Le Dernier Métro (François Truffaut - 1980)
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Le Dernier Métro (François Truffaut - 1980)
J'ai découvert il y a peu ce film de Truffaut. Très beau film sur l'art et la seconde guerre qui fait presque office de tour de force car jamais il ne tombe dans le mélo ou ne dramatise le statut de l'époque (ou alors c'est pour mieux rebondir sur un trait d'humour).
Un film qui impressionne par son montage très rapide (la plus part des séquences ne durent pas plus de 2 minutes en moyenne) et ses acteurs (Depardieu/Deneuve > formidable).
Maintenant malgré toutes ses qualités j'ai l'impression que le film à quand même une grosse réputation...
Très belle oeuvre au demeurant, vous en pensez quoi ?
Un film qui impressionne par son montage très rapide (la plus part des séquences ne durent pas plus de 2 minutes en moyenne) et ses acteurs (Depardieu/Deneuve > formidable).
Maintenant malgré toutes ses qualités j'ai l'impression que le film à quand même une grosse réputation...
Très belle oeuvre au demeurant, vous en pensez quoi ?
Last edited by Jeremy Fox on 20 Apr 08, 17:02, edited 1 time in total.
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- Mogul
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Un film presque trop parfait pour être vrai. Je ne vois asolument rien à lui reprocher, l'interprétation est grandiose, on ne s'ennuie pas un instant, un film très réussi sur les compromissions que l'art a fait ou n'a pas fait pendant l'Occupation. Je ne l'ai pas vu depuis des années mais j'en conserve un excellent souvenir, le film ne sombre pas dans la facilité ou les clichés.
J'ai par contre beaucoup de mal à comprendre ce que tu veux dire par là : "Maintenant malgré toutes ses qualités j'ai l'impression que le film à quand même une grosse réputation... ". Je pense effectivement que le film est assez généralement reconnu comme très bon, ce qui est normal au vu de toutes ses qualités. Grosse réputation mais nombreuses qualités, je te suis pas, là .....
J'ai par contre beaucoup de mal à comprendre ce que tu veux dire par là : "Maintenant malgré toutes ses qualités j'ai l'impression que le film à quand même une grosse réputation... ". Je pense effectivement que le film est assez généralement reconnu comme très bon, ce qui est normal au vu de toutes ses qualités. Grosse réputation mais nombreuses qualités, je te suis pas, là .....
[...]But being this a .44 magnum, the most powerful handgun in the world, and would blow your head clean off, you have to ask yourself one question : "Do I feel lucky ?". Well, do you, punk ?
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Je ne connaissais pas le film du tout, ce que j'ai dit était peut-être subjectif, et j'avais toujours eu en tête le faite que c'était un des plus grand film français qu'on ait réalisé.
C'est là dessus que j'ai basé l'idée que le film avait une réputation excessive, dans la mesure malgré sa qualité, je ne le considère pas comme tel.
Vala cétait subjectif en diable
C'est là dessus que j'ai basé l'idée que le film avait une réputation excessive, dans la mesure malgré sa qualité, je ne le considère pas comme tel.
Vala cétait subjectif en diable

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Je vois très bien ce que tu entends par "grosse réputation".
Le dernier métro a reçu une dizaine de Césars et a couronné, dans l'esprit du public et d'une grande partie de la critique, la carrière de François Truffaut. Et cela pose un problème pour ceux (dont je fais partie) qui trouvent ce film trop sage.
Attention, j'aime aussi beaucoup Le Dernier métro et son scénario est d'une grande intelligence. Mais je le trouve largement moins original et moins ambitieux visuellement que bon nombre de films que Truffaut a réalisés auparavant ou par la suite (son douloureusement romantique La femme d'à côté ou ce petit bijou de fantaisie policière et d'allégresse qu'est Vivement dimanche !).
