Les frères Weinstein

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

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Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Nikita a écrit :Ils n'ont pas inventé ça tous seuls, Tarantino est pour beaucoup là deddans, Pulp fiction avait rapporté un peu plus de 100 millions de dollars, pour un budget de 15, aux Etats Unis ce qui était du jamais vu pour une production indépendante justement
Tout à fait... C'est pour ça que Tarantino est devenu le petit "chouchou" des frères.

Je précise que c'est Lawrence Bender qui est le premier à lui avoir donné sa chance... Quand Reservoir Dogs est sorti, il est très vite devenu culte, et ce n'est qu'après que les Weinstein sont allés produire Pulp Fiction.
Majordome
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Message par Majordome »

Monsieur X a écrit :Ce sont des mauvais producteurs, tout simplement, qui ont juste la chance de saisir des occasions bien juteuses.
Une petite définition de ce qu'est un bon producteur, à ton avis ?
Bien Môsieur... Il sera fait comme vous désirez, Madâme.
Margo

Message par Margo »

Dans ce livre, qu'il faut lire, je le répète, pour saisir toutes les nuances de personnages aussi entiers, même les réalisateurs les plus chevronnés, et qui sont partis en se bouffant la gueule avec les Weinstein, reconnaissent une forme d'émulation artistique et de liberté (sous la contrainte) qu'ils ne trouvaient jamais dans les grands studios, et ne trouveront peut être plus, pour certains.

On parle de Gus Van Sant, là, de Jane Campion, de James Mangold, de Quentin Tarantino...

Par ailleurs, les Weinstein n'ont pas inventé le blockbuster indépendant. C'est la loi du marché qui l'a créé, loi certes initiée par les Weinstein conernant le cinéma indépendant - mais qui a répondu à une offre et une concurrence de plus en plus acharnées. Le cinéma indépendant des années 90, ce n'est pas que Miramax, c'est aussi October ou New Line, qui ont toutes généré une émulation avec ce que ça a de défauts (studios qui se battent pour des coquilles vides) et de qualités (budgets conséquents offerts à des réalisateurs inconnus).

Rayer de la carte la production indépendante des années 90, c'est faire l'impasse sur un paquet de grands films. Mythifier le cinéma indé pré-Miramax, c'est aussi zapper un nombre hallucinant de sous-produits totalement inintéressants et vains. Les deux périodes ont produit bons et mauvais films.

Enfin... Des affaires juteuses ? Mais quel producteur n'en fait pas ? Quel mogul n'a pas produit 5 merdes pour un grand film ? C'est le lot de tout studio, et croire que seuls les Weinstein ont joué de leurs ciseaux et de leur portefeuille durant ces deux dernières décennies relève quand même d'un certain angélisme.

Lisez le bouquin.
Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Sergius, ce que tu dis dans ton dernier message n'est pas faux... Mais c'est justement ces méthodes de production que je conteste, car cela donne un résultat tiède, toujours le cul entre deux chaises, où le réalisateur a juste pour mission de faire le film le plus personnel possible au lieu de faire simplement un film personnel.

C'est une sorte de compromis un peu trop facile, quand on a peur de prendre de vrais gros risques et d'aller au bout de ses idées.

Ceci explique pourquoi la politique des Weinstein suscite autant d'antipathie. Car c'est dépassionné, insidieux, trop conscient dans le rapport de l'art avec l'industrie. Ca manque de tripes et de couilles.
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cinephage
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Message par cinephage »

Monsieur X a écrit :Ce n'est pas parce qu'on a diabolisé à outrance les Weinstein qu'il faut maintenant leur chercher des excuses ou des circonstances atténuantes. Ce sont des mauvais producteurs, tout simplement, qui ont juste la chance de saisir des occasions bien juteuses.
???

Pour moi, un mauvais producteur, c'est quelqu'un qui n'arrive plus à réunir les fonds pour produire un film qu'il veut monter. Le métier d'un producteur, c'est de faire de l'argent en montant financièrement un film. Les Weinstein sont très bons à ce jeu là.

Les frères Weinstein ont accompli le rêve de bien des producteurs : enchainer des succès et fidéliser des créateurs de talent. En quelques années, ils sont parti de bien bas, pour parvenir à un statut de puissance incontournable de Hollywood. Ils ont par ailleurs produit des films reconnus par la critique en plus du public, et été récompensés par d'innombrables prix (oscars, golden globes...).

J'ignore ce que tu considères comme un bon producteur : un type qui fait des flops, mais reconnus par quelques intellectuels de bonne réputation ? Comment vivra-t-il après ses premiers "succès", qui lui auront couté son argent, ainsi que celui de ceux qui l'auront écouté, "ce courageux ami des arts ? J'avoue ne pas comprendre le sens de ton intervention.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Majordome a écrit :Une petite définition de ce qu'est un bon producteur, à ton avis ?
Un bon producteur doit soutenir un projet jusqu'au bout, avec la foi et le gout du risque. Enfin, c'est ma vision "angélique" des choses, on va dire...
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Je ne comprends pas, il y a tellement de producteurs de merde aux USA comme en France !

Je juge un producteur sur ses résultats : produire de bons films, pas que des chefs d'oeuvres, mais des bons films, et perdurer pour en produire d'autres.

De plus, miser sur des projets casse-gueules, sur des petits nouveaux ou au contraire sur des anciens un peu délaissés (Scorsese après les échecs financiers consécutifs de Kundun et A Tombeau ouvert), je trouve ça assez noble.

