Alain Resnais (1922-2014)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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MJ
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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

L'Année dernière à Marienbad, fumisterie ou pièce maitresse du cinéma moderne? Reconnaissons-lui au moins le mérite de toujours partager 45 ans après sa sortie... Parce que là je me sens bien incapable de trancher :? Pendant plus de la moitié du film, je me disais, un peu gêné j'avoue, "Qu'est-ce que c'est que cette merde?". J'avais l'impression d'assister à un collage incohérent, vide d'émotions et d'enjeux, dont le seul but était de jouer avec la narration classique avec une désinvolture des plus déplaisantes. Puis peu à peu, sans que ce soit éblouissant, on commence à voir un peu où cela nous mène. Un semblant d'émotion commence à apparaitre, la fascination aussi, sans que cela captive pour autant. Il faut dire que dans ce genre de films libres d'interprétation, on s'attend à ce que la forme porte à elle seule l'intensité émotionnelle. Ici, même si celle-ci est élégante, elle ne m'a pas touché outre mesure. Le documentaire sur le DVD offre quelques interprétations intéressantes, dont une en fait une adaptation libre de l'Invention de Morel d'Adolfo Bioy Casares, et une autre une pièce de cinéma pur, comme La Mort aux trousses de Hitchcock. A méditer, mais dans le genre "cinéma pur", j'ai déjà été plus captivé. Mitigé donc, même si pour un film de ce genre, il est bon d'attendre de voir quel souvenir il laisse. Je le reverrai surement un jour, mais pas tout de suite(parce que c'est pas spécialement divertissant non plus :mrgreen: )
Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Hiroshima mon amour

Magnifique, sublime, éblouissant...je continue? :mrgreen: Une vraie claque. Dès le 1er plan, le film est touché par la grâce, et la 1ere partie, celle qui semble faire le plus l'unanimité, est un chef-d'oeuvre à elle-seule: des images d'archive d'un des événements les plus traumatisants du 20eme siècle mélées à des plans de la ville, à des gros plans à la fois pudiques et sensuels sur les amants, et à un dialogue lancinant en voix off("Tu me tues. Tu me fais du bien"). Cette 1ere partie est une merveille, belle et terrible à en pleurer("Mais que peut faire un touriste, à part pleurer?"). La seconde est moins fédératrice, beaucoup décrochent, mais personnellement je suis resté captivé. Mis à part l'élégance et la virtuosité de la mise en scène de Resnais, les interprètes y sont pour beaucoup. Par son simple regard Eiji Okada exprime tout l'amour et le désir qu'il porte à cette femme, tout comme Emmanuelle Riva, par sa gestuelle et son expression, montre comment elle perd le contrôle de ses sentiments et ses blessures qui ressurgissent petit à petit. Grâce à leur superbe interprétation, on sent à quel point leur séparation sera douloureuse, comment ils se tueraient mutuellement. L'identification est totale, et cette histoire d'amour impossible, qui aura surement inspiré Wong Kar Wai pour In the mood for love, est d'autant plus bouleversante qu'elle nous renvoie à notre passé et à nos propres blessures, que comme elle on avait enfoui dans un coin de notre mémoire.
Pendant 1h30, Alain Resnais est touché par la grâce, et nous offre une oeuvre indispensable, une des grandes oeuvres-témoins du 20eme siècle, aussi forte lorsqu'il s'agit d'évoquer les souvenirs d'un traumatisme collectif que lorsqu'elle traite des bouleversements individuels. Une oeuvre sensuelle et sublime. Une des plus belles histoires d'amour racontées au cinéma, une des plus fortes et des plus marquantes. Hiroshima mon amour est un chef-d'oeuvre absolu(cette fois le terme n'est pas galvaudé) et il entre directement dans mon panthéon.
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MJ
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Message par MJ »

Philip Marlowe a écrit : et cette histoire d'amour impossible, qui aura surement inspiré Wong Kar Wai pour In the mood for love,
J'y avais pensé aussi. :wink:

Sinon je suis on-ne-peut-plus d'accord avec ton texte sur ce chef-d'oeuvre du cinéma français, principalement réputé pour son rapport à l'Histoire, mais qui me touche surtout par la relation intime que l'on noue avec ses personnages.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Les deux films sont fabuleux, et de poésie, et de trouvailles stylistiques.

