Le Labyrinthe de Pan (Guillermo Del Toro - 2006)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Le prisonnier
Assistant opérateur
Messages : 2609
Inscription : 3 sept. 03, 13:45
Localisation : Le village

Message par Le prisonnier »

Swan a écrit :En effet, des oeuvres telles que Cria Cuervos et L'Esprit de la Ruche ont déjà par le passé illustré cette dualité de façon bien plus convaincante.
Je ne connaissais pas ces deux films. J'en prends note pour les voir à l'occasion. C'est sorti en DVD?
Avatar de l’utilisateur
MJ
Conseiller conjugal
Messages : 12448
Inscription : 17 mai 05, 19:59
Localisation : Chez Carlotta

Message par MJ »

Chez Criterion pour l'Esprit de la Ruche.

Quant au Saura, no idea. Il était passé sur TV5, du coup j'en ai un enregistrement chez moi.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Swan
Au poil soyeux
Au poil soyeux
Messages : 31866
Inscription : 12 avr. 03, 15:00
Localisation : The Swanage

Message par Swan »

L'Esprit de la Ruche est sorti chez Criterion cet été, et Cria Cuervos est attendu en Zone 2, mais sans date pour le moment.
Image
Image
"One Day There'll Be a Place for Us"
Avatar de l’utilisateur
MJ
Conseiller conjugal
Messages : 12448
Inscription : 17 mai 05, 19:59
Localisation : Chez Carlotta

Message par MJ »

Swan a écrit :et Cria Cuervos est attendu en Zone 2, mais sans date pour le moment.
C'est pas vraiment officiel, non?
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Swan
Au poil soyeux
Au poil soyeux
Messages : 31866
Inscription : 12 avr. 03, 15:00
Localisation : The Swanage

Message par Swan »

Pas encore, mais ça viendra.
Image
Image
"One Day There'll Be a Place for Us"
Avatar de l’utilisateur
Ouf Je Respire
Charles Foster Kane
Messages : 25906
Inscription : 15 avr. 03, 14:22
Localisation : Forêt d'Orléans

Message par Ouf Je Respire »

Tony Hunter a écrit :Vu avant hier et bien roupillé :?
:shock: Les craquements de cartilage et d'os ne t'ont même pas éveillé?!?!
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
« Toutes choses sont dites déjà ; mais comme personne n’écoute, il faut toujours recommencer. » André Gide
Avatar de l’utilisateur
Coxwell
Le Révolté de l'An 2000
Messages : 3983
Inscription : 24 févr. 05, 10:58

Message par Coxwell »

Bien aimé pour ma part. Non seulement, Setgi lopez imprime la pellicule de son interprétation sèche et cruelle, mais les séquences fantastiques sont tout simplement sublimes. Superbe de bout en bout, ce Labyrinthe de Pan est un peu le Tideland que Gilliam aurait du réaliser.
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54619
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Message par Flol »

Le prisonnier a écrit :
2501 a écrit : Clair. Merci les arbres ! :lol:
J'ai trouvé le procédé très vite fatiguant! :? Dès que y'avait un panoramique avec des arbres au premier plan qui passaient dans le champ, je me disais, ça y'est c'est bon on va changer de plan... :roll:
Ces volets fatigants m'ont d'ailleurs fait penser à ceux qu'affectionne tant le père Lucas.
Nestor Almendros
Déçu
Messages : 24314
Inscription : 12 oct. 04, 00:42
Localisation : dans les archives de Classik

Message par Nestor Almendros »

SPOILERS

Je connais assez mal la filmo du réal, mais j'avais vu à l'époque L'ECHINE DU DIABLE qui m'avait, sinon peu emballé, en tout cas pas dégouté (les BLADE et HELLBOY ne m'intéressent guère par contre...). D'ailleurs en ayant vu les deux film, il y une filiation irréfutable, au vu des nombreux points communs.

Je l'ai regardé, mais en pensant tout le temps à un sous-texte. Je ne me suis jamais contenté de la simple histoire racontée. C'est rare que cela m'arrive dans un film à ce point mais j'avais entendu parler (la seule chose que je savais d'ailleurs sur le film) de la princesse qui symbolisait l'Espagne et ça m'avait aiguillé pour reconstituer un puzzle. Mais je n'ai pas compris beaucoup de choses, en fait.

