Le Cinéma muet

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Le coeur nous trompe (The Affairs of Anatol, 1921), de Cecil B. DeMille.

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Anatol et Vivian, un couple de jeunes mariés (Wallace Reid et Gloria Swanson), vont connaître les premières difficultés dans leur couple lorsqu'Anatol, un homme aux principes moraux très élevés, se mettra en tête d'aider une ancienne camarade d'école, Emilie (pétillante et malicieuse Wanda Hawley), afin de la remettre sur le droit chemin. Très déçu par le résultat, le couple part à la campagne après une malheureuse exhibition publique de Vivian hypnotisée par un Hindou. Là ils sauvent une jeune paysanne (Agnes Ayres) de la noyade (hilarante séquence de réanimation), qui a voulu se suicider parce qu'elle avait volé l'argent de la paroisse à son diacre de mari (Monte Blue) pour s'acheter de jolis habits, mais Anatol ne résistera pas à ses charmes. De retour en ville, Vivian refuse de pardonner à Anatol et celui-ci, de dépit, décide de s'encanailler dans les bras d'une courtisane sulfureuse, Satan Synne (!) (Bebe Daniels)...

Si le scénario est assez délirant et que le film ne manque pas d'excellents moments, le tout dans des décors et des costumes signés Paul Iribe (la tenue pieuvre de Miss Daniels est sublime !), avec une mise en scène très intéressante (un fondu au noir où la dernière note de lumière est celle de bijoux scintillants), l'intrigue reste malgré tout assez datée et le tout assez longuet. A noter les cartons très joliment décorés.

Coté acteurs, j'ai trouvé que Wallace Reid faisait très vieux pour son âge (30 ans alors qu'il en paraît par moments presque le double). Miss Swanson joue bien les mondaines élégantes très "enfant gâté" et Miss Daniels est émouvante.
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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Open All Night (1924), de Paul Bern.

Tiré du recueil de nouvelles de Paul Morand, ce film réalisé par Paul Bern (premier mari de Jean Harlow et mort tragiquement dans des circonstances restées troubles) met en scène un couple de mondains parisiens Thérèse et Edmond, incarnés par Adolphe Menjou et Viola Dana. Lui pense que les femmes ne peuvent aimer un homme qui ne les respecte pas, tandis qu'elle ne rêve que d'être brutalisée par son mari, au point d'envier le bleu que porte au bras une de ses amies (le film de chevet des Chiennes de garde assurément ! :mrgreen: ). Pendant une nuit, chacun va partir de son côté... Lui va rencontrer Lea (Jetta Goudal), la petite amie d'un coureur cycliste en pleine compétition sportive, dont va chercher à s'éprendre Thérèse, attirée par son animalité...

La mise en scène de Bern est pleine de vitalité, de fantaisie et de bonne humeur, avec des moments franchement osés. A noter la présence au générique de Raymond Griffith, présenté par l'amie du couple comme Igor Romano, le futur Sheik du grand écran, et responsable des moments les plus hilarants du film, proches du slapstick. A la fin du film, lorsque les manchettes des journaux annoncent le retour de Valentino sur le grand écran, déçu, il se met à réfléchir sur ce qu'il va faire et affiche soudain un sourire à la Fairbanks et s'écrie : "Doug !".

Pour terminer, une amusante anecdote rapportée par Anthony Slide : lors de la première du film, Jetta Goudal et Paul Bern faisaient route ensemble et en chemin, Miss Goudal remarqua un grand nombre de restaurants et autres places où manger sur lesquels était inscrit Open All Night et félicita alors son réalisateur pour l'excellente publicité reçue par le film... :lol:
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Message par joe-ernst »

Hotel Imperial (1927), de Mauritz Stiller.

Situé pendant la Première Guerre Mondiale en Galicie, il met en scène une jeune officier hongrois (James Hall) traqué par les troupes d'occupation russes et se réfugie à l'hôtel Impérial. Caché par le propriétaire et son employée Anna (Pola Negri), il va tenter avec leur aide de mettre à mal les plans d'un espion russe lorsque le général russe fait de l'hôtel son QG.

Si le scénario est somme toute assez prévisible, la mise en scène de Stiller est très bonne, capable d'évocations puissantes et ménage de bons moments de suspense. Pola Negri est excellente et mérite certainement mieux que sa réputation d'actrice au jeu limité. Le couple qu'elle forme avec Hall est très crédible.
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Message par Music Man »

joe-ernst a écrit :Hotel Imperial (1927), de Mauritz Stiller.
C'est en effet un très bon film, bien maîtrisé par Stiller. Pola Negri tient fort bien son rôle. Son regard est très expressif, et elle n'a pas besoin d'un luxde de gestes pour se faire comprendre. Si jamais vous avez l'occasion de tomber dessus, je conseille vivement son dernier muet "son dernier tango, rue des âmes perdues" , un film naturaliste de Paul Czinner d'une grande apreté où elle est assez étonnante.
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joe-ernst
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Message par joe-ernst »

Tom Sawyer (1917), de William Desmond Taylor.

