Michel Deville (1931-2023)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

La lectrice ( 1988 )
Encore une grande réussite de la part de Deville avec cette histoire de mise en abime littéraire qui bat encore une fois Truffaut sur son propre terrain. C'est drôle, attachant, plein d'esprit et de situation décalé ou émouvante. La fiction rejoint constament la réalité ( si réalité il y a ) et il arrive fréquement que les histoire de l'histoires se mêlent à la réalité... a moins que ça ne soit l'inverse dans un ordre différent.
Les acteurs sont excellents surtout Miou-Miou en lectrice dépasser par ses intentions et un irrestible Patrick Chesnais dont toutes les scènes sont anthologique.
Les situations grivoises font de film charmant presque une fable érotique euphorisante ou mélancolique selon les passages.
Coup de coeur !
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Commissaire Juve
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Re: Michel Deville

Message par Commissaire Juve »

Ce n'est pas un classique d'aujourd'hui, mais je le mets dans le topic Michel Deville...

On a volé la Joconde (1966) : avec Marina Vlady, George Chakiris, Paul Frankeur, Jean Lefebvre... chez LCJ Editions. Après recherche, le m'aperçois que le titre original est Il Ladro della Gioconda ; c'est donc une co-prod France / Italie.

Ouh lala... on va laisser le film de côté (à mon avis, c'est un nanar de première). Le transfert me titille davantage.

A priori, il s'agit d'un 2.35 compatible 16/9e (assez rare chez cet éditeur)... Seulement, l'anamorphose semble poser problème : l'image est un peu tassée. Si on bascule en mode 4/3e, les comédiens sont compressés dans le sens de la largeur. Bref : le résultat n'est satisfaisant ni dans un sens ni dans l'autre.

J'ai configuré le lecteur en écran 4/3 : on obtient effectivement une image en 2.35 avec de grosses bandes noires en haut et en bas. Donc, je confirme : l'anamorphose de ce transfert est mal foutue. :?

Par ailleurs : le film a visiblement été tourné en anglais ou en italien puis postsynchronisé en français (même Paul Frankeur : parfois, il semble bien parler français, d'autre fois non).

Pour le reste : je ferai un test plus tard. Quoi qu'il en soit... film qui n'a pas l'air terrible, image moyenne.
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Jeremy Fox
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Re: Michel Deville

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit :
On a volé la Joconde (1965) : avec Marina Vlady, George Chakiris, Paul Frankeur, Jean Lefebvre... chez LCJ Editions.

Ouh lala... on va laisser le film de côté (à mon avis, c'est un nanar de première).
C'est très loin d'en être un à mon avis.
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Commissaire Juve
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Re: Michel Deville

Message par Commissaire Juve »

Jeremy Fox a écrit :
Commissaire Juve a écrit :
On a volé la Joconde (1965) : avec Marina Vlady, George Chakiris, Paul Frankeur, Jean Lefebvre... chez LCJ Editions.

Ouh lala... on va laisser le film de côté (à mon avis, c'est un nanar de première).
C'est très loin d'en être un à mon avis.
Ah bon ? tu l'as vu ? :o Honnêtement : la photographie est limite "vilaine", la musique est toute pourrie... Jean Lefebvre, Virlojeux... le peu que j'en ai vu pour l'instant ne m'inspire vraiment pas confiance. Mais on en reparlera ! :wink:

EDIT : je viens de m'apercevoir que le titre original était Il Ladro della Gioconda. :o
re-EDIT : je suis retourné voir la fiche du dvd sur DVD.fr... la vache, ils parlent de 1.33 anamorphique ( :roll: ) et de film en noir & blanc. Oué oué oué... Sinon, IMDb confirme pour le 2.35.
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Jeremy Fox
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Re: Michel Deville

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
C'est très loin d'en être un à mon avis.
Ah bon ? tu l'as vu ? :o Honnêtement : la photographie est limite "vilaine", la musique est toute pourrie... Jean Lefebvre, Virlojeux... le peu que j'en ai vu pour l'instant ne m'inspire vraiment pas confiance. Mais on en reparlera ! :wink:
Oui j'ai du même voir tous les films de Deville et je pense qu'il n'y a pas un seul 'nanar' dans sa filmo. Très loin de ses plus grandes réussites c'est certain mais néanmoins une comédie légère à la René Clair qui m'avait semblé loin d'être désagréable ; je te laisse le découvrir :wink:
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Re: Michel Deville

