Walter Hill

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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nobody smith
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Re: Walter Hill

Message par nobody smith »

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Avec son come-back en fin de mois, je me fais une petite rétro du père Walter. Ça commence avec Les Rues De Feu… et c’est une mauvaise pioche. J’ai bien l’impression que le film est aux adolescents des 80’s, ce que Les Goonies est pour les enfants de la même décennie. Soit un ouvrage culte qui procure un gros panard à ceux qui l’ont vu à l’époque mais pour les autres, ça apparaîtra comme un objet un brin miteux. Un constat qui serait en adéquation avec l’ambition initiale de Hill. Sortant du succès de 48 Heures, il profita de sa position pour concevoir un spectacle comprenant tout ce qu’il adorerait voir en tant qu’ado. Du coup, le film mise tout sur l’ambiance et l’emballage sans se montrer très regardant sur une intrigue (celle-ci tient sur un timbre-poste). Ça aurait bien fonctionné si il avait su rendre pleinement justice à son concept de fable rock’n’roll. C’est que Les Rues de Feu pourrait s’apparenter à une sorte de hardboiled musical. La musique est ici un élément central mais les pas de danse ont été remplacé par des courses poursuites et des bastons. Or le film coince là-dessus à cause d’une mise en scène absolument pas au niveau. Je veux bien émettre des réserves sur mon avis ayant vu le film en version recadrée mais la mise en scène me semble trop pantouflarde. Les chorégraphies sont de même assez insignifiantes. Le film se rattrape heureusement sur d’autres aspects. La musique bien sûr avec ce gros son 80’s qui tâche. Le montage compense souvent les carences de la mise en scène en se callant parfaitement sur le tempo musical (la bande annonce ultra-vendeuse retranscrit bien cet esprit). La photographie d’Andrew Laszlo est également fort sympathique et donne toute sa saveur à l’imagerie créée. Ses qualités sauvent un film qui a prit du plomb dans l’aile. D’ailleurs, le casting fait mal : Michael Paré a un charisme d’une endive, Willem Dafoe semble s’échapper d’un épisode de Twilight, Bill Paxton a une tête à claque (pas étonnant qu'il se prend un pain sur deux de ses trois apparitions) et Rick Moranis… ben Rick Moranis. Au moins, ça fait ressortir tout le charme de Diane Lane.
Dernière modification par nobody smith le 5 févr. 13, 18:56, modifié 1 fois.
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mannhunter
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Re: Walter Hill

Message par mannhunter »

nobody smith a écrit :Avec son come-back en fin de mois, je me fais une petite rétro du père Walter. Ça commence avec Les Rues De Feu… et c’est une mauvaise pioche.
Souvenir pas gégé de ce film conseillé à l'époque par Starfix ("le dernier film intéressant de Walter Hill", moui...), l'impression de voir un truc un peu artificiel dans sa récréation des 50's, une sorte de variation sur "les guerriers de la nuit" en moins percutant...mais je le reverrais éventuellement pour Diane. :)
Jericho
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Message par Jericho »

Ah ben nan, c'est plutôt une bonne pioche celui là.
J'aime bien, ça roule des mécaniques, c'est viril, et le casting est quasi parfait.
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nobody smith
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Re: Walter Hill

Message par nobody smith »

Jericho a écrit :Ah ben nan, c'est plutôt une bonne pioche celui là.
J'aime bien, ça roule des mécaniques, c'est viril, et le casting est quasi parfait.
Oui mais non. Sur le papier, le casting est tout à fait génial. Dans la pratique, y a pas grand chose qui fonctionne. J'ai vraiment eu de la peine pour Dafoe et ses airs de Robert Pattinson. J'ai pas le souvenir de l'avoir déjà vu aussi mauvais (même dans des trucs comme Speed 2, il arrivait au moins à me faire marrer).
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Jericho
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Re: Walter Hill

Message par Jericho »

Dafoe cabotine (et il le fait plutôt bien à mon sens) comme d'hab' quand il fait le méchant de service, ce n'est point un cas de figure isolé.
Puis, en dehors du casting, il y a la mise en scène de Hill sacrément efficace, la zik de Ry Cooder, une VF aux petits oignons. Donc c'est la régalade sur pas mal de points.
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Re: Walter Hill

