Gounou a écrit :Le déni concernerait selon moi tout ce qui dans Last Days n'est pas véhiculé par le suspense, cette attente anxieuse d'un évènement que l'on sait inéluctable, constamment présent car rappelé dans Elephant (grâce au montage parallèle personnifiant dès le début et à intervalles réguliers les "punisseurs"), alors que beaucoup plus abstrait et invisible dans Last Days si l'on se concentre sur ce qui est dit et non sur ce qui résulte du mariage image/son. D'où radicalisation à mon avis d'un art déjà très brut dans Elephant mais qui a su trouver un nouveau corps parfait dans cette nouvelle vision.
Il ne s'agit pas pour moi de chercher à relever des "différences majeures" puisque c'est justement l'unité d'une vision d'artiste adaptée à différents évènements type "faits divers" qui fait tout l'intérêt de ces films.
Je vois. Mais je n'ai pas perçu les choses de cette manière. Le "suspense" d'
Elephant dont tu parles est pour moi de la même nature que l'avancée lente et inéluctable vers la mort à laquelle nous invite
Last days. Pour cette raison que la dimension funèbre des deux oeuvres est à mes yeux de la même étoffe : il n'y a pas plus de tension dramatique dans
Elephant qu'il n'y en a dans
Last days. La progressive déconnexion du monde du protagoniste de
Last days, les symptomes de sa dérive, de son répli dans un univers "pré-mortem", agissent comme autant de signaux de l'événement final, de la même façon que le montage particulier d'
Elephant place le spectateur dans une position d'attente du drame. Les deux films fonctionnent de la même manière pour moi, à ce niveau-là. L'avancée vers un inéluctable dont on est le témoin conscient dès le début est donc bien présente dans les deux films.
Pour la fin de ton paragraphe, je comprends et n'ai pas grand chose à ajouter à ce que j'ai dit plus haut. En fait tout est dans ma première interrogation : à partir de quel moment l'unité devient-elle répétition ? Quel intérêt à faire toujours le même film ? Tout ce que GVS avait à dire sur le sujet abordé, il l'a dit dans
Elephant. Donc je ne tire pas grand chose de
Last days, qe j'ai vu après.
Gounou a écrit :Qu'est-ce qui amène un spectateur à être tantôt prodondément médusé par la prise d'otage de destins croisés, puis laissé complètement de glace dans le constat du désoeuvrement le plus total si ce n'est parce que, narrativement et seulement narrativement, l'un possède à la base un intérêt cinématographique (au sens "histoire") et l'autre non ? Voilà où je parle d'abstraction et de formalisation poussée (et où se situe l'intérêt premier des trois films par ailleurs...)
Mais on peut retourner la formulation de la question : qu'est-ce qui amène un spectateur à être tantôt prodondément médusé par la constat du désoeuvrement le plus total, puis laissé complètement de glace dans la prise d'otages de destins croisés ? Parce que de nombreux spectateurs se trouvent dans cette position, et non l'inverse.
Il n'y a pas plus d'"histoire" dans
Elephant qu'il n'y en a dans
Last days. L'abstraction n'est pas plus poussée dans le deuxième que dans le premier pour moi. D'où tout le sens de mes posts. GVS ne fait que répéter le travail accompli sur
Elephant, il n'y apporte rien. Mais bon, j'ai compris que tu ne penses pas comme moi, on va vite tourner en rond là...