Fight Club (David Fincher - 1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Colqhoun
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Message par Colqhoun »

Ah mais c'est du Tom Waits !
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Truffaut Chocolat
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Message par Truffaut Chocolat »

J'aurais pas reconnu...
The_Thing
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par The_Thing »

Comment présenter un tel film, un choc visuel esthétisant? Un jet d'acide projeté à la figure du quidam moyen? Un brulot subversif, je n'en sais strictement rien pour le moment vu que le film est trop encore encré dans son époque pour que l'on en fasse un film classique et pourtant c'est pas l'envie qui me prend soudainement d'en faire l'étendard contestataire avec A Clock Work Orange du dieu du cinéma Stanley Kubrick du siècle passé. Logiquement on a reproché exactement dans les mêmes termes ce choc culturel et avant-gardiste et abasourdissant que fut Orange mécanique en son temps. On reproche donc encore aujourd'hui le fait que David Fincher prendrait la pose avec une définition de la contestation nimbée de narcissisme et d'anarchie ludique.Ce qui n'est pas faux mais n'est pas totalement vrai non plus, il est maintenant difficile de faire de la subversion tant les gens sont devenu cyniques et peu enclin à réfléchir au cinéma, il est donc logique qu'un type aussi fin et observateur que Fincher ne se soit pas perdu dans une naiveté rafraichissante qui aurait vu le public s'esclaffer, c'est donc pour ça qu'il s'est mis a détourner savamment les codes institutionnalisés issu de la publicité, ou encore l'emploie de Brad Pitt qui vient en rajouter dans le glamour plutôt trash utilisé à des fins détournées, il est également à noter que le producteur hors norme qui a permis de produire ça est à vénérer par son inconscience et sa dinguerie en des temps où le simple fait de dire un simple merde devant quelqu'un constitue un haut fait criminel à l'encontre de la personne située en face de vous (je m'égare là..)

J'opte pour le choc visuel, le jet d'acide en pleine poire et aussi tant qu'à faire l' oeuvre subversive. lefilm est complexe à souhait dans sa thématique et ce n'est pas son twist final contre lequel je donnerais allègrement 10 twist de Shyamalan qui en fait la richesse mais plutôt l'intégrité et la parure ostentatoire des outils cinématographiques de Fincher et là dessus j'ai lu des choses un peu étrange notamment des reproches abscons à propos de la capacité extraordinaire que le réalisateur d'alien 3 (réalisé à 27 piges quand même)a diriger un film et à le transcender de part une forme théorique qui tient aussi bien du clip que du cinéma classique, le dernier choix se révélant le gagnant et l'emporte sur le côté clipesque. Fight Club est l'aboutissement du cinéma des années 80 sa forme est tributaire et contient les digressions de tout un pan du cinéma expérimental des 70's, et du film clip du genre Top Gun en passant par les oeuvres esthétiques comme celles des frangins Scott.

C'est bien simple ce club de la baston est tout cela à la fois avec en plus le côté marketing à l'évidence qui répond à la norme actuelle- Bien joué dave tu les a tous eu et là c'est grandiose !!!!- Fight Club est bien le deuxième A Clock Work Orange de l'histoire du cinéma, la seul erreur que je trouve capital dans le film et c'est bien dommage de la part de Fincher qui est l'anti Tarantino par excellence, en effet ce dernier (Tarantino) phagocyte le cinéma dans une forme classique qui témoigne de la maitrise non seulement des outils cinématographiques mais aussi de tout ce qui va avec comme la peinture le théatre et la photographie mais son problème est sa constante référence ... enfin bref je m'égare de nouveau. Tandis que Fincher est un réalisateur authentiquement classique il ne recycle rien et c'est là qu'il est un redoutable metteur en scène, c'est pour cela que je ne vais pas lui pardonner la séquence dans les toilettes du restaurant où les acteurs singent avec l'emploie d'un 24 mm à l'appuie un passage d'Orange Mécanique. David je t'aime et je cours voir dès que je peux ton nouveau film. Fight Club est le futur classique des années 90 vous verrez en 2015...Vous verrez..
Gounou
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par Gounou »

