Robert Altman (1925-2006)
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Pour les amateurs, je signale que le dernier Positif publie un texte introductif et tout simple de Martin Scorsese sur Robert Altman, qui donne envie de se (re)plonger dans son œuvre.
Scorsese y confesse son faible pour John McCabe, ce qui me fait plaisir..
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Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Revoir Prêt-à-porter (Robert Altman, 1994) donne du plaisir. Ce film n'a pas une immense réputation, ce qui me semble un tantinet injuste. Certes, on sent qu'Altman s'offre une sorte de film-people, avec vedettes internationales à la (haute) volée (de Sophia Loren à Lauren Bacall en passant par Michel Blanc ), stars de la mode captées à l'arrache (Jean-Paul Gaultier, Sonia Rykiel) autant que caméos ayant vu de la lumière (Cher, Harry Belafonte..). Tout cela donne un tournis qui est raccord avec l'univers décrit : m'as-tu-vu, friqué, égocentrique.
On peut reprocher au film une absence de vraie colonne vertébrale scénaristique. Tout ce qui tourne autour de Jean-Pierre Cassel ainsi que les amours de Mastroianni et Loren sont des arguments prétextes un peu grossiers destinés à apporter du liant à tout cela. C'est d'autant plus regrettable que le film est loin d'être dénué de brio scénaristique car il en faut pour faire coexister avec verve et science consommée du marivaudage autant d'intrigues parallèles et de personnages y afférant. Mais ça, avec Altman, on a l'habitude. Malgré ce défaut, donc, de vertèbre, j'ai été très agréablement surpris de retrouver, presque 20 ans après la dernière vision que j'en eu, un film tout à fait réjouissant, une de ces fresques chorales dont Altman avait le secret, mise en scène avec ce mélange unique de précision millimétrée et de débraillement insolent qui caractérise l'art de l'auteur de M*A*S*H*. La distribution de Prêt-à-porter ne se contente pas d'éblouir, elle mise intelligemment sur la cohabitation de divers tempéraments histrioniques venant d'horizons divers : stars vieillissantes d'Hollywood (Lauren Bacall), d'Italie (Mastroianni, Loren), frenchies de service (JP Cassel, Jean Rochefort, Michel Blanc) stars hollywoodiennes contemporaines (Julia Roberts, Kim Basinger), électrons libres altmaniens (Lyle Lovett, Linda Hunt, Sally Kellerman ) et aussi tous les espoirs du cinéma anglo-saxon des années 90 (Rupert Everett, Richard E. Grant, Stephen Rea, Tracey Ullman pour le Vieux Continent; Forest Whitaker ou Tim Robbins pour les Ricains). Tout ce beau monde semble se côtoyer dans une bonne humeur qui ne fait pas qu'irriguer un fantasme américano-parisien (avé Grace Jones qui chante "La Vie en rose" sur le générique de fin) qui aurait limité la portée du film, mais se met surtout au service d'une mise en scène souveraine orchestrée par un artiste qui n'était pas la moitié d'un cinéaste, comme il le prouve avec le dernier défilé du film : gonflé et superbe.
On peut reprocher au film une absence de vraie colonne vertébrale scénaristique. Tout ce qui tourne autour de Jean-Pierre Cassel ainsi que les amours de Mastroianni et Loren sont des arguments prétextes un peu grossiers destinés à apporter du liant à tout cela. C'est d'autant plus regrettable que le film est loin d'être dénué de brio scénaristique car il en faut pour faire coexister avec verve et science consommée du marivaudage autant d'intrigues parallèles et de personnages y afférant. Mais ça, avec Altman, on a l'habitude. Malgré ce défaut, donc, de vertèbre, j'ai été très agréablement surpris de retrouver, presque 20 ans après la dernière vision que j'en eu, un film tout à fait réjouissant, une de ces fresques chorales dont Altman avait le secret, mise en scène avec ce mélange unique de précision millimétrée et de débraillement insolent qui caractérise l'art de l'auteur de M*A*S*H*. La distribution de Prêt-à-porter ne se contente pas d'éblouir, elle mise intelligemment sur la cohabitation de divers tempéraments histrioniques venant d'horizons divers : stars vieillissantes d'Hollywood (Lauren Bacall), d'Italie (Mastroianni, Loren), frenchies de service (JP Cassel, Jean Rochefort, Michel Blanc) stars hollywoodiennes contemporaines (Julia Roberts, Kim Basinger), électrons libres altmaniens (Lyle Lovett, Linda Hunt, Sally Kellerman ) et aussi tous les espoirs du cinéma anglo-saxon des années 90 (Rupert Everett, Richard E. Grant, Stephen Rea, Tracey Ullman pour le Vieux Continent; Forest Whitaker ou Tim Robbins pour les Ricains). Tout ce beau monde semble se côtoyer dans une bonne humeur qui ne fait pas qu'irriguer un fantasme américano-parisien (avé Grace Jones qui chante "La Vie en rose" sur le générique de fin) qui aurait limité la portée du film, mais se met surtout au service d'une mise en scène souveraine orchestrée par un artiste qui n'était pas la moitié d'un cinéaste, comme il le prouve avec le dernier défilé du film : gonflé et superbe.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
C'est fou le nombre de fois où un mauvais film d'il y a 20 ans finit par prendre une "patine" simplement parce qu'il a 20 ans...
