Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Ender
Machino
Messages : 1153
Inscription : 6 janv. 07, 15:01
Localisation : Mizoguchigrad

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Ender »

J'ai aussi été sensible à ces quelques sorties de piste, les quelques accès de scoutisme qui font flirter le film avec des mélos japonais plus conventionnels. Est-ce que quelqu'un a lu la nouvelle dont le film est adapté, pour savoir si Hamaguchi y puise directement ces scènes ? Je n'aime pas beaucoup Murakami, notamment parce qu'il est prodigue en gentillesses de ce genre et je me demande si Hamaguchi a trop respecté le texte.
Néanmoins, les quelques facilités qui le connotent roman de gare font fonctionner le film sur deux vitesses : un niveau anecdotique artificiel qu'il ne refoule pas, qui laisse apparente la charpente mélodramatique, et une épaisseur, une sophistication trouvées ailleurs... Cet écart fait aussi le charme du film.
Le très bel et équivoque épilogue, en Corée, réinsuffle d'ailleurs du mystère, rend le film au spectateur pour qu'il le complète par son imagination, à la manière du récit peut-être inachevé de l'épouse.
Dernière modification par Ender le 21 sept. 21, 23:00, modifié 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14075
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Alexandre Angel »

Pour reprendre ce que tu dis (cinéfile) en spoiler, je pense que le film ne perd pas en finesse au sens où ce n'est à aucun moment le film le plus fin du monde.
Je ne crois pas que cela se joue en ces contrées.
Pour rester dans le cinéma japonais, prenons Nuages flottants, de Mikio Naruse. Ce n'est pas un film de première finesse en terme de dramaturgie. Les ficelles sont voyantes, les péripéties sont appuyées. Et pourtant, il y a une qualité d'émotion incomparable. Au sens où c'est la pureté du sentiment et des affects qui s'imposent.
Drive my car reconduit ça.
Je ne crois pas qu'il faille absolument attendre d'un tel film qu'il ne surligne rien : il n'appartient pas à cette catégorie.
L'émotion est certes explicitée à la fin mais elle s'accompagne d'images qui restent énigmatiques, poétiques et profondes. Ce silence qui s'impose lors d'une halte de la voiture, dans un paysage de neige, ou bien cette "image" de la cigarette fumante fichée dans un trou de neige, toujours : c'est pour moi ce qui reste de la fin du film, plus que le dialogue.

Il n'y a rien à faire, les réserves exprimées, aussi entendables soient-elles, ne sont pas, à mon sens, du genre à alimenter une déception.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
cinéfile
Assistant opérateur
Messages : 2270
Inscription : 19 avr. 10, 00:33
Localisation : Bourges

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par cinéfile »

Je suis tout à fait d'accord avec toi pour dire que la finesse est loin d'être en soi le critère fondamental de qualité ou d'appréciation d'un film.

Mais dans le cas de ce film-ci, je reste sur l'idée que le derniers tiers se pose plus ou moins contre le reste du film et le potentiel qu'il laissait entrevoir.
Nos points de vue sont irréconciliables sur ce coup-là. Mais loin de moi l'idée de saper ton "plein" enthousiasme ;-)

La position "intermédiaire" de Ender qui y voit des faisceaux parallèles qui irrigueraient le film sur toute sa durée est tout à fait intéressante aussi. Peut être que certains aspects annonciateurs présents dès le début m'auront échappés. C'est un film que j'aimerais revoir d'ailleurs ! Une semaine après, le souvenir de cette séance agit encore dans mon esprit.

