Le Bal (Ettore Scola - 1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Margo a écrit :
Ceci dit, à ce que je lis, faudrait peut-être que je voie La Nuit de Varennes :idea:
Mastroianni profondément émouvant en Casanova vieillissant et le reste du casting assez prodigieux. Esthétiquement aussi une splendeur. Et la musique de trovajoli.

Ca y est, je veux le revoir
Melmoth
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Message par Melmoth »

Beule a écrit :
Max Schreck a écrit :La Terrasse traîne dans ma videothèque depuis une éternité.
:shock:
Il te faut y remédier séance tenante! :wink:
Le seul Scola que je m'étais décidé à aller découvrir, sur le tard et suite à une petite discussion avec Vic, lors du festival au Champo à l'automne dernier. Compte tenu de mes lacunes concernant ce cinéaste, je m'en mords encore les doigts: il s'agit sans aucun doute de ma plus belle découverte de 2004, au rayon reprises.
(...) Un éblouissement que je ne suis pas loin de placer désormais encore plus haut que Nous nous sommes tant aimés .
Beule is back, quel plaisir de retrouver cette si belle plume qui nous a tant manqué ! :D

Concernant Le bal, n'oublions pas qu'il est l'adaptation quasi tel quel d'un spectacle théatral (d'une troupe banlieusarde de ma ville de naissance) et que par conséquent nombre de ses qualités ne sont pas directement imputable à Scola.
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bruce randylan
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Re: LE BAL d'Ettore Scola

Message par bruce randylan »

Retracer 50 ans d'histoire française sans aucun dialogue, par le seul biais de la danse et qui se déroulerait uniquement dans le même décor, voilà qui constitue un sacré défi pour n'importe quel réalisateur. C'est l'immense Ettore Scolla qui s'y colle mais l'audace du projet et la réussite l'entreprise ( plus que du film ) semble devoir finalement bien plus à la troupe de danseurs et au créateur du spectacle. Car avant d'être un film, le bal était un spectacle fait pour la scène dont on retrouve l'intégralité du casting pour des chorégraphies inchangées à l'écran ( le bonus d'époque sur le spectacle montre clairement que tout est déjà en place )

Voilà, sans vouloir réduire le talent de Scola, il fallait rendre à César ce qui appartenait à César. Scola se pose plus comme le capteur d'un pari fou qui fonctionnait déjà sans lui.
Il apporte celà dit sa virtuosité technique et son sens de l'espace pour une mise en scène qui gomme la plupart du temps l'origine théâtrale du projet. Il accompagne, les corps, les pas, les petites histoires qui dessinent l'Histoire avec un grand H avec plus ou moins d'inspiration et de renouvellement ( les transitions d'un époque à l'autre manquent de variété, certains plans se répètent souvent, le choix musicaux pas toujours pertinent )
Par contre, le traitement même des différentes périodes est assez inégales. Certaines sont très bien exploitées ( le collabo nazi, la fin de la guerre, le racisme durant la guerre d'Algérie ), d'autres sont bien trop longues ( l'introduction n'en finit plus ) ou sont carrément bâclé ( les blousons noirs et surtout mai 68 où il ne passe strictement rien ).
Ca demeure au final un "ballet" muet le plus souvent très fascinant et hypnotique qui jouent beaucoup sur la caricature et le cabotinage, ce qu'il fait qu'il faut un temps d'adaptation.

Le procédé narratif fonctionne parfaitement mais le film manque tout de même cruellement de souffle, d'émotion et d'ampleur. Quit à user d'un procédé aussi courageux, il est dommage que les auteurs et le cinéaste n'aient pas oser l'exploiter jusque au bout... En l'état je le trouve un peu tiède et superficiel malgré toute ses qualités et son ambition.
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Watkinssien
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Re: LE BAL d'Ettore Scola

Message par Watkinssien »

bruce randylan a écrit :Ca demeure au final un "ballet" muet le plus souvent très fascinant et hypnotique qui jouent beaucoup sur la caricature et le cabotinage, ce qu'il fait qu'il faut un temps d'adaptation.
C'est exactement ce que j'ai ressenti à la vision de ce film étrange et bien maîtrisé.

Là où j'ai reconnu la patte de Scola, c'est dans cette manière de percer les événements en les grossissant, tout en en assumant les aspects émotionnels.

