Le Trou de Jacques
Becker (1960)
Accusé de tentative de meurtre sur la personne de sa femme, Claude Gaspard est enfermé à la prison de la Santé. Ses quatre compagnons de cellule lui font part de leur désir d'évasion et creusent, avec une énergie farouche, un tunnel qui les mènera à la liberté. Leur plan aboutira-t-il ?
Dernier film de Jacques
Becker, décédé un mois avant la sortie, et qui adaptait là le premier roman de Jean Giovanni (qui collabore au scénario et aux dialogues et le remercie à titre posthume avant le début du film) inspiré de sa propre expérience carcérale. Un réalisme de tout les instants qui se manifeste dans la mise en scène épuré de
Becker, claustrophobique et oppressante à souhait avec de lent et sobre mouvement de caméra, de long plan fixe et une absence totale de musique renforçant le réalisme.
Becker cherche vraiment à plonger le spectateur dans le train train monotone de cette prison (qu'on explore assez peu finalement sauf à des fins dramatique l'essentiel se déroulant dans la cellule) rendant l'évasion d'autant plus vitale à l'équilbire des détenus qui se trouve là une motivation au quotidien, chacuns ayant ses raisons de ne pas aller au bout de sa probable lourde peine. Le déroulement de l'évasion obéit à se même principe réaliste avec un
Becker qui s'attarde longuement sur le moindre détails du plan des prisonniers, que ce soit le début laborieux où ils grattent le sol chacun avec un bout de miroir pendant de longues heures, l'exploration des souterrains et le creusage interminable des tunnels, rien ne nous est épargné. Ca aurait pu donner un spectacle très froid et clinique façon "Un Condamné à mort s'est échappé" de Bresson, mais
Becker crée un groupe de personnage très fort et attachant impeccablement interprété qui suscite l'adhésion d'emblée. Michel Constantin une nouvelle fois parfait en grande gueule obsédé par les femmes, Raymond Meunier en bonne pâte farceuse, Philippe Leroy-Beaulieu glacial et un Jean Keraudy plus vrai que nature en dure à cuire expérimenté, ce qui n'est guère étonnant puisque c'est un ancien co détenu de Jean Giovanni pratiquement dans son propre rôle. Prenant de bout en bout sans que le sens du détail et la dilatation du temps ne provoque l'ennui, une grande réussite avec une des conclusion des plus bluffante et sombre. 5/6