J'ai quand même repéré un parallèle entre la jeune fille et ALICE AU PAYS DES MERVEILLES: elle porte un robe (la belle robe de princesse) qui m'y a immédiatement fait penser (malgré la couleur verte), elle se glisse dans un trou sous un arbre, et elle mange du raisin (ce qu'on lui avait interdit de faire). Après il y a effectivement ce monde fantastique qui parait réel mais qui, à la toute fin, m'a semblé totalement imaginaire: la petite fille s'imagine avoir réussi - et donc sauvé son pays- alors que ce n'est pas le cas. Je me suis aussi posé la question d'un parallèle entre "les hommes des bois", comme elle appelle les résistants. En effet ces bois sont habités par ces espagnols et par des esprits et je me suis demandé si les épreuves de la petite fille n'avaient pas un écho avec les tentatives des résistants d'empêcher les soldats de progresser (le docteur qui fournit les antibiotiques, ou la gouvernante qui donne une clé pour ouvrir la réserve de nourriture - d'ailleurs la petite fille trouve aussi une clé dans l'estomac du crapaud, détail qui m'a mis la puce à l'oeille).

J'ai eu un petit rejet, mais très court: lors de la 1ère apparition du Faune, le fait qu'il parle en espagnol m'a troublé et toute sa première scène n'a pas fonctionné sur moi. Ce n'est que quand il revient que je m'y suis intéressé, le soupçonnant d'être un démon qui abuse de la naiveté de la petite fille pour arriver à ses fins (libérer le Mal). Hypothèse qui aurait pu être valable dans une métaphore avec la réalité (le pays est endormi par le Franquisme, lui obéit, croyant être sauvé - de la faim entre autre). Mais la toute fin m'a convaincu (mais je peux me tromper) que ça ne fonctionnait pas.

Globalement je me suis un peu perdu, mais j'ai tout de même beaucoup apprécie les scénes de réalité avec Sergi Lopez et les autres. Effectivement Del Toro s'éclate un peu beaucoup avec les volets à l'image mais le reste est tellement original et ambitieux que je n'ai pas de griefs à ce sujet. Les effets spéciaux sont vraiment bluffants par contre. Après l'Angletterre (LES FILS DE L'HOMME) et la France on a encore un exemple de réussite dans le genre, hors USA.

Je crois que j'ai plus aimé que L'ECHINE DU DIABLE mais c'est très flou et une revoyure des deux films dans quelques temps mettra peut-être un peu d'ordre.
2501
Assistant opérateur
Messages : 2220
Inscription : 26 sept. 03, 18:48
Localisation : Ici et ailleurs
Contact :

Message par 2501 »

Ratatouille a écrit :
Le prisonnier a écrit : J'ai trouvé le procédé très vite fatiguant! :? Dès que y'avait un panoramique avec des arbres au premier plan qui passaient dans le champ, je me disais, ça y'est c'est bon on va changer de plan... :roll:
Ces volets fatigants m'ont d'ailleurs fait penser à ceux qu'affectionne tant le père Lucas.
Ils sont plus sympas et plus variés dans Empire strikes back.
Puis ils ont un charme old fashioned que ceux, répétitifs, de Del Toro n'ont pas.

(fichtre, défendrai-je Lucas...? :shock: ah non, c'est Irvin ! :mrgreen: )
Image
Gounou
au poil !
Messages : 9768
Inscription : 20 juil. 05, 17:34
Localisation : Lynchland

Message par Gounou »

Nan mais surtout, les raccords de Lucas sont de purs effets propre à au montage et interviennent ponctuellement... pour ponctuer, précisément.
Del Toro, lui, découvre qu'en passant derrière un arbre on peut enchaîner deux plans de façon "invisible"... sauf que du coup, dans une scène de forêt, il a jugé bon de l'appliquer tous les deux plans, parfois de façon maladroite en plus (les chevaux avancent vers la droite du cadre, un arbre, et hop ils vont vers la gauche...)
Bref, c'est comme l'a dit Le Prisonnier... ça fatigue à force de redondance et d'inutilité... et surtout ça ruine la subtilité théorique du procédé.
Image
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Message par Anorya »

J'ai beaucoup aimé le film de Del Toro qui m'a bien bouleversé mais j'hésite à poster mon avis ici parce qu'il est sans retenue aucune. :? :mrgreen:
Image
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 23872
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Message par cinephage »

