Gangs of New York (Martin Scorsese - 2002)
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- Charles Foster Kane
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Gangs of New York (Martin Scorsese - 2002)
Les passions sur GONY quelques peu atténuées, je pense qu'il est grand temps de discuter pleinement sur ce film.
C'est vrai qu'entendre Martin il y a un an d'une fresque de + de 4 h et n'en monter que les 2/3 (on sait pourquoi), c'est vrai que de toute façon c'est frustrant à mort et pas très vendeur. Alors quand il dit qu'il n'y aura jamais de version longue, doit on le croire ou en douter? Parce que là les rumeurs vont bon train.
D'où ma question: quelqu'un a-t-il des infos crédibles sur ce point?
Bon, une fois ce point fait, que pensez vous, à tête reposée, l'esprit zen, les pâquerettes dans la tête, de GONY? Réhabilitation ou naufrage?
C'est vrai qu'entendre Martin il y a un an d'une fresque de + de 4 h et n'en monter que les 2/3 (on sait pourquoi), c'est vrai que de toute façon c'est frustrant à mort et pas très vendeur. Alors quand il dit qu'il n'y aura jamais de version longue, doit on le croire ou en douter? Parce que là les rumeurs vont bon train.
D'où ma question: quelqu'un a-t-il des infos crédibles sur ce point?
Bon, une fois ce point fait, que pensez vous, à tête reposée, l'esprit zen, les pâquerettes dans la tête, de GONY? Réhabilitation ou naufrage?
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Re: Retour sur Gangs of New York, entre nous
Ni l'un ni l'autre mais grosse déception du au fait du déséquilibre du scénario.Ouf Je Respire wrote: D'où ma question: quelqu'un a-t-il des infos crédibles sur ce point?
Bon, une fois ce point fait, que pensez vous, à tête reposée, l'esprit zen, les pâquerettes dans la tête, de GONY? Réhabilitation ou naufrage?
Une première heure époustouflante qui fait suite à une des scènes de violence les plus âpres et belles jamais filmées. Mais après, plus de scénario ou alors un truc qui tourne à vide et en rond pour finir par de l'esbrouffe dont on se serait bien passé (les dernières scènes de batailles loin d'avoir la force de la première).
Voilà, pas un mauvais film mais un Scorsese moyen pour ma part.
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Re: Retour sur Gangs of New York, entre nous
En fait, le film souffre principalement de ses coupes, à mon avis. Il y a un problème de rythme incontestable dans la 2e partie du film. Le final a beau être splendide, on sent qu'il manque des choses, ça a un côté expédié... ce ne sont peut-être que des impressions, mais le fait est là...Jeremy Fox wrote:Ni l'un ni l'autre mais grosse déception du au fait du déséquilibre du scénario.Ouf Je Respire wrote: D'où ma question: quelqu'un a-t-il des infos crédibles sur ce point?
Bon, une fois ce point fait, que pensez vous, à tête reposée, l'esprit zen, les pâquerettes dans la tête, de GONY? Réhabilitation ou naufrage?
Une première heure époustouflante qui fait suite à une des scènes de violence les plus âpres et belles jamais filmées. Mais après, plus de scénario ou alors un truc qui tourne à vide et en rond pour finir par de l'esbrouffe dont on se serait bien passé (les dernières scènes de batailles loin d'avoir la force de la première).
Voilà, pas un mauvais film mais un Scorsese moyen pour ma part.

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A tête reposée, l'esprit zen, les pâquerettes dans la tête, etc.. je pense toujours la même chose du film de Scorsese. Aujourd'hui comme hier, j'aime énormément.
Comme je suis une grosse larve, je reposte ce que j'avais écrit sur le forum orange :
Un véritable opéra de bruit et de fureur, une plongée dans la violence tribale, source de la violence urbaine. Une fresque tragique, baroque et mystique qui ne recule devant aucunes compromissions (à part peut-être celle de la longueur du film, mais en l'état je trouve le film superbe). Scorsese reste un maître de la fluidité mêlée de changements de rythme.
