Frank Capra (1897-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Grimmy
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Message par Grimmy »

Broadway Bill de Frank Capra (1934)

Sympathique et très agréable à regarder malgré un sujet peu passionnant (la course de chevaux....) grâce au talent de Frank Capra. On rit souvent, on pleure un peu, bref on ne s'ennuie pas. Et Mirna Loy est tellement belle! (par contre Warner Baxter, heu, pas terrible terrible lui. Je me disais d'ailleurs que les comédiens à cette époque faisaient pas mal "vieux" comparés aux comédiennes qui leur donnaient la réplique.)
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cinephage
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Message par cinephage »

Meet John Doe, de Frank Capra
C'est drôle, bourré de répliques fines et hilarantes. Barbara Stanwick n'est pas encore à son sommet, mais elle incarne déja une femme lucide, roublarde, les pieds sur terre. Cary Grant, lui, est absolument impeccable.
Il est souvent très drôle
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(Par exemple, dans la scène où l'on prend la première photo, et où il doit prendre l'air indigné. Grant nous sert un jeu de grimaces d'un comique absolu.
Les seconds rôles sont, comme souvent dans les films de cette époque, consistants et typés, avec une mention spéciale pour Walter Brennan, qui est, pour le coup, dans l'un de ses meilleurs rôles (en même temps, il a une telle filmographie...). Le comédien qui joue l'industriel véreux (et aux visées politiques) est vraiment remarquable aussi. Je ne crois pas l'avoir vu auparavant, mais je vais regarder ça.

Au final, une comédie civique sans doute plus noire que Monsieur Smith au sénat
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(le happy ending en est à peine un puisqu'on obtient juste que Grant ne se tue pas, avec d'hypothétiques promesses de nouveaux départs...)
, sans doute plus lucide également
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la mise au pas du héros qui veut tout révéler est d'une cruauté et d'une efficacité qui m'a pris par surprise.
Bref, je m'attendais à un Capra "mineur", j'ai eu un film magnifique et touchant, une réflexion qui n'a rien perdu de son actualité, et une comédie dont les meilleurs moments sont purement délicieux.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
bogart
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Message par bogart »

cinephage a écrit :Meet John Doe, de Frank Capra
Cary Grant, lui, est absolument impeccable.
Il est souvent très drôle
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(Par exemple, dans la scène où l'on prend la première photo, et où il doit prendre l'air indigné. Grant nous sert un jeu de grimaces d'un comique absolu.

Effectivement !
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Sauf que le comédien de ce film était Gary Cooper. :fiou:
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Judyline
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Message par Judyline »

L’extravagant Mr. Deeds (Mr. Deeds goes to town) de Frank Capra (1936)
8/10

Un film génial (décidément pour l’instant, je ne découvre que des films géniaux). Gary Cooper dans le rôle de Longfellow (je crois qu’on peut difficilement lui trouver un nom plus approprié, vu sa stature) Deeds, héritier d’une immense fortune appelé à New York. Comme il vient d’un petit village de province, qu’il joue du tuba et qu’il aime la nature, les New Yorkais ont un peu tendance à le taxer de ‘simple d’esprit’. Rien n’est pourtant moins faux !
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La scène du tribunal, où Cooper-Deeds se défend de façon magistrale en prouvant que si il est fou, nous le sommes tous, est mémorable ! Je sens que je vais commencer à observer les tics de tout le monde (à commencer par les miens :) )
Ah, le jour où je rencontre ce monsieur, je ne le lâche plus (si en plus il a des airs de Gary Cooper…). Bah, on peut rêver non ?
Bref, j’ai bien aimé : c’est beau, c’est drôle à certains moments, émouvant à d’autres. Les actes de Deeds pourraient être taxés d’idéalistes ou même de fous, mais il le fait avec tellement de gentillesse… Une gentillesse qui ne cache pas une intelligence certaine (l’un ne va pas necessairement sans l’autre), que seul l’amour mettra en danger.
L’argent ne fait pas le bonheur ? Peut-être pas le sien, mais il peut faire celui des autres…
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Sybille
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Message par Sybille »