Merci d'ailleurs à vous d'ouvrir sur d'autres références nippones car j'avoue que le cinéma asiatique est une de mes grandes lacunes.
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14075
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Alexandre Angel »

cinéfile a écrit : 21 sept. 21, 23:25 Mais dans le cas de ce film-ci, je reste sur l'idée que le derniers tiers se pose plus ou moins contre le reste du film et le potentiel qu'il laissait entrevoir.
Nos points de vue sont irréconciliables sur ce coup-là. Mais loin de moi l'idée de saper ton "plein" enthousiasme ;-)
Non, non, tu ne sapes rien :mrgreen: et je suis d'accord avec les réserves (j'ai dit dès mon premier avis qu'il y avait des coutures scénaristiques un peu grossières) que tu formules et que formule Bégaudeau (passionnante cette émission audio!).
Mais c'est une question de grille d'appréciation personnelle : je ne trouve pas que les réserves (qui concerne un vice de conception) soit, dans ce cas, d'ordre rédhibitoire, dès lors que le film se configure en chef d'œuvre dans nos têtes respectives.
Il n'y a pas "mort de film".
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Ender
Machino
Messages : 1153
Inscription : 6 janv. 07, 15:01
Localisation : Mizoguchigrad

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Ender »

cinéfile a écrit : 21 sept. 21, 23:25Peut être que certains aspects annonciateurs présents dès le début m'auront échappés. C'est un film que j'aimerais revoir d'ailleurs ! Une semaine après, le souvenir de cette séance agit encore dans mon esprit.
Eh tout part quand même d'un mari cocu qui rentre au plus mauvais moment. Ce n'est même pas le premier bateau venu à voguer en soupe romanesque, c'est le navire amiral. La mort soudaine de la femme le jour où on se promettait des explications en rajoute une couche. C'est un film qui n'a pas peur de manier des sottises et l'affiche effectivement tôt. Il a le génie de se servir de ces péripéties pour partir à l'aventure... c'est un peu comme prendre au sérieux les conséquences d'un mot en l'air et se retrouver en territoire inconnu. La ficelle s'affine en fil à tenir, où s'ouvre un champ beaucoup plus ardu, difficile à représenter, relativement inexploré : une espèce étrange de malaise dans le deuil et une béance ouverte dans le langage quand la parole qui compte a manqué. Le film trouve la patience, l'obstination... la fidélité aux conséquences de ses actes, pour parvenir à suivre avec rigueur des enjeux subtils et fuyants. Peut-être a-t-il besoin de facilités pour lancer la machine, prendre la route.

C'est vrai aussi que les faiblesses que tu relèves dans le dernier tiers ne sont pas le même genre de ficelles qu'au début : c'est comme s'il décevait sur l'autre versant, celui des méandres du film, temporairement rapportés à quelques formules trop franches pour être vraies. Mais là encore, il me semble que ça lui sert à relancer son film. Il résoud en deux temps, entre le sublime de la tirade tchékhovienne muette et des accès douteux de simplicité dans la neige, les enjeux de deuil et de parole qui l'ont mis en tension plus de deux heures. Et fait un bond au-delà... ce serait comme une manière de dire que le vrai nœud de l'histoire était encore ailleurs, et le film de prendre une nouvelle direction, vers cette conclusion extrêmement belle et ouverte aux quatre vents, qui laisse entendre que le fin mot de l'affaire est resté introuvable, qu'il faut chercher encore après les réconciliations provisoires de l'art et des confessions.
Merci d'ailleurs à vous d'ouvrir sur d'autres références nippones car j'avoue que le cinéma asiatique est une de mes grandes lacunes.
Merci à toi de remettre sur le métier la matière de ce film... le quasi-unanimisme qui l'entoure a tendance à masquer sa discrète mais entêtante étrangeté.
Concernant le cinéma japonais, le film cité par Alexandre, Nuages flottants, en est l'un des très, très grands chefs-d'œuvre. Je te le recommande très chaudement si tu ne l'as pas vu !
Et Hamaguchi, encore un effort pour être un Naruse !
Avatar de l’utilisateur
El Dadal
Producteur Exécutif
Messages : 7301
Inscription : 13 mars 10, 01:34
Localisation : Sur son trône de vainqueur du Quiz 2020

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par El Dadal »

Ender a écrit : 27 août 21, 00:26
Alexandre Angel a écrit : 26 août 21, 21:19 Oui, en effet, c'est dingue.

