Burt Lancaster (1913-1994)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Julien Léonard
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Julien Léonard »

jacques 2 a écrit :Je viens de survoler les 7 pages de ce topic et on n' a même pas cité une seule fois "Atlantic city" (sinon au travers du nom de son réalisateur) : je ne dois pourtant pas être le seul à penser que c'est là un des tous meilleurs rôles (et ils sont plus que nombreux pourtant ...) de celui qu'on ne devrait appeler que Monsieur Lancaster !!

:wink:
Très juste, et d'ailleurs ça me fait penser que je n'ai pas le DVD... Va falloir s'occuper de ça !
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feb
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par feb »

Je rejoins tout à fait ton analyse Julien, ce film est un ovni auquel on accroche ou pas mais qui ne peut pas laisser indifférent. L'idée de raconter la vie du personnage au gré des plongeons dans les piscines et des discussions avec les différents "voisins" est unique : on passe du Lancaster athlète, superbe, sur de lui à un Lancaster détruit, vieux, que les gens veulent oublier et qui finira nu, seul et rejeté (comme tu le dis, difficile de ne pas le prendre en pitié tellement l'homme semble détruit...). J'avais mis le DVD avec beaucoup d'appréhension et une certaine idée préconçue (surtout si on voit le trailer avant et j'en suis ressorti surpris par le traitement de l'histoire, par l'évolution du personnage et par l'excellent jeu de Burt Lancaster (qui est en grande forme malgré ses 55 ans).

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https://www.amazon.fr/Swimmer-anglais-B ... 460&sr=8-1
Julien Léonard
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Julien Léonard »

feb a écrit :Je rejoins tout à fait ton analyse Julien, ce film est un ovni auquel on accroche ou pas mais qui ne peut pas laisser indifférent. L'idée de raconter la vie du personnage au gré des plongeons dans les piscines et des discussions avec les différents "voisins" est unique : on passe du Lancaster athlète, superbe, sur de lui à un Lancaster détruit, vieux, que les gens veulent oublier et qui finira nu, seul et rejeté (comme tu le dis, difficile de ne pas le prendre en pitié tellement l'homme semble détruit...). J'avais mis le DVD avec beaucoup d'appréhension et une certaine idée préconçue (surtout si on voit le trailer avant et j'en suis ressorti surpris par le traitement de l'histoire, par l'évolution du personnage et par l'excellent jeu de Burt Lancaster (qui est en grande forme malgré ses 55 ans).

DVD import anglais acheté sur Amazon.fr
https://www.amazon.fr/Swimmer-anglais-B ... 460&sr=8-1
Et je pense...
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...aussi à cette porte, à la fin. Cette porte qui ne s'ouvrira pas, malgré la lutte de Lancaster. Il s'est enfermé dans le passé, sa folie l'a emmené à vivre le présent comme si tout était encore pareil. Mais c'est un homme brisé, seul, sans famille, sans travail, sans argent, sans rien. Tout le film, il "se lave" de tout ce que les gens pensent ou disent de lui. Sous l'eau, dans la piscine, on n'entend pas les autres, c'est le silence. On y entend que sa propre pensée, et la sienne continue à le préserver dans un rêve éveillé. Or, à la fin, alors qu'il est affaibli, qu'il a de plus en plus froid, il se heurte à l'obstacle final : la porte de sa maison vide et laissée à l'abandon ne s'ouvrira pas. Ses jérémiades sont un véritable crève-coeur, sa souffrance est à jamais exacerbée. Si cette porte s'était ouverte, qui sait ce qui se serait passé ? Peut-être cela lui aurait-il permis de continuer à rêver, cela aurait entretenu sa folie et l'aurait maintenu loin de son traumatisme. Ou bien, à l'inverse, cela lui aurait peut-être créé un choc salvateur, afin de l'aider à surmonter son traumatisme (on voit régulièrement ce fait se produire en psychiatrie), et alors il serait senti certainement un peu mieux.

