Pour la peine, j’ai revu
Traquée hier soir, dans ce qui m’a semblé être des conditions idéales : toute fin de soirée, emmitouflé dans un grand plaid, boisson chaude (on aurait été un vendredi soir, j’aurai volontiers troqué mon infusion pour un cognac…). Et j’en sors très enthousiaste ! Bien plus qu’aux précédentes visions. La direction artistique est vraiment à tomber (Scott oblige). Même sur mon « vieux » DVD néerlandais, le travail sur la lumière et les ambiances - excellemment liées entre elles par le montage - brille de mille feux.
Rien à dire non plus sur les acteurs, tous excellents — Lorraine Bracco ! — et disposant de personnages forts, construits habilement par l’intrigue. C’est sur ce point que je renvoie mon jugement nettement à la hausse. Ils arrivent à être tous émouvants, en particulier celui de Claire Gregory/Mimi Rogers,
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- dont la scène de fuite à la fin laisse un goût tragique, une empreinte quasi spectrale. Le personnage dégage une infinie solitude dans ce film, recluse dans cet immense appartement fermé, labyrinthique et au bout du compte délaissée par le flic.
C’est finalement l’intrigue criminelle, tout à fait prétextuelle, qui rend tout de même l’ensemble un peu bancal : le méchant (Andreas Katsulas) est loin d’être le plus intelligent de l’histoire du cinéma, et plus généralement, les moyens qu’utilise le scénario pour prolonger la surveillance du témoin et la relation Rogers/Berenger sont peu crédibles. Reste la fameuse scène de chat et la souris entre Berenger et le tueur dans l’appartement au petit matin — climax de la partie thriller et qui la justifie presque entièrement — qui est un petit chef-d’œuvre en elle-même. Un côté
La Dame de Shanghai et
L'Homme au Pistolet d'or pour l'abondance des miroirs et des reflets.
La critique de Claude Monnier est tout à fait juste, je me retrouve dans beaucoup de ses propos (film « enveloppant, le personnage inattendu de Claire Gregory, le pont entre les classes sociales et les différents espaces).
), enjeux, structure du scénario... . Le film de trop pour Tonton Ridley ?
