René Clément (1913-1996)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Dale Cooper
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Dale Cooper »

Diane, je me demandais comment pouvais-je expliquer le forum à mes collègues du Bureau. Ça y est. J'ai trouvé une citation qui résumerait globalement l'idée.
Commissaire Juve a écrit :En fait, j'ai passé un bon moment à regarder l'imperméable blanc et les robes blanches de Marlène et à me dire : " 'tain, si ça sortait en BLU, ils seraient fichus de mettre du jaune partout !"
Rashomon
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Rashomon »

Tatave très énervé:
J’ai été très énervé par un paragraphe critique dans DVD CLASSIK sur LES MAUDITS où Clément est incorporé de force dans « la tradition de la qualité française ». « Par cette appellation, [François Truffaut] distingue un cinéma mis en scène de façon conventionnelle et sans réelle ambition. Un cinéma de studio, piloté par la production et l’écriture scénaristique. » Sans ambition, le cinéma de Clément et notamment LES MAUDITS, film incroyablement audacieux avec un seul personnage auquel on peut se rattacher, évoquant l’après-nazisme au moment où ce sujet est évacué par les Américains, obsédés par l’anticommunisme ? Sans ambitions, LA BATAILLE DU RAIL, MONSIEUR RIPOIS, JEUX INTERDITS ? En studio, ces films auxquels on peut ajouter PLEIN SOLEIL, AU-DELÀ DES GRILLES ? Je pensais que ces guerres de religion avaient cessé mais on trouve toujours des amateurs de vendetta qui s’y livrent sans savoir ce qui l’a déclenchée.
http://www.tavernier.blog.sacd.fr/duviv ... mentaires/
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Jeremy Fox
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Jeremy Fox »

Voir topic dédié à son blog dans la section tout en haut du forum. On en cause déjà activement là bas.
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Thaddeus
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Thaddeus »

Image


La bataille du rail
À l’initiative d’Henri Alekan, Clément est chargé par la Coopérative générale du film français et diverses associations de résistance de réaliser ce long métrage mêlant documentaire et fiction, pathos "eisensteinien" et épopée, acteurs et non-professionnels, à la gloire des cheminots qui s’étaient dressés contre l’Occupant. Le thème d’actualité, les héros populaires, le gris lisse de la photographie concourent à une sorte de néoréalisme à la française, mais le film, grand triomphateur du premier festival de Cannes, reste prisonnier d’un regard sans doute encore trop marqué par le conflit : les Allemands y sont tous bêtes et méchants, et la Résistance un front uni, sans femme, sans collaborateur, conforme à l’image d’Épinal et à une légende que le cinéma hexagonal mettra longtemps à bousculer. 3/6

Les maudits
L’idée de départ est ingénieuse : enfermer dans un sous-marin allemand fuyant la Norvège vers l’Amérique du Sud la fine fleur de la Wehrmacht, de la Gestapo et de la collaboration européenne à la veille de la défaite du Reich. Ce qui revient à filmer en un huis-clos flottant comment la haine et la peur opposent ces personnages, spécimens d’humanité peu recommandables, au point de les faire s’entretuer après l’annonce de la capitulation nazie. Comme dans La Bataille du Rail, l’aventure fictionnelle est dictée par une certaine rigueur d’exposition, une sécheresse de ton où se reconnaît l’école du documentaire. Et le sens du détail exact, de la notation précise dont témoigne Clément, ainsi que le défi de mise en mise que représente cet espace confiné, sont soutenus par le dialogue net et sobre de Jeanson. 4/6

Jeux interdits
Une guitare qui pleure, et toute la France pleure avec elle. Le leitmotiv musical de Narcisso Yepes est à jamais associé à l’impact populaire de cette chronique paysanne. Pour caractéristique qu’elle soit, sa charge émotionnelle ne doit pas occulter la justesse du regard posé sur ces enfants traumatisés par la guerre : à la fois pervers et innocents, tendres et menteurs, Paulette et Michel ont un point de vue critique sur des adultes indifférents aux malheurs du monde. Clément convainc par la finesse psychologique de son approche, par sa peinture sociale qui fait jauger sans complaisance une France rurale délibérément noircie, par l’évidence avec laquelle il se glisse dans l’imaginaire d’un âge plus tout à fait inconscient, et, bien sûr, par l’intensité de ce qu’il tire de ses deux très jeunes acteurs. 4/6