Mais non, la fin laisse un suspend. Que va-t-il advenir de lui, sinon que l'on est sûr de le voir "plonger" définitivement dans la folie ? Mystère. Comme le reste. D'où vient-il ? En effet, il arrive en maillot de bain dès le début du film... D'où sort-il ? Comment est-il venu ? Ou sont ses affaires ? Finalement, le film entretient cette part d’abstrait, presque fantastique, comme si le spectateur était "plongé" dans le subconscient du personnage. Rien d'autre n'existe pour lui que le présent qu'il a toujours connu. Il est donc à la fois incompréhensible et pourtant tout à fait normal de le voir se balader en maillot de bain d'une piscine à l'autre, chez d'ancienne connaissances. Pour lui, rien n'a changé, il s'en persuade jusqu'à plus soif. C'est aussi pour tout cela que la fin est tellement dure. Un chemin christique (renforcé par les pieds blessés qu'il présente dans la dernière demi-heure du film), qui le mènera chez lui, une sorte de nulle part fantasmé comme un "home sweet home" qui ne reviendra jamais plus à la normale. D'ailleurs, chez lui, il n'y a pas de piscine, il n'y a qu'un court de tennis. Un sport de groupe. La piscine peut facilement être un sport solitaire, un élément parfait pour s'enfermer dans une logique personnelle. Comme on peut le voir, les métaphores dont le titre se pare sont nombreuses.

C'est un rôle magnifique, ici incarné par un Burt Lancaster impérial et d'une justesse absolue, comme presque toujours. Un rôle qui laisse voir son physique toujours impressionnant, mais finalement marqué par la vie. Il fallait vraiment y croire pour accepter d’apparaître comme cela à l'écran. A l'image de son physique qui vieilli petit à petit, on pense à ce temps magnifique qui ouvre le film et à cette pluie torrentielle et froide qui le conclut. Terrifiant.
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feb
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par feb »

Quelle analyse Julien je suis sur le cul :shock: Je ne suis pas très doué pour les analyses et je ne sais pas quoi rajouter derrière cette quantité d'idées, de possibilités si ce n'est que j'adhère complètement à ton message : homme renfermé sur son passé, origine du personnage inconnue, fautes commises inconnues (pour certaines), chemin de pèlerinage ou l'homme vient se laver de ses différents péchés dans chacune des piscines, comportement et regard des autres qui évoluent (il devient un étranger, un banni, une personne que l'on rejette car elle rappelle des pensées négatives à certaines personnes, car elle blesse par ses propos, ses idées), physique qui se dégrade (souligné par les blessures au pied et par la fatigue)...Bravo en tout cas pour cette analyse, ça m'a donné envie de le regarder une nouvelle fois tout simplement :mrgreen:
Julien Léonard
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Julien Léonard »

Merci, c'est gentil :oops: (mais mon "analyse" relève un peu de la philo-psycho de comptoir, c'est surtout un ressenti).

Cela dit, tu as raison, car comme tu le souligne plus haut, la bande-annonce n'est pas très engageante... Pourtant le film est magnifique et transcende l'idée préconçue que l'on peut en avoir. Et en même temps, avec Burt Lancaster, comment ne pas penser que le film sera de qualité ? C'est sans aucun doute grâce à lui que j'ai regardé le film aussi rapidement, comme quoi la présence d'un grand peut faire pencher la balance. :wink:
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Rick Blaine »

Julien Léonard a écrit : Je croise les doigts pour que tu sois conquis par le film. :)

N'oublie pas de venir en parler après !
Tu as bien croisé les doigts, ça a formidablement marché.