Je rebondis sur un aspect fondamental de ce qu'ils disent : c'est le côté russe (Tchekhov, quoi).
Il existe une dimension du cinéma japonais, laquelle, il faut bien le reconnaître, passe beaucoup par Akira Kurosawa, qui dialogue avec l'imaginaire littéraire russe. Chez AK, on pense immédiatement à Dersou Ouzala, le plus russe des films japonais. Mais aussi aux Bas Fonds, d'après Gorki, où à L'Idiot, d'après Dostoïevski, dont l'esprit se répercute sur Entre le ciel et l'enfer.
Nous sommes en 2021 et le jeune réalisateur Yamaguchi convoque Tchekhov, l'autre immense auteur de la littérature russe. La tradition se perpétue.
Je n'ai pas écouté le Masque ni malheureusement encore vu Drive My Car, mais ces sujets m'intéressent beaucoup, je laisse donc mes deux cents.

Tchehkov a eu une improtance fondamentale pour l'avènement du théâtre moderne au Japon après la Restauration Meiji. Ce fut le cas un peu partout, mais en l'espèce il représentait encore autre chose que la rupture interne à une tradition théâtrale. Son théâtre et celui d'Ibsen formaient la tête de pont moderne à l'assimilation de toute la tradition scénique européenne, comprise comme une modernisation de la scène japonaise dominée par le kabuki. L'adoption de règles de jeu "réalistes", la critique des conventions du kabuki, la découverte de tout un répertoire (dont Shakespeare par lequel on retrouve aussi Kurosawa), etc., Tchekhov s'est retrouvé au centre d'enjeux brûlants, esthétiques, mais pas que : ces innovations furent non seulement le fait d'artistes et troupes de l'avant-garde, mais promues et financées par les élites du nouveau régime, qui rapportaient le théâtre occidental dans leurs valises avec tout le reste à la faveur des voyages ; cherchaient à se constituer une culture différenciée et intégraient des enjeux mondialisés de politique, d'économie, mais aussi de culture.
Tchekhov et Ibsen étaient très révérés, on peut le voir pour ce dernier dans le superbe film de Mizoguchi de l'immédiat après-guerre, L'Amour de l'actrice Sumako, qui conte les aventures, montre les soutiens et les résistances que rencontre au début du siècle une troupe de shingeki, de "nouveau théâtre", qui monte Une maison de poupées.

A propos de Kurosawa, longtemps au centre de débats archi-boueux sur la "japonité" plus ou moins quintessentielle de quelques auteurs, j'ai écouté il n'y a pas si longtemps l'épisode du "Cinéma des cinéastes" que lui consacrait Claude-Jean-Philippe en 1978 avec deux japonisants comme invités. L'angle d'analyse exclusif tient à la réaffirmation d'une essence finalement japonaise de son oeuvre, et la plupart des questions vise à définir, nommer ladite essence... Il faut dire qu'elle est volatile et qu'ils ont l'air de suer, et le comble de l'absurde intervient quand, l'essentiel de l'émission étant centré sur Barberousse, les intervenants identifient la pitié et la rédemption comme thèmes majeurs du film et tout ce petit monde s'accorde à voir là quelque chose oui, de décidément japonais chez Kurosawa !(!)!! Au lieu, au hasard, je ne sais pas, de faire le lien avec l'influence de Dostoïevski-sensei et se mettre à réfléchir aux dynamiques plutôt qu'aux essences des cultures.

