Le Pianiste (Roman Polanski - 2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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George Kaplan
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Message par George Kaplan »

P'tit gars a écrit :Ma question va peut être paraitre très bête mais qui est Marcus ?
Pardon : Marcus (Wladeck) Spilzman, le pianiste

Il me semble ou alors j'ai trés chaud :lol:
P'tit gars
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Message par P'tit gars »

Mais non c'est Wladyslaw Spilzman, ou familierement Wladeck. :wink:
"Du chaos naît une étoile". Charles Chaplin
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George Kaplan
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Message par George Kaplan »

Ok il me semblait qu'il se faisait appeler Marcus dans le film ...

Kaplan dont les neurones fondent plus rapidement que d'habitude :lol:
Commissaire Bialès
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Message par Commissaire Bialès »

Poignant, émouvant, terrifiant par moment.


Chef-d'oeuvre !

10 / 10
Goret
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Message par Goret »

Momo la crevette a écrit :Je ne suis pas fan du film, loin de là, mais bizarrement, cela ne me viendrait pas à l'idée de le qualifier de "facile"...

Ce que je lui reproche, c'est son manque de dramatisation.
Ce que tu lui reproches, c'est exactement ce que j'apprécie. ;)
Je sais, cela peut paraître surprenant de parler de manque de dramatisation à propos de ce film mais j'utilise ce terme dans son sens scénaristique.
Une histoire, quand elle est racontée, est dramatisée. On fait en sorte de mettre les éléments dans le bon ordre pour réussir à faire passer des émotions, à créer ces émotions.
Dans le cas du Pianiste, ce travail n'existe pas.

En effet, je pense que Polanski est resté très fidèle à ce qui s'est réellement passé dans la vie de ce pianiste. Il a dû raconter les événements dans l'ordre où ils se sont déroulés. Mais la vérité, le réel, est antidramaturgique au possible.
Oui, tout à fait... et pour moi c'est l'un des grandes forces de ce film.

Pourquoi ? D'abord, parce qu'il s'agit d'un film historique. Or, quand on recrée l'Histoire, on se doit d'y être le plus fidèle possible, en évitant aussi bien le côté "vrai-faux documentaire pédagogique" que la surdramatisation. Parce que cela reviendrait non plus à se réapproprier l'histoire (ce qui constitue le boulot d'un cinéaste travaillant sur une adaptation), mais à s'approprier l'Histoire (ce que même les historiens ne sont pas sensés faire). Bref, il s'agit de rester "humble" par rapport au contenu, ce qui se traduit dans le contenant par ce choix, délibéré, d'un scénario antidramaturgique qui ne "force" pas de façon outrancière sur l'émotion du spectateur, bref qui évite de jouer sur cette émotion pour faire ostensiblement passer un message (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a ni émotions ni messages : il y en a, mais le spectateur est laissé "libre" face à eux).

Oui, le "réel" est antidramaturgique au possible (ce qui n'a pas empêché d'en faire d'abord un livre, à propos). Mais, au final, lequel de ces choix est préférable ? Un film qui recrée une réalité "surdramatisée" pour les besoins de la tension (et l'attention) du spectateur, ou bien un film qui tente de montrer une réalité en essayant d'y être fidèle au possible ? Bien entendu, il y a plusieurs écueils dans les deux cas, avec des échappatoires possibles. Avec des excès de dramatisation, on ne peut plus être accusé de travestir l'Histoire, puisque la déformation est évidente. D'un autre côté, en essayant de relater le réel, il convient de ne pas effectuer de raccourcis, ou de faire passer du subjectivisme en tant qu'éléments objectifs.

A mon sens, le film de Polanski évide brillamment les écueils liés à la restitution de l'Histoire. En faisant un film "à la première personne", par exemple, le côté subjectif du témoignage est clair (le côté "leçon d'Histoire" diminue). D'autre part, Polanski évite de manichéiser les personnages : on a des Juifs collabos, des Allemands non nazis, et des Polonais des deux camps. J'ai également apprécié le côté "horreur quotidienne", notamment avec les exécutions sommaires, au hasard, qui indiquent bien que les survivants sont avant tout des chanceux (c'est également un fait plus proche de la réalité : les survivants ne sont pas forcément des "héros", seulement des gens qui ont eu une chance énorme, en plus de s'être accrochés à leur survie).
Prenons l'exemple de la scène ou l'infirme est jeté par la fenêtre. Cette scène, insoutenable, arrive très tôt dans le film.
Une petite note quand même : on voit l'infirme jeté par la fenêtre, mais on ne le voit pas s'écraser au sol. pas plus qu'il n'y a de gros plan sur son cadavre ensanglanté. Bref, cela est hors-champ, entièrement suggestif. Et là, du coup, je dis bravo.
Le problème, c'est que rien, dans ce qui suit, ne surpasse ce qu'on vient de vivre. Du coup, il y a flottement. D'où l'ennui que j'ai ressenti.
Pour moi, il y a une horreur au quotidien, une difficulté à survivre au jour le jour. Pas une série d'événements "durs" précédés de périodes plus calmes, mais une pression continue et destructrice.

