Christian-Jaque (1904-1994)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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bruce randylan
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Message par bruce randylan »

La tulipe noire ( 1964 )
Je craignai un peu le visionnage ( cape et d'épée + France = souvent :| ) mais j'ai passé un trés bon moment.
Christian-Jaque apporte son humour et son savoir-faire via des dialogues souvent spirituels, une bonne-humeur de tout les instants, des duels bien menés et un réalisation savoureuse ( le prologue est excellent ). J'ai aussi trouvé l'interpretation trés bonne dans sa décontraction et sa frivolité.
Après ça se gate pas mal sur une fin complétement baclée qui torche tous les élèments en cours en quelques minutes faisant l'impasse sur la mort de personnages important pour mieux se perdre dans une ridicule scène où le cheval poursuit le méchant.

L'assassinat du Père-Noel ( 1941 ) que Arte diffuse en ce moment était quoiqu'il en soit beaucoup plus réussi avec son ambiance humour/mystère/drame/policier/fable, ses personnages en pagailles et un evirtuosité technique limite expérimentale ( notament des travelling circulaire autour de table vraiment incroyable surtout celui en caméra subjectif ) qui en ont fait un film trés "stimulant".
Tout ça pour dire que Christian-Jaque continue de me ravir films après films.
A quand un petit cycle Mr Brion ? :)

Lucrèce Borgia ( Christian-Jaque - 1953 )
Deception dans ce film historique assez ennuyeux et impersonnel. Christian-Jaque se montre toujours un bon technicien ( quelques scènes de duels bien mis en scène, le plan de fin saississant ) mais rate son portrait féminin qui au lieu d'attirer la compassion ne crée que la lassitude. Celà dit, les frasques sexuelles des Borgia donne lieu à un libertinage visuel réjouissant vu l'époque ( de nombreuses poitrines dénudées, dont celle de Martine Carol :mrgreen: )
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Message par Arca1943 »

bruce randylan a écrit :La loi c'est la loi

C'est une excellente comédie qui exploite jusqu'au bout un scenario absurde et qui profite du duo d'acteurs s'en donnant à coeur joie.
C'est vraiment trés drôle, la direction d'acteurs est irréprochable, le rythme trés soutenu est méné à un train d'enfer qui ne faiblit jamais et pousse les mésaventures de Fernandel toujours plus loin dans la logique de personnage sans pays, criminel des 2 cotés de la frontière (son mariage français n'est plus valable et est emprisonné en Italie pour cause de desertion militaire )
C'est vrai, au fond, ce Christian-Jaque-là, je l'ai dans ma collection ! Croustillante farce anti-frontières, scénarisée notamment par Age-Scarpelli. On peut cependant regretter que le grand Totò n'ait pas un peu plus d'écran face à Fernandel.

Autrement, La Tulipe noire est aussi un très divertissant film d'aventures, avec Delon savoureux dans un double rôle.
« Les films d'une seule couleur ne sont pas bons. » - Dino Risi, entertainer
knappen
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Message par knappen »

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Joseuvic
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Message par Joseuvic »

knappen a écrit :Vous trouverez un beau rip de Sortilèges (1945) sur Emule. Script par Jacques Prévert. Très beau film.
Verboten,forbidden,vietato,censurado,proibido,stoverbaasd,forbudt...
L'avarice est le pire défaut qui existe, si on compte ses sous, on compte aussi ses sentiments.

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bogart
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Re: Cinéma Français - le Patrimoine

Message par bogart »

Boule de suif de Christian-Jaque (1945) diffusion 02.02.09 au cinéma de minuit.


Brillamment mis en scène par Christian-Jaque sur des dialogues savoureux de Henri Jeanson, Boule de suif est une libre adaptation de nouvelles de Guy de Maupassant, pleine d'humour et d'ironie.
Culotté de la part du metteur en scène et de son dialoguiste (La France étant encore sous l'occupation allemande) de transposer cette histoire d'occupation prussienne dans le Nord de de la France en 1870.
L'assimilation avec l'occupation dans notre pays ne pouvait échapper au public d'alors...

