Werner Herzog

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Message par Flol »

G.T.O a écrit :Image

The White Diamond commence de la manière la plus classique et efficace possible; par un bref exposé sur les débuts de l'aviation. Mais, les images impressionnent et déjà une des thématiques chère à Herzog commence à se donner: l'ambivalence de tout "rêve" et de sa proximité avec la folie. Ici, le fou est un doux rêveur déguisé en scientifique dont l'hallucination consiste à voler, à l'aide d'un zeppelin miniature, au dessus de je ne sais quelle forêt équatoriale.
L'environnement sauvage associé à cette modernité est propice à déclencher tout une série d'images hallucinantes; une magie naive qui joue des contrastes entre fragilité et dureté de la Nature, technologie et cadre équatoriale, le blanc du ballon sur fond vert de la jungle ou bleu du ciel( du vrai Fellini) par moment mystique lorsque un natif transi du spectacle surnomme l'engin maladroit The White Diamond, des plans à la limite de la figuration, un pointillisme animé. De la brume en accélérée qui parait se déchirer comme du coton sur les montagnes :shock: L'émotion qui surgit au cours d'une banale scène de confidence, l'émotion communicative du "savant fou" après son vol réussi, le natif avoue qu'il est sans nouvelle de sa famille restée en Europe, une fin à tomber... :shock: C'est une oeuvre qui se joue de toute classification, c'est à la fois extrêmement travaillée et en même temps spontanée, vif et opaque, superbement hétérogène mais équilibrée, certaines scènes sont étirées d'autres au contraire étonnent par leur économie.

C'est ce qu'on appele communément un choc !
Découvert à l'instant. Et je partage totalement le choc de G.T.O.
Ce film...comment dire ? C'est juste une splendeur absolue, quoi. Les images y sont effectivement hallucinantes, sur certaines séquences on est même dans du pur surréalisme à la Herzog (le jeune qui danse le moonwalk au bord de la cascade :shock:), tout en étant bouleversant à d'autres moments : la confession du scientifique sur le drame ayant eu lieu 11 ans plus tôt, l'histoire du natif sans famille (personnage extraordinaire, celui-là) et dont le meilleur ami est un coq...
C'est du pur Herzog. De la folie, de la beauté et de la nature. Je suis définitivement fan.
Iche libe dich, Werner.

9/10
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Flol
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Re: Werner Herzog

Message par Flol »

"Werner Herzog, globetrotter – the map" :
http://www.bfi.org.uk/news-opinion/news ... rotter-map
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gnome
Iiiiiiil est des nôôôôtres
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Re: Werner Herzog

Message par gnome »

Ratatouille a écrit :"Werner Herzog, globetrotter – the map" :
http://www.bfi.org.uk/news-opinion/news ... rotter-map
Ils ont oublié l'Ecosse. Même si ce n'est pas strictement un de ses films...
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Flol
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Re: Werner Herzog

Message par Flol »

Oui bien vu. Mais je pense qu'il s'agit effectivement de ses films en tant que réalisateur.
Un sacré bourlingueur, en tout cas.
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AtCloseRange
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Re: Werner Herzog

Message par AtCloseRange »

Un joli billet à propos du cinéaste sur le blog d'une amie musicienne (je précise pour expliquer à la fois le titre et la fin du texte)
http://modernecestdejavieux.wordpress.c ... ele-indie/
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Flol
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Re: Werner Herzog

Message par Flol »

Ah oui, un bel article qui résume à la perfection pour quelles raisons j'admire ce cinéaste.
Je suis donc à 2 doigts de tomber amoureux de Agnès Gayraud.
Anorya
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Re: Werner Herzog

Message par Anorya »

Les nains aussi ont commencé petit (1970).
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Un pensionnat quelque part dans une contrée aride qu'on imagine sans mal le Mexique. Profitant de la sortie du directeur en ville, les pensionnaires, tous des nains, en profitent pour semer la discorde à travers une série d'actes aussi absurdes qu'étranges et parfois cruels...