Personnellement, je préfère L'année dernière à Marienbad qui pousse la réflexion sur le questionnement de la mémoire à son paroxysme.
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ange54
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hirohima et marienbad

Message par ange54 »

Les deux premiers films de Resnais ont en commun d’avoir eu un scénario de 2 écrivains Duras et Robbe-Grillet qui deviendront par la suite chacun des metteurs en scène de cinéma : en 1962 Robbe-Grillet avec « L’immortelle » puis d’autres films qui n’ont pas eu le succès escompté(« l’eden et après, glissements progressifs du plaisir, ») et en 1969 pour Duras avec « La Musica » (puis par la suite principalement des chef-d’oeuvre comme« Natalie Granger », India Song ou encore « Son nom de Venise dans Calcutta désert »)
Ce qui prouve qu’Alain Resnais est un véritable metteur en scène en ce sens qu’il sait adapter, à son propre univers, où l’imaginaire est prépondérant, deux scénarios aussi élaborés que « Hiroshima mon amour. » ou « L’année dernière à Marienbad ».
Par la suite, si le scénario n’était pas aussi brillant, Resnais n’a pas réalisé de films aussi convaincants (par exemple « Stavisky » ou « I want to go home » ou même « Pas sur la bouche ») , en revanche avec D.Mercer pour « Providence » on peut dire c’est l’un de ses plus beaux films sinon le meilleur car il a atteint le sommet de son art.
On peut émettre une comparaison entre Alain Resnais et un autre cinéaste : Joseph Losey, au niveau de la définition du metteur en scène (c’est-à-dire « mettre en scène « un scénario » d’où les prix attribués au meilleur scénario et au meilleur metteur en scène aux Césars et surtout au festival de Cannes pour en avoir une véritable idée et cela n’est pas toujours évident : en effet, comment voir la différence pour Almodovar entre un prix de la mise en scène à Cannes en 1999 avec "tout sur ma mère " et un prix du scénario, cette année, avec volver. )
En effet, Losey (aujourd’hui un peu oublié) a fait des films exceptionnels quand il a travaillé sur des scénarios d’Harold Pinter par exemple « the servant ou « accident. » sans oublier « le messager » (palme d’or à Cannes en 1971) qui a été qualifié d’une discrète mais souveraine perfection. En revanche quand il a réalisé d’autres œuvres, vers la fin de sa carrière, à part le très beau « Monsieur Klein » il y avait beaucoup de films qui étaient plus contestables .
Enfin, pour en revenir au sujet, j’aime autant « Hiroshima mon amour » que « l’année dernière à Marienbad » car ce sont 2 films très novateurs autant sur la forme que sur le fond : ils n’ont pas vieilli, au fil du temps, et ont servi certainement de base à beaucoup de cinéastes : le plus évident étant Peter Greeneway avec « Meurtre dans un jardin anglais » mais aussi Wong Kar-Waï .
Quand je revois ces 2 films (que j’ai en dvd ) j’ai toujours le même plaisir en me disant que les années 1960/1970 étaient beaucoup plus innovatrices que celles actuelles dans le cinéma non seulement en France avec Truffaut, Rohmer, Eustache, Rivette, Bresson ,Demy ou Pialat mais aussi en Italie avec Antonioni, Fellini, Visconti, Pasolini, Comencini, Rosi, Bertolucci, Pétri , Risi, les frères Taviani, Scola … ou en Allemagne avec Fassbinder, W.Schroeter, W.Herzog …sans oublier Bergman , Godard, Kurosawa ,Welles , Kubrick ou Bunuel.
Aujourd’hui, j’aurais aimé dresser une liste aussi importante mais ce n’est pas le cas ; heureusement qu’il y a Woody Allen qui depuis « Guerre et Amour » réalise un film par an depuis 1975 et nous a donné des chefs d’œuvre aussi différents qu’Annie Hall, Intérieurs, Match Point, Meurtre Mystérieux à Manhattan, Une autre Femme, Ombres et Brouillard, Alice, Hollywood Ending, Harry dans tous états,Stardust Mémoires, Le sortilège du Scorpion de Jade, Maudite Aphrodite ,Tout le monde dit I love you, Radio Days, Hannah et ses sœurs, Maris et femmes , Coups de feu sur Broadway etc. etc. ; … Il n’y a aucun metteur en scène, actuellement qui a réalisé autant de films et autant de chefs d’œuvre.
Max Schreck
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Message par Max Schreck »