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Voilà, ça c’est une bonne pioche. Je m’étais toujours interrogé sur la piètre réputation de ce Last Man Standing. Non parce que Hill qui filme un Bruce Willis plongé dans l’histoire de Yojimbo et Pour Une Poignée De Dollars, c’est le genre de proposition qui interpelle. Et je dois admettre que j’ai pris mon pied. Dès l’arrivée du héros en ville, Hill exulte de tout son enthousiasme à mixer l’univers du western et celui du film noir. La mise en scène établit ainsi une imagerie jubilatoire et construit gentiment des séquences qui défouraillent. La passion de Hill pour son ouvrage évite en plus de s’écrouler sur elle comme dans Les Rues De Feu grâce à son intrigue. En soit, Hill ne retravaille pas particulièrement la narration connue mais celle-ci a suffisamment fait ses preuves et offre donc une base solide aux fantasmes de Hill. Après, malgré une réalisation percutante et des compositions de cadres brillantes, il y a quand même quelques limites. La photographie a son charme mais les tons sépia archi-prononcées finissent par donner un début de nausée. Quant aux scènes d’action, si Hlll cite John Woo, c’est moins pour son génie de la chorégraphie que pour le côté over-the-top. Alors voir Bruce Willis (très classe comme le reste du casting) vider l’intégralité de ses deux flingues sur le moindre sbire, c’est bien fun. Par contre, ça aurait été vraiment génial si le découpage exploitait plus habilement la géographie des lieux. L’assaut sur l’hôtel manque par exemple de clarté sur le positionnement des ennemis (limite où on croit que Willis tire dans le vide). La séquence fonctionne pourtant grâce à l’énergie qui se dégage des images indépendantes. On peut pas dire que c’est un grand film mais dieu que c’est agréable à voir.

Sinon petite question pour les connaisseurs. Sur la page imdb, il est mentionné qu'avant Ry Cooder (dont la composition n'est pas très variée mais remplie son office), c'est Elmer Bernstein qui s'occupa de la musique. Quelqu'un sait-il si son score rejeté est disponible quelque part ?
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Re: Walter Hill

Message par El Dadal »

Walter Hill, c'est typiquement le genre de cinéaste dont j'aurai du mal à analyser les films, vu que j'ai grandi avec, et que la recherche d'objectivité est quasi impossible (j'apprécie de manière un peu perverse un 48h de plus par exemple), je n'ai plus de recul. Les seuls vrais ratés que je reconnaisse dans sa film sont Trespass (indigne d'un téléfilm en 4e partie de soirée, malgré le cast) et bien sûr le infamous Supernova, mais pour des raisons qu'on connait bien. Après, Hard Times, The Driver, The Long Riders, The Warriors, Southern Comfort, 48hrs, Extreme Prejudice, Red Heat, Johnny Handsome, Last Man Standing, c'est que du très chouette cinéma qui sent l'aisselle. J'attends avec impatience son prochain opus, qui je l'espère portera sa marque.
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Re: Walter Hill

Message par nobody smith »

starfe a écrit :dispo à la source : http://www.varesesarabande.com/servlet/ ... ing/Detail
Merci :wink:
En farfouillant sur youtube, j'étais finalement tombé sur ce morceau. C'est complètement différent de ce qu'a fait Ry Cooder mais c'est ma foi fort sympathique.



Pour comparaison :

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Re: Walter Hill

Message par manuma »

El Dadal a écrit : (j'apprécie de manière un peu perverse un 48h de plus par exemple)
Un Walter Hill que je défend âprement, et que je préfère d'ailleurs au premier volet. Si l'intrigue manque clairement de consistance, ce n'est en revanche que du bonheur au niveau de la réalisation. Un travail classe et bien viril se réclamant à la fois du genre western et du néo-noir.
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Re: Walter Hill

Message par Shin Cyberlapinou »

nobody smith a écrit :
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Voilà, ça c’est une bonne pioche. Je m’étais toujours interrogé sur la piètre réputation de ce Last Man Standing. Non parce que Hill qui filme un Bruce Willis plongé dans l’histoire de Yojimbo et Pour Une Poignée De Dollars, c’est le genre de proposition qui interpelle. Et je dois admettre que j’ai pris mon pied. Dès l’arrivée du héros en ville, Hill exulte de tout son enthousiasme à mixer l’univers du western et celui du film noir. La mise en scène établit ainsi une imagerie jubilatoire et construit gentiment des séquences qui défouraillent. La passion de Hill pour son ouvrage évite en plus de s’écrouler sur elle comme dans Les Rues De Feu grâce à son intrigue. En soit, Hill ne retravaille pas particulièrement la narration connue mais celle-ci a suffisamment fait ses preuves et offre donc une base solide aux fantasmes de Hill. Après, malgré une réalisation percutante et des compositions de cadres brillantes, il y a quand même quelques limites. La photographie a son charme mais les tons sépia archi-prononcées finissent par donner un début de nausée. Quant aux scènes d’action, si Hlll cite John Woo, c’est moins pour son génie de la chorégraphie que pour le côté over-the-top. Alors voir Bruce Willis (très classe comme le reste du casting) vider l’intégralité de ses deux flingues sur le moindre sbire, c’est bien fun. Par contre, ça aurait été vraiment génial si le découpage exploitait plus habilement la géographie des lieux. L’assaut sur l’hôtel manque par exemple de clarté sur le positionnement des ennemis (limite où on croit que Willis tire dans le vide). La séquence fonctionne pourtant grâce à l’énergie qui se dégage des images indépendantes. On peut pas dire que c’est un grand film mais dieu que c’est agréable à voir.
J'avais moi aussi bien aimé ce film méchamment hard boiled, et si tout ne marche effectivement pas, rien que pour les intentions le film mérite l'indulgence. Echec à sa sortie, Dernier recours avait tout pour être réhabilité, mais c'est dommage de voir que même les hilliens ont tendance à le délaisser...
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Message par Jericho »

