Takeshi Kitano

[7swans]

Hana-Bi (Kitano - 1997)
6/6.

Ton film du mois j'espère!

[Anorya]

Hana-Bi (Kitano - 1997)
6/6.

Ton film du mois j'espère!

Je connais trop le film par coeur pour le mettre film du mois. Il me faut du neuf qui m'éblouisse totalement, me fasse perdre pied ou sens, m'épuise et me mettre K.O ou me fasse rire ou battre mon coeur ou sourire à la lie ou pleurer toutes les larmes de mon coeur pour que je navigue sur le flot ivre de mes pleurs, que je sois choqué ou interloqué, que ça puisse m'interroger, voire parfois change ma vie, que je décide d'être moine du jour ou lendemain ou punk, que je décide d'envahir un pays ou de repeupler la Pologne (ou le Japon), que je brandisse des posters d'une star féminine pour retrouver son élégance chaque matin en me réveillant et que ma journée soit illuminée, que j'en vienne à acheter tous les dvds du réalisateur ou m'arrange pour faire une rétrospective de tous ces films en peu de temps...
Tout celà l'a été pour Hana-bi (ou presque).

Mais c'était y'a bien longtemps déjà et je me souvenais encore trop bien du film. Peut-être si il n'a pas de prétendant en vue mais je vois se profiler à l'horizon l'aileron noir d'un De Palma jamais vu (L'impasse), de récifs inconnus à la Herzog, de fabuleux trésors jamais découverts nommés Ophuls, Powell, Pressburger... Le choc va être serré. Très.

[George Simmons]

Je ne sais pas si vous en avez parlé mais je vous conseille vivement l'exposition de Kitano, "Gosse de Peintre" à la Fondation Cartier (qui dure jusqu'en septembre). Vraiment hilarant et plein de dérision... Plutôt que de se prendre au sérieux dans cet espace d'art contemporain, Kitano le transforme en parc d'attraction ludique et surréaliste. Donc si vous avez des enfants, emmenez-les, c'est surtout à eux que Kitano s'adresse.

[Anorya]

Expo prévue... Reste juste à trouver le temps avec le travail, les sorties, les autres expos (notamment Turner qui semble fabuleuse)...

[George Simmons]

Expo prévue... Reste juste à trouver le temps avec le travail, les sorties, les autres expos (notamment Turner qui semble fabuleuse)...

Yep, prévois une heure et demi maximum (y a deux salles avec des vidéos illustrant bien le côté bouffon de Kitano dans ses émissions de TV japonaises)

[Jericho]

Je connais trop le film par coeur pour le mettre film du mois.

Voilà, et puis d'abord il a dit sur le topic idoine que c'était Tempête de boulettes géantes son film du mois !

[Jericho]

Trailer, du nouveau film de Kitano, Outrage:

http://twitchfilm.net/news/2010/04/take ... railer.php

Impatient, je suis !

[Jericho]

Deux critiques positives d'Outrage:

http://www.filmsactu.com/critique-cinem ... -10184.htm

http://www.ecranlarge.com/movie_review- ... -77921.php

[Gounou]

Deux critiques positives d'Outrage

"mesurées" me semblerait plus juste...

[Jericho]

Je me basais sur les notes, j'ai pas lu leurs critiques, après s'ils sont pas fichus dans leur argumentation d'être en phase avec la notation, c'est leur problème.

[Boubakar]

Je me basais sur les notes, j'ai pas lu leurs critiques

Heureusement, car quand tu lis un tel début, ça ne donne guère envie de continuer (sur EL) ;

Après une décennie passée loin d'eux, Takeshi Kitano revient à ses premières amours, les yakuza, à l'occasion de sa deuxième sélection en compétition officielle à Cannes, onze ans après sa Palme d'Or pour L'Été de Kikujiro.

J'ai l'impression qu'entre EL et Filmsactu, c'est un peu la course à celui qui doit publier sa critique le plus vite possible (et c'est parfois si mauvais que les critiques sont réécrites, telle celle du Tavernier chez Filmasctu), tout ça pour grappiller un peu plus de hits.