Message par rosebud »

De Deville , les seuls films que j'ai vus :
Le Mouton enragé, avec un toujours excellent Trintignant
Dossier 51, une merveille de film d'espionnage
Péril en la demeure, dont j'ai adoré le montage en ellipses
Eaux profondes.
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Message par AlexRow »

astral_week a écrit :TF1 a eu l'étrange idée de programmer "Raphael ou le débauché" la nuit de lundi à 3h et de le passer au moins 15 min avant :| . Un beau film comme on en fait peu, des dialogues ciselés et des actrices :oops: . Une édition DVD serait bienvenue pour ce film rare (et naphta).
J'attends le DVD depuis des années.
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Re: Michel Deville

Message par Commissaire Juve »

Ayé, j'ai vu On a volé la joconde...

Hélas, première impression confirmée :? . J'ai perdu 1h34 de ma vie (et 13 euros) à voir Marina Vlady jouer dans un dessin animé de troisième zone de Hannah & Barbera... Horrible ! N'y allez pas, c'est une honte ! :x

Venant d'un gars qui rit à la plupart des films de Jean-Marie Poiré, je sais que ça peut paraître moyennement crédible, mais... vous pouvez quand même me faire confiance. On a volé la Jonconde et Ma femme s'appelle Maurice (qui ne me fait pas rire) ; même combat !

J'ai mis 1 étoile sur IMDb.
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Re: Michel Deville

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit : On a volé la Jonconde et Ma femme s'appelle Maurice (qui ne me fait pas rire) ; même combat !
:shock: :(
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Re: Michel Deville

Message par Commissaire Juve »

Jeremy Fox a écrit :
Commissaire Juve a écrit : On a volé la Jonconde et Ma femme s'appelle Maurice (qui ne me fait pas rire) ; même combat !
:shock: :(
Désolé Foxy ! :oops: Mais ça vient du coeur... A mon avis, tu ne l'as pas vu depuis très longtemps. J'en sors à peine, je n'en reviens toujours pas ! :? (et Dieu sait si je suis "bon" public ; j'en avale des nanars, je les distille, je suis l'alambic des Borgia ! mais là... ça ne passe pas !)
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Re: Michel Deville

Message par Jeremy Fox »

Commissaire Juve a écrit :
Jeremy Fox a écrit :
:shock: :(
Désolé Foxy ! :oops: Mais ça vient du coeur... A mon avis, tu ne l'as pas vu depuis très longtemps. J'en sors à peine, je n'en reviens toujours pas ! :? (et Dieu sait si je suis "bon" public ; j'en avale des nanars, je les distille, je suis l'alambic des Borgia !)
M'enfin comparer la légèreté et l'élégance de Nina Companeez aux scénarios 3 tonnes de Poiré, ça me fait quand même un peu de peine. :twisted: Tu crois que tu vas faire avaler ça à beaucoup ? :mrgreen:

Ceci dit, je n'irais quand même pas jusqu'à le conseiller non plus
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Re: Michel Deville

Message par Commissaire Juve »

:mrgreen:

Pauvre Nina... elle a dû se cacher pendant des mois après la sortie de ce film. :mrgreen:

Nan, décidément, il n'y a rien à sauver. Et la musique de dessin animé ! :o c'est le pompon ! C'est épouvantable. On sent qu'ils ont tout misé là-dessus pour emporter l'adhésion du spectateur. Tu sais : comme un cuisinier qui te sers un plat faisandé et qui met trois tonnes de sauce pour cacher le mauvais goût de la viande.
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Re: Michel Deville

Message par Sergius Karamzin II »

Est-ce que le dossier 51 existe en DVD?
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Re: Michel Deville

Message par Jeremy Fox »