L'interprétation de l'ensemble des comédiens apporte du relief à ce film qui sans en avoir l'air adressait un message patriotique, véhiculé par la prostitué (admirable Micheline Presle) s'opposant à l'ignoble prussien (formidable Louis Salou).
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Commissaire Juve
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Re: Cinéma Français - le Patrimoine

Message par Commissaire Juve »

bogart a écrit :Boule de suif de Christian-Jaque (1945) diffusion 02.02.09 au cinéma de minuit.


Brillamment mis en scène par Christian-Jaque sur des dialogues savoureux de Henri Jeanson, Boule de suif est une libre adaptation de nouvelles de Guy de Maupassant, pleine d'humour et d'ironie.
Culotté de la part du metteur en scène et de son dialoguiste (La France étant encore sous l'occupation allemande) de transposer cette histoire d'occupation prussienne dans le Nord de de la France en 1870.
L'assimilation avec l'occupation dans notre pays ne pouvait échapper au public d'alors...

L'interprétation de l'ensemble des comédiens apporte du relief à ce film qui sans en avoir l'air adressait un message patriotique, véhiculé par la prostitué (admirable Micheline Presle) s'opposant à l'ignoble prussien (formidable Louis Salou).
C'est marrant : je me demandais justement si je n'allais pas tenter l'édition René ! :mrgreen:
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Message par bogart »

Commissaire Juve a écrit :
bogart a écrit :Boule de suif de Christian-Jaque (1945) diffusion 02.02.09 au cinéma de minuit.


Brillamment mis en scène par Christian-Jaque sur des dialogues savoureux de Henri Jeanson, Boule de suif est une libre adaptation de nouvelles de Guy de Maupassant, pleine d'humour et d'ironie.
Culotté de la part du metteur en scène et de son dialoguiste (La France étant encore sous l'occupation allemande) de transposer cette histoire d'occupation prussienne dans le Nord de de la France en 1870.
L'assimilation avec l'occupation dans notre pays ne pouvait échapper au public d'alors...

L'interprétation de l'ensemble des comédiens apporte du relief à ce film qui sans en avoir l'air adressait un message patriotique, véhiculé par la prostitué (admirable Micheline Presle) s'opposant à l'ignoble prussien (formidable Louis Salou).
C'est marrant : je me demandais justement si je n'allais pas tenter l'édition René ! :mrgreen:

La copie proposée hier soir était très correcte pour ce film affichant au compteur : 64 ans ! :wink:
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Ann Harding
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Re: Cinéma Français - le Patrimoine

Message par Ann Harding »

Après l'excellent Boule de suif, voici un autre film de Christian-Jaque que je recommande chaudement:
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Un Revenant (1946, Christian-Jaque) avec Louis Jouvet, François Périer, Ludmilla Tcherina et Gaby Morlay
Jean-Jacques Sauvage (L. Jouvet) revient dans sa ville natale de Lyon où on le croyait mort. Il y retrouve ses anciens 'amis' qui tentèrent de le suprimer...

En 1946, c'est le retour de Louis Jouvet sur les écrans après la longue parenthèse de sa tournée en Amérique du Sud durant la guerre. Henri Janson lui a préparé un dialogue et un rôle aux petits oignons. Il revient hanter ses anciens ennemis et retrouve la femme qu'il aimait (Gaby Morlay) marié à l'un d'eux. le dialogue est du pur Janson au vitriol sur les bourgeois corrompus brillamment interprétés par Louis Seigner et Jean Brochard. Le jeune François Périer est charmant en amoureux fragile. Il y a une scène particulièrement émouvante entre Marguerite Moreno et Jouvet qui se retrouvent après tant d'années. On ne peut s'empêcher de penser que les deux acteurs sont eux aussi en train de vivre ses retrouvailles ne voyant le sourire de Jouvet et le plaisir qui se lit sur le visage de Moreno. A consommer sans modération! :D
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Message par Alligator »

Un petit avis qui donne une grande envie. Merci.
Nestor Almendros
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Message par Nestor Almendros »

BOULE DE SUIF (1945)

Voilà un film que j'avais découvert en cours de Français au lycée. A l'époque peu intéressé par le cinéma hexagonal je n'en avais pas gardé de souvenir. Redecouvert aujourd'hui, près de vingt ans plus tard, c'est d'abord une grosse surprise et un énorme coup de coeur.