Je tiens à dire au passage que L'Idiot est une merveille, le plus beau et fou film de Kurosawa avec Dodes'kaden (quelques autres les talonnent). L'idée de relocaliser le récit dans le Hokkaido tient du génie, celle de faire de Mychkine un vétéran de la WWII aussi, et Kurosawa ne se contente pas de situer son film au carrefour des influences russe et japonaise, il suscite à l'image un monde impossible, comme une surimpression invisible, une Russie japonaise/un Japon russe, dont les jointures grincent. Il conserve non seulement l'attrait universel du roman, mais ses particularismes arrachés au temps et à l'espace : l'espèce de monde paradoxal, oblique qui en résulte élève le film à la hauteur de l'angoisse qui dévore la réalité dans l'écriture de Dostoïevski, ce qui en fait l'adaptation ultime, et tend un miroir magique/maléfique... réaliste, au Japon dévasté, déboussolé de 1950.
Les Bas-fonds est aussi un film très sous-estimé, mais bref assez de digressions, je rends le topic à Hamaguchi dont j'ai très hâte de découvrir le film !
Merci pour tes posts de re-contextualisation très éclairants !
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54825
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Flol »

Oh que j'aurais aimé l'apprécier davantage, celui-là. Parce que je n'y ai pas vu ce grand film, ce gros choc que certains ont pu ressentir depuis sa présentation à Cannes...
Alors attention, ça reste évidemment un très beau film, qui réussit l'exploit assez prodigieux d'être à la fois ample et extrêmement riche, mais aussi d'une pudeur, d'une délicatesse et d'une épure absolument magnifiques.
Jamais on ne sent les 3h passer et certaines séquences sont comme hors du temps et de l'espace - mention spéciale à celles du dîner chez le traducteur ou à la "confrontation" en voiture entre Yusuke et le jeune comédien, un simple champ-contrechamp tendu et passionnant.
Reste que les dialogues un peu trop surécrits et les inévitables échos faits aux œuvres de Tchekov m'ont laissé un tantinet sur le carreau. Ce n'est pas que ça me passionne pas, c'est simplement que ça a eu tendance à m'ennuyer un brin et surtout, ça m'a empêché d'être totalement ému par ce que je voyais. Pourtant, dieu sait que j'avais envie d'être ému par le personnage de Misuki et son passé douloureux...

Donc un beau film, m'enfin calmez-vous quand même.
The Eye Of Doom
Régisseur
Messages : 3122
Inscription : 29 sept. 04, 22:18
Localisation : West of Zanzibar

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par The Eye Of Doom »

Tu pointe bien sur a raison certaines limites du film, j’en ai pointé d’autres.
Ceci ne gache en rien pour moi les beaux et grands moments de ce film.
Les contes du hasard par contre n’ont aucun de ces « defauts » je trouve.
Tu parles de dialogues trop ecrits par exemple. Dans Les contes, on aurait pu craindre le pire : sketchs, longs dialogues, le langage au coeur du dispositif,duo d’acteur/actrice,… et il n’en au rien. Alors que l’on sait et voit un film parfaitement » ecrit » , pas un seul moment j’ai pensé que c’était « trop ecrit ».
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54825
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Flol »

The Eye Of Doom a écrit : 28 avr. 22, 20:32 Les contes du hasard par contre n’ont aucun de ces « defauts » je trouve.
Alors justement. J'ai vu Drive my Car, non seulement parce que j'en avais envie (évidemment), mais surtout parce que Les Contes du Hasard et autres fantaisies m'attire bien plus mais je souhaitais avant cela découvrir son film précédent (j'y peux rien, je marche constamment comme ça).
Du coup, je n'ai désormais qu'une hâte : découvrir son dernier opus. :D
Avatar de l’utilisateur
Beule
Réalisateur de seconde équipe
Messages : 5742
Inscription : 12 avr. 03, 22:11

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Beule »

