Ouaip ! L'interprétation hallucinante et hallucinée de Dewaere m'a vraiment impressionné et juste pour ça, il pourrait remporter la palme. C'est carrément casse-gueule de jouer un malade mentale comme ce Poupart ; par je ne sais quel miracle (si, en fait, tout le monde fait un travail formidable sur ce film, dont Corneau et Perec tout juste derrière Dewaere), on le suit sans jamais le détester et on reste fasciné par ses aventures crapuleuses en se demandant, scène après scène, comment cela va-t-il se terminer et jusqu'où il va aller dans sa névrose, ses mensonges, ses crimes et son aveuglement. Et puis les dialogues sont incroyables :
Alors que sa femme Jeanne rentre chez eux et qu'il ne s'y attendait pas du tout :
Poupart, excité - "Mais qu'est ce que tu fais là toi ?!!"
Jeanne - "J'avais les clés sur moi !"
Poupart - "Alors t'es comme ça toi : t'as un timbre alors t'envoie une lettre, t'as un flingue tu tires ..."
Le film regorge de ce type de dialogues et on rigole en même temps qu'on reste stupéfait devant ce menteur chronique qui se voile la face et fait du mensonge et de la manipulation un art en soi. Et puis il y a cette fragilité, cette naïveté et ce naturel dans sa manière de parler qui le rend encore plus fascinant. Parfois, le décalage qu'il y a entre ce qu'il fait et ce qu'il dit m'ont vraiment mi mal à l'aise, surtout quand il est avec sa femme. Les insultes qu'il dit sont parfois désopilantes : "Trou du cul sans fesse !" .
Dernière modification par Harkento le 8 juil. 16, 19:36, modifié 1 fois.
Je me joins aux louanges pour "Série Noire", et ses dialogues de Perec. Il a réussi admirablement à créer le décalage par la force du langage. Jouant avec les mots, l'argot, la contrepèterie, les anglicisme entre autres, il donne une dimension presque surréaliste au personnage de Poupart, qui contraste magistralement avec la réalité du monde autour de lui. Et bien entendu, Dewaere semble être le seul à pouvoir faire claquer ce genre de réplique. On a l'impression de toujours revenir à l'acteur. C'est bien lui qui porte tout le film sur ses épaules. Voilà peut être comment définir ce film : un one-man-show vers l'enfer.
Découverte du cinéma de Raymond Bernard, avec un sommet du film de guerre :
Le réalisme quasi documentaire, la mise en scène d'un grand modernisme dans les scènes de guerre (excellent usage de la caméra portée), la photographie dans un noir et blanc contrasté à la lisière du fantastique, et la puissance émotionnelle palpable de cette bande de soldats risquant leurs vies, en font un gros prétendant pour l'instant.
9/10
Mon top éditeurs : 1/Carlotta 2/Gaumont 3/Studiocanal 4/Le Chat 5/Potemkine 6/Pathé 7/L'Atelier 8/Esc 9/Elephant 10/Rimini 11/Coin De Mire 12/Spectrum 13/Wildside 14/La Rabbia-Jokers 15/Sidonis 16/Artus 17/BQHL 18/Bach
Kiké a écrit :Je me joins aux louanges pour "Série Noire", et ses dialogues de Perec. Il a réussi admirablement à créer le décalage par la force du langage. Jouant avec les mots, l'argot, la contrepèterie, les anglicisme entre autres, il donne une dimension presque surréaliste au personnage de Poupart, qui contraste magistralement avec la réalité du monde autour de lui. Et bien entendu, Dewaere semble être le seul à pouvoir faire claquer ce genre de réplique. On a l'impression de toujours revenir à l'acteur. C'est bien lui qui porte tout le film sur ses épaules. Voilà peut être comment définir ce film : un one-man-show vers l'enfer.
Revu ce matin. Toujours aussi impressionnant.
Ma réplique préférée : "Si on peut même plus aller faire caca tranquille, alors là franchement...j'dis non".