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David Aurphet (Christophe Malavoy), un jeune homme maladroit, naïf et un peu bohème, se voit sollicité pour donner des cours de guitare à Viviane Tombsthay (Anaïs Jeanneret), la fille d'un couple très aisé. L'épouse, Julia (Nicole Garcia), poursuit David de ses assiduités. Il ne résiste pas longtemps et tombe rapidement dans ses bras. Le couple semble vivre un adultère banal dans l’appartement quasiment vide de David jusqu’à ce que ce dernier reçoive par la poste une cassette vidéo. Troublé, David met dans la confidence Edwige (Anémone), la voisine des Tombsthay, qui possède un magnétoscope grâce auquel il constate qu’ont été filmés ses ébats intimes avec Julia. Peu après, David, victime d'un agresseur, doit son salut à un étrange tueur à gages, Daniel Forest (Richard Bohringer), qui lui avoue que sa mission en ville consiste à éliminer Graham Thombsthay (Michel Piccoli), le mari de Julia, et à s'emparer de précieux microfilms qu’il a en sa possession. En outre, il met David en garde contre Julia et lui confie un revolver. En l'absence de son mari, Julia invite son amant à venir le retrouver à son domicile. David arrive mais Graham est là. Un premier drame va avoir lieu…

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Péril en la demeure, adapté du roman policier à succès ‘Sur la terre comme au ciel’ de René Belletto, est avec Benjamin ou les mémoires d’un puceau, très probablement le plus grand succès public et critique du réalisateur le plus formaliste du cinéma français, dû aussi en partie à son affiche érotique qui a beaucoup fait parler d'elle à l’époque. Quatre ans après Eaux profondes, La Petite bande s’étant intercalé entre eux deux, Michel Deville renouait avec la même veine, celle du thriller psychologique à l’intrigue totalement improbable et fortement immorale teintée d'une bonne dose d’humour noir, surtout prétexte à brosser une galerie de personnages tous plus pervers les uns que les autres et surtout à mettre en scène un exercice de style hautement sophistiqué dans lequel l’érotisme tient un grand rôle. Si dans Eaux profondes d’après Patricia Highsmith, tout était suggéré plutôt que montré, par la seule force de persuasion de la talentueuse Isabelle Huppert dans son rôle de femme-enfant dissolue, les scènes d’amour dans Péril en la demeure tiennent au contraire une place assez importante dans sa première moitié. Grâce en grande partie à la mise en scène réglée à la perfection, elles se révèlent formidablement réussies d’autant que Nicole Garcia s’avère paradoxalement parfaite en femme fatale, elle qui avait souvent été taxée de comédienne très froide et qui avait une peur bleue de devoir tourner nue (elle ne recommencera d’ailleurs jamais même si l’expérience fut très satisfaisante grâce à la mise en confiance par le cinéaste). Les trois premiers quarts d’heure du film, tournant principalement autour de cet adultère, Nicola Garcia trompant son époux Michel Piccoli dans les bras du jeune Christophe Malavoy, sont d’ailleurs les plus captivantes, Michel Deville s’étant depuis longtemps imposé comme l’un des plus grands spécialistes mondiaux du marivaudage, du libertinage et de l’érotisme à l’écran. L’alchimie sexuelle du couple, la virtuosité du montage et la mise en scène millimétrée du réalisateur qui les chorégraphie comme un ballet, font que les scènes d’amour du film (notamment celle avec les figues) figurent parmi les plus sensuelles du cinéma français.

