Les Incorruptibles (Brian De Palma - 1987)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Demi-Lune
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Re: Les Incorruptibles (Brian De Palma - 1987)

Message par Demi-Lune »

Flol a écrit : 1 sept. 20, 15:25 Je comprends l'idée, mais j'ai là aussi l'impression d'entendre une parodie du genre de thème auquel on peut s'attendre dès qu'on parle de Capone (les cuivres qui font "wouah wouah").
L'écriture musicale de Morricone repose parfois sur un dialogue entre le premier et le second degrés, ce qui la rend d'ailleurs si stimulante, moderne et inépuisable à l'écoute. Ces gros cuivres dans le thème de Capone qui font "wouah wouah", comme tu dis, relèvent à cet égard moins d'une facilité destinée à se conformer à un cliché d'époque, à mon sens, que d'une véritable signature d'un compositeur qui a inlassablement recherché, dans sa carrière, le décalage, le contraste sur les textures offertes par les instruments (que ce soit pour illustrer le mouvement d'une mygale, le battement d'un cœur, le cri d'un coyote, l'orgasme d'une femme, etc). Pour le dire autrement, il y a souvent chez Morricone, derrière le vernis lyrique, romantique ou tragique, une veine de sale gosse, une forme de dérision consciente qui accompagne un jeu presque enfantin sur les effets comiques et/ou déstabilisants que peut produire la musique (c'est particulièrement manifeste dans ses contributions au western-spaghetti, notamment). Le thème de Capone en est pour moi symbolique, il joue simultanément sur les deux tableaux, c'est très premier degré et en même temps très ironique, c'est très fort. Je me suis souvent demandé si cela traduisait simplement les attentes du réalisateur du film, ou bien une vision profonde de la vie chez le compositeur - comme une conjuration, par la musique, d'un questionnement chrétien sur la fragilité de l'existence. Et c'est pareil ailleurs dans la B.O. des Incorruptibles, qui alterne des séquences puissantes (The Untouchables Theme, qui pourrait quasiment faire office d'in memoriam musical pour Morricone) et des morceaux pimentés d'ironie (cette infernale berceuse toute mimi montée en épingle lors de la séquence des escaliers). Morricone, c'est un jeu permanent.

Le "wouah wouah" est de toute façon un effet de style purement morriconien :mrgreen:


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harry
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Re: Les Incorruptibles (Brian De Palma - 1987)

Message par harry »

Le « wouah wouah » c’est aussi un simple renvoi à la musique de l’époque qui renvoie au jazz Dixieland, le jazz des speakeasy ou Capone y écoule son alcool.
C’est pompeux, tape à l’œil, « bling bling » à l’image du personnage que ça présente : un gangster.
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Flol
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Re: Les Incorruptibles (Brian De Palma - 1987)

Message par Flol »

Vous m'avez convaincu.
Vous êtes forts.
mannhunter
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Re: Les Incorruptibles (Brian De Palma - 1987)

Message par mannhunter »

Jack Griffin a écrit : 1 sept. 20, 15:24 ou ça

O'Malley
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Re: Les Incorruptibles (Brian De Palma - 1987)

Message par O'Malley »

Demi-Lune a écrit : 1 sept. 20, 20:53 L'écriture musicale de Morricone repose parfois sur un dialogue entre le premier et le second degrés... Je me suis souvent demandé si cela traduisait simplement les attentes du réalisateur du film, ou bien une vision profonde de la vie chez le compositeur
Il me semble que le dialogue entre le premier et le second degré est aussi la marque de fabrique du cinéma de De Palma. Donc je pense qu'il y a osmose entre les deux artistes (comme avec Sergio Leone) et que cela traduit à la fois les attentes du réalisateur et la vision du compositeur.
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