Quentin Tarantino

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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AtCloseRange
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par AtCloseRange »

cinephage a écrit :
Stark a écrit : Surtout, si j'ai un vrai problème avec le traitement de la violence dans les derniers films de Tarantino, c'est surtout le processus de légitimation de la vengeance, entérinée par la trilogie Kill Bill / Death Proof / Inglourious Basterds, qui me débecte. Une femme atteint l'épanouissement individuel en trucidant tout le monde ; des nanas font subir à un macho le sort qu'il leur réservait ; une juive et un commando rendent au nazi la monnaie de leur pièce. Autant de parcours montrés dans une logique de construction heureuse (elle devient mère ; elles se débarassent d'un psycho ; la guerre est terminée) qui ne laissent aucun doute quant à la pensée de Tarantino : la vengeance est saine, nécéssaire, appréciée dans toute sa jouissance. Pardon mais ça me fait vomir, et je ne vois (encore une fois) rien de tel ni dans RD ni dans PF.
Je comprends ton approche, mais elle me semble omettre une des fonctions majeures de la fiction.
Certes, l'art et la narration peuvent exprimer une position morale, et selon cette approche, il est logique que le méchant soit puni, l'orgueilleux maté, l'égoiste remis à sa place. Dans une veine moins simpliste, une notion de responsabilité s'installe, qui rend à chacun la conséquence de ses actions.

Mais l'art a également une autre fonction, non morale, mais psychologique, et à mon sens non moins importante, celle de donner une forme à des fantasmes, fantasmes que l'on n'a pas forcément (et normalement vraiment pas) vocation à concrétiser dans la vie réelle. Des récits anciens qui racontaient comment les dieux forniquaient à tout va, comment les héros défiaient les lois ou remportaient les plus beaux trésors ou les plus belles femmes, cette notion fantasmatique est importante.
Dans cette approche, le film "de vengeance" a sa place, il porte le fantasme que celui à qui l'on fait du tort a les moyens de se venger, de faire justice lui-même. La morale n'intervient pas ici : on sait que c'est mal (et interdit par la loi) de se venger soi-même. Reste que l'idée, le récit d'une personne qui se fait justice elle-même est appétente, parce qu'elle assouvit un fantasme.
Ce rôle cathartique, je trouve que le cinéma de Tarantino, et ses films de vengeance en particulier, le joue à la perfection.
J'inclue un petit topo wikipedique résumant ce rôle cathartique de l'art, et la problématique qui nous oppose ici :
"La catharsis fait donc intervenir une représentation d'un acte réprimé (par la morale, voire par la Loi), et c'est cette représentation qui permet au spectateur de se « défouler ».
On peut cependant opposer le fait qu'une représentation esthétisée de l'acte peut aussi séduire le spectateur, l'inspirer, lui donner l'idée de commettre l'acte, ou bien peut rendre l'acte acceptable : puisqu'il est représenté en public, il est accepté par l'assemblée, voire banalisé par la société."
Mais le problème n'est pas la vengeance mais sa représentation.
Montrer de façon jouissive un nazi se faire éclater la tête ou se faire graver une croix gammé sur le front, c'est ça qui est problématique.

Et ce n'est pas vraiment la question de savoir si après l'avoir vu, on va ranger son DVD du film et aller flinguer des méchants...
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Thaddeus
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par Thaddeus »