Revionnage de deux films de Frank Capra (découvert il y a 1 à 2 ans) :

It's a wonderful life / La vie est belle (1946) :

Quel bonheur de voir ce film merveilleux ! :D On en ressort ému aux larmes, James Stewart est grandiose, les jeux des autres comédiens sont tout autant savoureux, et ce jusqu'au plus petit rôle. L'histoire est d'une humanité incroyable, ici c'est la générosité et la compassion qui l'emporte sur l'intérêt et la jalousie.
Un film qui ressemble à un conte de fée, avec un aspect conférant au fantastique vers la fin. Comme à son habitude, Capra enrobe son film d'une note d'espoir et de confiance en l'homme qui lui est toute personnelle. Un idéaliste ? Sans doute. Une histoire pétrie de bons sentiments ? Certainement. Mais qui a dit que c'était un problème ? Sûrement pas moi en tout cas. Une redécouverte euphorique, peut-être encore plus que lorsque je l'avais vu pour la première fois il y a deux ans. 9/10

Meet John Doe / L'homme de la rue (1941) :


Une journaliste injustement licenciée rédige une fausse lettre de protestation émanant d'un certain John Doe. Pour éviter des troubles parmi la population, la presse décide de mettre en place une supercherie, employant pour cela un joueur de base-ball sans le sou, qui devra alors incarner aux yeux de tous "l'homme de la rue". Très vite, le peuple se prend de passion pour cet homme simple, tandis que les hommes politiques envisagent tout le profit qu'ils peuvent tirer de cette affaire.
Ce film de Capra possède donc une dimension politique et sociale importante, montrant parfaitement l'idéologie de son auteur, où les gens du peuple comptent par-dessus les intérêts d'une minorité souhaitant s'enrichir ou acquérir du pouvoir. Il trace à grands traits les différents personnages, se concentrant davantage sur leurs buts et leurs manoeuvres que sur leurs caractères. Pour cette raison, j'ai trouvé que l'émotion était quasiment absente, même si on a droit à quelques beaux moments, en particulier vers la fin. De même, certains passages sont légèrement humoristiques, mais le ton du film reste plutôt âpre. Les acteurs principaux sont très biens, surtout Barbara Stanwick, qui excelle en journaliste arriviste et dynamique, avant de se rendre compte qu'elle aussi a été dupée. Le film souffre peut-être de certaines longueurs, lors des discours ou des scènes de foule par exemple, mais il reste un bon exemple de la vision du monde que Capra tente de faire partager à ses spectateurs. 7/10

Je trouve toujours ces deux films très biens. J'ai été encore plus enballée par "It's a wonderful life" que la première fois, tandis que je gardais un meilleur souvenir de "Meet John Doe", mais je ne suis pas déçue pour autant :D .
Alligator
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Frank Capra (1897-1991)

Message par Alligator »

Meet John Doe (L'homme de la rue) (Frank Capra, 1941) :
7.5/10
_______________

Image

Un Capra sauce morale politique. Il me fait penser énormément au Mr Smith au sénat... très orienté politique, mais d'une naïveté confondante. C'en devient touchant parce que ce cinéaste respire l'humanisme. L'humanité dont font preuve tous ses personnages du n°1 au quelconque figurant. Des trognes pleines de bonhommie, d'amour ou de candeur. On ne peut pas lui en vouloir.

Et puis pour sauver totalement le soldat Capra, il faut souligner (en a-t-il réellement besoin, tant cela est criant?) la somptueuse mise en image. Certains plans sont à tomber. Il s'en dégage quelques moments d'une profonde poésie, conférant au discours moraliste une sorte d'armure, un habit de lumière diaphane, une aura de fable, de conte pour enfants. Ces enfants, les américains des années 30-40, pouvaient complètement s'identifier à ce John Doe et par conséquent croire au discours de Capra. De nos jours, je suis moins sûr que ce film aurait des chances de ne pas tomber dans le ridicule. Encore que... Sinon, ce doit être ça... "vieillir", pour un film.

