Inglourious Basterds (Quentin Tarantino, 2009) - avis p.18

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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jacques 2
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par jacques 2 »

D'accord avec le contenu de ton précédent post sauf que ... ce côté "masturbatoire" (trop péjoratif ce terme : je lui préfèrerais "hyper référentiel") n'est pas un problème pour moi d'autant que le plaisir subsiste lorsque je revois tous ses films (à l'exception de "death proof" qui verse par trop dans l'auto- caricature)

Et ne simplifies tu pas pour les besoins de ta démonstration ?
Après tout, QT arrivait, avec une belle économie de moyens, à relater une belle histoire d'amour platonique dans "Jackie Brown" son chef d'oeuvre à mes yeux ... :wink:
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Thaddeus
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par Thaddeus »

jacques 2 a écrit :D'accord avec le contenu de ton précédent post sauf que ... ce côté "masturbatoire" (trop péjoratif ce terme : je lui préfèrerais "hyper référentiel") n'est pas un problème pour moi d'autant que le plaisir subsiste lorsque je revois tous ses films (à l'exception de "death proof" qui verse par trop dans l'auto- caricature)
Le terme masturbatoire est péjoratif en effet, et c'est bien pour cela que je l'ai employé. Lorsque les références sont utilisées ainsi comme finalités propres et comme socles catalyseurs du plaisir du spectateur, comme un repli assumé dans le fantasme qu'elles représentent, alors oui, j'appelle ça masturbatoire. Et même un peu passéiste, pour en rajouter une couche; :mrgreen:

Après tout, QT arrivait, avec une belle économie de moyens, à relater une belle histoire d'amour platonique dans "Jackie Brown" son chef d'oeuvre à mes yeux ... :wink:
Jackie Brown est un chef-d'oeuvre en effet, un film absolument sublime, le meilleur de son auteur. Je couvre ce films d'éloges, j'en suis dingue, j'en suis fou d'amour (d'ailleurs je le met dans mes 100 films préférés commentés en signature). Une magnifique histoire d'amour pudique, un merveilleux portrait de femme, un film gorgé de sentiments, d'humanité, de tendresse voilée, drapé d'une intense mélancolie, le signe d'une grande maturité. Vraiment, c'est ce qui m'achève le plus vis-à-vis de Tarantino : quand je vois ce que le père de cette inoubliable Jackie Brown a ensuite accompli comme régréssion adolescente, comme repli dans la superficialité.
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gnome
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par gnome »

jacques 2 a écrit :Je peux apprécier des "contraires" si présentés avec talent : c'est cela aussi intellectualiser, je pense ...
Pour moi, le cinéma est un art de divertissement - plus ou moins bien fait - et l'aspect idéologique qu'il recouvre m'intéresse peu (sauf quand je ressens par trop les efforts de manipulation et les appels du pied à l'émotion forcée d' un mauvais réalisateur qui veut m'imposer un point de vue ...) : je n'éprouve rien de tel devant Tarantino qui s'adresse à mes références cinéphiliques, met des acteurs et des dialogues - écrits avec talent - à l'honneur comme personne et ne cherche surtout pas à me convaincre de quoi que ce soit ...
Pour le coup, je suis à 100% d'accord avec toi... C'est la raison pour laquelle je disais plus haut : "Vous pouvez pas voir le film pour ce qu'il est sans toujours y rechercher un message politique "nauséabond" sous-jacent?"

Que Tarantino, prenne pour sujet dans se films, la vengeance est une chose, ça ne veut pas dire qu'il en fait l'apologie... D'autant qu'il ne l'oppose pas à une "justice officielle" présentée comme déficiente comme le fait Death Wish par exemple que j'adore mais qui est autrement plus subversif et dangereux. Je peux comprendre dans ce cas qu'on parle de film nauséabond, même si je ne suis pas d'accord. Pas chez tarantino.
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jacques 2
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par jacques 2 »

Eh bien, Stark, nos points de vue finissent par se rapprocher : c'est encourageant ... mais comment ne pas aimer "Jackie Brown" si on aime le cinéma ?

Quant au reste, ce repli adolescent, je l'apprécie beaucoup (surtout à mon âge, je ne suis plus tout jeune ...) : j'aime ce jeu de pistes de références cinéphiliques, c'est un fait ...