Pour lâcher le mot, je pense que Truffaut a signé là son film le plus académique, d'où le décalage (que j'y vois) entre ce film et sa réputation. Même si je ne suis pas aussi sévère qu'eux, certains ont dit que Truffaut a signé un film "vieille France", le type de film que Truffaut vomissait en tant que critique des Cahiers du Cinéma.
Le dernier métro a reçu une dizaine de Césars et a couronné, dans l'esprit du public et d'une grande partie de la critique, la carrière de François Truffaut. Et cela pose un problème pour ceux (dont je fais partie) qui trouvent ce film trop sage.
Attention, j'aime aussi beaucoup Le Dernier métro et son scénario est d'une grande intelligence. Mais je le trouve largement moins original et moins ambitieux visuellement que bon nombre de films que Truffaut a réalisés auparavant ou par la suite (son douloureusement romantique La femme d'à côté ou ce petit bijou de fantaisie policière et d'allégresse qu'est Vivement dimanche !).
Pour lâcher le mot, je pense que Truffaut a signé là son film le plus académique, d'où le décalage (que j'y vois) entre ce film et sa réputation. Même si je ne suis pas aussi sévère qu'eux, certains ont dit que Truffaut a signé un film "vieille France", le type de film que Truffaut vomissait en tant que critique des Cahiers du Cinéma.

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Entièrement d'accord avec Roy (pour une foisRoy Neary wrote:Je vois très bien ce que tu entends par "grosse réputation".
Le dernier métro a reçu une dizaine de Césars et a couronné, dans l'esprit du public et d'une grande partie de la critique, la carrière de François Truffaut. Et cela pose un problème pour ceux (dont je fais partie) qui trouvent ce film trop sage.
Attention, j'aime aussi beaucoup Le Dernier métro et son scénario est d'une grande intelligence. Mais je le trouve largement moins original et moins ambitieux visuellement que bon nombre de films que Truffaut a réalisés auparavant ou par la suite (son douloureusement romantique La femme d'à côté ou ce petit bijou de fantaisie policière et d'allégresse qu'est Vivement dimanche !).
Pour lâcher le mot, je pense que Truffaut a signé là son film le plus académique, d'où le décalage (que j'y vois) entre ce film et sa réputation. Même si je ne suis pas aussi sévère qu'eux, certains ont dit que Truffaut a signé un film "vieille France", le type de film que Truffaut vomissait en tant que critique des Cahiers du Cinéma.

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J'aime beaucoup la plupart des Truffaut. Mon préféré est peut-être les 400 cents coups que je trouve d'une pureté de regard rarement égalée. Ses films sont portés par une grande humanité et c'était un formidable directeur d'acteurs ( Depardieu dans La femme d'à côté m'avait subjugué). Le dernier métro n'est pas un film que j'adore même si je trouve le thème de l'occupation très bien traité.
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d'accord sur l'académisme, mais pourquoi y voir un décalage avec la réputation du film ?Roy Neary wrote:Pour lâcher le mot, je pense que Truffaut a signé là son film le plus académique, d'où le décalage (que j'y vois) entre ce film et sa réputation. Même si je ne suis pas aussi sévère qu'eux, certains ont dit que Truffaut a signé un film "vieille France", le type de film que Truffaut vomissait en tant que critique des Cahiers du Cinéma.
C'est faire preuve de finesse et d'intelligence que d'arriver à s'imposer dans un genre codifié...
Bougez pas. Les mains sur la table. J'vous préviens qu'on a la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours.
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Re: Le dernier métro
Privé de mouvement suite à ses origines, Lucas Steiner végète dans un sous sol de théâtre. Au dessus de lui des corps et des voix s’agitent et répètent. Des passions virtuelles couchées sur papiers émeuvent peu à peu ces comédiens tyrannisés par des incessantes coupures de lumière.
Marion Steiner s’agite entre sous sol et surface, épouse modèle elle se sent récupérée néanmoins par la fougue lumineuse de Bernard Granger coureur de jupons et redresseur de tort.
