Saraband (Ingmar Bergman - 2004)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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-Kaonashi-
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Message par -Kaonashi- »

Tuck pendleton a écrit :(pareil pour les séries style 24 saison 4 :mrgreen: ).
Eh ben là ça tombe bien parce que je ne me sens pas du tout visé, vu que je n'ai jamais vu un seul épisode de cette série (qui ne m'attire pas trop, comme 90% des séries je dois bien avouer). 8)
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Simone Choule
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Message par Simone Choule »

Ouf le Prof a écrit :Je ne me suis pas encore étendu sur ce film. Let's go.

Ce film est aride, coupant comme une lame. Chaque mouvement de caméra, chaque effet de montage, chaque zoom, chaque surimpression est fait avec la sensation de la nécessité définitive, de l'essentiel uniquement. L'économie d'effets en font toute leur force dès qu'ils apparaissent. Techniquement, c'est une leçon technique de cinéma, oscillant entre théorie et ascèse.

Puis l'histoire. Le côté théatral fait bizarre au début, parce qu'il sonne non pas faux, mais étrange. Des mots, seulement les essentiels. Puis vient les relations humaines. Dérangeant tellement elles sont brutales et cruelles. J'ai rarement vu aussi violent et douloureux, à part peut être "Cris et Chuchotements". Ici, point de plaisir. On tape dans la mort (mort des relations, quelles qu'elles soient), le morbide, le bilan sans concession des vies, la haine pure entre père et fils (terribles séquences).

Un film qui assomme, essouffle, dolorisant, loin de nous égayer, mais étrangement loin de tout pessimisme, et c'est à mon avis, le plus dérangeant. Bergman est un violent. Il écorche, mutile, tue, viole pour mieux montrer la véritable définition de l'Humanité, celle qui mélange sa crasse avec sa pureté.

Bergman m'a fait mal, m'a mis de sale humeur, m'a indisposé, m'a énervé, ne m'a pas ébahi, les yeux pleins de rêves et de magie. Et pourtant Bergman, en un film, est devenu mon sauveur. Bergman est le Seul.

A ne surtout pas voir en VF, catastrohique à mes yeux, car tellement récitée.
Joli.
Bergman est un enfoiré qui empêche de dormir en paix. C'est pour ça qu'on l'aime...
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Quel déclamation, ouf ! :)

Un point sur lequel je ne suis pas d'accord : l'absence de pessimisme. Je trouve au contraire que Sarabande est un concentré de noirceur et de ressentiment. C'est mon impression, et celle-ci est confortée par ma vision des derniers films de Bergman et par la lecture de ses textes les plus récents.
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Simone Choule
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Message par Simone Choule »

Roy Neary a écrit :Quel déclamation, ouf ! :)

Un point sur lequel je ne suis pas d'accord : l'absence de pessimisme. Je trouve au contraire que Sarabande est un concentré de noirceur et de ressentiment. C'est mon impression, et celle-ci est confortée par ma vision des derniers films de Bergman et par la lecture de ses textes les plus récents.
Tu parles de Images et Laterna Magica ?
Je trouve également le film extremement sombre mais finalement pas plus que Cris et Chuchotements, pour citer le plus drôle...
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Simone Choule a écrit :Tu parles de Images et Laterna Magica ?
Plutôt Images que Laterna Magica qui est un livre plutôt éblouissant, s'il fallait faire un comparatif. Mais c'est surtout ce qu'il a écrit en dehors de ses livres (articles, commentaires et réflexions en tous genres sur le cinéma et sur la vie). C'est un vrai précipité de pessimisme.
Simone Choule a écrit :Je trouve également le film extremement sombre mais finalement pas plus que Cris et Chuchotements, pour citer le plus drôle...
Tout à fait d'accord, et j'inclue Cris et chuchotements dans mon expression "derniers films de Bergman". :wink: Ce sont des films forts et marquants mais qui me laissent exangue. A ne pas conseiller aux spectateurs qui ont une tendance suicidaire.
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Message par Ouf Je Respire »

Roy Neary a écrit :Quel déclamation, ouf ! :)

Un point sur lequel je ne suis pas d'accord : l'absence de pessimisme. Je trouve au contraire que Sarabande est un concentré de noirceur et de ressentiment. C'est mon impression, et celle-ci est confortée par ma vision des derniers films de Bergman et par la lecture de ses textes les plus récents.
Je pense que Bergman a le même point de vue sur les humains que Kubrick avait: il les aime avec tristesse. Le pessimisme est davantage un cul-de-sac, on ne sait où aller. Avec Bergman, on voit que les personnages sondent leurs propres abîmes pour découvrir la véritable face de leur humanité. C'est terriblement noir, certes, mais pas pessimiste. Bergman est n'est pas un médecin légiste.
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Ouf Je Respire
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Message par Ouf Je Respire »

Roy Neary a écrit : Ce sont des films forts et marquants mais qui me laissent exangue. A ne pas conseiller aux spectateurs qui ont une tendance suicidaire.
Clair!
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Bob Harris

Message par Bob Harris »

Le regard-caméra du dernier plan continue à me hanter...
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Message par Leopold Saroyan »

