Le Bal (Ettore Scola)
Encore un film qui m'a longtemps fait peur en raison de son concept certes intriguant (le vie d'un dancing sur différentes périodes du 20eme siècle) mais qui sur une durée de long métrage avait tout pour être une fausse bonne idée. Si le film n'avait eu Scola comme réalisateur je crois bien que j'aurai pris bien plus de temps à le découvrir.
Bref, profitant d'une ressortie au cinéma j'ai donc vu ce
Bal aussi casse gueule qu'attachant, Scola qui n'est pas italien pour rien, découpe son film via une série de séquences rappelant évidemment le film à sketchs (typique transalpin) même s'il établit une continuité thématique via l'idée des photos par exemple (pour éviter le coté charcuté du récit). S'il on doute un moment de l’intérêt d'étaler sur deux heures la vie du dancing, on se prends petit à petit à s'attacher au lieu, aux comédiens qui parce que inconnus permettent un équilibre dans la distribution des rôles et bien sur à la bande sonore qui à elle seule illustre et personnalise une période donnée. L’utilisation de la musique est réellement admirable, loin d’être décorative, celle-ci est le narrateur du film, un point de repère et finalement le vrai personnage principal du film. Pour le reste, Scola mélange burlesque et tragique, musique et cinéma, Histoire et culture. Sans aucune lourdeur, le réalisateur (sur un récit muet) utilise uniquement l'image et la musique pour définir une période et son contexte sociau-politique (aucune date apparait sur l'écran). Si parfois les choix du metteur en scène sont maladroits comme pour Mai 68 et son utilisation des Beatles (heureusement le segment est très court), ils sont heureusement minimes à coté de ceux au contraire géniaux comme pour l'avant guerre et les références à
Pépé le Moko ou les années 70 qui donne à Scola l’opportunité de laisser libre court à son ironie et son humour vachard.
Le Bal est au final un film très attachant et symptomatique des derniers souffles (au sens positif du terme) d'un certain cinéma italien (qui ici se travestie en film français) comme dans un autre genre
Le Fou du guerre de Dino Risi.