Anorya a écrit :J'ai beaucoup aimé le film de Del Toro qui m'a bien bouleversé mais j'hésite à poster mon avis ici parce qu'il est sans retenue aucune. :? :mrgreen:
Que l'eau soit froide ou glacée, mais évitons l'eau tiède !!! 8)
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
Marcus
Jamais trop Tarr
Messages : 5185
Inscription : 5 févr. 04, 16:05
Localisation : En train de prendre le thé avec Bela Tarr

Message par Marcus »

Sur le coup, grosse déception, j'y ai trouvé trop de défauts d'un coup:

-aucune communication entre les 2 univers, j'ai eu un peu l'impression d'assister à 2 films bien distincts: une fiction sur l'après guerre civile espagnole, un court métrage fantastique (note: à moins que le monde merveilleux ne soit une métaphore de la vie réelle, mais ça ne m'a pas sauté aux yeux).
-court métrage parce que finalement, la partie fantastique dure, quoi, 20mn à tout casser sur 2 heures de métrage, ce à quoi je ne m'attendais pas du tout.
-corrélativement, le bestiaire est très limité, rien de plus ou presque que ce que les nombreuses photos d'exploitation ont déjà montré.
-bestiaire limité + manque d'interaction = monstres inutiles: le Pale Man, aussi réussi soit-il, ne sert à rien, il ne véhicule rien, ne représente rien, ne réapparaitra pas.
-une pseudo-morale à 2 roubles: les monstres ne sont pas forcément ceux que l'on croit (vachement novateur comme idée...).

Puis en y repensant, je me sens séduit quand même, ne serait-ce que parce qu'à mes yeux, la partie fantastique est sublime (mon Dieu, si le film avait pu se concentrer là-dessus, je tiendrais là mon film de l'année); un ton très pessimiste, rare dans les contes même pour adultes, tenu jusqu'au bout - la mort d'Ofelia - et qui me parle; un Sergi Lopez qui manifestement, après Harry... n'est jamais aussi bon qu'en salaud; une page sombre de l'histoire peu abordée, avec son cortège d'horreur et de violence; et puis un sous texte qui existe j'en suis sûr, mais qui demande un effort d'interprétation (ce que tu suggères d'ailleurs Nestor Almendros, donne qq pistes intéressantes).

Au final, ma position est assez ambigüe et confuse sur ce film (c'est possible?) et une 2è vision ne me sera pas de trop.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
Jean Eustache, La Maman et la Putain
Anorya
Laughing Ring
Messages : 11846
Inscription : 24 juin 06, 02:21
Localisation : LV426

Message par Anorya »

cinephage a écrit :
Anorya a écrit :J'ai beaucoup aimé le film de Del Toro qui m'a bien bouleversé mais j'hésite à poster mon avis ici parce qu'il est sans retenue aucune. :? :mrgreen:
Que l'eau soit froide ou glacée, mais évitons l'eau tiède !!! 8)

Venez pas vous plaindre si vous grincez des dents après, j'aurais prévenu... :mrgreen:


bon ok j'y vais. A la base c'était écrit pour un autre forum... !


Le maître du haut château.

Image

On avait laissés Del Toro sur un excellent Hellboy, qui "craque le slip", parfaite illustration du bonheur jouissif de lire le comics de Mignola en film. Et quand on voit "Le labyrinthe de Pan" on comprend d'autant plus pourquoi Del Toro est placé comme d'autres à la droite de Dieu (j'avoue que je ne pourrais jamais me décider à donner un Dieu pour le cinéma (*)).

Parce qu'a la vision de ce film, on comprends aisément tout le travail d'acharnement que Del Toro et toute son équipe ont fournis (cf les croquis que le réalisateur formule toujours souvent, un point commun qui le rapproche du travail graphique de Terry Gilliam et Paul Verhoeven (**). Certains de ses croquis peuvent se voir dans des numéros anciens ou récents de Mad Movies)) et toute la douleur et la fatigue qui ont pu se cristalliser. Chaque plan semble alors une claque magistrale pour la rétine , à commencer par la photographie du chef opérateur qui n'hésite pas a donner dans des tons froids lors d'une réalité bien triste (le fascisme) et dans des tons éblouissants de chaleur lors des passages féeriques (l'antre du terrifiant "pale man", digne des plus belles natures mortes de Chardon, des peintures-portraits fruités de Arcimboldo , ainsi que Goya ou Bacon comme Bob l'avait si bien cité). Ensuite, les décors, qu'ils soient naturels ou artificiels, tels le lieu de culte du faune Pan, l'antre au banquet du "Pale-man", la scène finale aux fauteuils surélevés... Tout respire d'ailleurs un certain amour artisanal qui fait presque monter les larmes aux yeux : tout est si beau, tout est si réel. Et sans compter aussi les détails multiples qui viennent se greffer dans le décor : la clé, la dague, les fruits du banquet, la fleur finale (qui fait écho à la rose du conte que lit Ofélia, comme si l'imaginaire avait son emprise sur le réel)...

