Walter Hill

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Re: Walter Hill

Message par Flol »

AtCloseRange a écrit :Je me demande même si ce n'est pas sle meilleur buddy movie que j'ai vue tellement meilleur que tous ceux qui ont suivi dans les années 80.
Ben...et The Last Boy Scout, alors ? :o
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AtCloseRange
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Re: Walter Hill

Message par AtCloseRange »

Ratatouille a écrit :
AtCloseRange a écrit :Je me demande même si ce n'est pas sle meilleur buddy movie que j'ai vue tellement meilleur que tous ceux qui ont suivi dans les années 80.
Ben...et The Last Boy Scout, alors ? :o
Euh, guère plus qu'un plaisir coupable en ce qui me concerne (même si je me surprend à le regarder régulièrement). En fait le problème des buddy movies qui sont arrivés après, c'est le fait qu'ils privilégient l'humour lourdingue à l'aspect polar.
Je ne sais même pas si je pourrais en citer 3 de bons.
J'aime assez Randonnée pour un tueur.
Je vois sur Wikipedia qu'ils mettent Etroite Surveillance dans leur liste... donc ça en fait un de plus.
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Demi-Lune
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Re: Walter Hill

Message par Demi-Lune »

The Driver (1978)
C'est pas mal, mais pas non plus follement renversant. Le film a un peu le cul entre deux chaises, en fait. D'un côté nous avons un scénario de Walter Hill himself qui alterne entre épure volontaire (les personnages parlent peu et n'ont aucun nom, ils sont seulement désignés par leur fonction, leur métier, etc) lorgnant vers Melville, et carences patentes ; le rythme resserré (le film dure 1h25) et l'échec du réalisateur à donner une quelconque ampleur à son histoire policière empêchent The Driver de dépasser le statut de divertissement certes sec et dépouillé, mais aussi classique et parfois convenu. Années 1970 obligent, la tonalité d'ensemble est âpre, sans glamour : les trois personnages principaux (le chauffeur, la joueuse et le flic) sont des êtres ambivalents et leur mutisme, quand ce n'est pas leur antipathie dans le cas du flic têtu campé par un Bruce Dern à la mine constipée, fait d'eux des silhouettes vagues, semblant toutes porter un masque de fortune. Se débattant dans un pesant cadre urbain et nocturne préfigurant presque l'univers de Michael Mann, ces figures fantômatiques ne parviennent cependant pas à captiver pleinement, la faute, je le disais, à une intrigue dont le manque cruel d'ambition se mesure à la hauteur de l'affiche prestigieuse qui est réunie (Ryan O'Neal, Isabelle Adjani, Bruce Dern). En résulte par conséquent un petit polar pas inoubliable, mais nanti de séquences automobiles chouettement troussées et d'un trio d'acteurs suffisamment convaincant pour en faire une plaisante série B, rondement menée mais pas super marquante.
Dernière modification par Demi-Lune le 18 févr. 11, 17:01, modifié 1 fois.
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nobody smith
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Re: Walter Hill

Message par nobody smith »

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Après 48 heures, je me replonge dans la filmo de Walter Hill avec une autre de ses intrusions dans le buddy movie. Et je sors bien peu enjoué de ce double détente. On sent pourtant toujours qu’Hill a la volonté d’offrir un polar matiné de 70’s comme sur 48 heures. Mais 6 ans plus tard, les temps ont changé et le rouleau compresseur 80’s a fait son affaire. Les duettistes Mario Kassar/Andrew Vajna se montre ainsi moins préoccupé de produire un polar de Walter Hill qu’un nouveau vaisseau à la gloire d’Arnold Schwarzenegger. Direct8 ne s’est d’ailleurs pas trompé en couplant red heat avec l’insurpassable commando. Car dans les deux, Schwarzenegger ne se présente pas juste comme un action hero. Il est carrément Dieu tout puissant descendu sur Terre pour puréfier par la violence un monde d’âme égaré. Pour le coup, Hill fait donc vraiment office de faire-valoir. Ça se sent d’ailleurs au niveau d’une réalisation efficace mais inodore si on excepte l’excellente photographie du brillant Matthew Leonetti. Pas la joie donc que ce spectacle, mariage trop bancal entre action movie décomplexé et polar brutal.