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Alors que Eaux Profondes ne connaissait pas de ‘ventre mou’, la seconde partie de Péril en le demeure, abandonnant les ébats amoureux et la sensualité pour se recentrer sur l’intrigue policière rocambolesque, est un peu moins convaincante, le film perdant singulièrement un peu d’âme par une trop grande maitrise qui se perpétue, le style devenant presque trop mécanique à l’instar des raccords servant d’ellipses temporelles, très inventifs mais finalement trop voyants, nous détournant du fond pour nous ramener encore et toujours vers la forme ; paradoxalement, Michel Deville est donc tellement sûr de ses effets, tout est tellement maitrisé à la perfection, qu’une certaine froideur vient s’installer par le fait que la mise en scène devienne quasiment le personnage principal au détriment des personnages, arrivant même à vampiriser la narration ; c'est quasiment le triomphe du contenant sur le contenu ! Ceci étant dit, c’est évidemment très plaisant à visionner tellement l’ensemble s’avère ainsi hautement ludique et esthétiquement bigrement excitant. Concernant la vraisemblance, comme d’ailleurs pour Eaux Profondes, il ne faut surtout pas essayer de la rechercher au sein de la conduite de l’intrigue pas plus qu’au travers des comportements et des motivations des personnages, auquel cas contraire, il vous sera sans doute difficile d’apprécier le film. Plus que le recherche d’un quelconque réalisme, les auteurs s’amusent avant tout à se jouer des codes du thriller psychologique pour aller le plus loin possible dans les thématiques de la manipulation et du voyeurisme par l’intermédiaire de protagonistes tous plus étranges les uns que les autres. Les situations sont ainsi souvent abracadabrantes et la psychologie des personnages très superficielle. Mais tout ceci est évidemment fait exprès, le réalisme et la psychologie n’ayant jamais vraiment intéressés le cinéaste, s’amusant surtout une fois encore à nous livrer un polar ultra stylé, maitrisé jusqu’au maniérisme, totalement irréaliste. Dans ma chronique du film Eaux Profondes écrite quelques semaines plus tôt, j’avais repéré des ressemblances entre les univers de Michel Deville et de Peter Greenaway, deux cinéastes ultra-formalistes. Et bien je viens de prendre connaissance de l’anecdote comme quoi en Angleterre, le film de Deville est sorti sous le titre ‘Death in a French Garden’, clin d’œil du distributeur britannique à la sortie en salles en France peu de temps avant du premier film du cinéaste anglais, Meurtre dans un jardin anglais. Il faut dire que ces deux audacieux et ludiques ‘faux thrillers’ peuvent tout à fait être comparés.

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En fait, Péril en la demeure, très bon film au demeurant, est un peu du Deville au carré, voire même au cube. Au lieu de deux personnages principaux, il en propose ici une galerie de six, au lieu d’un compositeur classique habituellement choisi, il en a convoqué trois, les 'moments musicaux' de Schubert côtoyant les 'danses espagnoles' de Granados ainsi qu'un des splendides trios de Brahms (que l'on retrouve entre autres lors du générique du début), tous ces morceaux étant magnifiquement utilisés, Schubert ayant même été superbement adapté à la guitare par Alexandre Lagoya : les oreilles comme les yeux sont donc à la fête ! Quant aux personnages principaux, ils sont donc au nombre de six, tous avec leur étrangeté et pas mal de zones d’ombres, leurs motivations n’étant jamais bien claires, ne sachant jamais vraiment s’ils mentent ou disent la vérité. Ces zones d’ombres, leur voyeurisme maladif et divers mystères de leurs vies et personnalités respectives font que nous avons du mal à les cerner et qu'il nous arrive de ne pas être certain d'avoir tout compris ; ce qui vient contrebalancer l’invraisemblance apparente des situations, ce flou leur conférant un mystère peu déplaisant et qui laisse planer le doute jusqu’au bout, certains points demeurant très confus même après le dénouement. Le protagoniste qui est de tous les plans, c’est David Aurphet, professeur de français et de guitare qui va se trouver embarqué dans une histoire rocambolesque, pris entre une mangeuse d’hommes, son inquiétant époux, leur jeune nymphomane de fille, un tueur à gages et une photographe voyeuriste. Maladroit, naïf et un peu bohème (en lieu et place de pain ou d’un couteau, il se sert de deux carreaux de chocolat pour s'aider à manger son œuf au plat), il semble passer au travers de tout ce qui lui arrive avec une douce circonspection, s’accommodant des bons côtés (le sexe et l’amitié), arrivant à éviter le pire pour lui, s’en sortant même non seulement sans égratignures mais en ayant tout gagné sans que je ne vous dévoile de quoi il pourrait s’agir. Christophe Malavoy, pour son premier rôle principal, s’en sort avec les honneurs, sa maladresse de jeune comédien convenant tout à fait à l'attachant personnage de David, objet de désir pour quasiment tout ceux qui le rencontrent ici, aussi bien les hommes que les femmes, malgré son aspect dégingandé et son duffle-coat fatigué qu’il ne quitte quasiment jamais, s’en servant même comme robe de chambre.

