Après l'autobiographique et impitoyable Nous ne vieillirons pas ensemble, encore un grand film pour Pialat. Je partage à 99% l'avis de Jeremy Fox, je serai juste plus clément envers le jeu de Sophie Marceau. Elle n'est pas parfaite mais elle défend bien son personnage de jeune femme forte et farouchement individualiste(Clairement la touche Breillat), là où les autres personnages féminins sont des potiches(mention à la Commissaire stagiaire). Ses scène d'interrogatoire la montre à fleur de peau, au bord des larmes et la direction d'acteurs musclée de Pialat n'y est pas étrangère.Jeremy Fox wrote: ↑7 Jul 16, 08:12 Police - 1985
Le modèle des futurs films policiers réalistes français tels les superbes L627 de Tavernier, Polisse de Maiwenn ou Le Petit lieutenant de Xavier Beauvois, des films qui s'attachent bien plus au quotidien des policiers qu'aux enquêtes. De ce point de vue le film de Pialat est passionnant, les deux premiers tiers superbes, et l'on aurait bien suivi pendant encore 4 heures les déambulations de ces hommes et ces femmes au poste de police, dans les bistrots ou boites de nuit. Depardieu est magistral, le ton est juste et les seconds rôles tous parfaits, la présence de Sandrine Bonnaire étant même lumineuse.
J'étais prêt à le faire entrer dans mon top 100 français sans cette dernière demi heure moins réussie à cause de cette histoire d'amour entre Sophie Marceau et Gerard Depardieu pas crédible une seule seconde (la première scène de baisers langoureux dans la voiture est même parfois gênante). Je n'ai rien contre Sophie Marceau mais je pense qu'en l'occurrence il s'agit d'une grossière erreur de casting (pas encore assez mature pour un tel rôle) qui empêche le film d'être aussi puissant que la plupart des autres de Pialat.
Ceci étant dit, ce film expressément pas très aimable (très bon scénario de Catherine Breillat) est néanmoins superbe et porté par un Depardieu dans un de ses meilleurs rôles (tout comme à chaque fois qu'il a tourné pour Pialat).
Je n'ai pas de mot pour la performance de Depardieu, au delà des mots, boule de sensibilité et de solitude sous un dehors exubérant et machiste. Le dernier plan de Deoardieu dévasté, sublimé par la musique de Gorecki, vous arrache le coeur.
Et tout celà est sublimé par une partie technique exemplaire:sublime photo froide et bleutée, typique des années 80(mais sans les néons) de Luciano Tovoli, mise en scène puissante de Pialat avec ses cadres fixes anxiogènes lors des moments de tension, qui se transforme en délicats moments d'appareil lors des moments de passion. Et surtout magnifique restauration de Gaumont, avec une copie immaculée

Un grand film, peut être le plus accessible de Pialat, avec son cadre policier réaliste et un Depardieu solaire, immensément attachant(très loin de l'odieux mais formidable Jean Yanne)
8,5/10