Je vais avoir du mal à faire long, tant il est difficile de verbaliser clairement ce que l'on ressent devant ce film bizarre, ou peu de choses sont claire, extrêmement casse gueule comme tu l'as dit, mais finalement réussi, notamment car l'édifice, qui aurait pu être bancal, est porté par un extraordinaire Burt Lancaster. Sa performance crée chez le spectateur une formidable empathie, malgré le passé que le personnage semble porter, et permet d'accepter les évènements du film (parce qu'un mec qui décide de rentrer chez lui en traversant les piscines de ses voisins, c'est bizarre quand même :D ).

Ensuite vient la réflexion, il me semble qu'un nombre de pistes incroyable se dégage du film, j'adhère d'ailleurs aux remarques que tu as faite, et je ne saurais mieux les exprimer.

Merci pour avoir provoqué cette formidable découverte!
feb
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par feb »

Julien Léonard a écrit :Et en même temps, avec Burt Lancaster, comment ne pas penser que le film sera de qualité ? C'est sans aucun doute grâce à lui que j'ai regardé le film aussi rapidement, comme quoi la présence d'un grand peut faire pencher la balance. :wink:
Tout à fait d'accord une fois de plus...la présence de Burt Lancaster associée à une sacré curiosité il faut le reconnaitre (merci la bande annonce et la jaquette du DVD) font que ce soir là je n'avais pas mis mes 30/60/90 minutes habituelles à choisir un film :mrgreen:
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Joe Wilson »

Je partage aussi l'analyse de julien....dans le sens où derrière ce constat, brutal et effrayant, d'une défaite et d'une impuissance, il ne reste que des interrogations et des incertitudes. Et toute la valeur de The Swimmer est de les rendre aussi intenses et bouleversantes.
Sur Burt Lancaster, c'est avec un tel rôle que l'on peut se rendre compte à tel point il "habitait" physiquement ces personnages. Son jeu est ici d'un engagement et d'une subtilité assez prodigieuses.
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Julien Léonard
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Julien Léonard »

Rick Blaine, bien content que tu aies autant aimé le film ! :D

feb, ah toi aussi il te faut une plombe pour choisir un film ! :mrgreen:

Joe Wilson, tout à fait d'accord avec toi sur l'investissement physique de Lancaster sur ces personnages... Ici, c'est même troublant de vérité ! :wink:
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par feb »

Julien Léonard a écrit :feb, ah toi aussi il te faut une plombe pour choisir un film ! :mrgreen:
:mrgreen:
Oui c'est affreux, je me retrouve assis sur mon lit à regarder les boitiers, à sortir et à remettre les films, à choisir entre films nouveaux et films vu et revus 15 fois, à jouer à plouf plouf entre un Pickford, un Ford ou un Sirk et parfois j'abandonne parce que je n'y arrive pas et surtout parce que j'ai perdu 1h avec ce cirque...d'ailleurs je sais que ce problème a fait l'objet d'un topic sur le forum dans lequel je me suis bien marré parce que je me suis senti beaucoup moins seul :fiou:
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Jack Carter »

feb a écrit :
Julien Léonard a écrit :feb, ah toi aussi il te faut une plombe pour choisir un film ! :mrgreen:
:mrgreen:
Oui c'est affreux, je me retrouve assis sur mon lit à regarder les boitiers, à sortir et à remettre les films, à choisir entre films nouveaux et films vu et revus 15 fois, à jouer à plouf plouf entre un Pickford, un Ford ou un Sirk et parfois j'abandonne parce que je n'y arrive pas et surtout parce que j'ai perdu 1h avec ce cirque...d'ailleurs je sais que ce problème a fait l'objet d'un topic sur le forum dans lequel je me suis bien marré parce que je me suis senti beaucoup moins seul :fiou:
oui, pour memoire : http://www.dvdclassik.com/forum/viewtop ... 4#p1968894 :lol:
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par feb »