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Quel film délicieux que cette adaptation partielle du roman de Mark Twain, mis en scène magnifiquement par Taylor ! Et que dire de l'interprétation impeccable de Jack Pickford, incarnant un Tom Sawyer plus vrai que nature ? Autour de lui, Robert Gordon campe un parfait Huckleberry Finn, très poétique, et Clara Horton une mignonne Becky Thatcher. Seule Edythe Chapman en Tante Polly surjoue un peu.

J'aimerais maintenant beaucoup découvrir la suite, Huck and Tom, tourné par le même réalisateur avec le même casting.
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Re: Le cinéma muet

Message par joe-ernst »

Kid Boots (1926), de Frank Tuttle.

Un jeune employé (Eddie Cantor) d’un tailleur est sauvé des griffes d’un client irascible (Malcolm Waite), l’ami d’une jeune femme charmante, Clara (Clara Bow), grâce à un homme en plein divorce (Lawrence Gray). Pour le remercier, il va l’aider dans sa procédure de divorce et surtout mettre des bâtons dans les roues des agissements de la future ex-femme (Natalie Kingston), d’autant que notre futur divorcé est tombé amoureux de la belle Eleanore (Billie Dove)…

Cette sympathique comédie sert de showcase à Eddie Cantor, dans des scènes de pur burlesque ou de pantomime, et il en profite pour faire la preuve de ses nombreux dons, celui de contorsionniste n’étant pas des moindres, notamment dans une scène où j’avais mal pour lui, au point que je me suis demandé s’il s’était fait retirer des côtes pour ce rôle !

Clara Bow est toujours aussi craquante et Miss Dove se contente d’être belle.

A noter un mariage le plus couru qu’il m’ait été donné de voir !
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Re: Le cinéma muet

Message par Dynamite Jack »

Pour ma part, mes films muets préférés sont :

- The mystery of the leaping fish (de Griffith et Jenkins). Ce film date de 1916 et reste gravé dans ma mémoire pour une simple raison que le premier plan avec Coke Ennyday consommant de la cocaïne et devenant joyeux me fout la trouille :lol: A part ça le grand Douglas Fairbanks y joue et il s'agit ici de son huitième film.

- By the sea (Charlot à la plage) (de Chaplin lui-même, bien sûr). Ce film date de 1915, la fameuse période Essanay Comedies. Je le trouve particulièrement drôle, malgré que bien d'autres Chaplin son également amusant.

- Mighty like a moose (de Leo Mc Carey). Ce film date de 1926. Avec Charley Chase, qui a bien sûr marqué tout le cinéma comique muet américain. Il s'agit là d'un petit chef-d'oeuvre du cinéma muet.

et pour finir : - La fièvre des échecs (de l'immense Poudovkine !), pas besoin de vous préciser qu'il s'agit là d'un film russe :uhuh: . Un petit film sympa où l'on peut voir le champion du monde d'échec de l'époque : Capablanca.

Voili, voilou
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Message par someone1600 »

The Mysterious Lady (1928)

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Un militaire autrichien fait la rencontre d'une jeune femme a l'opéra. Il en tombe amoureux et a cause de ca, met en péril sa mission de transporter des documents secrets, puisque la jeune femme est en fait une espionne russe. L'homme doit aller en Pologne retrouver le document s'il ne veut pas passer le reste de sa vie en prison. J'ai beaucoup aimé le film en tout cas, Garbo est superbe dans le role de Tania.

Note : 8 / 10
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Re: Le cinéma muet

Message par Music Man »

C'est vrai Someone que la facination de Garbo est particulièrement opérante dans ce film. Je me souviens de plans sublimes de William Daniels avec Garbo allumant des chandelles avec infiniment de séduction.