Le Bal est incontestablement une oeuvre déroutante, parfois cruelle dans ses imageries incarnatrices, souvent très drôle et également couillue pour maintenir jusqu'au bout ce pur exercice de style.
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Kevin95
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par Kevin95 »

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Encore un film qui m'a longtemps fait peur en raison de son concept certes intriguant (le vie d'un dancing sur différentes périodes du 20eme siècle) mais qui sur une durée de long métrage avait tout pour être une fausse bonne idée. Si le film n'avait eu Scola comme réalisateur je crois bien que j'aurai pris bien plus de temps à le découvrir.
Bref, profitant d'une ressortie au cinéma j'ai donc vu ce Bal aussi casse gueule qu'attachant, Scola qui n'est pas italien pour rien, découpe son film via une série de séquences rappelant évidemment le film à sketchs (typique transalpin) même s'il établit une continuité thématique via l'idée des photos par exemple (pour éviter le coté charcuté du récit). S'il on doute un moment de l’intérêt d'étaler sur deux heures la vie du dancing, on se prends petit à petit à s'attacher au lieu, aux comédiens qui parce que inconnus permettent un équilibre dans la distribution des rôles et bien sur à la bande sonore qui à elle seule illustre et personnalise une période donnée. L’utilisation de la musique est réellement admirable, loin d’être décorative, celle-ci est le narrateur du film, un point de repère et finalement le vrai personnage principal du film. Pour le reste, Scola mélange burlesque et tragique, musique et cinéma, Histoire et culture. Sans aucune lourdeur, le réalisateur (sur un récit muet) utilise uniquement l'image et la musique pour définir une période et son contexte sociau-politique (aucune date apparait sur l'écran). Si parfois les choix du metteur en scène sont maladroits comme pour Mai 68 et son utilisation des Beatles (heureusement le segment est très court), ils sont heureusement minimes à coté de ceux au contraire géniaux comme pour l'avant guerre et les références à Pépé le Moko ou les années 70 qui donne à Scola l’opportunité de laisser libre court à son ironie et son humour vachard.
Le Bal est au final un film très attachant et symptomatique des derniers souffles (au sens positif du terme) d'un certain cinéma italien (qui ici se travestie en film français) comme dans un autre genre Le Fou du guerre de Dino Risi.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par Profondo Rosso »

Kevin95 a écrit :Image

Le Bal (Ettore Scola) Image

Si parfois les choix du metteur en scène sont maladroits comme pour Mai 68 et son utilisation des Beatles
J'ai complètement décroché du film à ce moment là (un bon Street fighting man réarrangé musique de bal voilà ce qu'il aurait fallu !) surtout que le pire arrive après avec T'es ok t'es bath d'Ottawan alors que là aussi en titre disco emblématique il y a vait mieux et l'esthétique 80's très criarde se fait sentir quand on revient au présent. Mais tout ce qui précède est vraiment génial !
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par riqueuniee »

il y a peut-être plus emblématique ou meilleur comme titre disco, mais je trouve ce choix très approprié vu l'ambiance du film. Il ne s'agit pas de faire un best-of de différents styles musicaux, mais de retracer l'histoire d'un petit dancing (et par là même celle de la France) pendant une longue période. On entendait certainement autant d'Ottawan (voire plus) que de titres marquants dans ce type de dancing (vu le succès du groupe à la fin des 70's).
Je trouve d'ailleurs les choix musicaux plutôt judicieux, compte tenu du propos du film.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par Profondo Rosso »

riqueuniee a écrit :il y a peut-être plus emblématique ou meilleur comme titre disco, mais je trouve ce choix très approprié vu l'ambiance du film. Il ne s'agit pas de faire un best-of de différents styles musicaux, mais de retracer l'histoire d'un petit dancing (et par là même celle de la France) pendant une longue période. On entendait certainement autant d'Ottawan (voire plus) que de titres marquants dans ce type de dancing (vu le succès du groupe à la fin des 70's).
Je trouve d'ailleurs les choix musicaux plutôt judicieux, compte tenu du propos du film.
Oui là c'est plus du goût personnel on va dire :mrgreen: , par contre Michelle des Beatles tout gentillet sur le passage Mai 68 musicalement ça passe (le titre se prête bien à un arrangement musette) mais c'est un quasi contresens avec l'esprit de la scène elle est surtout là la vraie erreur...
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par riqueuniee »

L'erreur est surtout chronologique. Le titre , s'il restait connu, n'était plus tout à fait de la dernière mode (il date de 1965).D'autre part, les morceaux à la mode à un moment donné ne sont pas toujours "raccord" avec les événements rapportés, d'où un certain décalage pour le spectateur contemporain.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par Profondo Rosso »