jacques 2 a écrit :Finalement, Stark, ce que tu reproches à certains films de QT, c'est quand même un peu - beaucoup - d'être du cinéma de genre ... Or, le cinéma de genre ou d'exploitation, auquel je suis attaché car je lui dois mes - bien lointains - premiers émois cinéphiliques (alors que je ne savais pas que ce mot existait) est souvent nourri d'amoralité, de violence, de loi du talion, etc ...
Je confesse ne pas connaître ce cinéma-là. Et s'il est dans la nature-même de ces films de glorifier et de titiller de telles notions, alors on peut dire, d'une certaine manière, que je fais le reproche aux derniers films de QT d'en faire partie. Si on veut...
QT reprend ces schémas mais en les transcendant et en apportant de l'épaisseur à des personnages qui, autrefois, étaient purement unidimensionnels : je veux aussi dire par là que je peux aimer KB tout en te concédant que le personnage de la mariée est loin d'être sympathique ...
Mais tu ne trouves pas que Tarantino essayes de la rendre sympathique, justement ? Ne trouves-tu pas qu'il veut nous émouvoir par son parcours ?
Il y a des tas de films dont je ne trouve pas le héros sympathique, et ça ne me pose pas de problème car tel n'est pas le but du cinéaste. Par ailleurs, je peux tout à fait être ému par un personnage peu sympathique, ce n'est pas antinomique. Mais je ne peux pas être ému par le perso de Thurman dans KB, pour les raisons évoquées.
Maintenant, ton dernier post m'a éclairé sur la façon dont tu ressens le cinéma : avec viscéralité et le souhait d'une forte implication émotionnelle ...
Franchement, je pense être un spectateur assez ouvert aux différents types de cinéma, d'expressions cinématographiques. Je peux aimer les films de façon plus intellectuelle, plus ludique, plus distanciée, mais si rien ne vaut, pour moi, l'émotion pure, simple, brute d'un récit et de personnages avec lesquels j'entre en empathie.
Chez les derniers Tarantino, je ne perçois rien de tout cela. Je pense qu'un film comme Inglourious Basterds développe un certain propos (sur le langage, le masque, la manipulation, la réversion idéologique), très théorique, sans âme et sans chair mais que je pourrais trouver intéressant si tout ce qui me débecte dans le film ne dévorait ma perception.
Finalement, je te comprends mais, pour ma part, cela ne me dérange pas qu'il y ait de la distance entre le spectacle et moi : je cultive l'éclectisme et donc différents niveaux de cinéma (et sans chercher à les hiérarchiser : chose capitale à mes yeux), de lecture et d'implication ...
Je pense être aussi ce genre de spectateur, du moins je l'espère.
gnome a écrit :Je n'ai jamais dit que tu ne pouvais pas le critiquer, mais je pense en effet que tu n'es tout simplement pas sensible à son cinéma. Je comprends très bien tes critiques même si je ne suis pas toujours d'accord avec, je dis juste et répète que ce cinéma n'est pas fait pour toi. Ça n'en fait pas un mauvais cinéma. Et je crois que tu ne veux pas accepter ce fait.
Alors... Je peux critiquer mais pas dire que c'est un mauvais cinéma... En fait, que faut-il que je dise ? Le truc c'est que pour moi le cinéma n'est pas un art fait de couches sécables, que l'on pourrait mesurer objectivement et juger sans engagement. Le cinéma de Tarantino n'est certes pas fait pour moi ; il est aussi révélateur d'une conception que je trouve incomplète, stérile, vide : bref, je trouve que c'est du "mauvais cinéma", alors même qu'il recèle de biens des qualités (de réalisation, de dialogues, de rythme). Dingue, n'est-ce pas ? Bah c'est comme ça. :mrgreen:
Acceptes-le, bon dieu. Tu n'arrives pas à regarder un film au Xème degré. C'est pas une honte. C'est une affaire de sensibilité.
Après, je veux bien discuter des films, mais ce que tu critiques, c'est un éventuel message ! :wink:
Je n'en peux plus. :lol:
Lorsque l'héroïne de KB retrouve son enfant à la fin de KB, je ne pense pas que ce soit du Xè degré : Tarantino titille une émotion très "premier degré". En d'autres termes, il stimule un degré de réceptivité empathique "classique", disons, alors même qu'il s'est employé durant tout le film à user de principes moraux nécéssitant une distanciation émotionnelle. Et moi, je ne peux pas être ému au premier degré par une héroïne dont j'aurtais suivi le parcours au Xè degré.