Maintenant, pour un "jackie brown" bis (et surtout pas "2" ...), c'est quand il veut bien sûr sauf que ... un film parfait, c'est rare ... :wink:
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Thaddeus
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par Thaddeus »

gnome a écrit :Que Tarantino, prenne pour sujet dans se films, la vengeance est une chose, ça ne veut pas dire qu'il en fait l'apologie... D'autant qu'il ne l'oppose pas à une "justice officielle" présentée comme déficiente comme le fait Death Wish par exemple que j'adore mais qui est autrement plus subversif et dangereux. Je peux comprendre dans ce cas qu'on parle de film nauséabond, même si je ne suis pas d'accord. Pas chez tarantino.
Personnellement, j'ai pris le temps il y a plusieurs mois d'expliquer précisément, en plusieurs paragraphes détaillés, pourquoi je perçois dans les trois derniers films de Tarantino une apologie à peine biaisée de la vengeance. Il est évident que ce n'est pas parce qu'on parle de vengeance (ou de violence/gangsterisme/adultère/.../choisissez la variante qui vous convient) qu'on la légitimise, ce serait ridicule. Mais le cas Tarantino est - à mes yeux - l'un des rares qui me foutent la gerbe à ce niveau-là. Ses dispostifs, ses enjeux narratifs, sa dynamique thématique, tout cela enclenche à mes yeux un discours particulièrement puant. Mais je ne vais pas passer trois heures à me réexpliquer.

Qu'on ne soit pas d'accord avec ma perception, pas de soucis. Mais qu'on ne m'accuse pas d'appuyer ma pensée sur du vide (comme le sous-tend ta première phrase que je cite). :wink:
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par Thaddeus »

jacques 2 a écrit :Eh bien, Stark, nos points de vue finissent par se rapprocher : c'est encourageant ... mais comment ne pas aimer "Jackie Brown" si on aime le cinéma ?

Quant au reste, ce repli adolescent, je l'apprécie beaucoup (surtout à mon âge, je ne suis plus tout jeune ...) : j'aime ce jeu de pistes de références cinéphiliques, c'est un fait ...

Maintenant, pour un "jackie brown" bis (et surtout pas "2" ...), c'est quand il veut bien sûr sauf que ... un film parfait, c'est rare ... :wink:
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par gnome »

Stark a écrit :Qu'on ne soit pas d'accord avec ma perception, pas de soucis. Mais qu'on ne m'accuse pas d'appuyer ma pensée sur du vide (comme le sous-tend ta première phrase que je cite). :wink:
Ce n'est absolument pas ce que j'ai voulu dire, mais il est clair que je ne suis absolument pas d'accord avec toi. :wink:
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par tenia »

C'est marrant, on m'a souvent dit "si ton QT préféré, c'est Jackie Brown, visiblement, c'est que tu n'aimes pas Tarantino pour les bonnes raisons."

Ca continue de me faire marrer.
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par gnome »

C'est peut-être parce que Jackie Brown est justement un film à part dans la filmo de Tarantino, moins décalé...
C'est peut-être pour ça que je l'avais moyennement apprécié au cinéma. Je l'ai redescendu cette semaine pour le revoir (pas revu depuis sa sortie).
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par tenia »

gnome a écrit :C'est peut-être parce que Jackie Brown est justement un film à part dans la filmo de Tarantino, moins décalé...
C'est peut-être pour ça que je l'avais moyennement apprécié au cinéma. Je l'ai redescendu cette semaine pour le revoir (pas revu depuis sa sortie).
J'ai eu, justement, grande envie de le revoir il y a 2 jours.
J'aime toujours autant. Ca a beau être à part, il y a énormément de marques de fabrique. Mais c'est plus léger, plus fun, plus cool que le reste de sa filmo. Ca se rapproche clairement de Pulp Fiction, mais en plus aérien. La BO funky et l'ambiance ensoleillée y est probablement pour beaucoup (ça me fait penser à GTA Vice City, d'un coup d'un seul, tiens).
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Message par Flol »

jacques 2 a écrit :mais comment ne pas aimer "Jackie Brown" si on aime le cinéma ?
Salut ! :D
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par jacques 2 »

:wink: :D
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Message par Major Tom »

jacques 2 a écrit :mais comment ne pas aimer "Jackie Brown" si on aime le cinéma ?
Comme je disais dans le Top Tarantino, c'est ma première déception avec le cinéaste pour ma part. Le film est bien, mais il y a trop de longueurs.
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino - 2009) - avis p

Message par Eusebio Cafarelli »

Pour moi, Tarantino prend dans ce film ce qui fait depuis le début sa marque de fabrique, les scènes de discussions, et les étend au maximum du maximum du maximum, il dilate la parole comme Leone dilatait le temps, les face-à-face, et fait de la parole et des discussions des espaces de calme et de suspens, avec une courte et brutale explosion de violence. Il croit au pouvoir de l'image (cf. la fin) mais aussi à celui de la parole (cf. la fin aussi), qui peut conduire à la mort. Image + parole = le cinéma (d'après le muet bien sûr), cf. la fin encore.
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Re: Inglourious Basterds (Quentin Tarantino, 2009) - avis p.

