Bon, en ce qui me concerne et même si je suis loin de tout connaître de Capra, y'a pas photo ou plutôt, comme aux courses, je demande la photo pour départager les grands vainqueurs. Car je mets quasi ex-aequo tout en haut de l'Olympe du merveilleux cinéaste italo-américain :
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La blonde platine (
Platinum Blonde) 1931 : parce qu'il m'a scié par son ton d'une folle liberté, que Loretta Young me fait totalement craquer et qu'il y a un météore absolu, un jeune acteur à la pêche d'enfer, au bagout irrésistible et au jeu d'un dynamisme et d'un naturel qui n'ont rien à envier à ceux des jeunes Gabin, Depardieu ou Dewaere. Il s'appelait Robert Williams et décéda d'une stupide appendicite juste à la sortie du film. Le cinéma connut une immense perte ce jour-là.
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Vous ne l'emporterez pas avec vous (
You can't take it with you) 1938 : parce que comme l'a si bien écrit Cary Grant's lover, ce film est complètement, génialement, absurdement fou, foutraque, azimuté, brindezingue, délirant ! Qu'il fait rêver d'appartenir à une telle famille foldingue (j'en ai connu quelques-unes qui n'en était pas loin et c'était pas ennuyeux
). Et que j'ai vraiment été enchanté de découvrir qu'un cinéaste d'aujourd'hui avait su retrouver la formule alchimique de cette atmosphère aussi irréelle qu'un dessin animé en live ou un monde réel enfermé dans une boule à neige (très) agitée. Je veux bien sûr parler de Wes Anderson.
(Les manieurs de feux de joie réunis derrière le maître-artificier)
La vie est belle est un film littéralement angélique qui contient des scènes à faire fondre la banquise et briser le coeur artificiel d'un robot mais je crois qu'il faut le revoir à petite dose (pas comme les Américains chez qui il passe traditionnellement chaque fin d'année à la télévision). Pour éviter d'être déçu par certains aspects désuets, comme un trop-plein de bons et généreux sentiments, bref, l'angélisme justement (toute la p'tite famille idéale réunie sous le sapin de Noël etc.). J'ai presque honte d'écrire ça tellement je trouve James Stewart, Donna Reed et le tonitruant Barrymore fabuleux dans ce film,et parce que la première fois où je l'ai vu, j'avais du brouillard de flotte dans l'oeil et que j'avais eu envie d'applaudir lors de la séquence de la piscine amovible et de l'accroc de la robe dans le buisson
. Et puis comment oublier que ce film correspond à la sortie de la guerre et au retour de Stewart, une des rares stars hollywoodiennes à avoir réellement donné de sa personne (avec notamment Gable) et mis sa carrière sur le mode pause durant cette sinistre période. Sûr qu'il avait du doublement goûter et le film et son titre.
Et j'ai très envie de revoir deux de ses films plus rares découverts (une fois de plus) grâce à Patrick Brion :
State of the Union (avec l'indémodable couple Tracy-Hepburn) et
The bitter tea of General Yen (j'adore ce titre très "pulp").
Pour finir, je plussoie les avis précédents concernant
Arsenic & vieilles dentelles, qui a très mal vieilli et sent de plus en plus le théâtre du samedi après-midi pour un bienveillant public aux tempes argentées. Il m'avait pourtant beaucoup fait rire tout gamin ce qui prouve bien que le grand âge est souvent un retour à l'état d'enfant.