ça dit sans doute beaucoup plus de choses sur ce que vaut le ciné US aujourd'hui que sur la valeur du Altman.
ça dit sans doute beaucoup plus de choses sur ce que vaut le ciné US aujourd'hui que sur la valeur du Altman.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
En ce qui me concerne non.. je l'avais bien aimé il y a 20 ans (et je l'avais même pas vu en salle).AtCloseRange a écrit :C'est fou le nombre de fois où un mauvais film d'il y a 20 ans finit par prendre une "patine" simplement parce qu'il a 20 ans...ça dit sans doute beaucoup plus de choses sur ce que vaut le ciné US aujourd'hui que sur la valeur du Altman.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Pareil : vu sur Canal + un an après sa sortie et j'avais vraiment bien apprécié.Alexandre Angel a écrit :En ce qui me concerne non.. je l'avais bien aimé il y a 20 ans (et je l'avais même pas vu en salle).AtCloseRange a écrit :C'est fou le nombre de fois où un mauvais film d'il y a 20 ans finit par prendre une "patine" simplement parce qu'il a 20 ans...ça dit sans doute beaucoup plus de choses sur ce que vaut le ciné US aujourd'hui que sur la valeur du Altman.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Jeremy Fox a écrit :Pareil : vu sur Canal + un an après sa sortie et j'avais vraiment bien apprécié.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Vu un an ou deux après sa sortie, je l'avais revu au moment d'écrire sur Hier, aujourd'hui et demain (rapport à la scène Mastroianni/Loren), j'avais trouvé ça absolument désolant, de bout en bout. Et dieu sait que je passe énormément à Altman habituellement. De ce que j'ai vu de lui, probablement ce que je considère être son pire film - et d'assez loin.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Pour moi c'est clairement le fond du panier. Le film est visuellement hideux, parfois de très mauvais goût. Ça se veut acide, c'est juste couillon. Il est d'ailleurs suivi par Kansas City que je n'aime pas non plus. Une bien mauvaise passe après l'excellence The Player/Short Cuts.
M'enfin ça a l'avantage d'être au moins ambitieux... Le fond de carrière reste pour moi son Beyond Therapy, petite chose qui ne ressemble vraiment à rien. Moche comme tout et torché à la va que j'te pousse.
M'enfin ça a l'avantage d'être au moins ambitieux... Le fond de carrière reste pour moi son Beyond Therapy, petite chose qui ne ressemble vraiment à rien. Moche comme tout et torché à la va que j'te pousse.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Oui, voilà pour moi aussi Beyond Therapy et celui-ci sont vraiment ce qu'il a fait de pire (dans la vingtaine que j'ai vu).7swans a écrit :Pour moi c'est clairement le fond du panier. Le film est visuellement hideux, parfois de très mauvais goût. Ça se veut acide, c'est juste couillon. Il est d'ailleurs suivi par Kansas City que je n'aime pas non plus. Une bien mauvaise passe après l'excellence The Player/Short Cuts.
M'enfin ça a l'avantage d'être au moins ambitieux... Le fond de carrière reste pour moi son Beyond Therapy, petite chose qui ne ressemble vraiment à rien. Moche comme tout et torché à la va que j'te pousse.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Ah oui, c'est vrai, Beyond Therapy, c'est pas fameux.
Kansas City, j'ai une petite affection pour celui-là (peut-être parce que ça doit être un des premiers films que je suis allé voir en salles sans mes parents...)
Kansas City, j'ai une petite affection pour celui-là (peut-être parce que ça doit être un des premiers films que je suis allé voir en salles sans mes parents...)
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Re: Robert Altman (1925-2006)
C'était très intéressant ça Kansas City, et comme film musical, et comme film noir. L'interprétation de Jennifer Jason Leigh y était mémorable, tout comme celle de Harry Belafonte, étonnant en parrain noir d'une cruauté assez terrifiante, loin du pittoresque façon Cotton Club.ed a écrit :Kansas City, j'ai une petite affection pour celui-là
Je vois pas : la texture est constamment élégante.. No problem.7swans a écrit :Le film est visuellement hideux
Beyond Therapy : je sais que je l'ai vu à sa sortie mais aucun souvenir. Ça doit être proche de ce que tu dis pour le coup..
Dr T et les femmes ne m'avait pas emballé. Il y a bon nombre de films que je n'ai toujours pas vus : Streamers, Secret Honor, la série Tanner 88, le mystérieux et rarissime Health (qui n' a pas bonne réputation mais sait-on jamais). Pas vu non plus The Gingerbread Man, ni Images. Et j'ai sous le coude Quintet...qui n'a pas bonne réputation Tiens, je vais commencer par celui-là.
Et Nashville, j'oubliais : toujours pas réussi à le voir. Une malédiction..
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Oui. Avec Dr T. and the Women.7swans a écrit :Pour moi c'est clairement le fond du panier.
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Re: Robert Altman (1925-2006)
J'aimerais bien le voir celui-là, ça a l'air totalement improbable.
Est-ce que c'est (à peu près) du même style que les dystopies à la Zardoz ou Logan's Run ?
Est-ce que c'est (à peu près) du même style que les dystopies à la Zardoz ou Logan's Run ?
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Re: Robert Altman (1925-2006)
Quintet, c'est en effet assez improbable (jusqu'au casting totalement hétéroclite) et ça ressemble pas mal à Zardoz. Personnellement j'aime bien ce film, mais en effet il faut garder les chakras bien ouverts.