Message par WhyNotSmile? »

Je viens de revoir le film une troisième fois, et mon avis reste le même.
Je suis loin d'être un fan de Dahan, alors qu'on peut dire que je suis fan de Tarantino, et pourtant, je suis assez d'accord avec sa critique même si son franc-parler a clairement tendance à exagérer les choses.
Malgré tout, je le rejoint sur beaucoup de choses, en particulier le côté "œuvre inachevée" dont il parle. On le sait, cet Inglourious Basterds n'est pas l'Inglorious Bastards (nuance dans le titre très parlante) dont rêvait Tarantino. Le cinéaste l'a lui-même avoué : il a du modifier son scénario original afin de pouvoir faire son film. Et Dieu sait si ça se voit!
C'est bien simple, j'ai littéralement eu l'impression de voir 2 films montés ensemble pour n'en faire qu'un seul : un bon (et même très bon par moments) mettant en scène des Basterds et un Hans Landa délectable, et un mauvais (voire, très mauvais par moments) nous narrant les amourettes insipides de Mélanie Laurent avec un officier allemand sur fond de vengeance éculée.
Pourtant, le film s'ouvre sur une séquence absolument fantastique, modèle de mise en scène, d'écriture, de montage, de direction d'acteurs, bref une véritable leçon de cinéma. Puis nous découvrons les Basterds, et là on peu déjà voir un problème qu'on aurait jamais cru voir chez Tarantino : un mauvais casting. Alors, oui, il y a Chris Weitz (parfait), Brad Pitt (qui s'amuse comme un gamin), et Michael Fassbinder, mais pour le reste, c'est une véritable déception. La palme revient à Daniel Brühl que j'ai trouvé particulièrement mauvais (en compétition avec Eli Roth). Mélanie Laurent réalise aussi une performance plutôt médiocre.
Deuxième chose m'ayant sauté aux yeux, le Production Design, comme dit Dahan, que j'ai trouvé vraiment limite par moment (la reconstitution du Paris de l'époque fait vraiment peine à voir, en ce qui me concerne). L'utilisation des musiques -brillante, d'habitude- est ici réduite au stricte minimum, Tarantino ayant même recours à certains musiques déjà utilisées dans Kill Bill (!) Paresse ou manque d'inspiration ? Je penche pour la deuxième option, Inglourious Basterds m'ayant par moment semblé très très peu inspiré. Mise en scène plate, montage mou, plans on ne peut plus basiques (lui qui d'habitude soigne l'esthétique dans ses moindres détails), écriture pauvre (la scène du déjeuner avec Goebbels, le ridicule des scènes avec Hitler), direction d'acteurs approximative. A croire que le cinéaste ne savait pas quoi faire de ces scènes rajoutées à la dernière minute.
Heureusement, certaines séquences viennent nous rappeler que nous avons bien face à nous un film de Tarantino! La scène d'ouverture, donc, mais également celle se déroulant dans l'auberge (modèle de montée en puissance de la tension), la fin très fun...
Je ne peux donc m'empêcher d'être déçu par ce film qui n'est qu'à moitié réussi en ce qui me concerne.
Je ne partirai pas dans sur le terrain de l'idéologie véhiculée par le film car, pour moi, il n'y en a aucune. Tarantino l'a dit et répété tout au long de sa carrière : il est inutile de chercher un quelconque sens caché ou non à ses films car il n'y en a pas. C'est un cinéma premier degré et rien d'autre et c'est ce qui fait que c'est jouissif. Aucun problème de ce côté là pour moi, je ne vois aucunement en Inglorious Basterds une œuvre sujette à polémique. Je trouve ça même très rafraîchissant de se permettre de jouer avec l'Histoire!
Le seul point qui me fait tiquer concernant ce que Tarantino nous raconte tout au long du film, c'est la dernière phrase du métrage. Voir le film se terminer sur Brad Pitt fixant le spectateur et lui assénant un "Je pense que ceci est mon chef-d'oeuvre!" définitif, eh bien... J'avoue que, malgré la sympathie que j'ai pour son auteur, j'y ai vu de la prétention, voire une certaine suffisance. Bien sûr, le cinéaste a toujours eu ce côté roublard et "content de lui" mais c'est la première fois que je vois poindre une touche de mépris adressée directement au spectateur, une façon de dire "il est très bien mon film, et si toi tu ne le trouves pas aussi bon que moi, tant pis pour toi, je fais ce que je veux."
C'est peut-être même ce dernier point qui m'a le plus chagriné au final, cette impression que Tarantino n'essayais plus de se faire plaisir en faisant plaisir aux spectateurs, mais qu'il ne pensait plus qu'à lui.
Little Bill Daggett: I don't deserve this... to die like this. I was building a house.
Will Munny: Deserve's got nothin' to do with it.
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