Merci Jack impossible de me souvenir du nom du topic et bravo pour l'idée...sinon je confirme que je ne suis pas un cas isolé :mrgreen:
Fin du HS
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Père Jules »

feb a écrit :
Julien Léonard a écrit :feb, ah toi aussi il te faut une plombe pour choisir un film ! :mrgreen:
:mrgreen:
Oui c'est affreux, je me retrouve assis sur mon lit à regarder les boitiers, à sortir et à remettre les films, à choisir entre films nouveaux et films vu et revus 15 fois, à jouer à plouf plouf entre un Pickford, un Ford ou un Sirk et parfois j'abandonne parce que je n'y arrive pas et surtout parce que j'ai perdu 1h avec ce cirque...d'ailleurs je sais que ce problème a fait l'objet d'un topic sur le forum dans lequel je me suis bien marré parce que je me suis senti beaucoup moins seul :fiou:
Nous sommes trois !
Une demi-heure pour choisir un film et finalement prendre celui que j'avais eu en main au début. Ça frise la psychiatrie mais on se sent moins seul, ça rassure.
Copains ! :mrgreen:
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Ann Harding »

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I Walk Alone (L'homme aux abois, 1948) de Byron Haskin avec Burt Lancaster, Kirk Douglas, Lizabeth Scott et Wendell Corey

Frankie Madison (B. Lancaster) sort de prison après avoir purgé une peine de 14 ans. Son frère Dave (W. Corey) vient le chercher. Ce dernier est le comptable de Noll Turner (K. Douglas), un ancien partenaire de Frankie, qui a maintenant fait fortune avec une boîte de nuit...

Ce film noir a été réalisé par Byron Haskin qui fut un excellent opérateur à l'époque du muet (et du parlant) avant de passer derrière la caméra. Pour ce film Paramount produit par Hal Wallis, il a un casting de choix avec de jeunes acteurs en devenir : Kirk Douglas et Burt Lancaster. La blonde Lizabeth Scott était la petite amie du producteur Hal Wallis. Et selon Douglas, elle passe souvent de longs moments dans le bureau de celui-ci et en sort en larmes. Le scénario n'est pas d'une éclatante originalité. Frankie Madison pratique le trafic d'alcool durant la prohibition avec son compère Noll Turner. Lorsqu'il se fait coincer par la police, Noll lui promet de lui garder sa part quand il sortira de prison. Quatorze ans plus tard, l'Amérique a bien changé et Frankie a bien du mal à se réinsérer dans un milieu qui a lui aussi totalement changé. La prohibition a disparu depuis belle lurette et les mauvais garçons travaillent maintenant en 'gants blancs' avec des 'Corporations' puissantes qui leur fournissent les capitaux nécessaires pour faire prospérer leurs boîtes de nuit. Frankie va tenter sans succès de récupérer sa part du pactole en utilisant des méthodes révolues. De son côté, Noll est un businessman aguerri qui utilise les lois à son profit. Il va essayer d'utiliser sa petite amie, Kay Lawrence (L. Scott) pour connaître les intentions de Frankie. Sans grand succès d'ailleurs, car celle-ci lui préfère Frankie. D'après Kirk Douglas, c'est lui qui proposa au producteur Hal Wallis d'ajouter un peu d'action à la scène finale pour la rendre plus intéressante. Au total, ce film noir ne fait pas partie des chefs d'oeuvres du genre comme The Killers (1946, R. Siodmak). Mais, j'ai trouvé que la mise en scène d'Haskin était bien meilleure que celle de Lewis Allen dans Desert Fury (1947) qui a déjà Scott, Lancaster et Corey au générique. Il faut dire qu'Allen ne fait que filmer des voitures qui démarrent et des portes qui s'ouvrent et se ferment... La musique de Victor Young est certainement un peu trop sirupeuse pour un film noir et on regrette les accords violents et sombres d'un Miklos Rozsa. Au total, un petit film noir sympathique avec un bon casting.
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Re: Burt Lancaster (1913-1994)

Message par Jeremy Fox »

L'homme du Kentucky, son premier film en tant que réalisateur
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