Capra n'a besoin de personne pour se sauver. Outre sa magnifique mise en image, ses inventions, sa photographie, il embarque dans son délire candide de très bons comédiens. Celui qui m'a le plus étonné et enthousiasmé c'est Gary Cooper, dont la vaste étendue de talents éclabousse l'écran du début à la fin. Large gamme. Puissance. Majesté même. Il y a quelque chose de John Doe dans cette pourtant grande masse. Quelque chose dans le regard. Une fuite, une timidité et une douceur que l'on peut voir comme un grand don de soi. Une prise de risque immense pour ce gaillard à cette époque? En tout cas, je trouve cette idée de casting, Cooper en Doe, immense et incroyablement réussie. Rien que pour ça, bravo.

Au final, oui le scénario est presque puéril, un peu niais même, tout aussi improbable qu'un film de sf, mais pour rien n'au monde je ne me suis senti agressé par cette crédulité qui ne m'est apparue que comme une franche et sincère démonstration de l'innocence du cinéma de Capra.
Dernière modification par Alligator le 12 oct. 08, 20:27, modifié 1 fois.
Nomorereasons
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Message par Nomorereasons »

Il est fort possible que tout cela soit niais et puéril, mais l'innocence confondante de Capra ne vient pas seule contrebalancer la naïveté de ses films.
J'ai eu une petite discussion à dvdpascher (sous le nom de John Burns) au sujet de l'érotisme extraordinaire de Capra le catholique prude et humaniste; voilà ce que ça donne en gros:
Spoiler (cliquez pour afficher)
Mais au milieu de ces péripéties une scène très gaie m'a particulièrement plu dans "L'homme de la Rue", cela se passe dans une chambre d'hotel où Gary Cooper est en train d'attendre; à un moment il repère une petite statue de femme nue, la prend dans ses mains. C'est à cet instant précis que Barbara Stanwick entre dans la pièce et Cooper, confus, repose précipitemment la statuette - et au spectateur d'apprendre "en temps réel", grâce à cette superposition comique et aussi au fond très érotique, que Gary Cooper-John Doe est tombé amoureux de la journaliste...
Tous les films de Capra (du moins tous ceux que j'ai vus: New-York Miami, L'Homme de la Rue, et dans une moindre mesure Mr Smith au Sénat et La Vie est belle) possèdent ce potentiel érotique très énivrant...
Quoique la scène du téléphone dans La Vie est Belle soit assez torride également !...
Alligator
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Message par Alligator »

Ah oui, délicieux moment et effectivement ô combien finement allégorique.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

L'homme de la rue est une magnifique fable dont la supposée "naïveté" n'est que le reflet de Capra d'une profonde amertume dans la vie américaine de son époque et que l'outil du cinéma est le seul à pouvoir triompher avec une forte utilisation de l'utopie et de l'optimisme contre des maux qui continuent à rester concrets.

Rien de "vieux", mais au contraire une puissance d'émotion inaltérable et une mise en scène d'une parfaite constance, avec un Gary Cooper magistral !

Superbe !
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angel with dirty face
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Message par angel with dirty face »

A la lecture très intéressante de ces avis, il serait plus logique de donner comme titre à cette rubrique "Meet John Doe (ou L'homme de la rue) - Frank Capra" au lieu de "Frank Capra"...
Alligator
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Message par Alligator »

Etant donné qu'il n'y a pas d'autres topics généraux sur Capra (à part un top), il m'avait semblé bon d'en créer un. Rien n'interdit de produire des opinions sur d'autres films de ce cinéaste. Sauf si on le réduit à une discussion sur L'homme de la rue.
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Message par allen john »

