Peter Yates (1929-2011)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Federico
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Federico »

Je n'ai pas revu Les 4 malfrats depuis une éternité mais dans mon souvenir (celui d'un petit film de casse au ton cool voire burlesque), je rejoindrais plutôt l'avis de Rick. Maintenant, il n'est pas dit qu'en le revoyant, je ne le trouve pas faiblos...
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Kevin95
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Peter Yates (1929-2011)

Message par Kevin95 »

THE FRIENDS OF EDDIE COYLE (1973) révision

Preuve que Peter Yates n'est pas (seulement) un vague nom au générique de Bullitt et de quelques curiosités 70's mais l'auteur d'un des meilleurs polars, l'un des plus froids, l'un des plus dépressifs de la décennie. Que The Friends of Eddie Coyle ait été un quasi bide à l'époque n'est presque pas étonnant, tant il tranche radicalement avec l'aspect "cool" de la plupart des policiers de l’époque, tant sa star (Robert Mitchum) n'est absolument pas mis en valeur (l'affiche est même trompeuse puisqu'on croit que Bob est un des supers vilains alors qu'il joue un paumé désarmé), tant la photo grise n'aide pas à vendre le film et tant tout y est pourri, en fin de course, aussi triste qu'un bar vide. Jeu de pression, de mensonges et de "sauve ta peau", le film de Yates est une pépite étrangement touchante alors que tout le monde tire la gueule. Rarement, Mitchum s'est montré aussi fatigué, fragile, humain, tout le monde se fout de sa gueule, l'exploite, le fait tourner en bourrique. Le voir au quotidien, siffler un verre rapidos, prendre sur lui pour dénoncer un type déjà coffré, s'excuser d'aller pisser régulièrement parce qu'il a bu trop de bières, me fait monter les larmes aux yeux. On pense à Quentin Tarantino, pas vraiment pour l'imagerie terne (QT sera plutôt à l'opposé) mais pour l'abondance de dialogues qui en disent beaucoup sur chaque personnage, le verbe utilisé comme une arme, comme un moyen de dominer l'autre. D'ailleurs, l'aspect pathétique de Mitchum me rappelle celui de Robert De Niro dans Jackie Brown, même dos vouté, même destin foireux. The Friends of Eddie Coyle est non seulement une réussite totale, mais la dernière occasion de voir Robert Mitchum impliqué et à nu.
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Rick Blaine
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Rick Blaine »

Ca fait plaisir !
Un très beau film et, s'il fallait en choisir un, probablement le plus beau rôle de Mitchum à mes yeux.
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Jeremy Fox
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Jeremy Fox »

Rick Blaine a écrit :s'il fallait en choisir un, probablement le plus beau rôle de Mitchum à mes yeux.
A oui, rien que ça :o Ca donne envie !!!
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Père Jules
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Père Jules »

Rick Blaine a écrit :Ca fait plaisir !
Un très beau film et, s'il fallait en choisir un, probablement le plus beau rôle de Mitchum à mes yeux.
Et Yakuza ?
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Alexandre Angel
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Alexandre Angel »

Merci Kevin pour cette chouette chronique!
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Rick Blaine
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Rick Blaine »

Père Jules a écrit :
Rick Blaine a écrit :Ca fait plaisir !
Un très beau film et, s'il fallait en choisir un, probablement le plus beau rôle de Mitchum à mes yeux.
Et Yakuza ?
Il y est excellent, mais je ne l'ai jamais vu aussi fragile, aussi émouvant et humain que dans le Yates.
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Kevin95
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Kevin95 »

Rick Blaine a écrit :
Père Jules a écrit : Et Yakuza ?
Il y est excellent, mais je ne l'ai jamais vu aussi fragile, aussi émouvant et humain que dans le Yates.
Yeap.
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Profondo Rosso
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Profondo Rosso »

Hop je remets ça ici

John and Mary (1969)