Qui d'autre serait aller confier 45 M$ pour une comédie musicale (déjà un risque pour un truc démodé) à un chorégraphe et réal quasi-débutant n'ayant officié qu'à la TV : Rob Marshall ? On connaît le résultat.
Vous voulez maroufler ? Je suis votre homme...
Monsieur X
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Message par Monsieur X »

cinephage a écrit :J'avoue ne pas comprendre le sens de ton intervention.
En gros, les Weinstein sont peut-être de bons producteurs au sens financier du terme... Mais artistiquement, c'est autre chose. Ils ont trop voulu concilier l'art avec l'industrie, dans le mauvais sens... Bien sûr que tout les producteurs font le même chose, mais c'était plus honnête dans la démarche. La frontière entre film commercial et film d'auteur est tellement compliquée à définir.
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cinephage
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Message par cinephage »

Monsieur X a écrit :
Majordome a écrit :Une petite définition de ce qu'est un bon producteur, à ton avis ?
Un bon producteur doit soutenir un projet jusqu'au bout, avec la foi et le gout du risque. Enfin, c'est ma vision "angélique" des choses, on va dire...
Heu... Et c'est l'argent de qui, qu'il risque, ton aventurier de la finance ??
Les banquiers et les groupes financiers qui financent les films ne sont pas angéliques, ils n'ont pas la foi, et encore moins le gout du risque.
Ormis un dilettante milliardaire qui se fait un caprice (ça existe, cf Femme fatale), je n'imagine pas qui, aujourd'hui, peut tenir dans tes critères.
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Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Cher Sergius, je t'invite à lire le dossier Dimension paru dans un récent Mad Movies.

Je me retire du débat, je ne vois pas quels autres arguments je pourrais apporter. Chacun a exprimé son avis... :wink:
Margo

Message par Margo »

Sergius Karamzin a écrit :Qui d'autre serait aller confier 45 M$ pour une comédie musicale (déjà un risque pour un truc démodé) à un chorégraphe et réal quasi-débutant n'ayant officié qu'à la TV : Rob Marshall ? On connaît le résultat.
Qui pour miser sur deux péquenauds inconnus avec un scénar sous le bras, et leur donner carte blanche ?

Matt Damon raconte cette anecdote géniale, je ne sais plus si c'est dans le livre, je l'ai vu en interview en tous cas : Ben Affleck et lui en avaient tellement marre que leur scénar' de Will Hunting passe de maisons de prods en maisons de prod et n'avoir que pour seule réponse "c'est intéressant mais... non" qu'ils ont fini par penser que les studios ne lisaient en fait tout simplement pas leur script. Ils ont alors pondu une version du scénar avec au milieu, une scène porno, entre le héros et sa mère si je me souviens bien. Ils rebalancent ce nouveau script aux divers studios, et se décident à l'envoyer aussi à Miramax, malgré leurs craintes (la sale réputattion de Weinstein leur fait craindre des coupes). Résultat, deux trois jours plus tard, Harvey Weinstein les appelle : "c'est génial, je prends, je signe... Mais dites les gars, c'est quoi cette histoire de mère qui suce son fils, là ?" :lol:

Tous les autres studios leur avaient une fois de plus répondu : "très intéressant, très bien ficelé, passionnant... mais non".

Weinstein, c'est les coupes au burin, mais c'est aussi ça.
gehenne
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Message par gehenne »

cinephage a écrit :Heu... Et c'est l'argent de qui, qu'il risque, ton aventurier de la finance ??
Les banquiers et les groupes financiers qui financent les films ne sont pas angéliques, ils n'ont pas la foi, et encore moins le gout du risque.
Ormis un dilettante milliardaire qui se fait un caprice (ça existe, cf Femme fatale), je n'imagine pas qui, aujourd'hui, peut tenir dans tes critères.
Soutenir un projet jusqu'au bout ne signifie pas forcément financer que des films présupposés invendables ou que sais-je, mais aussi respecter la vision du réalisateur.

Avec les Weinstein, on se demande s'ils ne prennent pas les réalisateurs pour des simples faiseurs en lieu et place d'auteurs quand ils se permettent d'imposer leurs idées, ou bien charcuter un montage. Je pense que c'est plutôt cela qui provoque un certains rejet ou une montée de colère, et que les frangins sont contestés.

Bien sûr qu'ils ont produit et produiront d'excellents films, mais il ne faut pas non plus les idéaliser sous couvert qu'il y a plus mauvais qu'eux (ce qui est aussi valable dans le sens inverse, d'ailleurs)
Ainsi, toujours et pourtant...
Monsieur X
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Message par Monsieur X »

Là où je partage totalement l'avis de Sergius Karamzin, c'est qu'on diabolise à outrance les Weinstein alors que des producteurs de merde (et même encore pires...) il en existe aussi, et même en France où la situation est vraiment alarmante tellement on est frileux.
Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Monsieur X a écrit :Là où je partage totalement l'avis de Sergius Karamzin, c'est qu'on diabolise à outrance les Weinstein alors que des producteurs de merde (et même encore pires...) il en existe aussi, et même en France où la situation est vraiment alarmante tellement on est frileux.
qui a dit Besson ?? :lol:
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

Margo a écrit : "c'est génial, je prends, je signe... Mais dites les gars, c'est quoi cette histoire de mère qui suce son fils, là ?" :lol:
J'adore ! :lol:
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