Le génial cinéaste n'est jamais plus à l'aise que quand il filme des personnages regroupés en clans qui refusent vainement la marche du temps, adaptant la loi à leurs nécessités.
Scorsese donne une vision de l'Amérique qui se bâtit par la violence entre des personnes ayant le même but. Cette caractéristique construction/destruction en accéléré qui est la marque des Etats-Unis. Scorsese ne perd jamais la vison historique de son récit bien que le film se concentre sur un quartier et des personnages emblématiques.
Une réalisation foisonnante et précise à la fois. Une profusion de scènes qui mêlent l'efficacité narrative à l'intelligence et la pertinence des mouvements de caméra. Des effets de mise en scène, ainsi qu'un point externe (la voix off) qui portent la marque du réalisateur.
Que celui qui a parlé de téléfilm chausse ses lunettes, visionne une dizaine de Hollywood Night ou qu'il retourne à ses légos...
Il y a comme un aspect fantastique évident dans Gangs of New York. Les gangs sont comme formés de spectres qui hantent les lieux (le tout début du film est éloquent dans la présentation des personnages et du visuel). On rejoint l'idée des légendes urbaines avec leurs personnages romanesques et fantomatiques qui colportent les mythes fondateurs d'une cité. D'où aussi l'existence de cette "faune" bigarrée, bruyante et festive. Outre l'hommage évident à l'univers fellinien, Gangs of New York montre un monde étrange, à la frontière du réel et du fantasmé.
C'est aussi pourquoi je ne suis pas d'accord quand on parle de manque de visibilité de la première séquence de bataille. Scorsese met en scène un combat féroce avec des rites tribaux. Les humains sont réduits à l'état bêtes cruelles avec pour seules règles celles de leurs rituels particuliers. D'où le manque volontaire de stratégie militaire et un sentiment de déséquilibre violent de tous les instants.
Cette mise en scène est à mettre en parallèle avec la bataille impliquant les militaires à la fin. Ceux-ci ont une stratégie bien élaborée et Scorsese les filme méthodiquement avec une efficacité et un calme déconcertants.
A ce moment, la civilisation prend le pas sur la barbarie, la violence n'a de raison d'être que dans les mains de l'état. Les gangs ne comprennent pas ce qu'il leur arrive, ils sont dépassés. Leur aspect de spectre d'un ancien monde n'a jamais été aussi prégnant.
Le plan final, magnifique, nous l'affirme : sur les ruines d'un ancien monde fait de mythes fondateurs, où la folie cotoie la violence, se dresse le monde moderne qui a oublié jusqu'à l'existence de son terreau légendaire (le cimetière progressivement en jachère), mais qui ne peut se comprendre sans celui-ci.
Enfin, je crois que le débat sur la notion de chef-d'oeuvre contamine les forums. Gangs of New York chef-d'oeuvre ou pas ? Sans doute pas mais on s'en fout, et même, il est trop pour le savoir.
Un film n'a pas besoin d'être un chef-d'oeuvre pour être immense.
Comme je suis une grosse larve, je reposte ce que j'avais écrit sur le forum orange :
Un véritable opéra de bruit et de fureur, une plongée dans la violence tribale, source de la violence urbaine. Une fresque tragique, baroque et mystique qui ne recule devant aucunes compromissions (à part peut-être celle de la longueur du film, mais en l'état je trouve le film superbe). Scorsese reste un maître de la fluidité mêlée de changements de rythme.
Le génial cinéaste n'est jamais plus à l'aise que quand il filme des personnages regroupés en clans qui refusent vainement la marche du temps, adaptant la loi à leurs nécessités.
Scorsese donne une vision de l'Amérique qui se bâtit par la violence entre des personnes ayant le même but. Cette caractéristique construction/destruction en accéléré qui est la marque des Etats-Unis. Scorsese ne perd jamais la vison historique de son récit bien que le film se concentre sur un quartier et des personnages emblématiques.