Sorti juste après la guerre, en octobre 1945, le film n'en a que plus de valeur "morale" et historique quand on regarde de plus près les très nombreuses allusions à une France occupée par un envahisseur allemand. Plus que des allusions, même, le scénario ne parle finalement presque que de cela. En s'inspirant des nouvelles de Maupassant qui, elles, se déroulent pendant l'occupaion prussienne, un siècle plus tôt, le parallèle est d'autant plus marqué et évident.
On peut regretter une histoire un peu manichéenne, aux accents un tout petit peu faciles (ce serait presque mon avis) mais le résultat est si réjouissant, si cynique, si patriotique, si bien fait tout simplement, que cela passe très bien ainsi.

Les dialogues d'Heni Jeanson sont particulièrement savoureux et n'épargnent pas grand monde. Les personnages, divisés en deux camps distincts sont aussi très bien croqués, les caractères sont bien délimités et très bien caractérisés. Il y a ici une violente peinture de l'âme humaine et de ses réactions face au danger. C'est d'une férocité rare. Ce qui est très bien fait ici, c'est qu'on reste toujours dans la comédie, qu'on garde un ton plus ou moins léger mais jamais grave malgré les atrocités qu'on nous suggère.

Le groupe des aristocrates-bourgeois-politiciens est ainsi montré sous un jour presque immoral. Ils représentent les têtes pensantes du pays qui, à la fois, préfèrent capituler avec l'ennemi (montrant leur lâcheté) et quitter ces zones de guerre (antipatriotes, on remarque souvent qu'ils parlent des français sans s'y inclure). Ce sont les fantômes de la collaboration. Mais au-delà des défauts de patriotisme évidents, ils sont aussi montrés comme des humains passablement amoraux, égoïstes, surtout concernés par leur petite personne et par leur milieu social. Ainsi, le vilain petit canard de la diligence est une prostituéee qui souffre, à leurs yeux, d'une vie de débauche peu enviable, et surtout qui attire les colibets et le dédain mais qui pourtant se montre beaucoup plus conciliante et humaniste que les représentants supposés de l'Etat. Certaines réactions, par leur subtilité et leur franchise, montrent une sphère politico-bourgeoise qui déballe au grand jour son attachement pour sa position sociale fragile et son dédain pour le petit peuple (qui l'a élu). Profiteurs et opportunistes, il faut les voir retourner leurs vestes à tout bout de champ, accepter par exemple le panier repas de la prostituée juste après l'avoir conspuée, mais avant de recommencer de plus belle.

Boule Suif, la prostituée, n'est pas seule sur la route. Pour équilibrer le match, on a placé un démocrate, opposant de la politique d'alors. Ce personnage permet d'inclure dans le film des pensées et des réflexions plus contemporaines qui répondent aux actes et aux dialogues des aristocrates-bourgeois (anti-républicains). Ce personnage de démocrate se veut un écho de la France retrouvée après la guerre. Le personnage de la prostituée est dans le même camp mais, n'étant pas politisée, elle symbolise surtout le peuple français dans tout ce qu'elle a d'humain, de serviable, d'enviable.

Le camp allemand (prussien) n'est pas en reste. Ils sont montrés cruels, guerriers, sans égards pour le pays conquis. Toute similitude avec une récente invasion allemande ne serait que pure coïncidence :wink:
On remarque surtout le personnage du lieutenant Fifi, vrai salaud qui ne dégage aucune empathie, dessiné comme une machine de guerre basique ("j'aimerais être chez moi, à Paris). Sa première séquence, avec la femme du boulanger, le montre rapidement sous un jour sadique et cynique. C'est une vraie incarnation du mal, superbement interprétée par Louis Salou (au look très réussi).
Je regrette simplement, en pinaillant, que les accents allemands n'aient pas été plus prononcés que cela. En effet, les allemands du film parlent presque sans accent (certain n'en ont pas du tout), ce qui ote un certain réalisme.