Le temps désarticulé ?


Image

Plus que tout, le film navigue entre l'imaginaire (mais est on bien sûr que celà soit l'imaginaire d'Ofélia et non un réel monde imaginaire et féerique qui s'emboîterait dans la réalité ? Le réalisateur laisse planer le doute et c'est tant mieux) et le réel, la beauté et la tristesse, la bonté et la violence sordide et à ce jeu, Del Toro montre bien que les créatures les plus féroces ce ne sont pas les monstres mais bien les Hommes.
Je me suis quand même posé la question après le film, si Ofélia avait disparu dans l'antre du pale-man, se serait on aperçus de sa disparition dans la maison ? Peut-être aurait elle été effacée de la mémoire de tous comme on efface la craie sur un tableau de cours. Après tout, il est si difficile d'écrire (donc de faire vivre une parole) quand il est si facile d'effacer ce qui est écrit (donc de tuer cette parole, cette voix, cette vie nouvelle) et Sergi Lopez (impressionant Vidal tout de cruauté maîtrisée) le montre bien en brisant la craie. Il aurait pu ne pas le faire, ça ne lui aurait rien coûté mais il est dans sa nature de tuer et de détruire pour son propre pouvoir...

Avec ce film, Del Toro assoit sa thématique première que l'on retrouve dans de nombreux films pour devenir un Maître à part entière, chose dont on ne doutait guère à vrai dire en regard de ses films passés. D'abord, les insectes (une chose que l'on retrouve en filigranne chez Cronenberg aussi même si lui, c'est plus la chair (***))... Bien sûr on pense à Mimic et à la créature "mécanisée" de Chronos mais aussi Kroenen de Hellboy et ses mouvements fluides de Mante religieuse. Ensuite la thématique du temps. Comme dirait Gaspar Noe (et mad movies qui ont d'ailleurs repris la phrase dans leur article), "Le temps détruit tout". Et celà est d'autant plus vrai avec ce film, plus qu'avec les autres Del Toro. Ici tout indique une relation au temps montrant les ravages de celui-ci mais aussi ses actions.

D'abord le temps est figé : l'antre du pale-man qui ne s'éveillera que quand Ofélia croquera un fruit (--comme dans tout conte, faut bien que l'héroïne désobéisse...La référence à Alice au pays des merveilles est frappante-- scène à proprement parler, surréaliste et impressionante. Ah ces ongles crissants sur le bois, l'effet n'est pas nouveau mais ici il prend une beauté enveloppante de terreur et de bonheur...) mais aussi la montre de Vidal que celui remontera, donnant alors le point exact du récit : L'histoire ne commence véritablement que quand cette montre est remise en activité, auparavant Ofélia n'a pas encore rencontrée Pan (si je ne me trompe pas). C'est cette montre qui lance donc pleinement le film sur ces rails et c'est Vidal qui en est l'investigateur comme il sera celui par qui tout doit s'arrêter. Il tentera bien de relancer vainement le cycle ("dites à mon fils l'heure de ma mort"), ce que Mercedes et les rebelles stopperont, préfigurant aussi la fin du film peu de temps après...tout comme il avait commencé avant cette montre heuresement. Del Toro nous montrant là que l'histoire, L'Histoire (avec un grand H aussi) ne s'arrête pas dans un temps donné mais qu'elle continue toujours, soit dans sa continuité temporelle (l'action se déroule en 1944, un temps passé pour nous), soit dans l'imagination du spectateur et c'est là que Del Toro prouve d'autant plus son respect du spectateur et là, chapeau.

La vérité avant dernière.