Image

Au petit matin, Dustin Hoffman et Mia Farrow se réveillent dans le même lit après une nuit passée ensemble. C'est le point de départ de cette comédie romantique qui inverse le propos en amenant tout le registre de la séduction après l'acte, dans une unité de temps et de lieu épatante (Greenwich Village se dévoilant en toile de fond). Un peu empruntés et méfiants l'un envers l'autre, les deux vont apprendre à se connaître durant la journée qui suit ce qui devait être une coucherie sans lendemain. Yates multiplie les astuces narratives géniales et ludiques : arrêt sur image, flashback dévoilant la rencontre finalement assez quelconque de la veille ou encore le passé des héros, faux flash forward où ils imaginent ce qu'ils feront du reste de leur journée après s'être débarrassés l'un de l'autre. Les pensées des héros dévoilées en voix off à des moments clés du film créent un décalage hilarant, que ce soient les tactiques de séduction, les mots mal interprétés qui déclenchent la suspicion des deux côtés (dont un passage tordant où Hoffman soupçonne Farrow de vouloir s'installer chez lui, lorsqu'elle réfléchit au dîner du soir en contemplant ses provisions). Sans vraiment s'en rendre compte, les deux sont tombés amoureux et sont incapables de se "décoller", sentiment renforcé par une intrigue qui ne quitte jamais l'appartement d'Hoffman. Cette contrainte spatiale crée progressivement une fausse nonchalance, un ennui factice tandis que le rapprochement inconscient est lui bien réel.

Le film adopte le mécanisme narratif des comédies romantiques de l'âge d'or hollywoodien, tout en usant des inventions formelles du Nouvel Hollywood, largement influencé par la Nouvelle Vague et notamment par À bout de souffle (la ressemblance physique de Mia Farrow avec Jean Seberg et son fameux look cheveux courts, ou les longs instants oisifs dans l'appartement). L'alchimie entre Hoffman (qui a gardé tout le charme juvénile du Lauréat) et une Mia Farrow absolument craquante (époque Rosemary's Baby) font le reste. La dimension sexuelle est bien présente sans être appuyée outre mesure. C'est d'ailleurs là une des réussites du film : amener la rencontre par des voies nettement moins conventionnelles qu'auparavant, tout en illustrant la romance naissante par des attitudes et comportements universels. Le contexte a beau se faire plus moderne, au final, la maladresse est la même chez tous les amoureux, quelque soit l'époque... 5/6

La Guerre de Murphy (1971)

Image

Dans les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale, le Mount Kyle, un cargo britannique est torpillé par un U-Boot dans le delta de l'Orénoque, un fleuve du Venezuela, et l'équipage est massacré. Murphy, simple cuistot irlandais, est l'un des deux seuls survivants avec un pilote aviateur, le lieutenant Ellis qui est grièvement blessé. Ils trouvent refuge dans une mission dirigée par le Docteur Hayden, une femme médecin quaker; auprès de laquelle est abandonné depuis le début de la guerre Louis Brezon, un ingénieur français travaillant pour une compagnie pétrolière.

La Guerre de Murphy est une œuvre curieuse, à mi-chemin entre le film de guerre patriotique "à l'ancienne" et un ton pacifiste et libertaire plus en vogue à travers des œuvres comme MASH ou Catch 22. Cette dichotomie s'exprime par le fossé ressenti entre l'attitude du personnage principal et le contexte du récit. Seul survivant d'un cargo britannique torpillé par un U-Boot allemand, le cuisinier d'équipage Murphy est sauvé et accueilli dans une mission bordant l'Orénoque au Venezuela. En ces derniers jours de la Deuxième Guerre Mondiale, Murphy pourrait se la couler douce dans ces paisibles terres exotiques mais une rage guerrière l'anime toujours, la présence alentour du sous-marin allemand l'incitant à se venger. Peter O'Toole (se délectant de jouer un anti Lawrence d'Arabie) confère au personnage une exubérance irlandaise savoureuse et attachante qui fait oublier sa nature de fou de guerre. Le scénario joue constamment d'une certaine ambiguïté pour dépeindre son attitude comme de l'héroïsme ou de la folie. Sa haine lui donne une énergie et lui fait réaliser des prouesses auxquelles Peter Yates confère un vrai souffle épique comme lors de la longue scène où Murphy s'improvise pilote d'hydravion, luttant, râlant et piétinant jusqu'à maîtriser l'appareil. Cette fougue amène une bienveillance et une empathie du spectateur qu'on ressent à travers les deux autres personnages, suivant sans hésiter Murphy dans sa folle entreprise comme le français Louis Brezon (Philippe Noiret) ou lui pardonnant tout comme le Docteur Hayden (Siân Phillips, épouse de Peter O'Toole à l'époque).