Mais bref, je suis las de m'expliquer. On va dire que c'est ma faute, que Tarantino est un génie dont ma petite sensibilité n'arrive pas à percevoir la grandeur. Au point où j'en suis, je fatigue...

Une fois de plus d'accord avec AtCloseRange, au passage. Cependant :
AtCloseRange a écrit :Mais le problème n'est pas la vengeance mais sa représentation.
Montrer de façon jouissive un nazi se faire éclater la tête ou se faire graver une croix gammé sur le front, c'est ça qui est problématique.
Evidemment, mais je crois que tu as mal compris le propos de cinephage. J'y viens, et on va voir si on est toujours sur la même longueur d'onde. :mrgreen:
cinephage a écrit :Mais l'art a également une autre fonction, non morale, mais psychologique, et à mon sens non moins importante, celle de donner une forme à des fantasmes, fantasmes que l'on n'a pas forcément (et normalement vraiment pas) vocation à concrétiser dans la vie réelle. Dans cette approche, le film "de vengeance" a sa place, il porte le fantasme que celui à qui l'on fait du tort a les moyens de se venger, de faire justice lui-même. La morale n'intervient pas ici : on sait que c'est mal (et interdit par la loi) de se venger soi-même. Reste que l'idée, le récit d'une personne qui se fait justice elle-même est appétente, parce qu'elle assouvit un fantasme.
Ce rôle cathartique, je trouve que le cinéma de Tarantino, et ses films de vengeance en particulier, le joue à la perfection[/i]
Cet argument devait à un moment ou à un autre venir sur le tapis.
Je comprends tout à fait cette conception, mais je vais dire que je ne la partage pas du tout (vraiement pas du tout).
Je refuse de concevoir le cinéma (l'art en général) comme réceptacle et catalyseur des pulsions inavouables des spectateurs, je refuse de considérer des films qui flattent les bas instincts du public comme des bons films, des films respectables, utiles, importants.
Un cinéaste montrerait un viol en titillant les fantasmes du spectateur : c'est mal, mais bon, vois comme je te fais bander, tu kiffes, hein ? Fais-toi plaisir ; c'est pour toi.
Ah le méchant de l'histoire, tu aimerais le voir souffrir ? Attends regarde : une bonne petite séance de torture, ça va te soulager.
La fille du héros s'est fait tuer, la justice se montre impuissante. Cher spectateur révolté, voici une bonne petite ride d'auto-justice fascisante, juste pour te faire plaisir.

(mais surtout, ne fais pas ça dans la vraie vie, on s'est compris : c'est juste histoire de décompresser un peu, de se défouler)

Pardon d'être cynique, ce n'est pas du tout contre toi. Seulement je trouve cette "vertu" accordée au cinéma proprement intenable. Je ne peux pas y opposer autre chose que mon indignation.
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AtCloseRange
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par AtCloseRange »

Stark a écrit :Evidemment, mais je crois que tu as mal compris le propos de cinephage. J'y viens, et on va voir si on est toujours sur la même longueur d'onde. :mrgreen:
cinephage a écrit :Mais l'art a également une autre fonction, non morale, mais psychologique, et à mon sens non moins importante, celle de donner une forme à des fantasmes, fantasmes que l'on n'a pas forcément (et normalement vraiment pas) vocation à concrétiser dans la vie réelle. Dans cette approche, le film "de vengeance" a sa place, il porte le fantasme que celui à qui l'on fait du tort a les moyens de se venger, de faire justice lui-même. La morale n'intervient pas ici : on sait que c'est mal (et interdit par la loi) de se venger soi-même. Reste que l'idée, le récit d'une personne qui se fait justice elle-même est appétente, parce qu'elle assouvit un fantasme.
Ce rôle cathartique, je trouve que le cinéma de Tarantino, et ses films de vengeance en particulier, le joue à la perfection[/i]
Cet argument devait à un moment ou à un autre venir sur le tapis.
Je comprends tout à fait cette conception, mais je vais dire que je ne la partage pas du tout (vraiement pas du tout).
Je refuse de concevoir le cinéma (l'art en général) comme réceptacle et catalyseur des pulsions inavouables des spectateurs, je refuse de considérer des films qui flattent les bas instincts du public comme des bons films, des films respectables, utiles, importants.
Un cinéaste montrerait un viol en titillant les fantasmes du spectateur : c'est mal, mais bon, vois comme je te fais bander, tu kiffes, hein ? Fais-toi plaisir ; c'est pour toi.
Ah le méchant de l'histoire, tu aimerais le voir souffrir ? Attends regarde : une bonne petite séance de torture, ça va te soulager.
La fille du héros s'est fait tuer, la justice se montre impuissante. Cher spectateur révolté, voici une bonne petite ride d'auto-justice fascisante, juste pour te faire plaisir.