Image

Oui, un total respect du spectateur qui passe par l'ambiguïté sincère. Je m'explique et c'est là qu'on rentre dans le spoiler pur et simple mais aussi ma propre subjectivité (non objective et donc purement personnelle comme cet avis il faut dire) vis à vis du film. Del Toro nous montre là un film à deux facettes, yin et yang. Un film à la fois triste et beau qui fait pleurer et pourtant nous réjouit. Si l'on prend parti que l'histoire se passe dans la réalité sordide du fascisme et que le film semble montrer les désastres de la guerre, alors oui, la fin est terriblement triste et noire (on pleure beaucoup dans ce film et plus d'une fois j'ai été ému par Ofélia et son abnégation de soi au service des autres --en ce sens elle rejoint le cruel Vidal (****) car comme lui elle espère un monde meilleur. Après, les définitions varient d'un personnage à l'autre : Le monde qu'espère Vidal est le monde de Franco, un monde injuste, raciste et non égalitaire tandis qu'Ofélia est son antithèse, elle est la princesse d'un monde pur et sa quête pour en être à nouveau peut s'assimiler au besoin de retrouver un monde sans cruautés-- notamment le conte lu au petit frère ainsi que la prière faite sur le ventre de sa mère d'en faire un prince.) et pourtant elle est aussi très belle (en un autre sens, Ofélia se sacrifie mais ouvre le portail dimensionnel et devient à l'issu de la dernière épreuve, la princesse qu'elle avait toujours été, et puis la scène à la fleur qui persistera longtemps dans toutes les mémoires...). Guillermo laisse le choix au spectateur de choisir d'aimer deux fins différentes, voire d'aimer les deux !

Cete ambiguïté se retrouve aussi chez le Faune. Jusqu'au bout on se demande si il est bon ou mauvais et à la fin du film, le doute persiste (même si je pencherais pour le bien puisqu'il sauve Ofélia pour un temps de Vidal pour lui permettre de faire son douloureux choix), merci mr Del Toro.


Souvenirs à vendre

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur le film. L'interprétation des acteurs (très bons), les seconds rôles formidables (Mercedes, le docteur, Pedro), les scènes à clouer, l'esthétique générale...Mais je pense que celà s'est très bien ressenti en moi à la lecture de mon article. Del Toro s'impose avec l'un des meilleurs films de l'année (je l'attendais passionnément en en lisant le moins pour ne pas être déçu) !

Il y aurait peut-être à rajouter à propos de ce choix que le film laisse dans l' ambiguïté et dans le fait que de nombreux spectateurs sont sortis frustrés du film. Peut-être faut il revoir ce film plusieurs fois pour qu'il grandisse en nous ? Oui pourquoi pas. :)

Je voudrais pour finir parler de mes titres de parties, vous aurez sûrement reconnus que celà venait des livres et nouvelles ("souvenirs à vendre" est d'ailleurs la nouvelle dont on tirera le film Total Recall...Qui entretient peu de rapports avec cette dernière pourtant) de Ph.K.Dick. Pourquoi ? Parce que dans le réel qui s'entremêle avec autre chose, Dick est le Maître et j'avoue aussi avoir voulu me faire plaisir en mettant deux maîtres côtés à côtés dans une seule chronique. Oui je suis vache là. :)







(*) Peut-être Méliès car on lui doit pratiquement tout et notamment le don et la magie d'avoir su nous faire rêver et aimer le cinéma. Après placer comme dieu Malick serait faire preuve d'un peu d'égoïsme envers les autres réalisateurs je trouve huhu.


(**) Je renvoie au livre sur Verhoeven édité par Taschen et avec un peu de chance facilement trouvable par médiathèque ou toute bonne bibliothèque s'intéressant un tant soit peu au cinéma, j'ai pu le lire pour ma part à ma fac et il est intéressant de voir les actes de Verhoeven mais aussi son synopsis, son script et ses dessins expliquant parfois les scènes, notamment Starship Troopers.


(***) cf : The Fly, Le festin nu, Chromosome 3 et Scanners ("Chromo" pour sa vision d'une ruche humaine avec la mère-reine au sommet, "Scanners" pour sa communauté presque télépathique --or les insectes ne parlent pas mais s'échangent des données par les antennes, voire les danses chez les abeilles).


(****)...Et tout comme Vidal dont elle est l'opposé (yin, yang, ça s'applique bien a ces deux personnages aussi), elle n'en réchappera pas, encore que...
Image
Répondre