Et j'approuve ce choix de Polanski de ne pas jouer sur la chronologie, bref son respect par rapport à l'oeuvre et à l'Histoire.
Bien sur, le film fonctionne parce que le fond est fort
Et finalement, n'est-ce pas faire confiance à son cinéma que de laisser faire le fond, sans mettre la totale dans la forme ?
mais concrètement, le film souffre, à mon sens, d'un manque de crescendo dans les enjeux. Jamais plus le pianiste ne sera confronté à pire que ce que l'on vient de vivre.
A mon sens, il est confronté continuellement à cette horreur. Il sait que, quel que soit le jour, quelle que soit l'heure, il peut mourir, par pur arbitraire.

Et ça me semble plus "fort" que de mettre en place un crescendo basé sur des événements de plus en plus "durs" (ce qui constituerait la dramatisation fréquemment employée au cinéma - et qui, du coup, fait de The Pianist un film qui n'a strictement rien d'"académique" dans sa narration (et même dans ses choix de mise en scène - il aurait été "facilement efficace" de faire un gros plan sur la chute puis le cadavre de l'infirme... ce que Polanski n'a pas fait, et sans que cela soit inefficace bien au contraire)).
Autre problème qui découle du même soucis : cette scène de l'infirme dévoile toute la cruauté dont sont capables les nazis. Du coup, lorsqu'ils tuent tels membres de la famille du héros, ou qu'ils commettent tel autre crime, on n'est pas surpris puisqu'on les sait capable de la pire des barbaries.
Shock vs suspense.

On sait de quoi les nazis sont capables (et après tout, quand on a lu les bouquins d'histoire, on ne s'attend pas à devoir être surpris de leur degré de cruauté). Du coup, au lieu d'être confronté à la surprise des chocs successifs, on est confronté à une horreur continue (je sais, je me répète ;)), au suspense de la survie (du moins, le personnage l'est - le spectateur "sait" que Splizmann survivra).
Cet aspect du film, ce manque de crescendo, est accentué par l'apathie du personnage. Il est terriblement passif, ne tente quasiment jamais de fuir, ne fait rien. Il se contente de subir et n'agit que contraint et forcé.
Je sais que cela doit correspondre à la réalité mais le problème, c'est qu'il est difficile d'être en anpathie avec lui et donc d'entrer complètement dans l'histoire dont il est notre vecteur.
Contrairement à toi, je salue le courage de Polanski, qui ne veut pas faire de son personnage un "héros", mais plutôt un fantôme qui ne tient que grâce à sa volonté de survie. Il serait plus facile, en effet, de montrer un héros positif, supérieur au spectateur lambda. Au lieu de ça, on nous montre un personnage qui, au final, est beaucoup plus proche de nous-mêmes, même si cela nous semble moins enthousiasmant (car cela nous renvoie à nous-mêmes, et à notre incapacité d'agir).

A ce sujet, cf la scène où Splizmann assiste, de sa fenêtre, au soulèvement puis à la liquidation du ghetto. Comme l'ont écrit d'autres, on est dans la même situation que dans Rear Window, c'est-à-dire impuissants. Mieux : on ne se sent pas plus capables d'agir (car agir est inutile, et compromettrait la survie). Scène géniale (à mon sens) d'une guerre vue à travers une fenêtre, et filmée comme telle. Et, comme dit par d'autres, Spilzmann passe à travers les mailles du filet de l'Histoire, il est comme, beaucoup d'entre nous, bien trop faible pour y changer quelque chose, tout en étant assez accroché à la vie pour vouloir se battre pour la survie.
Je suis conscient que tout ça ne doit pas être très clair mais je sais que vos remarques me permettront de m'expliquer au fur et à mesure...
Je trouve ça clair, et je partage ton analyse du film, tout en étant complètement à l'opposé en ce qui concerne les conclusions (i.e. là où tu vois des faiblesses, je vois des qualités).

Par contre, cela prouve, assez clairement, que The Pianist n'est en rien un film "facile" ou "académique", bien au contraire. C'est une oeuvre totalement personnelle, originale, humble face à l'Histoire sans pour autant être timorée, et qui ne choisit jamais la facilité. Seul regret : que l'on ne parle pas en polonais. :(
Jake Scully
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Message par Jake Scully »

Sinon... ça vous dit quelque chose ce topic? :arrow: http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 62&start=0 :wink:
noar13
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Message par noar13 »