The_Thing a écrit :Fight Club est le futur classique des années 90 vous verrez en 2015...Vous verrez..
On voit déjà... :mrgreen:
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The_Thing
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par The_Thing »

Ouais mais certains sont encore rétissant j'essayais de les convaincre quoi. :)
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ed
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par ed »

Dis, faut respirer un peu pendant que tu écris, hein :o
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par The_Thing »

Oui j'essaye, j'essaye .. mais j'adore causer aussi..inspirez, expirez..
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Boubakar
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par Boubakar »

Je n'avais pas revu ce film depuis des années, et la récente sortie du BRD m'a permis de me replonger dans cet univers que je trouve à la fois fascinant et dérangeant. Brad Pitt n'a à mon avis jamais été aussi meilleur que dans ce film, où il est à la fois drôle et complètement déjanté (quand il chope Lou pour le forcer à garder la cachette du Fight Club, il en impose), Edward Norton et Helena Bohnam Carter ne sont pas en reste.
Et même si je n'adhère pas à ce que dit le film, sa simple existence en tant que blockbuster (dans le commentaire audio, il est précisé que c'est le film que Fox a voulu mettre en avant cet été 1999, à cause de Brad Pitt, mais sans connaitre le sujet) est assez sidérante, car on sent que Fincher a eu tous les moyens possibles et imaginables, et avec des effets spéciaux souvent discrets, mais très réussis.

Je me rappelle de sa sortie, il y a dix ans, la B.A. laissant croire que c'était un film de baston, mais pour ceux qui l'ont vu en salles, que vous en reste-t-il ?
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par Jordan White »

Boubakar a écrit : sa simple existence en tant que blockbuster (dans le commentaire audio, il est précisé que c'est le film que Fox a voulu mettre en avant cet été 1999, à cause de Brad Pitt, mais sans connaitre le sujet) est assez sidérante, car on sent que Fincher a eu tous les moyens possibles et imaginables, et avec des effets spéciaux souvent discrets, mais très réussis.
Fight Club un blockbuster ?
Je ne crois pas l'avoir jamais considéré ainsi, y compris lorsque je l'ai vu la première fois en salle en novembre 1999. Pour moi le film était très underground au contraire, sentiment probablement dû au script et aux scènes d'intérieur avec un côté décrépit.
Je me rappelle de sa sortie, il y a dix ans, la B.A. laissant croire que c'était un film de baston, mais pour ceux qui l'ont vu en salles, que vous en reste-t-il ?
Je n'ai jamais osé le revoir mais je me décide de plus en plus à le faire d'autant que le Blu-ray est arrivé. Je dois dire que j'ai particulièrement mal pris le film la seule fois que je l'ai vu, au sens physique et psychologique. J'ai commis l'erreur (avec dix ans de recul c'est plus facile à analyser) de le prendre au premier degré comme un film désespéré, mais je n'avais pas saisi l'humour noir et le second degré qui parcourt toute l'oeuvre. C'est un film que j'ai haï pendant des années, avant de me rendre compte qu'il s'agissait sans aucun doute d'une comédie dont la forme et le fond se complètent, retournant comme une crêpe les idées d'une destruction et d'une cause rebelle propagées par le personnage de Tyler Durden. C'est dans mon souvenir l'idée de la séquence finale.
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Shin Cyberlapinou
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par Shin Cyberlapinou »

C'est marrant, je trouve que certains prennent des pincettes pour clamer leur amour du film, quand pour moi il est devenu un classique objectif et indéboulonnable, un authentique Orange mécanique moderne.