La date n'est pas si importante je trouve à quelques années près (d'ailleurs si on vérifie sur l'ensemble film pas sûr du tout que toute les chansons soient exactement raccords) mais c'est surtout que le morceau est aux antipodes de l'esprit de rébellion que véhicule la scène c'est surtout ça qui crée le décalage. Si ça avait fait sens avec l'image tant qu'on était autour de ces années là même si le titre ne datait pas de 68 (ceci dit le Streetfighting man des Stones que je citais est en plein dedans) ça ne posait pas vraiment de problème. Ca serait amusant d'ailleurs de voir des interprétations de la pièce dont s'inspire le film puisque les choix musicaux mais aussi des soubresauts historiques et politiques s'adaptaient constamment au pays où elle était jouée. Ca pouvait donner des alternatives amusantes, même au cinéma si Scola avait opté pour l'histoire de l'Italie plutôt que la France.
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par riqueuniee »

OK, la date n'est pas la plus importante. Je crois surtout que les auteurs ont voulu utiliser des morceaux que les personnages écoutaient à l'époque montrée. Et peu importe si ça semble ne pas coller , pour nous, aux événements montrés. Les chansons à la mode en 1968 (qu'elles soient de l'année ou non) étaient parfois à 1000 lieues de ce qu'on appelle "l'esprit de 1968".
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par Profondo Rosso »

riqueuniee a écrit : Je crois surtout que les auteurs ont voulu utiliser des morceaux que les personnages écoutaient à l'époque montrée. Et peu importe si ça semble ne pas coller , pour nous, aux vnements montrés. Les chansons à la mode en 1968 (qu'elles soient de l'année ou non) étaient parfois à 1000 lieues de ce qu'on appelle "l'esprit de 1968".
Oui je suis d'accord il semble que c'était plutôt ça l'option de Scola et pourtant en y repensant quitte à mettre les Beatles en 1968 il y avait Revolution qui est autant un tube emblématique du moment qu'un morceau dans l'esprit 68 (et j'aurais été curieux d'entendre l'arrangement que Vladimir Cosma en aurait fait) avec le côté décalé (la chanson est plutôt gentille sur fond) qui fonctionne bien mieux. Il y avait définitivement mieux à mettre que Michelle vraiment...
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par riqueuniee »

Moi je trouve que mettre un morceau qui évoquerait (même de loin) la rébellion ou un esprit contestataire, c'est ça qui aurait fait vraiment cliché. Après, on peut discuter sur le choix du morceau, mais, comme pour le titre d'Ottawan, c'est affaire de goût personnel.
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Profondo Rosso
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Re: Notez les films juillet 2011

Message par Profondo Rosso »

Les musiques jouent autant sur les souvenirs d'une époque que sur leur rapport à l'Histoire c'est vraiment le principe de l'ensemble du film. Hormis ce moment là pour le reste du film ça fonctionne comme le passage du Front Populaire où il y a des morceaux emblématiques de cette période mais qui véhiculent aussi l'idée de bonheur et de liberté de ce moment là sans que ça fasse forcément cliché. Ce n'est pas incompatible de jouer sur les deux tableaux je pense mais on ne sera pas d'accord...
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Re: Le Bal (Ettore Scola - 1983)

Message par Kevin95 »

Le problème de Michelle des Beatles n'est pas tant qu'elle ne correspond pas chronologiquement à Mai 1968 (à la rigueur on s'en tape) mais bien comme la dit Profondo Rosso, qu'elle ne traduit pas l'esprit de l'époque, la rage et la colère de ces jeunes "casseurs". La chanson les adoucie voir rends la révolte illusoire, futile... que ces jeunes finalement ne sont qu'en quête d'amour (ce qui est à mes yeux une vue bien simpliste de la période). Je comprends le désire de Scola de dépolitiser cette période (on peu le comprendre après les années de plomb en Italie) mais la scène ne marche pas d'un point de vue (aussi) cinématographique.

Pour Ottawan, c'est naze on est d'accord, mais il me semble de Scola le sait et joue la dessus. Lors de la scène il n'y a aucun moment dit "d'émotion", lorsque intervient cette musique, c'est l'occasion pour Scola de se moquer de ce gentil monde, de les peindre avec un visage ridicule en les faisant gesticuler n'importe comment sur de la soupe disco.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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