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Poursuite de l’exploration du côté obscur de Hill avec ce Wild Bill conspué de toute part. Sur le papier, Hill semble s’inscrire dans une optique de dépoussiérage des figures de l’Ouest comme il l’a fait avec les frères James et Geronimo. Il tente donc de jouer la carte de la déconstruction du mythe en montrant une figure tourmentée, allourdie par les nombreux problèmes de son existence et acclamé par tout le monde pour sa capacité à donner la mort (avec principes, cela va sans dire). Sujet ambitieux et il est effectivement assez effarant de voir comment Hill se ramasse par son script. Ces choix narratifs sont souvent sans queue ni tête (les 20 premières mlinutes constitues un enchaînement d’exactions sans aucun sens) et le récit mélange ses personnages jusqu’à en perdre tout ses enjeux. Au vu du cafouillage, j’en viens carrément à me demander si le film n’a pas été charcuté au montage surtout vu la durée limitée du long-métrage (une petite heure et demie). Le film reste quand même agréable à suivre pour son casting (Jeff Bridges, John Hurt, Diane Lane, David Arquette, quelques apparitions sympathiques) et la réalisation de Hill assez classieuse malgré quelques maladresses (les flashback en NB tout en caméra à l’épaule et penché, idée intéressante pour traduire visuellement la décomposition du personnage mais assez pesante dans l’utilisation). Quand même un beau gachis cela dit.
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Demi-Lune
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Re: Walter Hill

Message par Demi-Lune »

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Après 48 heures, je me replonge dans la filmo de Walter Hill avec une autre de ses intrusions dans le buddy movie. Et je sors bien peu enjoué de ce double détente. On sent pourtant toujours qu’Hill a la volonté d’offrir un polar matiné de 70’s comme sur 48 heures. Mais 6 ans plus tard, les temps ont changé et le rouleau compresseur 80’s a fait son affaire. Les duettistes Mario Kassar/Andrew Vajna se montre ainsi moins préoccupé de produire un polar de Walter Hill qu’un nouveau vaisseau à la gloire d’Arnold Schwarzenegger. Direct8 ne s’est d’ailleurs pas trompé en couplant red heat avec l’insurpassable commando. Car dans les deux, Schwarzenegger ne se présente pas juste comme un action hero. Il est carrément Dieu tout puissant descendu sur Terre pour puréfier par la violence un monde d’âme égaré. Pour le coup, Hill fait donc vraiment office de faire-valoir. Ça se sent d’ailleurs au niveau d’une réalisation efficace mais inodore si on excepte l’excellente photographie du brillant Matthew Leonetti. Pas la joie donc que ce spectacle, mariage trop bancal entre action movie décomplexé et polar brutal.
Pas génial, effectivement, ce Double détente. Je ne veux pas surinterpréter mais son intérêt est de traduire, d'une certaine façon, le relatif dégel des relations américano-soviétiques à l'heure du gorbatchévisme (ce fut le premier film américain autorisé à tourner sur la Place Rouge de Moscou). Je ne pense pas que Schwarzie aurait campé un Soviétique quelques années plus tôt. Cela dit, la même année Stallone continuait, lui, à briser du Sov en Afghanistan. Il y a quand même dans Red Heat quelques répliques qui me bottent bien (dont l'inénarrable "Danko... la balayette").
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nobody smith
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Re: Walter Hill

Message par nobody smith »