Pour avoir lu un bouquin sur les cinéastes US montants des années 90 (Rebels on the backlot, de Sharon Waxman), il semble clair que la Fox s'attendait à un film "gentiment" insolent, avec un réalisateur "hot" et deux stars méchamment montantes, pas un blockbuster au sens Michael Bay, mais clairement une grosse sortie pouvant devenir le nouveau Pulp Fiction. La première projection a totalement catastrophé les executives qui se demandaient comment ils allaient vendre un tel "machin", avec Fincher dans le fond de la salle, un petit sourire sur les lèvres. Quelques années plus tard Fincher serait tombé sur son producteur, qui lui signale gentiment que même des années plus tard il n'a pas récupéré sa mise. Fincher aurait gentiment sorti, en substance : "t'as plus chopé de meufs grâce à ce film que grâce à n'importe quelle autre de tes productions. Alors les violons, ça le fait moyen..."

A noter que dans mon entourage des gens ont parfaitement assimilé le film en le prenant pour une histoire au fond très positive (comme Jordan White), d'autre se sont dit quand même gênés par son apparente irresponsabilité, d'autres encore sont sortis vraiment en colère (alors que moi j'étais limite "apaisé"), plus un cas bien particulier, étudiant en philosophie période rebelle nietschéen, qui lui avait monté un micro Fight Club avec un pote à lui (comprendre: ils se fightaient à deux) tout en rejetant quelle règles de la vie en société au nom du refus de la Morale. Encore aujourd'hui je pense que c'était un crétin (peut-être se dit-il aujourd'hui avec le recul qu'il était un peu con), mais c'est frappant de voir comment un discours livré sans mode d'emploi explicite (alors que je m'y suis retrouvé quand même assez vite) peut être déformé par certains. Fincher lui est surtout inquiété par les adorateurs un peu excessifs de Seven. Ca se tient...
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par Nestor Almendros »

Revu ce soir dans son splendide master en blu-ray.

C'est un film que je n'avais vu que deux fois, et jamais apprecié jusque-là. Un peu comme Jordan, je le prenais certainement trop au premier degré. Ce soir, j'ai beaucoup plus ressenti le discours, la critique de la société de consommation et de l'endormissement de masse. Le film utilise aussi une provocation idéologique assez intéressante dans sa peinture d'une certaine dérive humaine qui tend à se placer derrière une figure de proue charismatique et à le suivre aveuglément, dans les pires projets. Un processus qui en rappelle d'autres et qui montre, peut-être, que les extrêmismes ne sont que tapis dans l'ombre et qu'ils peuvent de nouveau éclater à tout moment. L'histoire montre bien que, sitôt libéré de la mainmise des franchises commerciales, l'Homme ne peut s'empêcher de retrouver une autre dépendance, ici une nouvelle franchise crée par Tyler Durden: le Fight Club.

Le scénario est dense, je ne pense pas avoir saisi toutes ses subtilités mais le "spectacle" est marquant. Si l'histoire peut ne pas en convaincre certains, la mise en scène, la narration, la photo, le montage apportent une telle énergie qu'on est soufflés pendant 2h20. On retient une histoire provocante et rentre-dedans mais surtout un récit considérablement enrichi par la schyzophrénie du héros. Evidemment, quand on se souvient de ce coup de théâtre, on repère très vite les nombreux indices laissés par Fincher. Mais le récit n'en est pas moins réellement amplifié: il joue sur le tableau du double personnage, en plus du discours radical, le tout dans un ensemble âpre, violent, inconfortable qui amène cette ambiance poisseuse et malsaine. Un film à deux faces, comme son histoire, dont la réunion crée des étincelles.
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Strum
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par Strum »

Je n'ai vu Fight Club qu'une fois à sa sortie, et j'avais trouvé alors que c'était un grand film, en tout cas un film remarquable et intelligent (à des années lumières de ce qu'en disaient certains critiques qui parlaient de film "fasciste" alors que le film dénonce précisément l'asservissement des masses ; le même phénomène d'erreur d'interprétation que pour Starship Trooper en somme).
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par CrankyMemory »