Philip Marlowe a écrit : Pour une fois, la palme d'or est allée au meilleur film de l'année. C'est rare!
c'est egalement mon avis, j'ai enfin vu ce petit bijou, bon tout a déjà été dit, je voulais juste souligner à quel point j'avais adoré le plan ou la camera suit le pianiste au dessus du mur (lorsqu'il fuit l'hopital) pour nous faire decouvrir la ville en ruine, un plan exceptionnel !!! une grosse claque.
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Troma
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Message par Troma »

noar13 a écrit :
Philip Marlowe a écrit : Pour une fois, la palme d'or est allée au meilleur film de l'année. C'est rare!
c'est egalement mon avis, j'ai enfin vu ce petit bijou, bon tout a déjà été dit, je voulais juste souligner à quel point j'avais adoré le plan ou la camera suit le pianiste au dessus du mur (lorsqu'il fuit l'hopital) pour nous faire decouvrir la ville en ruine, un plan exceptionnel !!! une grosse claque.
Menteur ! tu vends ton dvd ! :twisted:
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noar13
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Message par noar13 »

je vends la pianiste
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Message par Encolpio »

Trés trés grand film je suis entièrement ok. je saris aussi d'accord pour dire que ce n'est pas un film de guerre, mais sur les conséquence de la guerre. Mais pas de n'importe quelle guerre. C'est un film que je classe au côté de SHOAH et de nuit et brouillard, trés trés loin devant le Spielberg, qui n'a pas vraiment compris le fond des choses...
C'est du grand art.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Encolpio a écrit :C'est un film que je classe au côté de SHOAH et de nuit et brouillard, trés trés loin devant le Spielberg, qui n'a pas vraiment compris le fond des choses...
C'est plutôt toi qui n'a pas compris le film de Spielberg.
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Encolpio
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Message par Encolpio »

Oui ça doit être ça, trop complexe pour moi. Je n'est toujours pas compris............................................





















....................;en quoi c'est un grand film.
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Message par Troma »

Je dirais pas Spielberg n'a rien compris ! Mais je penses toujours que le film est tué par une succession de mauvais choix et qu'il se perd en route.
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Message par Encolpio »

Oui j'y suis allé un peu fort, mais je crois vraiment que le sujet le dépassait ce qui donne au finish un film un peu superficiel...
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Solal
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Message par Solal »

Philip Marlowe a écrit :Le + beau film de 2002 pour moi :D

Par contre, je n'ai jamais compris ce qu'il y avait d'académique dans ce film. C'est même complètement anti-académique de traiter l'histoire du point de vue d'un seul personnage qui est super passif et qui ne doit sa survie qu'à la chance et au hasard(absurdité de la situation qui m'a fait penser à du Kafka), de refuser les effets mélodramatiques...
oui moi aussi j'ai pensé à Kafka ! J'ai trouvé que c'était ce qu'il y avait de plus intéressant dans le film. C'est aussi ce qui le sauve à mes yeux, puisqu'il ne m'a, par ailleurs, absolument pas ému (ou en tout cas, pas de la façon à laquelle on pourrait s'attendre). Ce n'est pas le premier film où Brody et ses mines de chien battu m'agacent au plus haut point mais là, ça bat des records. Je me demande encore dans quelle mesure c'est voulu par Polanski (un acteur sans présence qui surjoue à en devenir décalé, pour un personnage passif, véritable fétu de paille emporté par la tourmente des abominations de l'histoire sans jamais vraiment comprendre ce qui se passe).

La fin du film aussi est ambiguë, avec le regard porté sur l'officier allemand, comme si son amour de la musique pouvait le sauver de sa condition de nazi, position que le réalisateur effleure, de façon presque sarcastique ou désabusée (est-ce la sienne ? celle du personnage ? est-ce vraiment ce qu'il veut dire ? ou à l'inverse, se moque-t-il de cette mythologie selon laquelle l'art sublimerait l'humain ?)

Que ce soit sur le plan formel (sous des dehors dits académiques, la reprise des grand motifs, parfois inversés comme le dit Roy Neary, du cinéma de Polanski) ou dans l'approche historique qu'il développe, le film tient comme un double voire un triple langage. Au final, j'y vois un pessimisme rarement atteint, beaucoup plus noir que n'importe lequel de ces flms quelconques qui portent en bandoulière leur prétendu nihilisme. Pour moi, c'est l'oeuvre la plus ambiguë et la plus troublante de son auteur. Mais ce n'est pas, de loin, ma préférée (eh oui, il ne suffit pas de me brusquer pour me plaire).
Roy Neary a écrit :
Encolpio a écrit :C'est un film que je classe au côté de SHOAH et de nuit et brouillard, trés trés loin devant le Spielberg, qui n'a pas vraiment compris le fond des choses...
C'est plutôt toi qui n'a pas compris le film de Spielberg.
Roy, je te l'avais déjà demandé dans un autre topic : j'aimerais bien t'entendre (un peu plus en détail) sur ce film qui m'a toujours posé problème. Ce n'est pas du tout pour polémiquer : te sachant fan du monsieur, j'imagine que tu pourras peut-être me donner des clés pour mieux l'aborder (pour l'instant je me range pami les partisans du "bonnes intentions, mauvais choix").
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