Demi-Lune a écrit :
nobody smith a écrit :Image

Après 48 heures, je me replonge dans la filmo de Walter Hill avec une autre de ses intrusions dans le buddy movie. Et je sors bien peu enjoué de ce double détente. On sent pourtant toujours qu’Hill a la volonté d’offrir un polar matiné de 70’s comme sur 48 heures. Mais 6 ans plus tard, les temps ont changé et le rouleau compresseur 80’s a fait son affaire. Les duettistes Mario Kassar/Andrew Vajna se montre ainsi moins préoccupé de produire un polar de Walter Hill qu’un nouveau vaisseau à la gloire d’Arnold Schwarzenegger. Direct8 ne s’est d’ailleurs pas trompé en couplant red heat avec l’insurpassable commando. Car dans les deux, Schwarzenegger ne se présente pas juste comme un action hero. Il est carrément Dieu tout puissant descendu sur Terre pour puréfier par la violence un monde d’âme égaré. Pour le coup, Hill fait donc vraiment office de faire-valoir. Ça se sent d’ailleurs au niveau d’une réalisation efficace mais inodore si on excepte l’excellente photographie du brillant Matthew Leonetti. Pas la joie donc que ce spectacle, mariage trop bancal entre action movie décomplexé et polar brutal.
Pas génial, effectivement, ce Double détente. Je ne veux pas surinterpréter mais son intérêt est de traduire, d'une certaine façon, le relatif dégel des relations américano-soviétiques à l'heure du gorbatchévisme (ce fut le premier film américain autorisé à tourner sur la Place Rouge de Moscou). Je ne pense pas que Schwarzie aurait campé un Soviétique quelques années plus tôt. Cela dit, la même année Stallone continuait, lui, à briser du Sov en Afghanistan. Il y a quand même dans Red Heat quelques répliques qui me bottent bien (dont l'inénarrable "Danko... la balayette").
C’est vrai que le film fait un peu office de tentative de réconciliation. Mais c’est un aspect tellement peu exploré par le script qu’au bout du compte ça ne fait que le déservir en lui donnant un côté juste daté.
Quant à Stallone et Rambo 3, je ne sais pas si tu as vu le making of où toute l’équipe tente d’expliquer que si le film n’a pas marché en salles, c’est juste à cause de la fin de la guerre froide et pas de la portée narnardesque du long-métrage :lol:
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Re: Walter Hill

Message par Demi-Lune »

nobody smith a écrit :C’est vrai que le film fait un peu office de tentative de réconciliation. Mais c’est un aspect tellement peu exploré par le script qu’au bout du compte ça ne fait que le déservir en lui donnant un côté juste daté.
Quant à Stallone et Rambo 3, je ne sais pas si tu as vu le making of où toute l’équipe tente d’expliquer que si le film n’a pas marché en salles, c’est juste à cause de la fin de la guerre froide et pas de la portée narnardesque du long-métrage :lol:
Ben voyons. :lol: :roll: Je doute qu'en 1988, beaucoup d'Américains estimaient la Guerre froide close.
Moi, c'est la portée complètement visionnaire de Rambo III qui me fera toujours halluciner. Il y a quand même ce discours tenu par le colonel Trautman à son geôlier soviétique, auquel il explique que l'Armée Rouge, comme aucune armée dans l'Histoire, n'est jamais parvenue et ne parviendra jamais à conquérir l'Afghanistan. Du coup, le fossé entre la situation actuelle et les énormes biceps invulnérables de Rambo, incarnation de l'Amérique indestructible, n'en devient que plus fascinant.
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Re: Walter Hill

Message par Akrocine »

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Re: Walter Hill

Message par nobody smith »