(mais surtout, ne fais pas ça dans la vraie vie, on s'est compris : c'est juste histoire de décompresser un peu, de se défouler)

Pardon d'être cynique, ce n'est pas du tout contre toi. Seulement je trouve cette "vertu" accordée au cinéma proprement intenable. Je ne peux pas y opposer autre chose que mon indignation.
Non, non, je te suis toujours.
Je trouve ce rôle cathartique assez nauséabond mais ça reste quand meme grandement un problème de représentation.
La vengeance est aussi à la base d'un nombre innombrables de westerns sauf que la question de la représentation graphique (si on excepte pour la dernière période post Peckinpah/Leone) ne s'est jamais posée de la même façon que pour un film actuel vu qu'il n'y a quasiment plus aucun tabou.
C'est pour ça que la question devrait se poser de façon encore plus accrue aujourd'hui. Quand tout est possible, il faut encore plus réfléchir à ce qu'on montre et à la façon de le montrer.

D'ailleurs, on attend toujours une réponse à la scène que tu as cité de Léon... A chaque fois, c'est la même réponse: on prend ça beaucoup trop au sérieux. Ce ne sont que des images...
Après, je peux comprendre que lorsqu'on a été élevé cinématographiquement à voir des membres arrachés à tour de bras, je comprends que ce genre d'interrogation puisse paraître surréaliste.
jacques 2
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par jacques 2 »

AtCloseRange a écrit :
jacques 2 a écrit :C'est vrai que c'est immoral la vengeance ...
C'est même incompréhensible le désir de vengeance surtout quand, dans la vraie vie, la "justice " envisage de libérer Michèle Martin après qu'elle ait sciemment laissé mourir 2 enfants de faim et seulement purgé la moitié de sa peine ...

Mais comme je crois que tu penses que c'est mal d'être du côté des victimes (voit ton post à propos de "NY : unité spéciale"), tu es cohérent avec toi même, je le reconnais ...

Enfin bref ...
Bah voilà, le coming out arrive enfin.
Au moins, là aussi, c'est cohérent.

Mais à ce moment-là, faut arrêter de nous fare le coup du "ce n'est que du cinéma, faut pas chercher à y voir un grand discours sur la vengeance".
Celle là aussi, je l'attendais et même grosse comme une maison vu ta subtilité ...

Mais ce n'est pas grave : je fais la différence entre le cinéma et la réalité, entre prendre la pose et être humaniste ... :|
Et si quelqu'un comme toi (ou en tout cas ce que j'en connais au travers de ses écrits) me traite de réac. (voire pire, cela transpire à l'évidence entre tes lignes), je le prendrai finalement comme un compliment : je ne serai jamais du côté de la bonne conscience hypocrite qui s'avance la bouche en cul de poule pour donner des leçons de morale sur des sujets jamais réellement et concrètement éprouvés ...