Roy Neary a écrit :Tout à fait d'accord, et j'inclue Cris et chuchotements dans mon expression "derniers films de Bergman". :wink: Ce sont des films forts et marquants mais qui me laissent exangue. A ne pas conseiller aux spectateurs qui ont une tendance suicidaire.
J'aurais plutôt tendance à penser que les Bergman en général, comme les films de Kiarostami, ont tendance à mettre du baume au coeur. Une fois la scéance passée, la capacité qu'ont ses films à faire relativiser est parfois spectaculaire. Un "Sonate d'automne" et ça repart!
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Message par Philip Marlowe »

Leopold Saroyan a écrit :Un "Sonate d'automne" et ça repart!
:lol:

Ca me rappelle que j'ai toujours pas vu mon enregistrement Arte :oops:
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Spongebob
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Message par Spongebob »

La fin de Saraband est heureusement un peu optimiste.
Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Tout d'abord, je voudrais dire Fuck you au petit con(enfin il avait des cheveux blancs) qui arrêtait pas de faire des remarques d'un grand intérêt ("Ah j'aime pas quand c trop long", "je connais quelqu'un qui joue du violoncelle comme ça", "ah c'est pas trop tôt" plus quelques unes inintelligibles) même après qu'on lui ait dit de se taire et qui donc, comme il est parti avant que j'ai pu le tuer, mérite un chatiment choulien.

Cela m'a très vite mis sur les nerfs et je n'ai donc pas profité à fond de la séance...mais pourtant! C'est grand. Très grand. Et j'ai été ému. Je ne pourrais pas beaucoup développer, mais je trouve que la grandeur du film vient de sa simplicité, qui lui donne quelque chose de tranchant, d'incisif, qui enferme les personnages dans le cadre du drame sans leur laisser porte de sortie et qui est absolument poignant(je sais pas si je suis clair mais j'essaye de retranscrire ce que j'ai senti :lol: ). L'autre élément très poignant est l'utilisation de la musique, qui donne aux films des airs...ben de sarabande voyons pourquoi est-ce que j'y réfléchis de midi à quatorze heure :roll: Bergman garde ses thèmes de prédilection, mais pourtant ne fait pas une resucée de ses oeuvres précédentes, et donne une oeuvre forte sur le thème de la vieillesse, de la filiation(bouleversant dernier plan) et inventif au niveau de la forme(le regard caméra de Julia je sais plus comment pdt la confession de son père etc...).

Une oeuvre bouleversante, qui me dit que je ne suis finalement pas insensible au Bergman austère et que donc je devrais découvrir dans l'urgence Les Communiants, A travers le miroir, De la vie des marionnettes(que vaut celui-ci d'ailleurs?), et bien-sûr Scènes de la vie conjugale.


Quelques heures après le film, je me disais que Bergman était un des plus grands artistes de l'Histoire, au même titre que les grands compositeurs auxquels il rend hommage.


Merci Ingmar.
Abronsius
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Message par Abronsius »

Effectivement, je ne ris pas en regardant ce film et je reste effaré devant la violence de certaines répliques dont les personnages ne sortent pas indemnes. Que de souffrances... il faudra que je le regarde une seconde fois pour y voir de l'optimisme, peut-être ce lit partagé mais après tant de douleur que l'on doute que Johan soit capable d'aimer quelqu'un.
Alligator
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Message par Alligator »

L'optimisme on le trouve peut-être dans ce regard nouveau d'une mère pour sa fille. L'expérience de témoignage qu'elle vient de vivre lui ouvre les yeux sur sa propre relation mère/fille. Elle se rend compte qu'elle n'a jamais touché sa propre enfant.
Et puis aussi dans le regard que pose le réalisateur sur ses personnages. Sans concession. Mais sans cruauté ou jugement moral. Moi, j'y perçois comme de l'affection, une écoute. Aucun n'est mal jugé. La caméra est très proche, quasi affectueuse, elle accompagne les comédiens, les suit, les caresse presque.
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Message par Abronsius »

Alligator a écrit :L'optimisme on le trouve peut-être dans ce regard nouveau d'une mère pour sa fille. L'expérience de témoignage qu'elle vient de vivre lui ouvre les yeux sur sa propre relation mère/fille. Elle se rend compte qu'elle n'a jamais touché sa propre enfant.
Et puis aussi dans le regard que pose le réalisateur sur ses personnages. Sans concession. Mais sans cruauté ou jugement moral. Moi, j'y perçois comme de l'affection, une écoute. Aucun n'est mal jugé. La caméra est très proche, quasi affectueuse, elle accompagne les comédiens, les suit, les caresse presque.
D'accord avec le premier paragraphe, mais Marianne est très âgée et sa fille trop mal en point. Je suis dur là mais quand même... Quant au regard de bergman il faudrait que je revois le film mais si je repense à Johan par exemple, au fond de son antre rempli de livres, la tête entre les écouteurs et recevant les membres de sa famille tel un despote dont le temps est précieux (au fond de son bureau : l'isolement est le principe des tyrans et plus largement au fond de sa campagne), bref en ce qui le concerne je ne vois pas de tendresse ou de neutralité dans le regard de Bergman.
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