[magobei]

Outrage:

Après sa parenthèse existentialiste - Takeshis'/Kantoku Banzai!/Achille et la tortue - Kitano revient au genre qui l'a fait connaître au cinéma: le film de yakuza. Dans ses trois films précédents, il faisait une sorte de bilan de carrière; on est donc à moitié surpris que cet Outrage soit expurgé des "marques de fabrique" du réalisateur. Ces décrochages poétiques, ces moments d'apesanteur, ces ruptures de rythme qui, dans Hana-bi ou Sonatine, faisaient le "style" Kitano.

Rien de tel ici. Comme si, après son bilan de mi-carrière, le Japonais enfilait une page blanche dans son Underwood.

A moins qu'il ne s'agisse encore d'un pied-de-nez malicieux de la part de Kitano, d'un de ces exercices de style dont il a le secret: on peut voir en effet ici des réminiscences des Yakuza Papers de Kinji Fukasaku (réalisateur que Kitano admire et qu'il avait remplacé au pied levé sur Violent Cop, son premier film derrière la caméra). Même violence sèche, même veine feuilletonesque (Outrage 2 est d'ailleurs déjà annoncé), même récit à tiroirs (un conflit de familles mafieuses). L'apparition du titre lors d'un arrêt sur image après le pré-générique fait d'ailleurs immanquablement penser aux canoniques yakuza eiga des 60s.

Hommage ou pas, Outrage est en tout cas une oeuvre sèche et brutale - alors que la violence restait souvent hors-champ chez Kitano, elle s'incruste ici dans le cadre. Un film assez étonnant de la part du réalisateur, un yakuza eiga pur sucre, qui me laisse quand même un peu sur ma faim...

7/10

[Anorya]

Outrage (Kitano - 2010).

L'affiche fait très "jeu de baston" tiens. Pas innocent au vu du film...

Est-ce le grand retour de Kitano ? Sans doute est-il trop tôt pour se prononcer même si, curieusement expurgé de sa verve poétique et plus brutal que ces précédents films, la vision de ce film après Achille et la tortue fait encore plus plaisir et semble témoigner d'un Kitano en grande forme. Sur le papier, le scénario est basique et le film claque avec une sècheresse rare, jamais encore Kitano n'avait montré la violence d'une manière aussi cru encore, prolongeant même la mort de certains personnages d'une manière qui fait assez mal. Ce n'est donc pas dans la cruauté du traitement qu'il faut chercher son bonheur mais plus le jeu de massacre ironique (le pauvre ambassadeur noir s'en prend plein la gueule mais ce sera quasiment l'un des rares à s'en sortir vivants. Il y a même un léger clin d'oeil à Scarface (De Palma version) à travers ce vendeur de drogue habillé d'une manière assez proche d'un certain Tony Montana, qui se mangera une bonne volée de coups de pieds dans la tronche l'instant d'après !) des Yakuzas s'entre-tuants parfois pour quasiment rien. La charge est salée contre la mafia japonaise, non seulement tout le monde y passe (même les petites amies) mais les personnages décrits n'ont quasiment aucune morale. Sans doute Otomo (Kitano) et le flic sont-ils les personnages les plus lucides de tous même si cela ne les sauvera pas, ils ont bien conscience que le monde a changé mais tiennent leurs rôles jusqu'au bout. Ainsi le flic même si il fait respecter la justice continue a être véreux et acheté jusqu'a la fin (d'où la réplique finale qui le vise, mordante mais déplacée de la part de gangsters qui ne valent pas mieux). Tout le monde se dévore pour quasiment rien, tout est prétexte. Après l'absurdité de la vie face à l'Art, c'est l'absurdité de la vie dans la société même, la très hierarchisée pyramide des Yakuzas. Las, tout n'est que poussière et vanité. Suis-je le seul à penser que c'est un grand film ?
5/6.

[Amarcord]

Suis-je le seul à penser que c'est un grand film ?

Pas loin, non ? Je crois me souvenir qu'il s'est fait descendre à la quasi unanimité, à Cannes, non ?

[Jericho]

Pour moi ce n'est pas encore du Kitano en pleine possession de ses moyens. Néanmoins j'ai été ravi de le voir, car après quelques films médiocres, j'ai l'impression qu'il remonte la pente avec Outrage.