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Boubakar
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Re: Le cinéma muet

Message par Boubakar »

A la suite du film de Pevney que je viens de voir, une question (sans doute idiote) me taraude l'esprit :

Lors du tournage de films muets, comment se passait le tournage ? Le réalisateur parlait à ses acteurs ? Ces derniers se parlaient entre eux, étant donné que je crois qu'il n'y avait pas de dialogues écrit à cette époque ? (et donc, nous avons la retranscription dans les intertitres)

Désolé si la question a déjà été posée, ici ou ailleurs. :oops:
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Re: Le cinéma muet

Message par allen john »

Boubakar a écrit :A la suite du film de Pevney que je viens de voir, une question (sans doute idiote) me taraude l'esprit :

Lors du tournage de films muets, comment se passait le tournage ? Le réalisateur parlait à ses acteurs ? Ces derniers se parlaient entre eux, étant donné que je crois qu'il n'y avait pas de dialogues écrit à cette époque ? (et donc, nous avons la retranscription dans les intertitres)

Désolé si la question a déjà été posée, ici ou ailleurs. :oops:
Ce n'est pas une question idiote du tout. Mais il n'y avait pas une méthode, il y en avait autant que de réalisateurs. N'oublions pas que ceux ci avaient des mégaphones, pour se faire entendre de tous les figurants... oui, ils leur parlaient, laissant les acteurs jouer sous leur direction immédiate, que la scène ait été répétée ou pas: "Tu entres, tu regardes... pas trop vite..." Etc. Quant aux dialogues, les premiers temps, les acteurs récitaient soit un texte programmé (En particulier dans les drames) soit ce qu'ils voulaient. Certains metteurs en scène souhaitaient qu'on reste dans le ton, d'autres non. Par la suite, avec un cinéma de plus morcelé, monté, et qui s'approche toujours plus près, s'est développé aux Etats-Unis la technique (Pour les spectateurs) du "Lip-reading", ou lecture des lèvres. Il devenait assez aisé de lire les vraies paroles pronocées par les acteurs, et par la-même de voir quel était l'écart avec les intertitres. Mais les "Dialogues" étaient mixtes: certaines répliques étaient contenues dans le scénario, d'autres faisaient leur apparition au montage.
POur finir, une anecdote: Eugène Silvain, sur le tournage de La passion de Jeanne d'Arc, a interprété son rôle d'Eveque en truffant ses interventions de gros mots (Et Cauchonneries diverses :mrgreen: ), à tel point que Falconetti s'en est émue, et qu'il s'est pris une rouste par Dreyer, qui l'a forcé à ... dire son texte à la virgule près.
Dernière modification par allen john le 20 sept. 09, 20:25, modifié 1 fois.
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Re: Le cinéma muet

Message par Boubakar »

Merci john. :)
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cinephage
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Re: Le cinéma muet

Message par cinephage »

En circulant sur le net, j'aime bien aller voir les articles du blog de TCM, les Movie Morlocks. Les articles y parlent de toutes sortes de choses, tournant autour du cinéma classique. J'ai notamment repéré un texte rédigé par Susan Doll, dont il m'a semblé qu'il pouvait être intéressant de le partager sur le forum. Je l'ai donc traduit pour le mettre en ligne, avec l'autorisation de l'auteur (navré s'il y a des erreurs ou incorrections).

Il s'agit d'une réflexion sur l'exploitation des premiers films dans l'Amérique rurale.

Une fenêtre sur le monde : voir un film dans un magasin d’alimentation générale (1/2)
Quand la plupart des gens pensent aux séances de cinéma de l’ère du muet, ils convoquent des visions de grands palaces du cinéma, aux noms tels que le Roxy, le Palace, ou le Paradis, des lieux où le décor était à la fois imaginatif, exotique, et clinquant. Dans ces palais, des organistes de talent, assis devant des orgues aux tubes prodigieux, ajoutaient musique et effets sonores aux merveilleuses images du grand écran. Les clients étaient assis dans des fauteuils molletonnés de velours rouge, dans des rangées élégamment disposées. Mais, dans les petites villes et les divers espaces ruraux d’Amérique, telle n’était pas l’expérience cinématographique que vivaient les amateurs de films des premiers temps. Dans les communautés agricoles, les petits villages et autres hameaux épars, on montrait les films dans des bâtiments au rebut, des arrière-boutiques, des magasins vides ou même des tentes dressées à l’extérieur de la commune.