Quant au cinéma, je demeure contre une représentation crue et non distanciée de la violence (les scènes de viol d'"irréversible" ou du "justicier dans la ville" de Winner me sont aussi insupportables que les "vigilante movies") mais c'est une autre histoire, visiblement trop complexe pour toi ... :fiou:
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El Dadal
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par El Dadal »

Stark a bien de la patience tout de même, voire de la témérité.
Quoi qu'il en soit, il est sain d'avoir ce genre de débat (sauf quand ça part en vrille, mais là ça va, ça reste mignon), a fortiori quand il s'agit d'un cinéaste doué comme Tarantino qui fait de la violence, de ses représentations et de ses implications morales (tout ça sans que je ne positionne le propos afin de rester un peu neutre) un fond de commerce.
Enfin, ça tourne un peu en rond, et c'est dommage, parce que si chacun trouve ses limites où il peut, il y aura forcément une limite à ne pas dépasser dans la justification de ce que l'on montre. En ce sens, le seul film de QT qui me soit vraiment problématique est Inglorious Bastards, pour des raisons évoquées plus haut (en particulier le cadre historique, certes totalement fantasque, mais offrant une proximité émotionnelle inédite dans ses films précédents, à moins que certains parmi nous ne soient de dangereux hitmen :mrgreen: ). Mais le film se rattrape bien sur d'autres points, en particulier sa recherche autour du langage, réinventant, partiellement du moins, la dialogue à la Tarantino. C'est clairement le film que je trouve le mieux dialogué depuis Jackie Brown.
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AtCloseRange
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par AtCloseRange »

jacques 2 a écrit :
AtCloseRange a écrit : Bah voilà, le coming out arrive enfin.
Au moins, là aussi, c'est cohérent.

Mais à ce moment-là, faut arrêter de nous fare le coup du "ce n'est que du cinéma, faut pas chercher à y voir un grand discours sur la vengeance".
Celle là aussi, je l'attendais et même grosse comme une maison vu ta subtilité ...

Mais ce n'est pas grave : je fais la différence entre le cinéma et la réalité, entre prendre la pose et être humaniste ... :|
Et si quelqu'un comme toi (ou en tout cas ce que j'en connais au travers de ses écrits) me traite de réac. (voire pire, cela transpire à l'évidence entre tes lignes), je le prendrai finalement comme un compliment : je ne serai jamais du côté de la bonne conscience hypocrite qui s'avance la bouche en cul de poule pour donner des leçons de morale sur des sujets jamais réellement et concrètement éprouvés ...

Quant au cinéma, je demeure contre une représentation crue et non distanciée de la violence (les scènes de viol d'"irréversible" ou du "justicier dans la ville" de Winner me sont aussi insupportables que les "vigilante movies") mais c'est une autre histoire, visiblement trop complexe pour toi ... :fiou:
L'homme à la bouche en cul de poule te salue bien bas.
Je ne te retiens pas. Tu peux aller faire ta ronde tranquille.
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par Nomorereasons »

jacques 2 a écrit : je ne serai jamais du côté de la bonne conscience hypocrite qui s'avance la bouche en cul de poule pour donner des leçons de morale sur des sujets jamais réellement et concrètement éprouvés ...
hey bro', d'ya mean "politically correct", jack 2?
bruce randylan
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par bruce randylan »

Courage Stark, tu n'es pas tout seul ! :D

Je n'ai pas grand chose de plus à rajouter autour de Tarantino mais j'ai toujours du mal avec ce principe : "mais c'est de la série B et du cinéma de genre, c'est normal de dire que la violence et la vengeance c'est cool"...
Ben, depuis quand le cinéma de genre ne pas avoir de regard ou de point de vue ? Entre les shaw brothers, les western rital, les chambara ou les blaxploitations, de nombreux films ont su apporter un regard un peu plus creusés sur ces questions problématiques et parfois même avec de l'intelligence et du courage sans tomber dans le film à thèse à la Haneke.