Tout comme Shin je pense que l'on a eu affaire à un film relativement révolutionnaire dans son approche, comme le fut Orange mécanique pour son époque, ce qui me choque positivement le plus dans un film orienté grand public c'est le culot incroyable de Fincher, un culot qui lui a permis de se foutre de la tronche d'à peu près tout, un film qui méprise la société de consommation et de ses codes tout en jouant sur l'aura d'une star comme Brad Pitt (qui de plus est un bon acteur) c'est on ne peu plus sophistiqué et relativement cynique, c'est voulu et accepté en tant que moteur majeur du film, faire venir les midinettes fan du bonhomme pour leur décrasser la cervelle et leur apporter un peu de réflexion. c'est salubre et de surcroit d'utilité public..

Ce qui moi m'a beaucoup fait rire c'est l'approche très anarchiste, jusqu'à aller planquer des images porno dans les films disney, il faut quand même le vouloir, et critiquer cette approche pour ma part dans un film destiné à un public mature ou pas est significatif non pas pas d'une décadence ou d'un point de vue immoral ou encore irresponsable. Fincher a manifestement eu l'envie de mettre un be mol à toute une société qui base maintenant son fond de commerce sur la gentillesse et le politiquement correct, ce qui a totalement changé notre façon de voir les choses et aussi par extension la façon de produire, de calibrer des films et surtout de manipuler les masses pour les rendre un peu plus aliénées.

Aujourd'hui le film est culte mais c'est aussi une grande oeuvre très bêtement critiqué pour quoi? Son fascisme, alors là c'est à se tordre de rire puisque le but manifeste du film est la critique pour la critique de la fonction même de vivre notre vie quotidienne. Norton en pauvre cadre, est fatigué et schizo, au fond il méprise son travail, son argent redistribué dans des objets ou des meubles, l'ordre qu'il s'est imposé pour réevaluer son sens de la vie qui se bornait à être un docile esclave "contente toi de bosser dur et place ton argent là où les vendeurs te le montre via les applications de la pub ", sa petite voix intérieur lui a transmis un message, et il commence à perdre les pédales pour notre plus grand bonheur. Le bonheur de le voir se foutre des mandales dans la figure afin de se faire renvoyer, le bonheur de se foutre de son crétin de patron qui est un substitue de l'ordre, de l'establishment. Fight Club mérite bien mieux que son statut d'oeuvre culte, c'est un des rares films des années 90 qui vaut la peine d'être vu et célébré.
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soldat Ryan
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par soldat Ryan »

Strum a écrit :Je n'ai vu Fight Club qu'une fois à sa sortie, et j'avais trouvé alors que c'était un grand film, en tout cas un film remarquable et intelligent (à des années lumières de ce qu'en disaient certains critiques qui parlaient de film "fasciste" alors que le film dénonce précisément l'asservissement des masses ; le même phénomène d'erreur d'interprétation que pour Starship Trooper en somme).
Je n'avais pas non plus compris cette référence au fascisme . C'est surtout un film qui fait une critique du consumérisme et ,en cela , je le trouve encore plus actuel qu'à sa sortie .
Une phrase que j'aime de Tyler : " On est une génération d'hommes élevés par des femmes , je suis pas sûr qu'une autre femme soit une solution à nos problèmes " :lol:
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Re: Fight Club (David Fincher - 1999)

Message par Anorya »

Fight Club (Fincher - 1999).