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Je t'aime je t'aime, Alain Resnais, 1968
Tourné en Belgique, Resnais signe là un étonnant film de science-fiction, fonciérement poétique. Claude Rich, rescapé d'une tentavie de suicide, sert de cobaye à un institut mystérieux qui a inventé une machine à voyager dans le temps. Plus précisément on va lui donner l'occasion de revivre une minute de son passé, un an plus tôt. Après cela il est censé revenir dans le présent, la machine imposant un temps de décompression de quatre minutes avant que l'on puisse l'en sortir. Mais rien ne va se passer comme prévu, et Rich ne va dès lors cesser de faire des allers-retours dans le temps, apparemment condamné à vivre et revivre des événements tantôt heureux tantôt dramatiques, jusqu'à l'épuisement.

Entre Slaughterhouse-five pour la construction temporelle aléatoire et Eternal sunshine of the spotless mind pour la reconstitution douloureuse d'un passé amoureux, le film propose au spectateur de littéralement plonger avec le protagoniste dans l'expérience. La toute première scène qu'il est améné à revivre n'est pas pour rien une scène de plongée sous-marine lors de vacances sur la côte méditerranéenne. Comme l'explique un scientifique au début, on lui a administré un traitement qui l'obligera à assister depuis son propre corps à ce passé en toute passivité, tel un dormeur éveillé. On est dans une logique incontrôlée, où l'on peut basculer à tout moment d'un événement à l'autre. Resnais utilise un montage cut, sans effet, et déroule ainsi son récit de façon totalement déconstruite. Les séquences semblent s'enchaîner dans une chronologie aléatoire, avec souvent des redites.

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Rich est ici vraiment parfait, traînant son cynisme et son humour grinçant. Le film est d'ailleurs rempli de petites réflexions existentielles souvent très amusantes. Les dialogues sont signés Jacques Sternberg et on devine que l'homme aime les chats. Au final, il manquera encore des pièces au puzzle. C'est finalement un film assez dépressif, marqué dès son ouverture par la mort. La très belle musique de Penderecki, faite de choeurs, apporte une couleur très mélancolique. La construction éclatée nuit sans doute un peu à l'émotion en créant malgré tout une certaine distance, mais c'est vraiment un film à part, qui se révèle vite fascinant.
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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Max Schreck a écrit :Image
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Rich est ici vraiment parfait, traînant son cynisme et son humour grinçant. Le film est d'ailleurs rempli de petites réflexions existentielles souvent très amusantes. Les dialogues sont signés Jacques Sternberg et on devine que l'homme aime les chats. Au final, il manquera encore des pièces au puzzle. C'est finalement un film assez dépressif, marqué dès son ouverture par la mort. La très belle musique de Penderecki, faite de choeurs, apporte une couleur très mélancolique. La construction éclatée nuit sans doute un peu à l'émotion en créant malgré tout une certaine distance, mais c'est vraiment un film à part, qui se révèle vite fascinant.
Excellent film, je trouve que c'est à partir de Je t'aime je t'aime que la filmo de Resnais est un peu moins froide. Si effectivement il reste une distance, comme tu le dis, je trouve que là, et contrairement à Hiroshima mon amour ou Muriel, on s'attache au personnage principal, et le jeu sur le montage et la narration est plus efficace, fonctionne mieux. Peut-être est-ce une impression totalement personnelle, mais ce brassage des souvenirs par ces entrecroisements et répétitions de séquences du passé reproduit à merveille ce qu'on peut ressentir dans un état second, ou simplement quand on se remémore des jours passés.
Une édition DVD ne serait vraiment pas de trop, j'ai très envie de le revoir (tiens d'ailleurs comment l'as-tu vu ?).
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Max Schreck
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Message par Max Schreck »

-Kaonashi Yupa- a écrit :
Max Schreck a écrit :Image
Je t'aime je t'aime, Alain Resnais, 1968
(tiens d'ailleurs comment l'as-tu vu ?).
Cinématek.