Je finirai rapidement en parlant de la mise en scène extrêmement dynamique et enlevée de Christian-Jaque. Il déploie ici une caméra virevoltante (le film débute par un panoramique à 360°, et ce n'est qu'un avant goût) et un rythme très soutenu qui vaut notamment aux scènes de huis-clos dans la diligence de ne pas sembler ennuyeuses (malgré une succession de dialogues).

Une réussite.
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Watkinssien
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Re: Christian-Jaque (1904-1994)

Message par Watkinssien »

Je plussoie totalement l'avis de Nestor.

Ce magnifique Boule de Suif est, après le fabuleux Fanfan la Tulipe, l'un des tous meilleurs films de Christian-Jaque.
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Alligator
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Christian-Jaque (1904-1994)

Message par Alligator »

Un revenant (Christian-Jaque, 1946) :

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http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... enant.html
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Christian-Jaque est un grand cinéaste. Je ne connaissais pas ce film et je découvre un remarquable petit film, très riche sous ses airs simples. A bien des égards, il fait penser à un film de Chabrol. Le thème est succulent à souhait, bandant même, n'ayons pas peur des mots : un homme, victime d'une tentative d'assassinat 20 ans auparavant revient à Lyon retrouver la pénible engeance qui se disait ses amis et son amante. La petite notabilité rhodanienne, cossue (cela va de soie), voit revenir le bonhomme avec une folle inquiétude. Avançant ses motivations avec parcimonie, dans le brouillard de l'hiver, il n'en devient que plus menaçant. La diction et le physique anguleux de Louis Jouvet font le reste : le personnage est mystère. Le suspense psychologique peut se piquer d'être jubilatoire. Les dialogues d'Henri Jeanson, d'une excellence rare, décuplent le plaisir et la joie de suivre cette histoire. Un pûr bijou de mots sertis sur des comédiens savoureux. Le jeune François Périer impressionne le plus. Le couple Louis Seigner et Jean Brochard forme une superbe paire de salopards hypocrites. Du grand art. Ludmilla Tchérina en ballerine dévergondée vampe le très jeune Périer. C'est fou. Elle tient bien son rôle malgré une excessive froideur que je lui trouvais déjà dans les Contes d'Hoffman de Powell. Gaby Morlay m'a un peu déçu. Son rôle est un peu effacé, me semble-t-il.

Christian-Jaque et ses deux chefs-op Christian Matras et Louis Page filment magnifiquement les lumières noir et blanc de la capitale des Gaules. Je n'ai jamais mis les pieds dans cette ville, mais entre Tavernier et ce film-là, l'envie de remédier à cette lacune se fait de plus en plus curellement sentir. Un bon petit film.

Quelle honte ce dvd René Château! Par moments, c'est une horreur infâme!


EDIT:
Lucrèce Borgia (Christian-Jaque, 1953) :

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Reconstitution romanesque des arcanes du pouvoir corrompus et pervertis par une famille de joyeux drilles, les Borgia. La reconstitution est plus fantasmée qu'ancrée sur les réalités historiques de l'époque, mais Christian-Jaque s'en bat certainement les glaouis, il est surtout là pour filmer la plastique malmenée de Martine Carol et les dépravations familiales, les jeux de séduction, de pouvoir et de destruction.
C'est un peu schématique tout de même et parfois un peu chiant.

Il n'en demeure pas moins que la réalisation est parfois toute dressée dans un apparat brillant, des décors somptueux et une photographie technicolor qui n'est pas en reste à l'heure de nous lacher quelques séquences de toute beauté. Les costumes ne sont pas mal non plus.
A noter la performance à haut menton de Pedro Almendariz, l'Orson Welles méjicano, si senor, de laquelle on peut se délecter.
A noter également l'étrange bande musicale, toute guillerette, limite comique alors qu'elle accompagne des séquences de tueries. Mal à propos.

