PIEGE EN HAUTE MER
En 1992, la popularité de Saumon Agile est au plus haut, l’homme, encore svelte et énergique, ayant enchainé quatre excellents petits polars d’action (NICO, DESIGNE POUR MOURIR, ECHEC ET MORT et JUSTICE SAUVAGE). Décidé à passer à la vitesse supérieure, Seagal se retrouve en vedette d’une grosse machinerie au budget des plus confortables (35 millions, une somme rondelette à l’époque) qui, pour beaucoup, représente le point culminant, artistique et commercial (près de 160 millions de recettes), de sa carrière. La suite, en effet, sera moins rose et l’échec de son très personnel TERRAIN MINE sera la première étape d’une déchéance rapide qui condamnera Seagal à l’enfer des direct-to-vidéo miteux. Revoir PIEGE EN HAUTE MER aujourd’hui constitue donc un véritable bonheur pour l’amateur d’action rondement menée, le métrage restant, un quart de siècle après son tournage, une des meilleures imitations du presque homonyme PIEGE DE CRISTAL.
L’intrigue ne renouvelle guère la formule: le cuirassé USS Missouri, équipé de missiles nucléaires, va être démantelé cinquante ans après Pearl Harbour. Pour l’occasion et pour l’anniversaire du commandant, l’équipage organise une fête à laquelle est conviée le chanteur Stranix (Tommy Lee Jones) et son groupe, ainsi que Jordan Tate, la Playmate de juillet 89 (Erika Eleniak). Peu avant la soirée, le commandant en second Krill (Gary Busey) se frite avec le cuistot Casey Ryback (Seagal) et le met aux arrêts, l’enfermant dans sa chambre froide. Quelques heures plus tard, la fête bat son plein mais Stranix révèle sa vraie nature et prend le navire en otage avec la complicité de Krill. Alors que tout l’équipage est enfermé (ou mort), la seule chance des Etats-Unis réside dans Ryback, échappé de son frigo, et escorté de Jordan Tate.
Filmé sur un authentique cuirassé (le USS Alabama en lieu et place du Missouri), PIEGE EN HAUTE MER tire le meilleur parti possible de son budget pour rendre crédible son intrigue pourtant tirée par les cheveux. Le schéma, bien connu, implique en effet le vol d’une cargaison d’armes nucléaires à l’armée américaine pour les revendre à un groupe du Moyen-Orient après les avoir acheminées par l’entremise d’un sous-marin nord-coréen supposé coulé par la marine américaine. Mais qu’importe les invraisemblances et facilités, Andrew Davis (déjà réalisateur de NICO, qui lança la carrière de Seagal) mène adroitement sa barque et ménage un rythme soutenu. Après une brève introduction de la situation et des personnages, la prise d’otage survient (nous sommes alors à 20 minutes de projection) et la tension ne faiblit plus, la durée adéquate de 100 minutes permettant de maintenir l’attention du spectateur en lui offrant des passages d’action placés à intervalles stratégiquement réguliers et ponctués des inévitables et inestimables punchlines (« vous êtes un agent des forces spéciale ou un truc du genre », « non je suis juste le cuistot »).
Au niveau du casting c’est, à nouveau, le bonheur : Steven Seagal même sans sa célèbre queue de cheval campe sans difficulté un authentique héros américain, décoré de toutes les médailles possibles mais contraint à accepter un job subalterne de cuistot après avoir frappé un officier incompétente. Erika Eleniak, pour sa part, ne pas à grand-chose mais sa présence incongrue (souhaitée par ce coquin de Seagal) apporte un peu d’humour et de féminité à l’entreprise, notamment lorsqu’elle se trémousse en petite culotte en sortant d’un gâteau d’anniversaire pour dévoiler son impressionnante poitrine siliconée. A noter que son rôle offre un petit clin d’œil puisque la belle fut réellement Playmate en juillet 1989.
Du côté des méchants, PIEGE EN HAUTE MER joue ouvertement la carte de l’excès aux limites de la parodie et propose un hallucinant Tommy Lee Jones en terroriste rockeur échappé des golden sixties. Un grand numéro cabotin pour un comédien n’ayant pas peur d’en faire trop, notamment lorsqu’il adresse, derrière un micro, un discours révolutionnaire et incohérent aux militaires. Gary Busey, pour sa part, dépasse également les bornes en officier devenu terroriste qui passe la première moitié du film travesti de manière exubérante.
Soutenu par une musique volontiers axée « classique rock » (mais qui utilise également le tube « The Power » de Snap), PIEGE EN HAUTE MER constitue le parfait divertissement du samedi soir: un scénario basique mais effectif que l’on suit sans difficulté, des acteurs en roue libre, des répliques rigolotes, des fusillades, des combats, de la violence gratuite et des explosions. Une petite bande bien remplie et riche en action pour un idéal de bon cinoche popcorn des années ’90. Un classique à voir et à revoir, sans prise de tête et avec la même jubilation. Incontestablement un des meilleurs films de Seagal.
7,5/10