Une réalisation foisonnante et précise à la fois. Une profusion de scènes qui mêlent l'efficacité narrative à l'intelligence et la pertinence des mouvements de caméra. Des effets de mise en scène, ainsi qu'un point externe (la voix off) qui portent la marque du réalisateur.
Que celui qui a parlé de téléfilm chausse ses lunettes, visionne une dizaine de Hollywood Night ou qu'il retourne à ses légos...
Il y a comme un aspect fantastique évident dans Gangs of New York. Les gangs sont comme formés de spectres qui hantent les lieux (le tout début du film est éloquent dans la présentation des personnages et du visuel). On rejoint l'idée des légendes urbaines avec leurs personnages romanesques et fantomatiques qui colportent les mythes fondateurs d'une cité. D'où aussi l'existence de cette "faune" bigarrée, bruyante et festive. Outre l'hommage évident à l'univers fellinien, Gangs of New York montre un monde étrange, à la frontière du réel et du fantasmé.
C'est aussi pourquoi je ne suis pas d'accord quand on parle de manque de visibilité de la première séquence de bataille. Scorsese met en scène un combat féroce avec des rites tribaux. Les humains sont réduits à l'état bêtes cruelles avec pour seules règles celles de leurs rituels particuliers. D'où le manque volontaire de stratégie militaire et un sentiment de déséquilibre violent de tous les instants.
Cette mise en scène est à mettre en parallèle avec la bataille impliquant les militaires à la fin. Ceux-ci ont une stratégie bien élaborée et Scorsese les filme méthodiquement avec une efficacité et un calme déconcertants.
A ce moment, la civilisation prend le pas sur la barbarie, la violence n'a de raison d'être que dans les mains de l'état. Les gangs ne comprennent pas ce qu'il leur arrive, ils sont dépassés. Leur aspect de spectre d'un ancien monde n'a jamais été aussi prégnant.
Le plan final, magnifique, nous l'affirme : sur les ruines d'un ancien monde fait de mythes fondateurs, où la folie cotoie la violence, se dresse le monde moderne qui a oublié jusqu'à l'existence de son terreau légendaire (le cimetière progressivement en jachère), mais qui ne peut se comprendre sans celui-ci.
Enfin, je crois que le débat sur la notion de chef-d'oeuvre contamine les forums. Gangs of New York chef-d'oeuvre ou pas ? Sans doute pas mais on s'en fout, et même, il est trop pour le savoir.
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- Laspalès
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j'ai trouvé le film très inégal...de belles scènes(les 1ères minutes avant l'affrontement,la fin...) et d'autres moins convaincantes...je suis surtout déçu par l'inconsistante relative des personnages(Day Lewis en gros dur est bien mais bon...quant à Di Caprio,je l'ai trouvé un peu fadasse)et l'ensemble manque de souffle(il faudrait voir le "director's cut")...mais bon comme je l'ai déjà dit Scorsese ce n'est pas ma tasse de thé! 

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- Bayrou d'honneur
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J'ai pas vu Gilbert Grape, mais j'ai l'impression que c'est une constante chez luimannhunter wrote:j'ai trouvé le film très inégal...de belles scènes(les 1ères minutes avant l'affrontement,la fin...) et d'autres moins convaincantes...je suis surtout déçu par l'inconsistante relative des personnages(Day Lewis en gros dur est bien mais bon...quant à Di Caprio,je l'ai trouvé un peu fadasse)et l'ensemble manque de souffle(il faudrait voir le "director's cut")...mais bon comme je l'ai déjà dit Scorsese ce n'est pas ma tasse de thé!

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- Charles Foster Kane
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Le côté expédié, c'est pas faux tout le temps. Mais alors:
1) imaginez une éventuelle version longue, vous auriez pas peur d'un déséquilibre par rapport à ce qu'il a à raconter? 3 heurs, c'est déjà pas mal, alors imaginez la chute qu'on connaît, mais au bout de 4h05!!! On serait encore plus frustré!!!