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La vieille bâtisse ci-dessus était dans le temps un magasin d’alimentation générale, dans la bourgade rurale de Wilbur, en Virginie de l’Ouest, mais elle comprenait également un bureau de poste et un coiffeur barbier. Dans les années 1910 et 20, on y montrait des films, soit dans l’arrière-boutique, soit dans le local du coiffeur. Je me souviens que ma grand-mère, Garnet Seckman Stubbs, me disait qu’elle y voyait des films de Charlie Chaplin avant son mariage. Il n’y avait pas d’orgue grandiose, ni même de pianiste, pas de fauteuil molletonné, pas d’en-cas ou de bonbon ni même de lieu où en acheter. Il n’y avait même pas d’écran. Juste un projecteur, un mur vide, et quelques chaises éparses. A l’époque, Wilbur était – et est toujours - situé dans les collines du compté de Tyler, et lorsque ma grand-mère allait voir ces films, les gens s’y rendaient à pied ou à cheval. Néanmoins, Charlot n’était pas moins drôle aux yeux des campagnards du coin au fonds de ce magasin d’alimentation générale qu’il ne l’était pour les citadins qui fréquentaient les palaces du cinéma, ou pour les résidents des petites villes qui fréquentaient l’unique salle de cinéma de leur bourgade.

Le récit de ma grand-mère m’incita à faire quelques recherches sur la façon dont les habitants des petites communautés rurales voyaient des films autrefois. Je rassemble des articles et des livres sur le sujet depuis plusieurs années, et pense donc pouvoir partager certaines de ces informations, qui prennent vie lorsqu’on on les associe à l’idée que l’on parle de personnes réelles, vivant dans de vraies bourgs.


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INTERIEUR DU NICKELODEON DE PITTSBURGH, LE PREMIER ESPACE CONSTRUIT EN VUE DE MONTRER DES FILMS.

Les Nickelodeons furent les premiers espaces d’exhibition, et, selon la plupart des chercheurs, le premier espace construit, ou reconstruit, en vue d’y projeter des films, serait le Nickelodeon de Pittsburgh, propriété de John et Harry Davis. Ce dernier ouvrit en 1905. Auparavant, les films étaient montrés dans l’arrière des magasins, dans des bâtiments vides, dans les grandes agglomérations comme dans les villes de taille moyenne, à moins que les clients n’aient la chance de voir les films dans les vaudeville shows (théâtres populaires consacrés à la farce et au burlesque), attractions foraines, spectacles de magie, et autres divertissements populaires du soir. Parfois, les projections étaient comprises dans le prix du spectacle, d’autres fois, les films étaient montrés en exclusivité, 2 à 3 nuits par semaine. Dans les communautés agricoles et les hameaux de campagne, des marchands ambulants dressaient des tentes à la bordure de la ville, ou mettaient la main sur un bâtiment vide, ou encore un local de club pour y montrer leurs films, parfois avec un pianiste. Les autochtones pouvaient distinguer la tente où l’on montrait des films des autres par leur sommet peint en noir pour empêcher toute lumière du jour de filtrer à l’intérieur… Ces entrepreneurs dans l’âme, qui faisaient payer entre 10 et 30 cents la séance, contribuèrent à créer l’appétence du public pour les films à l’extérieur des grandes villes, et ce à une échelle nationale. J’apprécie particulièrement l’esprit d’entreprise de Harry et Herbert Miles, qui voyagèrent avec caméra et projectionneuse jusqu’aux terrains sauvages et reculés de Juneau, Alaska, où ils montrèrent des films aux mineurs des camps de chercheurs d’or aux alentour de 1902. Ils montrèrent aux résidents locaux des films originaux de la région qu’ils tournèrent eux-mêmes sur place, mais projetèrent aussi des films achetés à des compagnies telles que celle d’Edison.

Au tournant du siècle dernier, une passion pour les films naquit et crût à grande vitesse dans la population en général, sans aucun doute nourrie par les efforts des montreurs de film itinérants, dont beaucoup sont aujourd’hui oubliés des livres d’histoire. En 1904-1905, les espaces d’exposition ouvertement consacrés au cinéma étaient aux alentour de 25 ; en 1909, ils étaient près de 8 000. Les livres d’histoire insistent sur la révolution dans l’industrie du spectacle provoquée par la prolifération rapide des nickelodeons, mais ce n’est pas comme si les tentes itinérantes avaient disparu pour autant, ainsi que le soulignent les souvenirs de ma grand-mère. Dans les lieux faiblement peuplés ou les petits villages, surtout dans le Midwest et le Sud, de nombreux projectionnistes ambulants tiraient un revenu confortable de leur activité, jusqu’à la fin de la première décade du XX° siècle, filmant des images d’une petite ville pour amuser les habitants locaux en ajoutant ces séquences prises sur place aux bobines d’information du jour. Et plus d’une salle exclusivement consacrée au cinéma montra des films muets dans des conditions primitives bien au delà des années 20…


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INTERIEUR DU MAGASIN D’ALIMENTATION GENERALE DE WILBUR, OU MA GRAND-MERE VOYAIT DES FILMS DE CHAPLIN. VOICI SON PROPRIETAIRE, KERSEY DOAK, AUX ALENTOURS DE 1950, LONGTEMPS APRES LA FIN DE CETTE PERIODE.