En ses années de guerre le pouvoir est détenu par la chaleur et la lumière. La chaleur se découvre dans les salles obscures ou les parisiens se réfugient quelques heures avant de retrouver un logis glacial.
La lumière est imprévisible, elle s’arrête soudainement en pleine répétition occasionne des angoisses à cette troupe de théâtre devant conserver son sang froid devant la double adversité de l’ombre soudaine et de la plume terrible et hypocrite du critique d’art Daxiat collabo et antisémite envers la masse mais sympathisant au cas par cas
(A signaler que la correction infligée à Daxiat par Bernard Granger est à l’identique de celle infligée mais de manière plus violente par Jean Marais en 1941 dans les mêmes conditions à Alain Laubraux au sujet de la pièce de Jean Cocteau la machine écrire).
Les efforts de Raymond le régisseur homme à tout faire et de Germaine Fabre rétablissent un relationnel familial basé sur la sincérité des responsabilités.
Lucas en chef d’orchestre cloîtré bénéficie de sens plus développés, il perçoit la sensibilité et les limites des comédiens jouant au dessus de lui, il corrige, prend des notes que Marion de plus en plus attirée par Bernard néglige de consulter. Bon prince il encourage leur union.
« Le dernier métro » pouvoir alternatif de l’ombre et de la lumière rapproche une sensibilité mutuelle établit dans un premier temps par un texte de théâtre qui lentement déstabilise les fonctions premières de deux comédiens dont l’une se doit de respecter ses engagements de base.
La présence indisposante de l’occupant se gére dans un contexte sympathisant ou ces protégés ont la chance inouïe d’être sur les planches et non sur le front des combats. La liberté de s’exprimer par le théâtre étant une manière de survivre dans un Paris momentanément privé d’indépendance.
Certaines arrogances cachent une force, la passion de vivre intensément de peur que tout s’arrête subitement. C’est le message principal de ce film, une lumière atténuée refusant de disparaître.
Marion Steiner s’agite entre sous sol et surface, épouse modèle elle se sent récupérée néanmoins par la fougue lumineuse de Bernard Granger coureur de jupons et redresseur de tort.
En ses années de guerre le pouvoir est détenu par la chaleur et la lumière. La chaleur se découvre dans les salles obscures ou les parisiens se réfugient quelques heures avant de retrouver un logis glacial.
La lumière est imprévisible, elle s’arrête soudainement en pleine répétition occasionne des angoisses à cette troupe de théâtre devant conserver son sang froid devant la double adversité de l’ombre soudaine et de la plume terrible et hypocrite du critique d’art Daxiat collabo et antisémite envers la masse mais sympathisant au cas par cas
(A signaler que la correction infligée à Daxiat par Bernard Granger est à l’identique de celle infligée mais de manière plus violente par Jean Marais en 1941 dans les mêmes conditions à Alain Laubraux au sujet de la pièce de Jean Cocteau la machine écrire).
Les efforts de Raymond le régisseur homme à tout faire et de Germaine Fabre rétablissent un relationnel familial basé sur la sincérité des responsabilités.
Lucas en chef d’orchestre cloîtré bénéficie de sens plus développés, il perçoit la sensibilité et les limites des comédiens jouant au dessus de lui, il corrige, prend des notes que Marion de plus en plus attirée par Bernard néglige de consulter. Bon prince il encourage leur union.
« Le dernier métro » pouvoir alternatif de l’ombre et de la lumière rapproche une sensibilité mutuelle établit dans un premier temps par un texte de théâtre qui lentement déstabilise les fonctions premières de deux comédiens dont l’une se doit de respecter ses engagements de base.
La présence indisposante de l’occupant se gére dans un contexte sympathisant ou ces protégés ont la chance inouïe d’être sur les planches et non sur le front des combats. La liberté de s’exprimer par le théâtre étant une manière de survivre dans un Paris momentanément privé d’indépendance.