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Pour laver l’affront constitué double détente, je me suis dit que cette sequel au bien sympa 48 heures. Malheureusement, je dois me rendre à l’évidence que Walter Hill a bel et bien dû se laisser complètement digérer par l’esprit des 80’s. Avec son prétexte bidon pour reformer son duo de choc, le film se désintéresse rapidement du polar au profit de scènes d’action bourrines bien débilos (musique de James Horner façon commando appuyée pour ne rien gacher) et de scènes humoristiques mou du genou (devenu une méga star depuis le premier film, Eddie Murphy oublie toute sobriété et se lache dans un numéro fort insipide aujourd'hui). Pas la joie donc même si Hill montre encore quelques restes d’inspiration dans sa mise en scène (la scène d’ouverture dans un style western est d’ailleurs une entrée en matière fort prometteuse) et la photographie de Matthew Leonetti est là encore sublime. Mais l’ensemble reste une suite fort dispensable.
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Re: Walter Hill

Message par Demi-Lune »

Après ma découverte déçue des Guerriers de la nuit, je tente un rapide top de ce cinéaste qui, jusqu'ici, peine à me convaincre.

Bon :
Sans retour (1981)
Moyen :
The Driver (1978)
Bof :
Les Guerriers de la nuit (1979)
Mmmouaiiiiiis....
Double détente (1988)
48 heures (1982)
Dernière modification par Demi-Lune le 5 févr. 13, 13:37, modifié 2 fois.
Jericho
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Re: Walter Hill

Message par Jericho »

1/ Sans retour
2/ Les guerriers de la nuit
3/ 48 heures
4/ Les Rues de feu
5/ Le bagarreur
6/ The driver
7/ Double Détente
8/ 48 heures de plus
9/ Dernier recours
10/ Un seul deviendra invincible
11/ Supernova

J'apprécie jusqu'à Double détente, après le reste ce n'est pas très folichon.
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Shin Cyberlapinou
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Re: Walter Hill

Message par Shin Cyberlapinou »

Alors que Walter Hill pourrait être embauché par Stallone pour tourner Headshot (Wayne "La peur au ventre" ayant quitté le projet), je viens de voir que Metropolitan a enfin sorti Dernier recours, dans une copie enfin anamorphique.

Boudé à sa sortie, j'aime bien cette version gangsterienne de Yojimbo (juste retour des choses, Yojimbo s'inspirant de La moisson rouge de Dashiell Hammett) qui nous la fait film noir/western moderne sous forte perfusion de Sam Peckinpah et John Woo, avec un casting des plus sympas (Willis, Walken, Bruce Dern, David Patrick Kelly, William Sanderson...). Pas un grand film, mais du cinéma comme on en fait plus...
Jericho
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Re: Walter Hill

Message par Jericho »

Pour moi Dernier recours, c'est l'un des films qui annonçait la chute du cinéaste. Ca fait au moins une bonne quinzaine d'années qu'il ne fait plus grand chose de bien.
Donc son retour avec SLY, je l'attends pas trop, mais qui sait, on n'est pas à l'abri d'une bonne surprise...
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Vic Vega
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Re: Walter Hill

Message par Vic Vega »

Très grands films :

1) Les Guerriers de la nuit
2) Sans Retour

Excellents :

3) Le Bagarreur
4) 48 Heures

Un vrai charme d'époque :

5) Les Rues de feu

Bons:

6) Driver
7) Extrême Préjudice
8 ) Le Gang des frères James

Usé:

9) Du plomb dans la tête
Dernière modification par Vic Vega le 4 mars 13, 11:08, modifié 2 fois.
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Profondo Rosso
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Re: Walter Hill

Message par Profondo Rosso »

Le Bagarreur (1975)

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La Nouvelle-Orléans dans les années 1930, peu après la Grande Dépression. Chaney, un boxeur occasionnel, assiste à un combat clandestin à mains nues et propose une association au manager Speed. Chaney se révélant très doué, des combats de plus en plus "cotés" lui sont organisés...