Je ne sais pas exactement quand le magasin d’alimentation générale de Wilbur, Virginie de l’Ouest, commença à montrer des films dans son arrière-boutique, mais dans une autre partie du compté de Tyler, les films apparurent en réponse à un boom économique survenu dans la région. Sistersville, située à l’ouest du compté, le long du fleuve Ohio, fut précipitée dans l’age moderne en raison d’un boom pétrolier dans les années 1890. Des milliers de gens venus de tout le pays investirent la ville fluviale pour tirer avantage de ce boom économique, boom qui fut monopolisé par la Standard Oil. Avec la criminalité rampante, les maladies, les problèmes sanitaires liés à un développement urbain trop rapide, et toutes les autres misères de l’age moderne, de nombreux avantages débarquèrent à Sistersville, parmi lesquels une certaine vie culturelle, et les lieux nécessaires à son expression. Au cours des Gay Nineties, il y eut trois gros théâtres à Sistersville : l’Auditorium, qui fut bati en 1896, le Bijou Opera House, qui fut construit en 1894, et le Columbia, une maison consacrée au vaudeville (théâtre populaire, souvent burlesque). Par ailleurs, il y avait un cabaret, ou un music hall, où Ben Turpin, un futur comédien de film muet chez Essanay et Keystone, exerça. Il est vraisemblable que le Columbia et le music hall aient été les premiers lieux où des films furent projetés.


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UNE PROJECTIONNEUSE EDISON, QUE LE PROPRIETAIRE DU NICKELODEON ACHETAIT, ET POUR L’USAGE DE LAQUELLE IL VERSAIT ENSUITE UNE SOMME SUPPLEMENTAIRE POUR LA LICENCE.

J’ignore quand le premier nickelodeon ouvrit à Sistersville, mais il y en avait un dénommé The Show sur Clark Street en 1909. J’ai découvert ceci il y a quelques années, quand le Tyler County Star, l’intrépide petit journal qui dessert le compté, publia la photo d’une licence accordée par la Motion Picture Patents Company (société des patentes du cinématographe) au propriétaire du The Show en 1909. Je n’avais jamais vu la photo d’une licence de la MPPC, et fut frappée par la vision de cet important morceau d’histoire du cinéma au sein du petit compté de Tyler. En 1908, la majorité des compagnies de production de cinéma (Edison, Biograph, Vitagraph, Essanay, Lubin, Kalem, Pathe, American Star, le distributeur Kleine et Eastman Kodak) s’unirent en un trust visant à stabiliser l’économie bourgeonnante du cinéma, et pour exercer un contrôle strict sur celle-ci, en vue d’assurer une maximisation des bénéfices. Ce trust, mot aimable pour parler d’un monopole, résultait des tactiques ambitieuses de Thomas Edison qui cherchait à contrôler cette industrie. Depuis les années 1890, il détenait la plupart des brevets permettant la manufacture de caméras et de projectionneuses en Amérique. Il possédait également une société de production cinématographique, qui fournissait aux exposants des films adaptés aux projectionneuses achetées chez Edison. Il tenta d’empêcher les autres sociétés de tourner des films en leur refusant les brevets nécessaires à leur équipement à elles. En outre, non seulement les distributeurs et projectionnistes utilisant du matériel Edison devaient payer pour leur équipement, mais ils devaient aussi s’affranchir d’une licence pour le privilège de l’utiliser ; s’ils tentaient d’utiliser de l’équipement fabriqué à l’étranger, Edison les attaquait en justice pour complicité à l’égard de compagnies produisant des films au mépris de ses brevets. Lassées des continuelles embrouilles juridiques, les Majors de l’époque décidèrent de se regrouper en mettant en commun leurs brevets, et en passant des accord d’utilisation pour le bien de l’industrie. Quoi qu’il en soit, ce trust s’efforça d’empêcher les plus petites sociétés de production de faire des films, et prolongea l’obligation pour les propriétaires de nickelodeons de payer des cotisations onéreuses.