Outre le fait que la critique ne remette pas en question ce vecteur primordial dans son cinéma mais à la rigueur ce n'est pas la faute du QT - quoiqu'il joue depuis quelques temps avec ce rôle iconique de réalisateur pop top-tendance en sombrant dans une auto-caricature dangereuse, prétentieuse et pire paresseuse, le problème avec Tarantino , c'est que son point de vue ne possède que la dimension fun de la violence, on met de la grosse musique funky, on trépigne de joie en tuant un mec comme si on sortait d'un concert des Spice Girls, on bute le père de sa gamine sans sourciller...
Tarantino ne prend de la violence que l'aspect visuel sans intéresser à ses arcanes, ses implication, ses ramifications, ses influences, l'évolution psychologique... Je regarde par kilomètres des série B jap et Hk (et un peu de rital) où les mecs se trucident par centaines dans des effluves sanguinolentes mais ces films ont pour eux une modestie rafraichissante et surtout une violence dure et viscéral qui fait très mal et qui malgré une certaine complaisance n'a rien de glamour ou d'aseptisée. Tarantino ne se contente que du cool et coloré ultra référentiel ; si bien qu'il empêche une progression dramatique ou émotive de s'installer. Pour boulevard de mort, il comparait de la séquence de l'accident à de la masturbation... C'est exactement ça en fait. De la simple masturbation.
Pour moi, un Inglorious Basterds est 10 fois plus violent et dérangeant que n'importe quelle thriller coréen qui se font dégommer par la presse et les spectateurs (façon I saw the devil)... Tout simplement parce que Tarantino ne sait réfléchir sur ce qu'il film et les conséquences de la loi du talion. A mes yeux c'est bien plus irresponsable qu'une séquence de torture qui accompagne une évolution psychologique (ou une impasse morale).

Par exemple cet été, j'ai découverte un film japonais admirable la légende de sirène (1984), c'est l'anti-thèse total (et donc réussie) du traitement de Kill Bill : une relecture brillante et imprévisible de tout un type de cinéma de genre japonais : film érotique, yakuza, drame social, film de vengeance chevaleresque qui finit dans un bain de sang époustouflant parvenant autant à mêler catharsis et malaise physique, poésie et crudité, grotesque et lyrisme, jubilation et écœurement... Le réalisateur Toshiharu Ikeda parvient à complexifier la séquence puisque la mise en scène et la psychologie ne véhiculent pas le même sentiment et le même discours.
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par Jeremy Fox »

bruce randylan a écrit : Tarantino ne se contente que du cool et coloré ultra référentiel ; si bien qu'il empêche une progression dramatique ou émotive de s'installer.
Ce n'est pas mon ressenti en tout cas ; si c'était le cas, si ses personnages n'étaient que des pantins, si son cinéma ne se contentait que d'être cool et référentiel, il ne me procurerait pas autant d'émotion justement (d'autant que je ne connais aucune de ses références, le cinéma qu'il aime n'étant aucunement ma tasse de thé). Je ressens en voyant ses films, un amour immodéré pour le cinéma ; il en représente la quintessence actuelle en tout cas (me concernant) : mise en scène et sens du rythme extraordinaires (jusqu'à Inglourious compris), direction d'acteur magistrale, scénariste et dialoguiste hors pair... je jubile à chacun de ses films. Et j'avoue ne jamais avoir été gêné par la violence de ses films alors que j'avais été outré par la séquence du Léon de Besson que vous avez évoqué dans un autre topic (peut-être à cause des à priori à propos de ces deux cinéastes ?)

Mais je constate que nous ne sommes pas prêts de nous réconcilier sur ce sujet tellement nos ressentis sont totalement inverses.
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par jacques 2 »

AtCloseRange a écrit : Je ne te retiens pas. Tu peux aller faire ta ronde tranquille.
Sûr qu'on ne pourra compter sur toi pour la faire, cette ronde ... :fiou:
Reste bien au chaud surtout et ne refroidis pas ...
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hellrick
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par hellrick »

jacques 2 a écrit :C'est vrai que c'est immoral la vengeance ...
C'est même incompréhensible le désir de vengeance surtout quand, dans la vraie vie, la "justice " envisage de libérer Michèle Martin après qu'elle ait sciemment laissé mourir 2 enfants de faim et seulement purgé la moitié de sa peine ...