Monsieur Ripois
Qui est vraiment André Ripois ? Un séducteur, bien sûr. Mais que recherche-t-il auprès des ses conquêtes ? Le plaisir ? Sans doute. L’oubli de soi ? Qui sait. La sécurité ? Assurément. Peut-être même cette dépendance totale qu’il désire tout en la fuyant. Le cinéaste n’aime ni ne hait son personnage, qu’il épie sans jamais révéler quand il ment et quand il est sincère, et qu’il renvoie tantôt à son ambigüité, tantôt à l’insignifiance de ses justifications. Ainsi le donjuanisme, le maquereautage et la condition peu enviable du gigolo sont présentés comme des variations possibles du libertinage, le long d’une comédie de mœurs qui égratigne avec une élégante désinvolture le conformisme féminin et témoigne de manière caractéristique de l’appétence si française pour l’analyse psychologique et la maxime morale. 4/6

Plein soleil
Réalisée à contre-courant au moment où la Nouvelle Vague préconisait l’écriture relâchée et le dédain du scénario serré, cette adaptation rigoureuse du roman de Patricia Highsmith manifeste une maîtrise et un sens du suspense tout hitchcockiens. De grands fauves matois s’y observent, se jaugent, se manipulent, se trompent les uns les autres à la faveur d’un jeu délicieusement pervers et troublant qui fait la part belle à l’attrait du mystère et à la toxicité du non-dit. Tout ici relève d’un brio stimulant l’imagination et concourant à l’envoûtement du spectateur : la somptueuse photographie de Decae qui magnifie le bleu de l’océan et celui des yeux des personnages, l’intelligence d’une mise en scène en accord avec l’ambigüité psychologique des motivations, le jeu des acteurs qui rivalisent de séduction. 5/6

Les félins
Au départ, un scénario assez invraisemblable de série noire à base de gangsters très méchants qui disparaissent puis reviennent, de jolies filles à l’air bête mais malignes comme des chouettes, de jeune premier qui semble intelligent mais s’avère le dindon de la farce, de tiroirs secrets, de malles à double fond, de pièges, de mensonges, de miroirs sans tain et autres suavités toxiques. Refusant le jeu de l’économie, renouant avec la perversité claire-obscure de Plein Soleil, Clément apporte une sorte d’énorme plus-value baroque à cette salade niçoise, quelque chose comme un suspense ironique, grinçant et absurde autour de la liberté illusoire, de la hantise de la claustration et de l’individu prisonnier de son destin. Quant à Jane Fonda, mi-baby-doll mi-mante religieuse, elle est aussi affolante que fatale. 5/6

Paris brûle-t-il ?
Quatre ans après Le Jour le plus long, Clément disposa d’un prestigieux parterre de stars et d’importants moyens pour tenter, sur un scénario de Vidal et Coppola, de créer en France un cinéma d’inspiration officielle et commémorative. Le recul du temps accentue les contradictions de cette impersonnelle mais vibrante page d’Histoire, qui évacue les traumatismes d’août 1944 et prolonge vingt ans après la geste gaulliste. Éclatée entre une première partie narrant les agissements précipités et prématurés de Rol-Tanguy et une seconde où le beau rôle est tenu par le 2ème DB de Leclerc et les Américains de Bradley et Patton, l’épopée de la libération de Paris y est cependant toujours mesurée à l’aune des trajectoires individuelles, cherchant à marier la masse et le détail, à faire valoir l’individu au cœur du collectif. 4/6


Mon top :

1. Plein soleil (1960)
2. Les félins (1964)
2. Jeux interdits (1952)
4. Monsieur Ripois (1954)
5. Les maudits (1947)

Technicien froid et sans conscience pour certains, le plus grand cinéaste français, ou presque, pour d’autres. La vérité se situe bien évidemment entre les deux affirmations, et si ces quelques films ne révèlent sans doute pas un tempérament de génie, ils témoignent de qualités d’exécution et d’un sens de la direction d’acteurs assez remarquables.
Dernière modification par Thaddeus le 2 août 23, 12:32, modifié 4 fois.
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Commissaire Juve
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Commissaire Juve »

C'était en août 2013.
Commissaire Juve a écrit :
bruce randylan a écrit :...