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L’entoure donc la famille Tombsthay comprenant sa jeune élève Viviane qui lui dit tout de go qu’elle couche avec tout le monde, sa mère manipulatrice qui l’attise violemment, en faisant son amant sans plus attendre, son père qui semble être au courant des frasques de sa femme sans à priori s’en offusquer, le couple paraissant vaciller dangereusement, David n’arrivant jamais vraiment à savoir s’ils s’adorent ou se détestent. La jeune fille est interprétée par la très charmante Anaïs Jeanneret, présentée à Michel Deville par Christophe Malavoy qui l’avait connu sur les planches ; dans le rôle de la mère nous trouvons donc une Nicole Garcia assez surprenante et grandement convaincante en femme fatale vicieuse ; enfin, dans la peau de l’époux de cette dernière, un inquiétant Michel Piccoli. Deux autres personnages viennent roder autour de ce quatuor, un sombre et étrange tueur à gages qui semble déprimé, à priori à la recherche d’amitié et de rédemption (très bon Richard Bohringer) et enfin une voisine énigmatique qui ne cesse d’épier le petit manège qui se déroule sous sa fenêtre, photographiant et filmant cette ronde de perversité. Anémone est peut-être dans ce rôle la comédienne la plus inoubliable de ce joli casting : non seulement Michel Deville arrive à la rendre jolie et séduisante mais il lui octroie le personnage le plus savoureux et les dialogues les plus jubilatoires. Comme on peut s’en douter, pas d’improvisation dans les dialogues au contraire très écrits ; nous assistons ainsi à une succession de jeux de mots, de jeux sur les mots ou sur la rythmique des phrases, de sous-entendus, de mots d’auteur, l’ensemble s’apparentant quasiment à de la poésie surréaliste. Le film n’est pas non plus exempt de références/hommages directes ou non à Johnny Guitar de Nicholas Ray (Anémone a acheté la VHS du film) ou Le Mépris de Jean-Luc Godard (la scène de lit au cours de laquelle Nicole Garcia détaille son anatomie).

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Péril en la demeure a beau s’avérer être un polar fascinant, trouble et tordu, un thriller érotique pervers à la précision diabolique où l’atmosphère et le climat comptent plus que l’intrigue, on comprend parfaitement pourquoi Michel Deville disait avoir voulu en faire une comédie. Malgré l’amoralité du propos et les passions vénéneuses mises en place, le tout reste néanmoins relativement léger, parfois même vaudevillesque et théâtral, grâce à un ton très ludique, à un montage très rythmé, fluide et savant ainsi qu’ à une mise en scène constamment inventive, élégante, raffinée et virtuose. Le film gagna d’ailleurs les Césars du meilleur monteur (Raymonde Guyot) et du meilleur réalisateur. Un film brillamment interprété, savamment mis en scène, esthétiquement très raffiné mais cependant un peu trop mécanique et inégal sur la longueur faute à un scénario manquant singulièrement d’enjeux dramatiques et d’épaisseur. Néanmoins, il serait dommage de bouder notre plaisir devant ce film très soigné au charme pernicieux ; il a largement de quoi nous en procurer ! Cependant, il n'est pas interdit de lui préférer un de ses autres films noirs tourné plus tard et qui n'aura pas le même succès ni public ni critique, le sombre Toutes peines confondues avec un exceptionnel Patrick Bruel.
Rupert Pupkin
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Re: Michel Deville

Message par Rupert Pupkin »

Sergius Karamzin II a écrit :Est-ce que le dossier 51 existe en DVD?
il existe en zone 2 UK de même que pas mal d'autres films (Le Paltoquet) dont la sortie n'est pas encore prévue en France (et d'autres déjà sortis en zone 2 UK (le très bô La Femme en Bleu, Péril en la demeure...)
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