Pourtant peu à peu la témérité va révéler un esprit perturbé, obsessionnel et individualiste. Peter Yates oppose l'exaltation de Murphy au froid pragmatisme des allemands dont chacun des actes de guerre aussi révoltant soient-ils (le meurtre du pilote) obéissent à une froide logique stratégique et collective quand notre héros poursuit un but égoïste. Ses provocations envers les allemands mettent en danger la paisible communauté sans qu'il s'en soucie et la dernière partie étouffante évoque une sorte de Moby Dick où le sous-marin allemand fait office de baleine. Le conflit pourtant terminé n'a plus d'importance, seul compte ce duel, cette quête mystique et finalement vaine. Il demeure néanmoins un léger problème de ton, le jeu outrancier de Peter O'Toole atténuant l'aura inquiétante de Murphy, ce qui s'explique par l'hésitation de Peter Yates qui faillit donner au film une issue héroïque malvenue et regretta de ne pas l'avoir fait pour des raisons commerciales. La confrontation finale hésite ainsi entre souffle épique et tension psychologique sans que l'on ressente cette ambiguïté comme totalement volontaire. Reste néanmoins un beau film d'aventures, visuellement éblouissant par instants notamment une photo superbe du regretté Douglas Slocombe qui magnifie les décors naturels de toute beauté. 4,5/6
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Kevin95
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Kevin95 »

BULLITT (1968) révision

A force de le voir se faire bâcher à droite à gauche, j'ai développé des réserves envers Bullitt au point de craindre sa révision sur grand écran. Ouais mais non... Bullitt est toujours aussi cool, toujours aussi confortable, toujours aussi rythmé. Les critiques en pack de 12 contre le film de Peter Yates ont beau être pour la plupart fondées (scénario mal foutu, mise en scène peu impliquée, séquence de poursuite qui se fait dézinguer - à peine trois ans après - par celle de The French Connection de William Friedkin…), impossible de passer sous silence le plaisir que procure la péloche dès les premières notes de Lalo Schifrin, dès que Steve fucking cool McQueen apparait sur l'écran ou dès que Jacqueline Bisset ouvre ses mirettes. Bullitt n'est pas une réussite cinématographique mais presque musicale. Tout le film avance en roulant des épaules, groovy malgré quelques instruments à la traine et au milieu, un solo de basse avec la poursuite dans San Francisco. Oui, on a vu mieux en matière de course de bagnoles, cela ne veut pas dire que celle-ci vaut peanuts, bien au contraire (pensez donc, musique en crescendo de Schifrin, pause, bruits des moteurs, du grand art). Le film pète la classe, assurément.
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Rick Blaine
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Rick Blaine »

Kevin95 a écrit :BULLITT (1968) révision

A force de le voir se faire bâcher à droite à gauche, j'ai développé des réserves envers Bullitt au point de craindre sa révision sur grand écran.
J'ai un peu la même crainte depuis plusieurs années. Il faut que je me le reprogramme.
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Jeremy Fox
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Jeremy Fox »

Ne crains rien et ait confiance en Kevin :wink:
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Michel2
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Michel2 »