Ah ben nan, Dernier Recours c'était déjà le début de la fin pour ce cinéaste.
Les années 90 l'ont tué à petit feu.
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Re: Walter Hill

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Jericho a écrit :Ah ben nan, Dernier Recours c'était déjà le début de la fin pour ce cinéaste.
Les années 90 l'ont tué à petit feu.
Entre Doublé Détente et 48 Heures De Plus, les 80's l'avait quand même déjà bien estropié.
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Re: Walter Hill

Message par El Dadal »

nobody smith a écrit :
Jericho a écrit :Ah ben nan, Dernier Recours c'était déjà le début de la fin pour ce cinéaste.
Les années 90 l'ont tué à petit feu.
Entre Doublé Détente et 48 Heures De Plus, les 80's l'avait quand même déjà bien estropié.
Deux films bien fun et couillus pour ma part, avec dans Double détente un Schwarzie des grands jours (et de la belle époque). La Béo de James Horner est assez tripante au passage.
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Profondo Rosso a écrit :Le Gang des Frères James de Walter Hill

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Assez bonne version du mythe à la sauce Walter Hill qui a l'excellente idées de faire jouer le gang par de vraies fratries de cinéma : James et Stacy Keach en frères James, David Keit et Robert Carradine en frères Younger, Dennis et Randy Quaid en frères Miller ainsi que Christopher et Nicholas Guest en frères Ford. Quelques petites déception au niveau du traitement, l'aspect mythologique et médiatique sur l'époque est à peine effleuré (avec un perso de journaliste qui ne fait que passer) faisant tomber certains moment à plat comme la mort de Jesse James alors que cela donnait un moment grandiose et funèbre dans le récent "L'assassinant de Jesse James par le lache Robert Ford. Niveau interprétation James Keach est un peu fade également (là encore pas pu m'enpêcher de penser à un Brad pitt autrement plus inquiétant dans la récente version) malgré un charisme certain une sacré gueule tandis que Nicholas Guest fait un bien mauvais Bob Ford.
Pas de vraie intrigue directrice, on suis le quotidien du gang à travers les divers coups, la traque des agent de Pinkerton ainsi que l'évolution personnelle de chacuns à travers les rencontres, les mariages. Hill privilégie l'entité gang plutôt qu'une personnalité propre et ce sont les vieux briscards qui se taillent la part du lion : David Carradine bouffe l'écran à chaque apparition bien goguenard, Stacy Keach malgré un rôle pas assez développé déborde de charisme et Keith Carradine fait un excellent Jim Younger. Au niveau du pur spectacle de western c'est parfaitement emballé par un Walter Hill sous haute influence Peckinpah : le gunfight final où le gang est piégé par les agents de Pinkerton est un quasi remake de l'ouverture de la "Horde Sauvage", ralentis d'une précision redoutable, hémoglobine qui coule à flot, montage nerveux, tout y est pour un grand moment de violence. A défaut de saisir toute la portée du sujet, Hill nous offre un des meilleurs westerns post 70's, denrée qui se faisait assez rare. 5/6
Je rejoindrais assez l’avis de Profondo Rosso. On est clairement à cent lieux du lyrisme de L’Assassinat De Jesse James Par Le Lâche Robert Ford mais après tout c’est pas sur ce terrain qu’il fallait attendre Hill. Là où il m’étonne, c’est quand même par sa manière de tout faire à l’envers. Lorsqu’il tourne un western moderne comme Extrême Préjudice, il n’hésite pas à récupérer les codes esthétiques et narratifs du genre jusqu’au cliché. Lorsqu’il investit le pur domaine du western il favorise au contrairement de mettre l’accent sur son désenchantement. Je m'en étais déjà rendu compte sur Wild Bill et Le Gang Des Frères James le confirme clairement. Hill met clairement à l’écart la fascination mythologique. Il a beau accepter d’orchestrer des moments phares (attaque de banque, de diligence et de train), il ne cherche pas à les doter d’un aspect jubilatoire et iconique. Même lorsqu’il utilise dans son ultime fusillade des ralentis à la Peckinpah, il n’y a pas la même charge esthétique de Bloody Sam. Hill filme effectivement avant tout le groupe et son fonctionnement avec souci de véracité (le choix des vraies fratries fonctionne rudement bien d’ailleurs). L’intérêt du long-métrage se trouve là et Hill la saisit à merveille. Le film aurait vraiment pu être génial si il arrivait à pointer la jonction entre ce qu’il montre et donc le mythe. Il y a des idées captivantes qui sont avancées entre l’utilisation du contexte post-guerre civil et l’incompétence des autorités dans l’affaire qui ne fera que renforcer l’aura du gang vis-à-vis du public. Mais le tableau final n’est pas complètement abouti. Ça n’empêche pas ce Long Riders d’être une belle petite réussite.
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