La château de verre (1950)
Beaucoup aimé ce film à l'ambiance romantique porté par un style volontairement artificiel que certains ont pu rapprocher à Cocteau (renforcé par la présence de Jean Marais). Il y a un lyrisme très étrange à la fois littéraire, sensuel, poétique, tendre avec un regard qui tient par moment de l'étude de mœurs. L'histoire en elle-même n'est pas forcément crédible mais les acteurs et la réalisation inspirée de Clément font que j'ai marché sans problème.
Et puis la fin est tout de même sublime avec ce flash-forward incroyable qui est une idée vraiment poignante et tragique. Une fulgurance émotionnelle qui m'a laissé KO. :D ...
Oui, la fin est "gloups !" Mais depuis que tu as parlé de "flash forward", je n'arrive plus à visualiser (le "flash forward", hein). Va falloir que je re-sorte le DVD. :mrgreen:
Je viens de me le repasser. Toujours aussi sympa. Et le Gaumont "à la demande" tient bien la route en upscalé. On arriverait presque à s'en satisfaire. :mrgreen:

Michèle Morgan (30 ans) y est très classe (comme souvent). Mais Elina Labourdette (31 ans) avait du chien (le sourire, les yeux malicieux). Les quelques secondes où on la voit refouler sa colère ; excellent.

Il y a quelques jours, je me suis aussi refait Aux yeux du souvenirs (Jean Delannoy, 1948)... également avec Marais et Morgan (moins top, techniquement parlant).
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Jeremy Fox
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René Clément (1913-1996)

Message par Jeremy Fox »

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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Thaddeus »

Pour info, il existait déjà un topic consacré au réalisateur.
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Jeremy Fox »

Merci ; je me disais aussi.

Et sinon entre temps vu ce Quelle joie de vivre et en total accord avec la chronique de Profondo rosso
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cineberry
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par cineberry »

Très chouette film. J'espère une réédition car l'édition Opening vendue avec Dancing machine est immonde.
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Commissaire Juve
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Commissaire Juve »

Père Jules a écrit : 3 août 15, 11:21
bruce randylan a écrit :La course du lièvre à travers les champs (1971)
Le genre de film casse-gueule et atypique qu'on a envie de défendre...
C'est exactement ça. Un film que je fantasmais depuis longtemps mais qui m'a finalement déçu.
Je me suis repassé le film hier et... oh la vache ! Henri Chapier avait parlé de "Western frites",
mais je dirais plutôt "Western Cannabis", un truc de drogué sans queue ni tête,
un beau gaspillage de talents (au pluriel).

J'aime bien Léa Massari, mais j'ai surtout été fasciné par Tisa Farrow, par sa vague ressemblance
avec la petite fille jouée par Emmanuelle Béart (au point qu'on pourrait la prendre pour sa mère dans
la vraie vie).
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Je me suis même dit que si "soeur Emmanuelle" n'avait pas eu l'idée saugrenue de se
faire charcuter la bouche, elle aurait pu être aussi jolie.

Incidemment : l'image du vieux DVD passe vraiment très bien en upscalé 4K.
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Jeremy Fox
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Jeremy Fox »

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Re: René Clément (1913-1996)

Message par Jeremy Fox »

halford66
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Re: René Clément (1913-1996)

Message par halford66 »

Je viens de revoir le passager de la pluie sur Ciné + et je me pose une question sur la voix française de Charles Bronson.

Sur la page française de Wikipedia il est indiqué qu'il est doublé par un certain John Barry.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Le_Passager_de_la_pluie

Alors que sur la page anglaise il est indiqué que Charles Bronson s'est doublé lui-même en apprenant phonétiquement son texte.

https://en.m.wikipedia.org/wiki/Rider_on_the_Rain

Alors qui dit vrai?

Le montage français dure 4 minutes de plus que le montage US mais impossible de connaître les différences,je n'ai rien trouvé même sur movie censorship?
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