Ce qui me parle le plus dans Bullitt, c'est son côté crépusculaire et l'atmosphère de désenchantement dans laquelle baigne le film. J'ai toujours vu le personnage de Steve McQueen comme un descendant un peu décalé de Sam Spade ou Philip Marlowe : un type sans illusions mais intègre qui s'efforce de maintenir un semblant de justice dans un monde corrompu (soit une figure très classique du roman et du film noirs). Sauf qu'à la différence de Marlowe et Spade, qui sont détectives privés et donc à la périphérie du système, Bullitt est lui policier et doit composer tant bien que mal avec un système qu'il abhorre parce qu'il entend lui dicter sa conduite.

Plus que la poursuite en voiture (qui m'est toujours apparue comme une sorte de parenthèse durant laquelle le récit se met en pause et patiente jusqu'à la fin du morceau de bravoure) ou la séquence finale à l'aéroport, c'est une scène avec Jacqueline Bisset qui résume le mieux ce qui est au coeur du film (en tout cas à mes yeux : ça en dit peut-être plus long sur mes propres préoccupations que sur ce que voulaient faire passer les scénaristes). Puisqu'il n'a plus de voiture en état de marche pour cause de rallye automobile impromptu dans les rues de San Francisco, Bullitt demande à sa copine de le véhiculer pour l'amener sur une scène de crime où les policiers s'affairent autour du cadavre avec détachement et sans émotion apparente. Le personnage de Jacqueline Bisset voit pour la première fois son homme dans son cadre professionnel, qui l'amène à gérer la mort au quotidien. Sur le chemin du retour, elle sort brutalement du véhicule pour fixer le lointain. Quand Bullitt s'approche d'elle pour lui demander ce qu'il se passe, elle lui répond avec plus de tristesse que d'agressivité : "Je croyais te connaître, mais je n'en suis plus si sûre. Tu vis tellement dans un monde de violence que tu finis par en faire partie. Q'est-ce qu'il adviendra de nous deux avec le temps ?" Et lui qui sait qu'elle a raison, mais qui ne veut pas la perdre, lui répond : "Le temps commence aujourd'hui".

Dans la filmographie de Yates, Robbery/Trois milliards d'un coup (1967) est également très recommandable : inspiré de l'attaque du Glasgow-Londres de 1963 et complètement ancré dans la tradition du film de gangster britannique des années 50/60, avec un Stanley Baker très à l'aise dans un rôle de dur intelligent qui lui va parfaitement au teint. La scène de poursuite automobile dans les rues de Londres au début ouvre le bal en beauté (c'est d'ailleurs elle qui a valu à Yates d'être embauché pour réaliser Bullitt l'année suivante) mais la suite ne démérite pas : c'est un film de braquage très classique dans sa structure ternaire (préparation/exécution/gestion des imprévus qui suivent le casse), mais réalisé avec efficacité et sans fioritures.

Parmi les autres incursions de Yates dans le genre policier, j'ai toujours une certaine tendresse pour Eyewitness/L'oeil du témoin (1981). Pas tellement pour le côté polar, qui est presque secondaire dans le film et qui est d'ailleurs traité sans énergie excessive, mais plutôt pour les rapports très bien dessinés entre les personnages de William Hurt et Sigourney Weaver (lui amoureux transi et elle non insensible à ses charmes mais finalement assez ambigüe quant à ce qu'elle éprouve réellement à son égard).

Dans un registre plus léger, Breaking Away/La bande des quatre (1979) est aussi très bien, mais je pense que nous aurons l'occasion d'y revenir.
Lord Jim
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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Lord Jim »

Dans un registre plus léger, Breaking Away/La bande des quatre (1979) est aussi très bien, mais je pense que nous aurons l'occasion d'y revenir
J'ai découvert il y a peu Breaking Away: je cherchais des films en rapport avec la pratique du cyclisme.
J'ai beaucoup aimé ce film sur des jeunes désœuvrés d'une petite ville minière (en fait d'anciennes carrières) qui se sentent déclassés et sans avenir par rapport aux étudiants du campus voisin.
L'un d'entre eux, Dave, passionné de cyclisme italien, se fait passer pour un étudiant italien pour séduire une jeune et séduisante étudiante...