Flol a écrit : 29 avr. 22, 15:39 Alors justement. J'ai vu Drive my Car, non seulement parce que j'en avais envie (évidemment), mais surtout parce que Les Contes du Hasard et autres fantaisies m'attire bien plus mais je souhaitais avant cela découvrir son film précédent (j'y peux rien, je marche constamment comme ça).
Du coup, je n'ai désormais qu'une hâte : découvrir son dernier opus. :D
C'est pas que ce soit très important, mais Les Contes du Hasard a été présenté à la Berlinale en 2021 avant Drive My Car à Cannes la même année. Nonobstant son exploitation plus tardive chez nous - je pensais d'ailleurs qu'il ne sortirait pas en France - il me semblait antérieur dans la filmo d'Hamaguchi, non?
Image
Avatar de l’utilisateur
Alexandre Angel
Une couille cache l'autre
Messages : 14075
Inscription : 18 mars 14, 08:41

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Alexandre Angel »

Tu m'apprends un truc.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
Avatar de l’utilisateur
Beule
Réalisateur de seconde équipe
Messages : 5742
Inscription : 12 avr. 03, 22:11

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Beule »

Alexandre Angel a écrit : 29 avr. 22, 16:43 Tu m'apprends un truc.
Tsst tsst.
Ce n'est que ma perception, pas une affirmation. Je pose la question.
Image
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54825
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Flol »

Alexandre Angel a écrit : 29 avr. 22, 16:43 Tu m'apprends un truc.
Idem.
Puisque a priori, Beule a raison si l'on se fie aux fiches IMDb ou Wikipédia de Hamaguchi : les 2 films sont datés à 2021, mais Drive my Car est à chaque fois listé comme étant son dernier film.
Avatar de l’utilisateur
tenia
Le Choix de Sophisme
Messages : 30878
Inscription : 1 juin 08, 14:29
Contact :

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par tenia »

Le 3e segment des Contes du hasard a été en juillet 2020, pendant une longue pause sur le tournage de Drive My Car, dont le tournage a commencé en mars 2020. Les 2 1ers segments ont été tournés fin 2019. Je n'arrive cependant pas à trouver quand les 2 films ont été finalisés, mais tous les interviews que j'ai trouvé sur le sujet tendent à mettre Drive My Car après Les contes du hasard.
Torrente
Howard Hughes
Messages : 15550
Inscription : 14 juin 07, 18:26

Re: Drive my car (Ryusuke Hamaguchi - 2021)

Message par Torrente »

Image

Je ne vais pas être très original. J'ai parcouru ce sujet et les avis sont peu tranchés.
Il y a ceux qui voient le verre au tiers vide et ceux qui le voient à deux tiers plein. Mais tous s'accordent pour dire que le verre est beau.
Comme beaucoup, donc, j'ai vu un film assez admirable pendant 2 heures et demie mais j'ai été extrêmement déçu par sa dernière partie.

Le fait que chaque extrait de pièce, chaque petit bout d'histoire racontée fassent écho à ce que les personnages vivent est un gimmick littéraire qu'il faut accepter. Au début, ce systématisme m'a dérangé mais je me suis quand même laissé porter, grâce aux comédiens, au montage, à la lumière du film et à son rythme. Il y a une vraie beauté fragile et pudique ici. Quelque chose de l'ordre du miracle.

Mais le scénario s'embourbe, sur-explique, sur-dit, alors que jusque-là la plupart des non-dits étaient "élucidés", expliqués, par le dispositif même du film, son montage (et donc ses gimmicks).

La scène qui marque pour moi la rupture et qui a irrémédiablement fait dérailler le film est l'explication entre le héro et le jeune premier dans la voiture.
C'est la première fois que quelque chose sonnait faux, que quelque chose me gênait et à partir de là, je suis graduellement sorti du film, regrettant qu'il perde son propre fil.
A partir de là, tous les personnages se disent "tout", littéralement, avant que la scène pré-générique vienne me rappeler à quel point les 2 premières parties du film étaient réussies.

Un peu déçu donc d'être passé si près d'un chef-d’œuvre, je reste ému et heureux d'avoir pu voir ce film, et d'avoir enfin revu un film japonais contemporain aussi bien photographié... ça m'avait manqué.
Dernière modification par Torrente le 24 juin 22, 19:41, modifié 1 fois.
Répondre