Certaines arrogances cachent une force, la passion de vivre intensément de peur que tout s’arrête subitement. C’est le message principal de ce film, une lumière atténuée refusant de disparaître.
Chaque individu a le devoir de se réaliser par l'esprit dans le contexte historique de son époque.
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Re: Le dernier métro (François Truffaut)
Malgré sa réputation liée à son considérable succès et à la pseudo incohérence de Truffaut par rapport à ses prises de position juvéniles en tant que critique, je trouve que Le dernier métro est l'un des plus beaux films de son auteur.
Dotée d'un classicisme sophistiqué, l'oeuvre regorge, grâce à une histoire passionnante et parfaitement racontée, de puissance dramatique et d'élans émotionnels. Truffaut a toujours cru au sentimentalisme sans tomber aucunement dans la mièvrerie et c'est encore avec une histoire d'amour à trois qu'il parvient à faire naître les sensations de personnages épais, bien écrits et charismatiques.
La mise en scène est fluide, limpide et les comédiens sont au diapason.
Dotée d'un classicisme sophistiqué, l'oeuvre regorge, grâce à une histoire passionnante et parfaitement racontée, de puissance dramatique et d'élans émotionnels. Truffaut a toujours cru au sentimentalisme sans tomber aucunement dans la mièvrerie et c'est encore avec une histoire d'amour à trois qu'il parvient à faire naître les sensations de personnages épais, bien écrits et charismatiques.
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Re: Le Dernier Métro (François Truffaut - 1980)
Une réussite exemplaire à tous points de vue, l'une des rares œuvres pouvant se targuer d'être à la fois un très grand film populaire et un très grand film d'auteur. Alors que je ne suis pas spécialement amateur de reconstitutions d'époques, je trouve celle-ci admirable et jamais guindée, François Truffaut ayant eu la bonne idée de diriger ses acteurs comme s'ils étaient en 1980 ; ce qui fait toute la différence et ce qui donne à son film une liberté et un enjouement qui ne font jamais factices. Contrairement à ce que j'ai pu lire dans ce topic même, absolument point d'académisme dans ce film, bien au contraire ; sous un aspect assez classique, il s'agit -comme d'ailleurs les plus grandes réussites du réalisateur- d'un film extrêmement moderne dans son traitement (pour les raisons évoquées plus haut de ne pas chercher à faire "époque") et d'une grande justesse de ton.
Film multi-césarisé, chacune de ses statuettes me semble tout à fait justifiées tellement tout le monde, acteurs comme technicien ou autres artistes, accomplissant un travail remarquable. Je pourrais citer chacun des acteurs y compris tous les seconds rôles (très content de revoir Sabine Haudepin et (Catherine Deneuve a rarement été aussi belle), le photographe, le dialoguiste (ça fait du bien de ne pas entendre de mots d'auteur à chaque phrase), Georges Delerue... Une œuvre fluide, légère, intelligente et profondément humaine.
Enfin, tout comme son maître à penser et à filmer Jean Renoir, avec Le Carrosse d'or, Le Dernier métro est l'un des plus beaux films sur le théâtre qui soit.
Film multi-césarisé, chacune de ses statuettes me semble tout à fait justifiées tellement tout le monde, acteurs comme technicien ou autres artistes, accomplissant un travail remarquable. Je pourrais citer chacun des acteurs y compris tous les seconds rôles (très content de revoir Sabine Haudepin et (Catherine Deneuve a rarement été aussi belle), le photographe, le dialoguiste (ça fait du bien de ne pas entendre de mots d'auteur à chaque phrase), Georges Delerue... Une œuvre fluide, légère, intelligente et profondément humaine.
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- Etanche
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Re: Le Dernier Métro (François Truffaut - 1980)
Après notre désaccord sur Crossing Guard, la foi est revenue !





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