Par exemple, la licence que j’ai vu, concernant The Show, à Sistersville, précise que les projectionneuses du propriétaire O.F.Langworthy ne doivent montrer que des films produits ou importés par une société licenciée par la MPPC. Ainsi, Mr Langworthy n’aurait pas pu louer un film à Laemmle Film Services, une société de distribution appartenant au jeune Carl Laemmle (futur fondateur d’Universal Pictures), parce qu’elle n’était pas adhérente à la MPPC. Mr Langworthy avait acheté sa projectionneuse à la manufacture Edison, mais en plus du prix d’achat de la machine, il devait verser une somme hebdomadaire pour la licence lui accordant le droit d’utiliser les machines dont il était propriétaire. Le montant de ce versement était « à déterminé par la MPPC ». De plus, les agents de la MPPC pouvaient contrôler Mr Langworthy, tout comme chacun des milliers d’autres propriétaires de nickelodeon, pour vérifir que sa licence était « affichée bien en évidence sur le lieu de l’exhibition et à proximité des machines… » Tout manquement à ces règles indiquées par la licence autorisait le trust à assigner en justice le pauvre O.F. Langworthy, propriétaire de nickelodeon. La date figurant sur la licence était le 30 juin 1909, ce qui signifie que la MPPC n’existait en tant que trust que depuis sept mois environ lorsque Mr Langworthy reçut sa licence.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: Le cinéma muet

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Une fenêtre sur le monde : voir un film dans un magasin d’alimentation générale (2/2)

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MONSIEUR EDISON, PLEIN D’USAGE ET RAISON, POSE AUX COTES DE L’UNE DE SES PROJECTIONNEUSES

Lorsque j’étais en primaire et étudiai Thomas Edison, il était toujours représenté comme un homme digne aux cheveux blancs, qui sommeillait brièvement dans la journée pour pouvoir travailler toute la nuit à ses inventions géniales. N’est-ce pas adorable ? C’est lorsque je commençai à étudier l’histoire du cinéma que je découvris que ce capitaliste glouton n’aurait pas hésité à exiger de sa mère le paiement d’un brevet pour le privilège de lui donner le jour, s’il l’avait pu. La patente MPPC de The Show ne fit que confirmer ce fait à mes yeux. Au passage, le MPPC fut placardé après que le gouvernement fédéral l’ait caractérisé de monopole sous la présidence de Woodrow Wilson, et son système démantelé. Edison s’en tira néanmoins sans accroc majeur à sa réputation.

Le chef-lieu du compté de Tyler est Middlebourne, trop petit pour être qualifié de petite ville, mais qui ne l’était pas pour posséder son propre nickelodeon. Pour tout dire, Middlebourne eut son nickelodeon avant même d’avoir l’électricité sur la totalité de son espace. Les informations sont fragmentaires, mais apparemment, il était situé dans la Grand Rue, sur la parcelle de terrain où se tient actuellement la caserne des pompiers volontaires. Quelques résidents locaux se souviennent que le nickelodeon se trouvait là où était auparavant l’ancien spectacle de lanterne magique. J’aimerais avoir réussi à en savoir plus sur ce spectacle de lanterne magique, mais il faudrait alors remonter au-delà des souvenirs de la plupart des gens ; les informations de source testimoniale concernant la période antérieure aux années 10 sont difficiles à obtenir.

En 1910, cet espace s’appelait le Lyric Theatre. Une publicité dans le yearbook (NDT sorte de livre/souvenir de promotion) 1917 du lycée du Compté de Tyler présentait le Lyric comme projetant des films « récents », « propres et de premier ordre », pour « jeunes et moins jeunes ». Dans les petites villes, on projetait souvent les mêmes films à outrance, pour des raisons d’économie, ou parce qu’ils avaient été achetés avant que la distribution ne bascule vers un système de location des copies. Dans la publicité, le propriétaire Chester A. Lyons tenait à informer le public que ses films étaient de nouveaux films. Aussi, parce qu’il n’existait pas de système de censure organisé et universel pour le cinéma, du moins jusqu’au début des années 20, certains des films qui échappaient aux ciseaux des censeurs des grandes villes étaient considérés comme indécents par le public plus conservateur des petites villes ou des régions rurales. Par exemple, j’ai vu des films des années 1900 comme Incendie dans une salle de Burlesque (Fire in a Burlesque Theater) ou encore les problèmes d’un directeur de Burlesque (Troubles of a Burlesque Manager). Ces deux œuvres ne comptent qu’une intrigue minimale, pauvre prétexte au déshabillage de jeunes femmes, même si les dessous féminins en 1905 recouvraient la quasi-totalité de leur corps. Quoi qu’il en soit, on peut imaginer que les habitants du Compté de Tyler aient été choqués par de tels films. Sachant ce que je sais de ces films et de la nature de la censure de l’époque, la publicité du yearbook 1917 m’en dit long sur la sélection soigneuse par Mr Lyons des films pour le répertoire du Lyric


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UN VIEUX GENERATEUR D’ECLAIRAGE DELCO, JUSTE POUR VOUS DONNER UNE IDEE (ANNEE INCONNUE)

