45mn en 1989, Cézanne, dont l’essentiel du texte provient de la seconde partie du livre de Gasquet, "Ce qu’il m’a dit".
Certains esprits chagrins – on n’en manque jamais – ont accusé Gasquet d’avoir interprété les propos de Cézanne. Jean-Marie Straub en disait : "Certains affirment que Gasquet ne s’est pas contenté de recueillir mais a aussi fait passer des opinions à lui. Le fait est qu’il s’agit de propos présentés comme étant ceux de Cézanne. De toute façon, quand on retranscrit…"
Retranscrire est un art. Du reste, Joachim Gasquet est un poète oublié et les propos qu’il fait tenir à Cézanne sont d'une telle spontanéité qu’imaginer que le peintre n’est pas à l’origine du texte est simplement grotesque. Gasquet s’est plié au génie de Cézanne avec la plus grande humilité et le texte publié en 1921 est d’une luminosité qui vaut toutes les fidélités.
Cézanne est un film austère composé principalement de plans fixes sur des photos et des tableaux. Un film austère, certes, mais d’une grande beauté. Straub et Huillet, qui aimaient à se faire appeler les Straubs (avec un S car ils étaient deux), ont réalisé ce film avec Henri Alekan à la photographie et Louis Cochet aux éclairages. L’image est splendide et le long plan fixe sur un sous-bois au soleil levant, durant la seconde citation de La mort d’Empédocle, devrait convaincre le spectateur attentif qui aurait du mal à apprécier la qualité de la photographie des peintures de Cézanne.
Film austère mais aussi film violent. Le texte de Cézanne est récité par Danièle Huillet qui sait, elle aussi, retranscrire. Sa voix claire fait tinter les phrases du peintre d’une manière urgente qui, mieux que toute explication, sait transmettre la force et le génie de l’artiste face à sa toile, vivant et frémissant.
Vie et frémissement d’une terre toujours jeune et éveillée : cette intuition de l’artiste est soulignée par deux extraits de La mort d’Empédocle du poète Hölderlin. Empédocle, ce grec qui choisit de se jeter dans les laves d’un volcan pour retrouver la chaleur primitive de la terre dont il avait la nostalgie.
Quelques années plus tard, en 2003, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet reviennent sur les propos de Cézanne retranscrits par Joachim Gasquet, dans Une visite au Louvre. Le film commence par un travelling sur le Louvre et se termine par un long mouvement de caméra dans un bois. Entre les deux, Cézanne commente quelques-unes de ses œuvres préférées, et incendie sans vergogne quelques maîtres qu’il méprise.
La violence des ses critiques pourrait faire peur si elle n’était pas noyée dans la tendresse qu’il montre pour les œuvres qu’il chérit. Enflammé d’émotion devant l’Enterrement à Ornans de Courbet et s’indignant de ce que cette toile soit exposée dans un sombre cave (à l’époque), Cézanne crie qu’il préfère mettre le feu au Louvre plutôt que d’accepter une telle indignité.
Cézanne et Une visite au Louvre sont des films exigeants qui nourrissent le spectateur pour longtemps. Ce sont des films courts mais très denses. Je ne les recommanderai pas à quelqu’un n’ayant pas grand goût pour la peinture, mieux vaut alors commencer par Chronique d’Anna Magdalena Bach (1967) pour qui aime la musique, ou l’un de leurs nombreux films littéraires. Mais celui qui ressent de l’émotion face à une toile de maître trouvera dans ces deux films une excellente introduction au cinéma des Straubs.
Films intellectuels ? Le texte est de Cézanne, les peintures présentées sont bien connues. Non : ce sont des films beaux, intelligents et cultivés. C’est encore plus rare, il est donc normal que cela surprenne. Ce sont aussi des films violents, parce qu’une certaine violence se justifie face à la médiocrité.
Cinémathèque de Nice en 2002 :
Le Public : "J’ai été agréablement surpris par votre film parce qu’on m’avait dit que j’étais fou de venir ici. Aussi, je voudrais savoir ce que vous pensez de votre réputation assez intellectualiste ?"
Jean-Marie Straub : "J’en pense que j’aurai du me flinguer depuis longtemps et que, comme je ne l’ai pas fait, lentement, je deviens terroriste, c’est tout ce que j’ai à dire".
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
Ce beau sujet méritait aussi sa place dans les quinzaines thématiques !
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
Bonne nouvelle ! (même si c'est pas avant septembre prochain !)
>>> http://www.amazon.fr/Daniele-huillet-je ... 893&sr=1-6
Reste à connaître le détail du contenu (je crois les doigts pour La Mort d'Empédocle)...
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Reste à connaître le détail du contenu (je crois les doigts pour La Mort d'Empédocle)...