2) j'ai davantage ressenti le côté expéditif dans LOTR...
1) imaginez une éventuelle version longue, vous auriez pas peur d'un déséquilibre par rapport à ce qu'il a à raconter? 3 heurs, c'est déjà pas mal, alors imaginez la chute qu'on connaît, mais au bout de 4h05!!! On serait encore plus frustré!!!
2) j'ai davantage ressenti le côté expéditif dans LOTR...

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- Charles Foster Kane
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Tu as faux, c'est vraiment son meilleur rôle à ce jour.J'ai pas vu Gilbert Grape, mais j'ai l'impression que c'est une constante chez lui
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Il est extraordinaire dans Gilbert grape et pourtant je n'aime pas souvent ce genre de 'démonstration d'acteur' : son naturel ici est époustouflant.Niron wrote:J'ai pas vu Gilbert Grape, mais j'ai l'impression que c'est une constante chez luimannhunter wrote:j'ai trouvé le film très inégal...de belles scènes(les 1ères minutes avant l'affrontement,la fin...) et d'autres moins convaincantes...je suis surtout déçu par l'inconsistante relative des personnages(Day Lewis en gros dur est bien mais bon...quant à Di Caprio,je l'ai trouvé un peu fadasse)et l'ensemble manque de souffle(il faudrait voir le "director's cut")...mais bon comme je l'ai déjà dit Scorsese ce n'est pas ma tasse de thé!
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sans daniel day lewis ...ce film serait plus que moyen ...lewis donne de l'ame ,de l'énergie à ce film ,il est époustouflant;quand à une version longue ,je ne vois pas l'intêret vu que le film a tendance a s'endormir sur ces lauriers ...Roy Neary wrote:Pourquoi faut-il que ce type de topic aboutisse toujours sur un débat autour de Di Caprio et de sa soi-disante platitude. Essayons d'oublier le battage fait autour de Titanic et concentrons nous sur les films.
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Merci de le dire, je commence à me lasser de le répéter à tout bout de champ...Roy Neary wrote:A tête reposée, l'esprit zen, les pâquerettes dans la tête, etc.. je pense toujours la même chose du film de Scorsese. Aujourd'hui comme hier, j'aime énormément.
Comme je suis une grosse larve, je reposte ce que j'avais écrit sur le forum orange :
Un véritable opéra de bruit et de fureur, une plongée dans la violence tribale, source de la violence urbaine. Une fresque tragique, baroque et mystique qui ne recule devant aucunes compromissions (à part peut-être celle de la longueur du film, mais en l'état je trouve le film superbe). Scorsese reste un maître de la fluidité mêlée de changements de rythme.
Le génial cinéaste n'est jamais plus à l'aise que quand il filme des personnages regroupés en clans qui refusent vainement la marche du temps, adaptant la loi à leurs nécessités.
Scorsese donne une vision de l'Amérique qui se bâtit par la violence entre des personnes ayant le même but. Cette caractéristique construction/destruction en accéléré qui est la marque des Etats-Unis. Scorsese ne perd jamais la vison historique de son récit bien que le film se concentre sur un quartier et des personnages emblématiques.
Une réalisation foisonnante et précise à la fois. Une profusion de scènes qui mêlent l'efficacité narrative à l'intelligence et la pertinence des mouvements de caméra. Des effets de mise en scène, ainsi qu'un point externe (la voix off) qui portent la marque du réalisateur.
Que celui qui a parlé de téléfilm chausse ses lunettes, visionne une dizaine de Hollywood Night ou qu'il retourne à ses légos...