Le Lyric passa entre plusieurs mains après la Première Guerre Mondiale, y compris celles d’Iva Feist fin octobre 1924, qui le rebaptisa The New Grand. Selon les actes manuscrits du bureau d’enregistrement du compté, l’accord de vente incluait « les mubles (sic), les installations, la machine à faire défiler les images, et tout l’équipement afférent, y compris un système d’éclairage Delco (Delco Light Systems), un piano musical, des sièges et tous les autres éléments ». Le « système d’éclairage Delco » était en réalité une machine à électricité, en quelque sorte un groupe électrogène, qui fournissait en électricité l’éclairage et la machinerie dans les bâtiments isolés non reliés au système de la ville ou de la communauté. La ville de Middlebourne ne fut pas raccordée par la société électrique locale avant 1923, donc le Lyric/New Grand tirait son électricité d’une unité Delco, qui allait avec le bâtiment lorsqu’il fut vendu à Feist. Il est notable que Feist a cédé le New Grand trois mois plus tard à Homer et Zula Wigner pour une somme de un dollar et zéro cents, qui le vendirent à peine huit mois plus tard à Fred O’Brien pour un dollar et zéro cents. Au départ, je n’ai pas pu déterminer la cause d’une telle générosité dans ces transactions : pourquoi vendre ce qui semble avoir été une affaire rentable pour une somme aussi dérisoire ? Puis je compris : les Wigner l’avaient cédé pour une paille avec la clause que le bâtiment ne puisse en aucun cas être utilisé comme salle de cinéma, parce qu’ils possédaient une autre salle de ciné de l’autre coté de la rue. Il semble donc que les Wigners et O’Brien se soient entendu pour étouffer la compétition. Les hommes d’affaire des petites villes ne sont pas moins calculateurs que ceux des grandes cités.

Le long de la Grand’Rue, au numéro 102, les Wigners ouvrirent un cinéma d’un étage en 1923, avec une capacité de 125 places. Ils l’appelèrent le Nadene, d’après le prénom de leur fille. J’ai trouvé une publicité pour ce cinéma dans un vieux numéro du Tyler County Journal. En octobre 23, ils passaient The Victor, avec Herbert Rawlinson dans le rôle d’un aristocrate européen débarquant en Amérique pour épouser la fille d’un riche homme d’affaire. Ils annonçaient également la programmation de Don’t Tell Everything, avec Gloria Swanson, une comédie romantique sophistiquée dirigée par Sam Wood, ainsi que The Story of Camille, avec Rudolph Valentino et Nazimova en tête d’affiche. Valentino et Nazimova à Middlebourne, Virginie de l’Ouest, voilà bien une chose que j’ai du mal à m’imaginer.

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NAZIMOVA ET VALENTINO DANS ‘THE STORY OF CAMILLE’

Le petit cinéma changea de mains six fois entre l’année de son acquisition par les Wigners et la Seconde Guerre Mondiale, époque à laquelle Ralph Wilson l’acheta et le garda en sa possession jusqu’en 1957. Selon les personnes âgées que j’ai interrogées au fil des années, et qui restent ma principale source d’information pour l’histoire et les traditions locales, ce cinéma continua à montrer des films muets jusqu’au milieu des années 30. La conversion à la technologie sonore fut un évènement de grande ampleur pour l’industrie hollywoodienne du cinéma, non seulement pour les studios, mais aussi pour les salles, qui durent se rééquiper en vue du son. Les livres d’histoire s’émerveillent généralement qu’il aie suffi d’à peine quatre ans pour que la conversion soit effective (1927 – 1931). Une période fort brève eu égard à l’ampleur des transformations qui étaient en jeu. Cela dit, les livres d’histoire évoquent rarement les petites communes et agglomérations rurales. Un petit cinéma comme le Nadene, situé en Appalachie rurale aurait eu bien du mal à s’adapter au sonore, particulièrement pendant la crise, où l’on ne demandait qu’un nickel pour l’entrée. Il est donc peu étonnant qu’ils aient retardé autant que possible cette adaptation. Si les cinéphiles voulaient une expérience cinématographique plus grandiose, ils pouvaient toujours prendre le tramway pour Sistersville, jusqu’au cinéma Paramount, qui se rapprochait de ce qu’était un cinéma dans une grande ville. Le Paramount, avec ses balcons et son magnifique orchestre, avait été équipé pour le son dès 1930, parce que j’ai trouvé une publicité pour ce cinéma évoquant la comédie musicale Rio Rita, avec Bebe Daniels et John Boles. Le film était indiqué comme parlant et chantant (All Talking, All Singing), avec une accroche additionnelle rédigée dans d’autres caractères tout en bas de l’affiche : « Un des films les plus prétentieux, somptueux et agréables qu’aie vu l’écran depuis l’introduction du parlant ». Je ne sais pas si l’emploi du terme « prétentieux » attire vraiment plus de clients, mais le prix l’était certainement : 20 à 40 cents pour une séance de journée, 25 à 50 cents pour les projections du soir.