Le film a beaucoup de charme grâce notamment à ses jeunes interprètes: Dennis Quaid, dans le rôle de Mike, le "dur" de la bande, Jackie Earle Haley excellent dans le rôle de Moocher et surtout Dennis Christopher dans le rôle de Dave. Je l'ai trouvé absolument formidable en jeune homme rêveur mais plein de vie, passionné de vélo et d'Italie. Bizarre que cet acteur n'est pas fait une plus brillante carrière.

Sans être géniale, la réalisation de Yates est par moments vraiment très réussie notamment la scène où Dave roule à vélo derrière un camion, le chauffeur se révélant être un excellent entraineur...

Un petit film bien sympathique que je recommande même à ceux que le vélo n'intéresse pas.

Quant à l'excellent film de Yates, Murphy's War, je me suis souvent demandé pourquoi il est en général indiqué dans les résumés du film que le navire de Murphy coulé par le sous-marin allemand est un cargo. Pour moi, c'est bien un navire de guerre puisqu'il avait à son bord un hydravion de reconnaissance piloté par un officier de l'aéronavale qui est manifestement le supérieur de Murphy. De plus, je ne pense pas que Murphy soit cuisinier (dans mon souvenir, il n'est pas précisé quelle était sa fonction à bord) mais vus sa tenue et ses connaissances en mécanique, je le verrais plutôt mécano.
I am not an actor, i am a movie star!!!


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Re: Peter Yates (1929-2011)

Message par Jeremy Fox »

Kevin95 a écrit :THE FRIENDS OF EDDIE COYLE (1973) révision

Preuve que Peter Yates n'est pas (seulement) un vague nom au générique de Bullitt et de quelques curiosités 70's mais l'auteur d'un des meilleurs polars, l'un des plus froids, l'un des plus dépressifs de la décennie. Que The Friends of Eddie Coyle ait été un quasi bide à l'époque n'est presque pas étonnant, tant il tranche radicalement avec l'aspect "cool" de la plupart des policiers de l’époque, tant sa star (Robert Mitchum) n'est absolument pas mis en valeur (l'affiche est même trompeuse puisqu'on croit que Bob est un des supers vilains alors qu'il joue un paumé désarmé), tant la photo grise n'aide pas à vendre le film et tant tout y est pourri, en fin de course, aussi triste qu'un bar vide. Jeu de pression, de mensonges et de "sauve ta peau", le film de Yates est une pépite étrangement touchante alors que tout le monde tire la gueule. Rarement, Mitchum s'est montré aussi fatigué, fragile, humain, tout le monde se fout de sa gueule, l'exploite, le fait tourner en bourrique. Le voir au quotidien, siffler un verre rapidos, prendre sur lui pour dénoncer un type déjà coffré, s'excuser d'aller pisser régulièrement parce qu'il a bu trop de bières, me fait monter les larmes aux yeux. On pense à Quentin Tarantino, pas vraiment pour l'imagerie terne (QT sera plutôt à l'opposé) mais pour l'abondance de dialogues qui en disent beaucoup sur chaque personnage, le verbe utilisé comme une arme, comme un moyen de dominer l'autre. D'ailleurs, l'aspect pathétique de Mitchum me rappelle celui de Robert De Niro dans Jackie Brown, même dos vouté, même destin foireux. The Friends of Eddie Coyle est non seulement une réussite totale, mais la dernière occasion de voir Robert Mitchum impliqué et à nu.

Pas mieux ; l'un de mes gros coups de cœur de cette fin d'année et un Steven Keats absolument génial. L'un des très grands films noirs des 70's.
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