Par ces chassés-croisés temporels sur la vie d'un couple, par son ton tout à fait désenchanté, je viens de réaliser que le film peut être rapproché de ce qu'a fait Donen avec son Voyage à deux, réalisé un an plus tôt à peine.
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Message par Art Core »

Muriel ou Le Temps d'un Retour d'Alain Resnais.
La vision a été assez difficile je dois dire. Je cherche à découvrir le Resnais de cet époque que je connais mal (à part Marienbad que j'adore) et ce film là n'était peut-être pas le meilleur choix. Histoire de retrouvailles entre un homme et une femme après vingt ans de séparation, le film vaut surtout pour la mise-en-scène et le montage de Resnais. Le début est assez brillant d'ailleurs dans la manière qu'il a de nous faire ressentir le trouble du personnage à travers un montage hystérique et un mouvement permanent. C'est très réussi. Ensuite tout s'enlise et le scénario, ses dialogues et la direction d'acteur trop nouvelle-vague (dialogues de sourds, banalités débités sur un ton ultra solennels...) finissent par faire sombrer le film dans le chichiteux et le poseur. D'autant que le montage de Resnais continue sur la lancée du début dans des jeux d'ellipses assez épuisantes où on a l'impression de voir une bande-annonce. A un certain moment je n'y ai plus vu aucun intérêt et j'ai fini par m'ennuyer.
Et le plus étrange c'est cette tentation qu'à le film d'aller vers un discours sur la guerre d'Algérie mais qui se retrouve recouvert des histoires d'amour gâchées des personnages alors que c'était probablement que résidait sa substantifique moëlle. Tout ce qui y a trait est très réussi (les images d'archives, le commentaire, le titre du film) et très fort mais malheureusement c'est perdu au milieu d'un espèce de vaudeville bourgeois glacial et mortifère.
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Miss Nobody
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Message par Miss Nobody »

Bon diou... 5 ans... c'est beaucoup...
On parlait encore de VHS à l'époque... :o

Très friande de la partie post-90, la découverte du splendide Hiroshima mon amour m'a mis l'eau à la bouche et je n'ai pu que profiter de la rétrospective Resnais qui justement passait par chez moi en janvier...

Je t’aime, je t’aime
Film étrange et méconnu où Renais flirte avec la science-fiction, « Je t’aime, je t’aime » mérite pourtant amplement qu’on s’y attarde. Une expérience curieuse cherchant à contrôler le temps sert de prétexte à un voyage dans la mémoire d’un homme-cobaye, détruit par une histoire d’amour singulière, à la fois glauque et passionnée, qui le conduira deux fois à la mort. Dans une atmosphère cauchemardesque d’une autre époque et d’une autre dimension, emprunte d’une mélancolie peut être un peu trop pesante, Claude Rich se perd dans un inconscient labyrinthique, dans un passé boueux qu’il est à présent condamné à revivre. A l’image de son amour souffreteux, de ses phrases sombres et spirituelles, de sa mise en scène éclatée, « Je t’aime, je t’aime » est une œuvre déstabilisante, intellectuelle, à la fois belle et profondément tragique.

L’année dernière à Marienbad
Dans une immense et riche demeure, filmée dans un noir et blanc contrasté par une caméra aérienne et virtuose, des répliques sentencieuses et troublantes résonnent et se perdent en écho le long de couloirs interminables. Difficile d’accès, et sûrement toujours enveloppé de mystère après plusieurs visions, « L’année dernière à Marienbad » est un film dédaléen et déroutant qui se contemple plus qu’il ne se comprend vraiment. Car si «Marienbad » est une authentique splendeur visuelle, il s’agit également d’un vrai casse-tête pour ce qui sommeille d’esprit logique et rationnel en chacun de nous. On ne parvient jamais clairement à trouver des repères. Ni le temps, ni l’espace, ni les costumes ou les décors, ne semblent vouloir nous aider à nous y retrouver, nous donner des points d’appui, nous rassurer quant à l’utilité finale de notre quête désespérée de sens. Attendre patiemment des éclaircissements s’avère finalement vain : les informations sont distribuées au compte-goutte pendant le film et, loin de dénouer la situation, s’entremêlent aux précédentes pour parachever l’impression de désordre. Cependant, fasciné, on persiste, on continue à avancer à l’aveugle, on s’enfonce un peu plus encore dans ce film-labyrinthe, dont on sort un peu confondu, à la fois déçu et émerveillé. Une belle expérience.

