ROCKY V de John G. Avildsen (1990)
Après deux opus plus commerciaux, aux enjeux limités, Stallone fait un retour aux sources (jusqu'à rappeler le réalisateur du premier ROCKY). Peut-être un besoin de revenir à quelque chose de plus humain, de plus humble aussi après une carrière faite sur les films d'action plus ou moins vite oubliés. Retour aux valeurs sûres avec cette remise à niveau plutôt radicale: après une simili-arnaque par un comptable vereux, Rocky Balboa est contraint de vendre ses biens, revenir à une vie humble avec des moyens modestes. Histoire de bien recentrer les débats, il retournera carrément vivre dans son quartier d'origine où se déroulait l'action du premier film.
En plus de ce retour aux sources, il y a cette bonne idée du passage de relai, du flambeau à transmettre. Balbaoa reste toujours ce personnage humain, maladroit, impulsif et direct, qui derrière ces défauts a priori peu glorieux représente malgré tout une certaine idée de respect, d'éthique, de droiture. Pas étonnant, donc, qu'il devienne à son tour le Mickey (l'entraineur Burgess Meredith) d'une jeune pousse en devenir. Bien que ce 5e film soit relativement mal aimé, je lui ai trouvé quelques bons points non négligeables. D'abord le revirement du poulain est plutôt efficace, même s'il ne déborde pas d'originalité. Surtout, Stallone modifie un peu le final traditionnel en abandonnant le match sur le ring pour un combat à main nue dans la rue. Petite déviance pas si éloignée de la tradition mais suffisamment décalée pour être saluée.
Parallèlement à ce nouveau parcours qui fait indirectement revenir Balboa dans le monde de la boxe, le film développe gentiment les relations père-fils d'un héros toujours en aprentissage de son rôle d'adulte. En se concentrant sur l'entrainement de son nouveau protégé, Balboa oubliera son rôle de père, avec les jalousies et les retrouvailles qui vont de pair. Rien de bien original sur ce coup-là, voire même quelques dialogues assez hallucinants (lors du combat final, le fils disant au père: "explose-le, il a piqué ma chambre!"
).
La saga ROCKY ne serait rien sans sa critique du monde de l'argent et son influence néfaste sur le sport. Rebelotte donc dans ce cinquième opus avec ce personnage exubérant et bling-bling du promoteur rapace à qui il ne manque que quelques cheveux en bataille sur le crane pour ressembler à Don King. Manteau de fourrure, lunettes en or, micro rose
, call-girl rousse: tout y est. Le jeune poulain, oubliant la relation fraternelle avec Rocky se perdra évidemment dans le luxe et ses illusions.
Stallone, enfin, n'oublie pas d'où il vient et ce qu'il a vécu: ce rêve inimaginble d'un petit prolo devenu une star mondiale. Il n'oublie pas de remercier son pays, l'Amérique, plusieurs fois dans le film (la dernière, par la bouche du promoteur, le souligne encore un peu plus pour les spectateurs distraits). Allelujah!
A cause des enjeux plus présents, un peu renouvellés, je préfère cet opus aux deux précédents. Néanmoins, par le trait un peu paresseux, le traitement toujours aussi caricatural des scènes familiales (le fils qui copine avec ses anciens raquetteurs
), cela reste plutôt convenu.