Alligator a écrit :Etant donné qu'il n'y a pas d'autres topics généraux sur Capra (à part un top), il m'avait semblé bon d'en créer un. Rien n'interdit de produire des opinions sur d'autres films de ce cinéaste. Sauf si on le réduit à une discussion sur L'homme de la rue.
Nous ferons en sorte que cela ne se réduise pas à une discussion sur L'homme de la Rue... Cela étant, Alligator, j'aime la façon dont tu abordes le film, avec mordant :mrgreen: , et il me semble important d'attaquer frontalement(Et à pleines dents :uhuh: ) un film de Capra, en en reconnaissant la candeur. Par les temps bien cyniques que nous traversons, Capra, et Borzage, ces deux éternels gamins, ont moins bonne presse qu'un Hawks, jugé plus moderne. Mais la sincérité d'un Capra, dans ses films politiques en particulier, me semble rafraichissante, surtout lorsqu'on voit ce que les Républicains d'aujourd'hui ont fait de l'idéal politique qui motivait tous ces gens dans les années 30 et 40: Capra, mais aussi Cooper et Stewart étaient tous des Républicains convaincus, mais leurs films humanistes se situent à des années lumière de la politique Américaine actuelle. Et pourtant ils fonctionnent, tant bien que mal...
Un autre aspect, et là je ne parle pas de Meet John Doe, mais de Capra en général, un autre aspect disais-je qu'il est important de mentionner, c'est la technique, le savoir-faire de Capra, et son expérimentalisme: les trucs les plus délirants qu'il a pu inventer ou utiliser pour pallier à ses petits budgets(La Columbia n'était pas riche), la dynamique de sa mise en scène à deux caméras et le rythme qui en résulte(Surtout dans Mr Smith et Meet John Doe, les scènes de bureau ou 10 personnages parlent en même temps évitent systématiquement le chaos), tout ça nous rapproche finalement du meilleur des années 30.
Oui, Alligator a raison, il faut revenir sur Capra, et tant pis s'il agace certains, il a fait du cinéma généreusement, et je crois qu'il nous a beaucoup donné.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Attention à ne pas réduire Capra à la "candeur" qui semble se dégager d'une grande partie de ses films. En fait, cette candeur, cette (fausse) innocence est un contrepoint, un réflexe de vie, face à un pessimisme et à une lucidité tournée en dérision. Cette générosité découle d'un combat de tous les instants contre la tentation du cynisme, c'est la marque d'un vrai dépressif conscient de sa condition.
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Message par allen john »

Roy Neary a écrit :Attention à ne pas réduire Capra à la "candeur" qui semble se dégager d'une grande partie de ses films. En fait, cette candeur, cette (fausse) innocence est un contrepoint, un réflexe de vie, face à un pessimisme et à une lucidité tournée en dérision. Cette générosité découle d'un combat de tous les instants contre la tentation du cynisme, c'est la marque d'un vrai dépressif conscient de sa condition.
Cette (tentation de la)dépression apparait au grand jour dans la tentation du renoncement, véritable thême qui est un ressort dramatique fréquent chez lui(Meet John Doe, Smith, Deeds, Lost Horizon, It happened one night, State of the Union, You can't take it with you ont tous leurs moments ou il conviendrait pour l'un des personnages d'être raisonnable, c'est à dire de renoncer à ses idéaux, ses illusions, voire sa folie: jusqu'ou Shangri-la, par exemple, existe-t-il vraiment? N'est-ce pas un espace mental dans la tête du diplomate de Lost Horizon?
Mais le recours au happy ending est beaucoup plus qu'une convention de narration, elle est chez lui l'expression d'une espérance, l'affirmation du désir d'un monde ou cette résolution des problêmes est possible.
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Watkinssien
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Message par Watkinssien »

Roy Neary a écrit :Attention à ne pas réduire Capra à la "candeur" qui semble se dégager d'une grande partie de ses films. En fait, cette candeur, cette (fausse) innocence est un contrepoint, un réflexe de vie, face à un pessimisme et à une lucidité tournée en dérision. Cette générosité découle d'un combat de tous les instants contre la tentation du cynisme, c'est la marque d'un vrai dépressif conscient de sa condition.
Nous disons la même chose en écrivant des mots différents ! :wink:
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