I want to go home
Un Resnais mineur, pas déplaisant mais forcément décevant au vu de la filmographie du réalisateur. Les acteurs principaux, que ce soit Adolph Green, Laura Benson ou Gérard Depardieu, cabotinent plus que le nécessaire et agacent en conséquence. Le film est considérablement alourdi par leurs jeux souvent exubérants et par le rythme cartoonesque de certaines situations. A ce propos, la passion pour le bande dessinée que nourrissent les personnages ne nous touchent que lointainement, et les insertions de cartoons, qui heureusement se font de plus en plus rares le long du film, n’apportent pas grand-chose et tombent souvent à plat. A côté de ces lourdeurs de réalisation et d’interprétation, le scénario amène quant à lui des réflexions intéressantes, traitées avec plus ou moins de légèreté et de finesse, autour de la famille et de la différence culturelle, qui donnent un certain intérêt au film, malgré tout fort dispensable.

Muriel, ou le temps d’un retour
Réflexion extrêmement bien menée sur le poids des souvenirs, ceux que l’on voudrait oublier, ceux qui nous aident à vivre ou ceux qui semble retenir le temps et empêchent de vieillir, « Muriel, ou le temps d’un retour » est un film lent, mélancolique, existentiel, un peu pesant quelquefois, mais très beau. Les personnages, à la fois différents et très semblables, luttent tous, à leur manière mais toujours vainement, contre la fuite du temps et des sentiments. Le personnage de Muriel, mystérieux et absent, sert quant à lui à une précoce et très troublante évocation de la torture en Algérie. Avec « Muriel », Resnais explore une nouvelle fois avec brio les méandres de la mémoire et les souvenirs qui la hantent, nostalgiques ou cauchemardesques, toujours un peu destructeurs, et signe un film très ancré dans son époque qui a cependant gardé toute sa puissance émotive.

Suite au prochain post...
julien
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Message par julien »

Miss Nobody a écrit :I want to go home
Un Resnais mineur, pas déplaisant mais forcément décevant au vu de la filmographie du réalisateur.
C'est même complètement loupé. Il faut pas avoir peur de le dire. :D
Son film, La Vie est un Roman est quand à lui particulièrement barré. D'ailleurs tu devrais l'apprécier, il y a des passages chantés qui font très comédies musicales.

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J'aime bien l'affiche. C'est pour ça que je la met en gros.
Art Core
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Message par Art Core »

Moi j'avais trouvé ça sympa I want to go home. Même si les acteurs sont globalement tous insupportables. Muriel m'avait par contre profondément ennuyé. Le chef-d'oeuvre de Resnais reste Marienbad en ce qui me concerne. Insurpassable !
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Quand je pense à Resnais, trois grands films se bousculent dans ma tête :

Nuit et brouillard, une claque indispensable, l'éblouissant et mémorable ( :P ) L'année dernière à Marienbad et le bouleversant Hiroshima mon amour !

J'aime beaucoup ce cinéma de la mémoire et les expérimentations passionnantes du bonhomme. C'est aussi l'un des rares à collaborer avec des écrivains d'abord inadaptables (Duras, Cayrol, Robbe-Grillet, etc...) !
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julien
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Message par julien »

Art Core a écrit :Le chef-d'oeuvre de Resnais reste Marienbad en ce qui me concerne. Insurpassable !
L'originalité du film doit aussi beaucoup à la contribution d'Alain Robbe- Grillet. C'est vraiment un film réalisé par deux auteurs.
Watkinssien a écrit :C'est aussi l'un des rares à collaborer avec des écrivains d'abord inadaptables (Duras, Cayrol, Robbe-Grillet, etc...) !
C'est vrai. Pour la musique aussi, il a beaucoup travaillé avec des compositeurs issuent de la musique contemporaine et ça a souvent donné des résultat intéressants, comme avec Hans Werner Henze sur l'Amour à Mort ou Krzysztof Penderecki sur Je t'aime, je t'aime.
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