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
Tiens, à ce propos d'ailleurs. Il y a plusieurs mois que je me tate. Je ne connais que de réputation le duo. Avec quel coffret commencer mon initiation ?
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
Je n'ai vu d'eux qu'un seul film, celui sur Anna-Maria Magdalena Bach. J'avais bien aiméqw, d'ailleurs. Mais c'est uniquement le côté musical qui m'avait attirée, connaissant bien les morceaux constituant la "petite chronique d'Anna(Maria Magdalena Bach). D'autant plus que Bach est interprété par un specialiste de la musique baroque, le claveciniste Gustav Leonhardt, qu'on voir régulièrement interpréter Bach au clavecin. Pour moi, un beau documentaire musical avant tout.
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
J'avoue que c'est aussi celui qui m'intrigue le plus. Reste à savoir si les autres films du coffret dont il est issu valent aussi le coup
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
Bon ben... C'est encore pas pour cette fois-ci, La Mort d'Empédocle... Mais il y aura au moins une pièce maîtresse (Othon) et le réputé Ouvriers, paysans. Le détail, donc : Le Fiancé, la comédienne et le maquereau, Othon, Corneille-Brecht, Ouvriers, paysans, Itinéraire de Jean Bricard, O somma luce, Europa 2005 27 octobre et Joachim Gatti.Amarcord a écrit :Reste à connaître le détail du contenu (je crois les doigts pour La Mort d'Empédocle)...
L'oeuvre est tellement diversifiée que je ne saurais dire par où commencer. A titre personnel, je conseillerais peut-être le volume 2 en priorité (mais c'est parce qu'il contient les oeuvres italiennes, et que c'est ce qui me parle le plus, personnellment). Sicilia! est superbe. Ces rencontres avec eux et De la nuée à la résistance sont très beaux aussi. Sinon, il y a d'autres perles disséminées dans les coffrets : l'opéra Moïse et Aaron (plastiquement magnifique), Antigone, Du jour au lendemain, ou les courts métrages (tous réunis dans le volume 4) En râchachant, Cézanne, Une visite au Louvre, Lothringen!... C'est un cinéma très atypique de toute façon : au premier abord, ça peut déconcerter, voire rebuter ; ça paraît intello mais en réalité c'est un cinéma très sensoriel, je trouve. Souvent très beau, avec un amour évident du verbe, de la parole, des mots, et une manière de montrer la nature à laquelle je suis très sensible (et qui me touche autant que chez Rohmer ou Pollet). Il faut tenter l'aventure en tout cas, c'est une certitude.Père Jules a écrit :Tiens, à ce propos d'ailleurs. Il y a plusieurs mois que je me tate. Je ne connais que de réputation le duo. Avec quel coffret commencer mon initiation ?
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
Logiquement, le 3 parce qu'il y a Magdalena Bach, leur film le plus connu.Père Jules a écrit :Tiens, à ce propos d'ailleurs. Il y a plusieurs mois que je me tate. Je ne connais que de réputation le duo. Avec quel coffret commencer mon initiation ?
Mais si tu veux vraiment découvrir les cinéastes, je dirai plutôt le 4 et le 5. Dans le 4, tu as plusieurs films courts sur des sujets assez différents, ainsi qu'un long métrage majeur, Amerika - Rapports de classe, qui donnent un assez bon panorama de l'oeuvre. D'autant que pour ce que je peux en juger, je pense qu'Amerika te plaira bien.
Et le 5 ne contient quasiment que des documentaires sur leur travail, notamment le film de Pedro Costa. Comme ce sont des cinéastes vraiment "à part", il ne faut pas hésiter à chercher à comprendre, avant de découvrir seul.
Je dirai que le 4 te permettra de voir si tu aimes, et le 5 d'aller plus avant si la découverte t'a rendu vraiment curieux de leur travail.
Leurs films sont moins "intellectuels", qu'exigeants intellectuellement. Ca ne se regarde pas n'importe quand ou comment, mais ça apporte beaucoup si on est d'humeur réceptive.
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Re: Daniele Huillet (1936-2006) et Jean Marie Straub
En corrélation avec le débat engagé sur le topic Kubrick (classiques naphta), voici une table ronde des plus intéressantes (Straub + Glauber Rocha + Pierre Clémenti + Miklos Jancso)... Où l'on admirera à nouveau la clairvoyance de Straub, sans concession, à coups de fulgurances visionnaires qui résonnent d'une façon étrangement prémonitoire aujourd'hui (et dire qu'il a tenu ces propos en... 1970 !)
...par ici : http://www.derives.tv/spip.php?article219
...par ici : http://www.derives.tv/spip.php?article219
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