Il y a comme un aspect fantastique évident dans Gangs of New York. Les gangs sont comme formés de spectres qui hantent les lieux (le tout début du film est éloquent dans la présentation des personnages et du visuel). On rejoint l'idée des légendes urbaines avec leurs personnages romanesques et fantomatiques qui colportent les mythes fondateurs d'une cité. D'où aussi l'existence de cette "faune" bigarrée, bruyante et festive. Outre l'hommage évident à l'univers fellinien, Gangs of New York montre un monde étrange, à la frontière du réel et du fantasmé.
C'est aussi pourquoi je ne suis pas d'accord quand on parle de manque de visibilité de la première séquence de bataille. Scorsese met en scène un combat féroce avec des rites tribaux. Les humains sont réduits à l'état bêtes cruelles avec pour seules règles celles de leurs rituels particuliers. D'où le manque volontaire de stratégie militaire et un sentiment de déséquilibre violent de tous les instants.
Cette mise en scène est à mettre en parallèle avec la bataille impliquant les militaires à la fin. Ceux-ci ont une stratégie bien élaborée et Scorsese les filme méthodiquement avec une efficacité et un calme déconcertants.
A ce moment, la civilisation prend le pas sur la barbarie, la violence n'a de raison d'être que dans les mains de l'état. Les gangs ne comprennent pas ce qu'il leur arrive, ils sont dépassés. Leur aspect de spectre d'un ancien monde n'a jamais été aussi prégnant.
Le plan final, magnifique, nous l'affirme : sur les ruines d'un ancien monde fait de mythes fondateurs, où la folie cotoie la violence, se dresse le monde moderne qui a oublié jusqu'à l'existence de son terreau légendaire (le cimetière progressivement en jachère), mais qui ne peut se comprendre sans celui-ci.
Enfin, je crois que le débat sur la notion de chef-d'oeuvre contamine les forums. Gangs of New York chef-d'oeuvre ou pas ? Sans doute pas mais on s'en fout, et même, il est trop pour le savoir.
Un film n'a pas besoin d'être un chef-d'oeuvre pour être immense.



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- Ed Bloom à moto
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moi c'est plutôt le débat version longue qui me.....John Anderton wrote:Merci de le dire, je commence à me lasser de le répéter à tout bout de champ...Roy Neary wrote:A tête reposée, l'esprit zen, les pâquerettes dans la tête, etc.. je pense toujours la même chose du film de Scorsese. Aujourd'hui comme hier, j'aime énormément.
Comme je suis une grosse larve, je reposte ce que j'avais écrit sur le forum orange :
Un véritable opéra de bruit et de fureur, une plongée dans la violence tribale, source de la violence urbaine. Une fresque tragique, baroque et mystique qui ne recule devant aucunes compromissions (à part peut-être celle de la longueur du film, mais en l'état je trouve le film superbe). Scorsese reste un maître de la fluidité mêlée de changements de rythme.
Le génial cinéaste n'est jamais plus à l'aise que quand il filme des personnages regroupés en clans qui refusent vainement la marche du temps, adaptant la loi à leurs nécessités.
Scorsese donne une vision de l'Amérique qui se bâtit par la violence entre des personnes ayant le même but. Cette caractéristique construction/destruction en accéléré qui est la marque des Etats-Unis. Scorsese ne perd jamais la vison historique de son récit bien que le film se concentre sur un quartier et des personnages emblématiques.
Une réalisation foisonnante et précise à la fois. Une profusion de scènes qui mêlent l'efficacité narrative à l'intelligence et la pertinence des mouvements de caméra. Des effets de mise en scène, ainsi qu'un point externe (la voix off) qui portent la marque du réalisateur.
Que celui qui a parlé de téléfilm chausse ses lunettes, visionne une dizaine de Hollywood Night ou qu'il retourne à ses légos...
Il y a comme un aspect fantastique évident dans Gangs of New York. Les gangs sont comme formés de spectres qui hantent les lieux (le tout début du film est éloquent dans la présentation des personnages et du visuel). On rejoint l'idée des légendes urbaines avec leurs personnages romanesques et fantomatiques qui colportent les mythes fondateurs d'une cité. D'où aussi l'existence de cette "faune" bigarrée, bruyante et festive. Outre l'hommage évident à l'univers fellinien, Gangs of New York montre un monde étrange, à la frontière du réel et du fantasmé.