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CE QU’IL RESTE DU PARAMOUNT DE SISTERSVILLE. L’ENTREE SE FAISAIT SUR LA GAUCHE.

Dans les années 40, le Nadene de Middlebourne avait été rebaptisé le Tyler Theater, et pendant la Seconde Guerre Mondiale, le Tyler montra des films typiques de ce temps. En 1943, Invisible Agent fut un immense succès à Middlebourne, avec son discours antinazi. Il semble que le petit-fils de l’homme invisible y utilise la formule de son fameux parent pour affronter les nazis, participant ainsi à l’effort de guerre. Les clients avaient aussi droit à des bandes d’information Universal, un soundie (film court musical) avec les musiciens de Swing Kenny Stevens et ses Rascals du Rythme, ainsi qu’un court intitulé The Aldrich Family in the Scrap.

Après la guerre, la vie dans le Compté de Tyler évolua avec son temps. La plupart des gens avait une automobile, de nouvelles routes goudronnées facilitèrent les trajets vers les centres urbains, et des années d’exposition au monde situé de l’autre coté de la frontière de l’état altérèrent de façon permanente le mode de vie rural. Lorsque Ralph Wilson vendit le Tyler en 1957, les habitants de la région préféraient voir leurs films sur des écrans plus grands, dans des cadres plus prestigieux, ou aux drive-ins, ce qui contribua fortement à précipiter la fin de ce cinéma de bourgade. Pendant un moment, le bâtiment fut utilisé pour une quincaillerie, puis il devint une maison pour le troisième age, avant d’être relégué à une fonction d’entrepôt. En 1999, le bâtiment fut ressuscité sous le nom de Salon de Coiffure Punty’s (Punty’s Plus Hair Shop). Je me suis fait couper les cheveux plusieurs fois chez Punty’s, et quand je me penche en arrière pour qu’on me shampouine, je peux regarder le plafond aux lambris de nickel d’origine, datant de l’époque où c’était un cinéma. La façade du bâtiment garde d’ailleurs la forme distincte d’un cinéma de petite ville.

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LE VIEUX CINEMA TYLER, A PRESENT SALON DE COIFFURE PUNTY’S
Tout le monde aime aller au cinéma, notamment, parmi les plus anciennes générations, les habitants du compté de Tyler, aux premiers temps de l’histoire du cinéma. Alors que ma grand-mère et sa sœur jumelle, Gaye, marchaient pendant des kilomètres en provenance de leur maison rustique située « du coté de Jefferson » (ne cherchez pas, c’était juste comme ça qu’on appelait le bout de la forêt où elles vivaient. Une véritable forêt), pour aller voir Charlie Chaplin, dans un silence total, à l’arrière-boutique du magasin d’alimentation générale de Wilbur, le long d’une route de graviers, d’autres se rendaient au Nadene, dans la Grand’Rue de Middlebourne, pour y écouter Elsie Montgomery accompagner les films au piano. Et, tout comme leurs cousins cinéphiles des grandes villes, tous y prirent un sacré bon temps.

[**Je tiens à remercier les anciens habitants du Compté de Tyler, Virginie de l’Ouest, don’t certains ne sont plus, pour avoir toujours accepté de partager leurs souvenirs personnels avec moi, en particulier Junior Farhat, Abigail Murphy, Bill Owens, et Hilda Wright.]

MacCann, Richard Dyer. The First Tycoons. Metuchen, NJ: Scarecrow Press, 1987.
Margolies, John and Emily Gwathmey. Ticket to Paradise: American Movie Theaters and How We Had Fun. Boston: Bulfinch Press, 1991.
Waller, Gregory. Main Street Amusements: Movies & Commercial Entertainment In A Southern City, 1896-1930. Washington, DC: Smithsonian Institution Press, 1995.


Ecrit par Susan Doll, retranscrit ici avec son aimable autorisation
(lien sur le texte original)
http://moviemorlocks.com/2009/08/31/a-w ... ral-store/
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Euphémiste
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Re: Le cinéma muet

Message par someone1600 »

Intéressant ce texte, meme si on ne connait pas l'endroit. Merci cinephage. :wink:
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