Hammett (Wim Wenders - 1982)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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cinéfile
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Re: Hammett (Wim Wenders - 1982)

Message par cinéfile »

shubby a écrit : Grosse frustration : une scène de filature sur deux étages dans un bibliothèque au sol de verre transparent, qui laisse un temps imaginer ce qu'un de palma en grande forme en aurait fait !!
A l'évocation du film, c'est toujours cette scène qui me revient en premier...je dirais même que c'est la seule chose que je garde de ce film finalement. Elle me hante littéralement... :shock:
AtCloseRange a écrit :
Ca j'adore aussi :D
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Alexandre Angel
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Re: Hammett (Wim Wenders - 1982)

Message par Alexandre Angel »

Il n'y a rien à faire : je suis pour ce film. Le scénario, l'intrigue semblent en effet (rapport aux commentaires précédents dont celui de Demi-Lune) inventorier de façon un peu grossière et presque enfantine les archétypes et autres clichés du roman noir séminal. Il y a un effet "catalogue" et une approche sans doute superficielle d'un thème (ce qui nourrit l'imaginaire d'un écrivain) qui reste survolé. Pour autant, le film n'est pas avare d'imaginaire et celui de Wenders, dont on sent la présence européenne derrière la caméra, transpire dans chaque plan. Et moi, spectateur égoïste, indifférent aux souffrances du jeune cinéaste allemand écrasé par la férule coppolienne, je n'ai jamais cessé de me laisser bercé par le rythme languide d'un film qui marie, sinon avec bonheur, du moins avec une certaine cinégénie, deux tempéraments (Wenders et Coppola) qui cohabitent plus qu'on a bien voulu le laisser penser.
La somptuosité (réelle) de studio exprime, comme dit précédemment, le parti-pris à l'ancienne, mais avec des moyens modernes, de satisfaire les projections mégalomanes du nabab Coppola tout en permettant au jeune fan contemplatif de culture américaine d'y épancher son tempérament esthète (des plans entiers convoquent aussi bien Guy Pellaert qu'Edward Hopper).
Je trouve qu'Hammett est un bel objet plus mélancolique que raté mais d'une mélancolie puissante, totale et excédant son sujet. La musique de John Barry y est pour beaucoup mais c'est qu'elle exprime à la perfection la morbidité colorée et ambiguë de tout un cinéma maniériste de la première moitié des 80', de Coup de Cœur au Paltoquet, en passant par Blade Runner, Brazil ou Le Bal, revenant se lover dans le cocon douillet des studios.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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