C'est aussi pourquoi je ne suis pas d'accord quand on parle de manque de visibilité de la première séquence de bataille. Scorsese met en scène un combat féroce avec des rites tribaux. Les humains sont réduits à l'état bêtes cruelles avec pour seules règles celles de leurs rituels particuliers. D'où le manque volontaire de stratégie militaire et un sentiment de déséquilibre violent de tous les instants.
Cette mise en scène est à mettre en parallèle avec la bataille impliquant les militaires à la fin. Ceux-ci ont une stratégie bien élaborée et Scorsese les filme méthodiquement avec une efficacité et un calme déconcertants.
A ce moment, la civilisation prend le pas sur la barbarie, la violence n'a de raison d'être que dans les mains de l'état. Les gangs ne comprennent pas ce qu'il leur arrive, ils sont dépassés. Leur aspect de spectre d'un ancien monde n'a jamais été aussi prégnant.
Le plan final, magnifique, nous l'affirme : sur les ruines d'un ancien monde fait de mythes fondateurs, où la folie cotoie la violence, se dresse le monde moderne qui a oublié jusqu'à l'existence de son terreau légendaire (le cimetière progressivement en jachère), mais qui ne peut se comprendre sans celui-ci.
Enfin, je crois que le débat sur la notion de chef-d'oeuvre contamine les forums. Gangs of New York chef-d'oeuvre ou pas ? Sans doute pas mais on s'en fout, et même, il est trop pour le savoir.
Un film n'a pas besoin d'être un chef-d'oeuvre pour être immense.![]()


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A tête reposé je me suis surpris à lui trouvé des défauts.
Même si le film reste pour moi un immense bonheur, je sais lui reconnaître objectivement certains défaut que j'avais du mal à concrétiser à chaud.
Comme on l'a cité la seconde partie fait face à de grosse baisse de rythme, notamment la fuite de Vallon. Le jeu de Di Caprio s'avère tout de même bon, malgré son aspect uni-émotionnel une fois de plus dans la seconde partie.
Maintenant on a beaucoup parlé de cette fin trop vite expedié... C'est un des moments le plus fort et poignant de l'oeuvre du cinéma brute qui m'a epoustouflé, mais le problème c'est justement que ça fini juste après avoir commencé, lorsqu'on est dans l'action on ne se rend compte de rien, mais en y repensant c'est frustrant. Le problème alors, est que cette fin au rythme ahurissant ne perde de sa puissance si on la rallonge...
Au final et à tête reposé, tout en me foutant du statut de chef-d'oeuvre que l'on veut, ou non, lui aposé, je qualifie Gang of New-York comme une claque et sans conteste un grand film.
Même si le film reste pour moi un immense bonheur, je sais lui reconnaître objectivement certains défaut que j'avais du mal à concrétiser à chaud.
Comme on l'a cité la seconde partie fait face à de grosse baisse de rythme, notamment la fuite de Vallon. Le jeu de Di Caprio s'avère tout de même bon, malgré son aspect uni-émotionnel une fois de plus dans la seconde partie.
Maintenant on a beaucoup parlé de cette fin trop vite expedié... C'est un des moments le plus fort et poignant de l'oeuvre du cinéma brute qui m'a epoustouflé, mais le problème c'est justement que ça fini juste après avoir commencé, lorsqu'on est dans l'action on ne se rend compte de rien, mais en y repensant c'est frustrant. Le problème alors, est que cette fin au rythme ahurissant ne perde de sa puissance si on la rallonge...
Au final et à tête reposé, tout en me foutant du statut de chef-d'oeuvre que l'on veut, ou non, lui aposé, je qualifie Gang of New-York comme une claque et sans conteste un grand film.