Mais comme je crois que tu penses que c'est mal d'être du côté des victimes (voit ton post à propos de "NY : unité spéciale"), tu es cohérent avec toi même, je le reconnais ...

Enfin bref ...
Je suis avec toi
Bienvenue chez les méchants :D
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cinephage
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par cinephage »

Je constate avec regret que le cinéma déteint effectivement sur certains publics, qui prennent ces films au premier degré, comme le supputaient Stark et ACR, tout comme les articles de presse qui commentent l'actualité avec sensationnalisme. :|

Quel que soit mon enthousiasme pour le cinéma de Tarantino, la vengeance, c'est immoral et mal. Il n'y a qu'au cinéma que ça soit rigolo et sympathique. Heureusement qu'une justice indépendante est là pour statuer, sanctionner avec la distance nécessaire et préserver la société d'une justice populaire dont on connait les raisonnements simplistes et partisans.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par jacques 2 »

hellrick a écrit : Je suis avec toi
Bienvenue chez les méchants :D
Et tu as changé ton avatar, du coup : ne m'en veux pas de garder Kate Winslet ... même si j'ai envisagé Elvira, princesse des Ténèbres ...

De toute manière, les méchants sont toujours plus intéressants et plus "riches" que les (faux) gentils alors ...
Thanks, pal ... :wink:
cinephage a écrit : Heureusement qu'une justice indépendante est là pour statuer, sanctionner avec la distance nécessaire et préserver la société d'une justice populaire dont on connait les raisonnements simplistes et partisans.
J'ose croire que tu ne penses pas à moi quand tu parles, avec une pointe de mépris, d'un "certain public" qui existe pourtant bel et bien, c'est une évidence ...

Parce que si tel est le cas :
Ne tombe pas toi même, je t'en prie, dans le simplisme et les raccourcis à l'emporte pièce en faisant des amalgames dignes d'un "bobo" et en prenant des poses de moraliste ...
Donc, puisqu'il faut mettre les points sur les i, je ne cautionne pas les raisonnements simplistes mais je m'interroge quand j'entends parler de justice indépendante : cette justice, comme tout ce qui est humain, est imparfaite et c'est normal.

On est quand même en droit de se poser des questions à propos de l'imperfection et de la subjectivité de la notion de justice quand on constate d'une part l'exécution pour le moins discutable (comme toutes les exécutions, pourra t'on dire) qui a récemment défrayé la chronique aux Etats Unis et dans le monde et d'autre part - et dans mon propre pays - la remise en liberté prochaine d'une criminelle dont il n'est pas besoin de rappeler (ou peut être si, justement) l'atrocité des actes ...

Alors, oui : je suis pour des peines incompressibles (au cas par cas) et contre la peine de mort et plus encore contre la loi du talion : mais il faudrait peut être que les législateurs, juristes et psychologues s'interrogent un peu plus longuement avant de remettre certains nuisibles en liberté et de, par là même, titiller un certain public et favoriser par l'absurde certains politiques populistes de la pire espèce ...

Et c'est précisément là que l'on peut comprendre le désir de vengeance que peut engendrer cette justice à géométrie variable ...

Même la clémence, baromètre d'une civilisation humaniste, doit avoir ses limites ...
Alors, si parce que je dis cela, certains "neuneus" (et, en disant cela, je ne pense surtout pas à Stark qui, je crois, est trop intelligent pour verser dans le simplisme) n'hésitent pas à brandir l'étiquette passe partout de fasciste : non seulement, je n'en ai cure - car je sais qui je suis et suis en paix avec moi même depuis longtemps - mais je leur adresse, du fond du coeur et des tripes, le mot de Cambronne à la puissance 100 ...
cinephage a écrit : La vengeance : Il n'y a qu'au cinéma que ça soit rigolo et sympathique.
Là dessus, on sera toujours d'accord et c'est vrai aussi pour toute violence, évidemment ...
Et même au cinéma, cela peut être totalement insupportable : je "bloque" complètement sur les scènes de viol ... :x