"Une certaine chaleur se dégage de la convocation de ces moments vécus ensemble. C'est seulement parce qu'il y a cette chaleur que le rire est possible. Si c'était un film froid, réalisé de manière chirurgicale, vous ne ririez pas. Même un film comme Rescue Dawn est drôle : les gens rient beaucoup. C'est merveilleux de voir ça. The wild blue wonder est une pure comédie. Même Les nains ont commencé petits (1970) peut faire rire".

Werner Herzog : Manuel de survie, entretien avec Hervé Aubron et Emmanuel Burdeau, éditions Capricci, p.43.

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Herzog a raison d'être un brin circonspect avec ce film car il n'est pas vraiment drôle. Ou alors s'agit-il du rire du désespoir. Film malade confirmé par son auteur himself (cf la chronique de Classik), étrange, peu aimable, Les nains aussi ont commencé petit ne fait que chercher à désarçonner son spectateur tout le long, à la fois dans la mise en scène d'Herzog qui accumule plans courts et parfois étirés inutilement en recherchant toute dramaturgie. En résulte un film qui ne va aucunement dans une direction donnée si ce n'est la folie même de ses personnages tournée envers le monde extérieur quand ce n'est pas eux-même (la cruelle scène où l'on enferme Hombre avec un nain de sexe féminin dans une chambre en leur disant qu'il est temps de les marier. La scène tourne à l'absurde quand le dit Hombre ne peut même pas monter sur le lit pour rejoindre "sa promise" et que finalement ils s'en tiennent à lire des magasines cochons trouvés là). Mais le monde extérieur et la nature ne sont-ils pas eux-même un peu cinglés ?

Il faut voir ces nains plongés dans un monde trop grand pour eux et où les poignées de portes ne peuvent s'atteindre que sur la pointe des pieds quand elles ne vous restent pas dans les mains. Il faut voir ces poulets et coqs qui s'attaquent à celui d'entre eux qui est estropié (à l'image des nains --enfants ?-- aveugles que les autres nains vont volontairement attaquer quand le temps des moqueries sera fini), quand ils ne bouffent carrément pas son corps quand il est mort. Ou cette poule qui, ayant trouvé un cadavre de musaraigne, entreprend de le déchiqueter pour le manger. Comme si le dérèglement dont les nains sont victimes consentantes (en temps qu'exutoire nécessaire) se propageait dans toutes choses alentour.
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Il y a pourtant des accalmies mais elles sont trompeuses. Quand une voiture se perd pour arriver dans ce lieu et que la conductrice en sort, c'est une naine comme les autres qui vient chercher son chemin. Mais la parenthèse n'apporte rien et si le chef du personnel cloîtré fait des signes sur le toit, il est royalement ignoré aussi bien par les pensionnaires que la conductrice. Cela semble même presque normal pour la naine qui s'est perdue que pas un instant elle ne vient à poser de question sur l'individu qui hurle au loin. C'est cette banalisation du mal qui permet au film de rester inquiet, anxieux, hors des chemins battus. A un autre moment, nos nains trouvent une voiture mais plutôt que de s'échapper, il la font rouler sans fin en cercle une bonne partie du film.

Une action sans but et répétitive qui ramène à la fonction de machine. Tout comme le cercle est une figure parfaite (et adoptée de maintes fois dans sa mise en scène par Herzog --l'ouverture est un panorama circulaire. Et quand Herzog filme les nains "jouant" avec la voiture, la caméra adopte un mouvement qui va dans le même sens --en rond donc-- que le véhicule) de l'enfermement comme cela a déjà été écrit (cf chro' Classik), c'est aussi une figure tout bonnement inhumaine car trop parfaite. L'être humain ne peut tracer de cercle parfait, la machine oui. Or ici l'absurde finit parfois par transformer les êtres en machines. Tel ces nains aveugles (et très proches du design des bébés de la birth machine que Giger peint en 1967, bébés abstraits, eux-même placés à l'intérieur d'un environnement absurde et fou) qui battent l'air et continue de mouliner de leurs batons le vide alors que toute menace est finie depuis un moment. Plus loin, ces mêmes nains s'envoient des balles qui viennent ricocher sur des vases de fer. Repérage grâce au son et plaisir du métal qui résonne, interrompu par nos nains ravageurs une fois de plus.