Le temps d'un brillant début de carrière (les franches réussites furent moins manifestes passé l'excellent 48h hormis sans doute Extrême Préjudice) Walter Hill fut considéré comme le digne descendants des franc tireurs les plus brillants de l'âge d'or Hollywoodien, de Robert Aldrich à Samuel Fuller en passant par le plus contemporain Sam Peckinpah pour lequel il écrivit le scénario de Guet-apens. Ces comparaison flatteuse viennent de l'approche de Hill, aux antipodes des canons esthétiques expérimentaux et stylisés du moment. Le récit est construit de manière à aller d'un point A à un point B de façon linéaire et sans digression ni fioritures narratives, les émotions naissent de la mise en scène simple et épurée ainsi que d'une caractérisation des personnages laissant toujours une certaine place au mystère quant à leur nature qui se dévoile plus par leurs actes que par leur paroles. Toutes ces qualités étincèlent dans Hard Time, premier film de Hill et ceux à venir après.

L'histoire est donc ici des plus simple. Chaney (Charles Bronson) décide de s'associer au manager roublard et gouailleur Speed (James Coburn) sur le marché florissant en ces années de crise de la boxe clandestine. On assiste ainsi aux haut et bas de l'entreprise, de son lancement à sa conclusion, la tournure des évènements nous permettant de cerner progressivement les personnages. Charles Bronson est l'acteur idéal pour un réalisateur tel que Walter Hill. Peu disert, en apparence uniquement motivé par le gain et évitant toute forme d'engagement trop profond, son Chaney est également un être à la droiture imperturbable et jaugeant autrui en un regard (voir la scène où il refuse sans ménagement l'offre de Gandil). Bronson prolonge en quelque sorte la figure de son légendaire Harmonica d'Il était une fois dans l'Ouest, mais le motif de la vengeance et le voile de mystère qui le rendait si fascinant. Ici il semble être un simple produit de la Grande Dépression souhaitant juste survivre tranquillement du gain de ses combats, faisant un pas en arrière lorsque la possibilité d'une relation sentimentale plus poussée se profile.

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Comme souvent avec Charles Bronson, sous cet air taciturne se distille une profonde lassitude et mélancolie dans le geste et le regard qui permet de tout imaginer quand aux raisons de cette attitude et valant toutes les lignes de dialogues superflues. La facette plus chaleureuse est donc dégée par un excellent James Coburn, parfait en manager flambeur et risque tout. C'est par lui et ses problèmes financiers se développent finalement la facette dramatique d'une histoire aux enjeux réduits au strict nécessaire.

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Ce ton tout en retenue fonctionne également pour les différents combats émaillant le film. La simplicité de Hill (qui n'empêche pas une mise en valeur héroïque annonçant Les Guerriers de la Nuit voir les cadrages avantageux de Bronson gladiateur des temps modernes)y fait merveille, la caméra est au plus près des combattants, le découpage sert au mieux les mouvements et les différents coup portés (très bon montage de Roger Spottiswood) et quelques plans en plongée sur l'arène permettent de définir l'évolution des personnage dans le cadre de l'action. Bronson sec et affuté n'est que vélocité et précision enchaînant les esquives inattendues et les coup dévastateur (ce premier combat où il allonge un adversaire d'un coup de poing) mais Hill n'en fait pas un être indestructible pour autant et c'est bien son intelligence et sa tactique (le combat le plus dur en conclusion sera celui dont il n'a pu observer son adversaire au préalable) qui lui permettent de décimer des adversaires plus jeunes et imposants.

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Aucune musique où dramatisation exacerbée ne vient troubler les affrontements, l'émotion naît au rythme des halètements, des impacts de coup reçu et donné et des visages éprouvés des combattants. Cette absence d'artifice fait vraiment merveille notamment dans la tension extrême du dernier combat plus incertain. La belle conclusion est à l'image de la sobriété traversant tout le film, d'un sentimentalité diffuse mais bien présente et auréolant son héros d'une même opacité indéchiffrable. Belle entrée en matière pour Hill qui poussera ses principes à la quasi abstraction dans son second et meilleur film, l'excellentissime The Driver. 5/6
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