Fin du HS, j'espère ... :wink:
Dernière modification par jacques 2 le 28 sept. 11, 18:08, modifié 11 fois.
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magobei
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par magobei »

cinephage a écrit :Je constate avec regret que le cinéma déteint effectivement sur certains publics, qui prennent ces films au premier degré, comme le supputaient Stark et ACR, tout comme les articles de presse qui commentent l'actualité avec sensationnalisme. :|

Quel que soit mon enthousiasme pour le cinéma de Tarantino, la vengeance, c'est immoral et mal. Il n'y a qu'au cinéma que ça soit rigolo et sympathique. Heureusement qu'une justice indépendante est là pour statuer, sanctionner avec la distance nécessaire et préserver la société d'une justice populaire dont on connait les raisonnements simplistes et partisans.
Oui, ça s'appelle l'Etat de droit. Mais n'est-ce justement pas le rôle du cinoche (ou de l'art en général) de tester ou d'interroger un peu les limites? C'est le vieux débat sur l'influence des images violentes: incitation ou catharsis?

Personnellement, je suis assez fan du cinéma de Tarantino, pour ses qualités de dialoguistes et de mise en scène (la scène d'ouverture d'Inglourious Basterds...), et aussi parce j'aime son côté fanboy, ultra-référencé: il se trouve qu'on aime (en partie) le même cinéma, notamment les yakuza flicks, chambara et autres wu xia-pian. Du coup, je me vois mal faire la fine bouche sur ces histoires de vengeance, qui doivent bien constituer 90% des trames du cinoche d'exploitation nippon et HK. Ce qui ne veux pas dire que je trouve ça "cool" dans le monde réel...

Ce qui me dérange plus chez Tarantino, c'est un côté complètement gratuit et complaisant dans la représentation de la violence - notamment dans Reservoir Dogs, film que je trouve pour cette raison assez insoutenable. Mais il me semble qu'il s'est assagi depuis.
"In a sense, making movies is itself a quest. A quest for an alternative world, a world that is more satisfactory than the one we live in. That's what first appealed to me about making films. It seemed to me a wonderful idea that you could remake the world, hopefully a bit better, braver, and more beautiful than it was presented to us." John Boorman
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AtCloseRange
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Re: Top Quentin Tarantino

Message par AtCloseRange »

cinephage a écrit :Je constate avec regret que le cinéma déteint effectivement sur certains publics, qui prennent ces films au premier degré, comme le supputaient Stark et ACR, tout comme les articles de presse qui commentent l'actualité avec sensationnalisme. :|

Quel que soit mon enthousiasme pour le cinéma de Tarantino, la vengeance, c'est immoral et mal. Il n'y a qu'au cinéma que ça soit rigolo et sympathique. Heureusement qu'une justice indépendante est là pour statuer, sanctionner avec la distance nécessaire et préserver la société d'une justice populaire dont on connait les raisonnements simplistes et partisans.
Je ne supposais pas que ces films soient pris au premier degré mais que de n'y voir dans cette hypertrophie de la violence que des moments de fun sans se rendre compte des implications sous-jacentes me semblait discutable.
Il me semble encore plus aujourd'hui nécessaire de s'interroger sur l'impact et le contenu des images et ce que ces images véhicules de façon conscientes ou pas.
Et ça concerne aussi bien un grand film estampillé auteur (voir Lars Von trier) qu'une petit film de série.

Néanmoins ça ne veut pas dire qu'on regarde Rocky 4 et le Juif Süss de la même façon, hein...

Et puis, enfin, si sur un forum de discussion sur le cinéma, on se voit renvoyé dans les cordes d'un "détends-toi, ce n'est qu'un film", je trouve ça un peu léger comme réponse.
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