Car il faut sortir de cet état répétitif, il faut casser les choses, la/les machines, pour repartir de zéro. Tomber deux fois de la moto (le nain nommé territory au début, puis Hombre plus loin), user une voiture pendant une journée entière avant de la balancer dans un trou béant, faire tomber des fils électriques. Quitte à casser les animaux et même le spectateur ?
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Birth machine (Giger), version métallique.
C'est donc un film difficile (Je rejoins d'ailleurs Julien et Federico dans leurs avis plus bas) dans la filmographie de son auteur mais que le fan du cinéaste regardera afin d'avancer dans l'immense périple du cinéma Herzogien qui lui réserve encore heureusement moults surprises...
Dernière modification par Anorya le 17 oct. 13, 17:10, modifié 1 fois.
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Re: Werner Herzog

Message par Federico »

Les nains aussi ont commencé petit est effectivement un film malade et d'un abord pour le moins difficile.
Je l'ai découvert récemment et trouvé extrêmement chiant. Sans mauvais jeu de mot, Herzog aurait du s'en tenir à un format court... comme le fera un autre cinéaste germanophone, Ulrich Seidl, pour son tout premier film (même si il s'agit là d'un documentaire et non d'un film de fiction à visée surréaliste).

1,40 m (Einsvierzig - 1980 - Ulrich Seidl)
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Re: Werner Herzog

Message par julien »

Oui tout à fait. Un format court ça aurait parfaitement convenu. Sur la longueur, ça m'avait particulièrement saoulé aussi. Cela dit, sur certains points, le film a sans doute du exercer une certaine influence sur le chef-d'oeuvre de Schlöndorff, Le Tambour.
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Re: Werner Herzog

Message par Federico »

julien a écrit :Oui tout à fait. Un format court ça aurait parfaitement convenu. Sur la longueur, ça m'avait particulièrement saoulé aussi. Cela dit, sur certains points, le film a sans doute du exercer une certaine influence sur le chef-d'oeuvre de Schlöndorff, Le Tambour.
C'est fort possible. Sur le cinéma de Lynch aussi. Inversement, Herzog a certainement été au moins en partie inspiré par Bunuel.
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Re: Werner Herzog

Message par Anorya »

Federico a écrit :
julien a écrit :Oui tout à fait. Un format court ça aurait parfaitement convenu. Sur la longueur, ça m'avait particulièrement saoulé aussi. Cela dit, sur certains points, le film a sans doute du exercer une certaine influence sur le chef-d'oeuvre de Schlöndorff, Le Tambour.
C'est fort possible. Sur le cinéma de Lynch aussi. Inversement, Herzog a certainement été au moins en partie inspiré par Bunuel.
Buñuel qu'il dit d'ailleurs admirer ouvertement dans les entretiens de Manuel de survie. Une boucle est bouclée. :)
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Re: Werner Herzog

Message par tindersticks »

Shout Factory vient d'acquérir le catalogue des films de Werner Herzog, soit pas moins de 16 films à paraître en Blu-ray dans les mois à venir.
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Re: Werner Herzog

Message par aurelien86 »

tindersticks a écrit :Shout Factory vient d'acquérir le catalogue des films de Werner Herzog, soit pas moins de 16 films à paraître en Blu-ray dans les mois à venir.
Et en DVD ? Car beaucoup sont quasi introuvables dans ce format là également...
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Re: Werner Herzog

Message par Anorya »

Vous parliez donc de ce coffret puisque c'est officiellement annoncé :

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Herzog: The Collection (Limited Edition) [Blu-ray]: July 29th! Includes Even Dwarfs Started Small; Land of Silence and Darkness; Fata Morgana; Aguirre, the Wrath of God; The Enigma of Kaspar Hauser; Heart of Glass; Stroszek; Woyzeck; Nosferatu the Vampyre; Fitzcarraldo; Ballad of the Little Soldier; Where the Green Ants Dream; Cobra Verde; Lessons of Darkness; Little Dieter Needs to Fly; and My Best Fiend. Mark your calendars!
Source : Amazon et page facebook Werner Herzog.
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Re: Werner Herzog

Message par Jeremy Fox »

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