Mais c'est surtout pour la Martine qu'on regarde ce film aux accents coquins (ne cachez donc pas ce téton qui darde, ma chère). Elle est toute jolie. Sublimée par la couleur.Un grain de peau et des lignes d'une féminité troublante. Très belle femme et parfois elle joue bien ou joue pas trop mal dira-t-on.
Nestor Almendros
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Re: Christian-Jaque (1904-1994)

Message par Nestor Almendros »

posté par Judyline le 8 mars 2007

La tulipe noire (1964) de Christian-Jaque
7,5/10

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Film de cape et d’épée se déroulant à l’époque de la révolution française, ‘La tulipe noire’ nous raconte l’histoire d’un héros de la révolution tellement imaginaire qu’il aurait très bien pu exister…

La trame, qui fait vaguement penser à celle du ‘Prisonnier de Zenda’, est surtout un prétexte pour mettre en scène Alain Delon, sous toutes ses formes et coutures. Et bien que j’ai quelques difficultés avec son côté ‘je-suis-beau-et-je-le-sais’, il est quand même assez difficile de lui résister. Delon tient donc ici un double rôle: celui de Guillaume de Saint Preux, dit ‘La tulipe noire’, qui attaque les aristocrates alors qu’il en est un lui-même, et celui de son frère jumeau Julien. Guillaume, blessé à la figure par son pire ennemi (le baron La Mouche), fait appelle à son frère pour prendre sa place. Et celui-ci prendra non seulement sa place dans la société, mais poursuivra également son combat quand ils s’apercevra que la célèbre Tulipe noire ne se bat pas réellement pour la liberté du peuple.

Guillaume et Julien : deux personnages bien différents, je dirais même presque à l’opposé l’un de l’autre. Guillaume résume tout ce que je n’aime pas chez Delon, alors que Julien ne montre que ses bons côtés. Alors forcément, on fait comme la combative Virna Lisi : on tombe sous le charme de Julien…

Ce film me réconcilie quelque peu avec Christian-Jaque. Il faut dire que ni ‘Fanfan la tulipe’ et encore moins ‘Les pétroleuses’ n’avaient réussis à me convaincre. Et encore ici, j’ai parfois quelques difficultés avec la théâtralité et l’exagération du jeu de certains acteurs. Par exemple Adolfo Marsillach, qui tient le rôle de La Mouche. Eh bien, il manque souvent de naturel et donc quelques-unes de ses paroles sonnent fausses. Cette exagération pousse à certains moments le personnage vers le ridicule et donne l’impression que l’ennemi de La tulipe noire n’est pas si terrible que ça. Les actes de bravoures de Julien-Guillaume semblent donc eux aussi exagérés. Quand à l’humour ironique présent à plusieurs reprises dans le film, il renforce encore cette sensation (malgré quelques scènes bien amusantes !). Heureusement l’inégalable Francis Blanche nous fait l’honneur de sa présence et de sa touche humoristique bien à lui.

Un film qui ne manque donc pas d’un certain charme et qu’il est bon de découvrir. Dommage que quelques ombres viennent noircir le tableau… ou la tulipe.
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Re: Christian-Jaque (1904-1994)

Message par Alligator »

Merci Nestor d'avoir nettoyé ma cagade. J'avais pourtant bien formulé ma recherche avec Christian-Jaque. Bizarre.
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nobody smith
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Re: Christian-Jaque (1904-1994)

Message par nobody smith »

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À la remontée récente de ce topic, je me suis dit que ça serait bête de passer finalement à côté de la rediffusion des disparus de Saint-Agil. La découverte fut une belle surprise. Le film offre un croissement tout à fait sympathique de film noir (pour l’intrigue) et de chronique adolescente (pour son regard à la fois naïf et exalté sur la dite intrigue). La recette est assez courante mais elle a le mérite de ne pas prendre ses personnages pour des cons (le côté lugubre de l’histoire aurait pu être désamorcé par le final) et d’être mise en scène avec talent. Je poserais quand même un bémol sur l’utilisation de l’excellent personnage d’Erich Von Stroheim auquel aucune participation n’est octroyée pour le dernier acte avant que la scène finale ne mette moyennement les choses en ordre. Reste quand même un beau divertissement rehausser de quelques préoccupations historiques (Michel Simon en artiste frustré et guignol à la moustache étrangement familière). Je suis très curieux maintenant de jeter un oeil à la filmo de Christian-Jaque.
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