"...Et surtout si c'est votre première soirée au Fight Club, vous devez vous battre."
Image Image
A. et B.
Se revoir Fight Club après tout ce temps procure une étrange sensation. C'est un peu comme revenir à la maison. :)
A l'époque et encore aujourd'hui, le film reste pour moi non seulement une satire brillante, hilarante et noire de la société contemporaine doublé d'un portrait générationnel sur une masculinité sans doute trop perdue ou noyée dans une société résolument post-féministe. Que voit-on ? Des hommes sans repères, sans buts, sans idées fixes, guidés par une consommation outrancière afin de se sentir vivre (ou pour reprendre Tyler : J'emmerde Madame Propre ! Merci Tyler). Ce n'est qu'en achetant des objets que le personnage se donne un but (capture D, où l'on réutilise subtilement les codes de la composition de maquette publicitaire au sein du film. Je trouve ça encore fabuleux aujourd'hui). Et c'est là que déboule le Fight Club, fabuleuse idée sortie d'un individu déjà sensiblement bien perturbé dès le départ et qui s'impose, au même titre que Tyler puis le projet Chaos, comme une totale inversion des valeurs larvesques du narrateur.

Image Image
C. et D.
Perturbé puisqu'en plus d'être le narrateur quasiment total de l'histoire (donc d'une subjectivité qui ne découle que de lui, du moins au début du film) et d'adresser des clins d'oeils et appels divers au spectateur (voix-off mais aussi regards caméra -- capture C--), c'est une personne qui se dédouble sans s'en rendre compte. D'où le twist au 3/4 du récit (que je ne dévoile pas mais que vous connaissez tous, évidemment. De toutes façons, je met un spoiler plus bas) mais que le spectateur pouvait déjà remarquer soit dès le premier visionnage (dur), soit dans les suivants...

Spoiler (cliquez pour afficher)
En effet, Tyler est déjà visible dans un court plan en travelling, quand le narrateur revient de l'aéroport (capture E). Il le croise mais ne le connais pas encore, ni n'a encore pris l'avion avec ce dernier. Et bien plus encore en avant dans le film, au tout début, Fincher utilise des incrustations subliminales à deux reprises pour montrer le décalage produit par l'insomnie totale de Norton. Impossible de prendre de captures car ça va bien trop vite (ça dure une seconde voire un centième de seconde) mais pour les curieux qui veulent en faire l'expérience, je vous dis à quel moment c'est :

1/ La première incrustation est quand Norton fait des photocopie. Regardez bien la partie gauche de l'image.
2/ La seconde incrustation fait déjà intervenir Tyler habillé en rouge, quand Norton discute avec le docteur dans le couloir en se plaignant "Allez, j'ai vraiment mal". Tyler apparaît à droite, furtivement comme si il se penchait sur l'épaule du docteur ! :shock:

Evidemment Fincher utilisait déjà l'incrustation pour un fabuleux plan de bistouquette que n'aurait pas renié Bergman (cf, générique de Persona dans la version non censurée, ahem) dans les derniers plans du film, corroborant les actions de Tyler. Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il la réutilise aussi sciemment pour le personnage même de Brad Pitt, livrant là de précieux indices sur la schizophrénie latente du narrateur qu'est Norton.
Image Image
E. et F.
Il en résulte une maîtrise et une mise en scène d'autant plus impressionnante qu'elle sait aussi se faire très discrète très souvent. Il n'y a pas tant d'effets spéciaux que ça et quand il y en a, ils sont de deux sortes : les images de synthèses (reconstitution d'un plan qui va du fond d'une corbeille pour en ressortir lentement. Ou bien le générique qui a un effet similaire : partir du fond de la tête pour aller vers l'extérieur) et les maquillages (du décor --la voiture calcinée-- comme des visages --merci Rob Bottin 8) ). Pour le reste, ce sont les éclairages, l'inventivité de Fincher, le jeu des acteurs, l'ambiance qui font magistralement le tout. Une sorte de perfectionnisme (capture F : quand l'appartement à brûlé, on retrouve quasiment tous les objets de la pièce --regardez la table yin/yang) qui se supperpose à un film possédant tellement de pistes de lecture, de réflexions, d'idées, de points de vue. Pas étonnant dès lors que certains critiques de cinéma manquent singulièrement de discernement et de recul et en viennent à faire des constats un peu déplacés. Pour moi Fight Club reste un grand film.

5/6.
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