C’est d’ores et déjà bouclé pour septembre en ce qui me concerne. Il ne devrait plus y a voir de visionnages possibles avant un bon moment. Rapidement donc : Orientation nippone presque monomaniaque pour cette dernière salve qui récompense un Naruse enivrant. Ce "sacre" égaie quelque peu un quinté de tête qui sonde surtout des abîmes de noirceur psychologique, pathologique ou sociétale. L'enseignement majeur du mois est la révélation ou confirmation d'un talent encore trop mésestimé si le reste de sa filmographie s'avère du niveau moyen de la dizaine de films que je connais désormais : celui de Yoshitarô Nomura. Les révisions successives du
Vase de sable et de son prototype structurel sinon thématique
Le Point zéro - ce dernier pourtant découvert il y a de cela quelques semaines seulement, mais sous le coup d’une fatigue qui ne m’avait pas permis d’en goûter pleinement les mérites, j’en avais conscience à la trace de plus en plus obsédante qu’il inscrivait dans ma mémoire – m’auront bouleversé, jusqu’aux larmes. Il faut aussi saluer le remarquable travail d'adaptation du tandem de scénaristes (Hashimoto & Yamada) qui métamorphosent et transfigurent littéralement les intrigues de Matsumoto. Ils seront d'ailleurs tout ainsi inspirés pour l'admirable
Flag in the mist. Je ne l'ai pas lu mais la comparaison avec la platounette et très conformiste version de 1977, vue ce week-end, suffit à mesurer leurs apports respectifs. Thriller psychologique, intimiste et introspectif,
The Shadow within est, n'en déplaise à Vic Vega, une autre réussite remarquable (dont l'adaptation est signée Hashimoto en solo) qui permet à Nomura de travailler intelligemment, sans brio trop éloquent, le fil ténu entre réalité et fantasme pour instiller une menace sourde et malaisante qui contamine comme un venin l'équilibre mental vacillant du personnage de Gô Katô. Quant à la première moitié de
Writhing tongue, elle constitue sans doute à ce jour l’expérience la plus traumatisante de mon vécu cinématographique. Sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, elle m’aura laissé tétanisé, jusqu’à l’asphyxie : traitement relevant presque du huis-clos minimaliste mais accouchant d'une horreur clinique, pure et insoutenable, et propageant de proche en proche une onde paranoïde imparable qui se résorbera néanmoins progressivement au cours d'un second acte sans doute moins maîtrisé mais ô combien salutaire pour le répit alors accordé à mon palpitant aux abois. Le reste du mois en synthèse illustrée.
TOP 10 découvertes Septembre 2020
L'ÉVEIL DU PRINTEMPS (Mikio Naruse - 1947)
FREEZING POINT (Satsuo Yamamoto - 1966)
THE SHADOW WITHIN (Yoshitarô Nomura - 1970)
WRITHING TONGUE (Yoshitarô Nomura - 1980)
UNE HISTOIRE D'AMOUR DE NANIWA (Tomu Uchida - 1959)
HARRY ET TONTO (Paul Mazursky - 1974)
ÉLÉGIE DU NORD (Heinosuke Gosho - 1957)
FRÈRE AÎNÉ, SŒUR CADETTE (Mikio Naruse - 1953)
JOURNEY INTO SOLITUDE (Kôichi Saitô - 1972)
I WANT TO BE A SHELLFISH (Shinobu Hashimoto - 1959)
Autres découvertes remarquables :
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LES BONS MEURENT JEUNES (Lewis Gilbert - 1954)

THE LOST ALIBI (Hiromichi Horikawa - 1960)

SONG OF THE EXILE (Ann Hui - 1990)

CHANTE JEUNESSE (Keisuke Kinoshita - 1963)

L'IDIOT (Akira Kurosawa - 1951)

JEUNE FILLE SOUS LE CIEL BLEU (Yasuzô Masumura - 1957)

TORA-SAN'S DREAM COME TRUE (Yôji Yamada - 1972)
Redécouverte majeure :
AU NOM DU PAPE ROI (Luigi Magni - 1977)
Et donc, exhumation ou réévaluation spectaculaire :
LE VASE DE SABLE (Yoshitarô Nomura - 1974)
ZERO FOCUS (Yoshitarô Nomura - 1961)