Je trouve au contraire que son dernier film est un échec au vue de ses ambitions; celles d'être moderne, d'établir le trouble entre le couple que forme Terzieff avec la jeune femme. Un film qui se veut mystérieux mais qui tourne beaucoup à vide.Sergius Karamzin a écrit :Chacun renfonçant son clou, je ne suis pas fan du film, pour moi ses deux grandes réussites sont "Le corbeau" et son dernier film "La prisonnière"... sublime.
Henri-Georges Clouzot (1907-1977)
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Je trouve le film fascinant, l'emprise de Terzieff sur sa proie énorme. Je me suis senti "femme" et "objet" dans ce film, j'avais envie d'être dominée, je crois que ressentir de telles choses en étant hétérosexuel convaincu suffit à crédibiliser sa force.
D'autre part les images sont superbes, les idées formelles mutiples (les rails, le jeu de clignement d'yeux, la fin rouge stroboscopique). c'est un film énorme, entre sexualité perverse et expéritmetation formelle. Un bijou à mes yeux.
D'autre part les images sont superbes, les idées formelles mutiples (les rails, le jeu de clignement d'yeux, la fin rouge stroboscopique). c'est un film énorme, entre sexualité perverse et expéritmetation formelle. Un bijou à mes yeux.
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C'est la première fois que je lis un avis aussi positif sur le dernier Clouzot, Sergius...Sergius Karamzin a écrit :Je trouve le film fascinant, l'emprise de Terzieff sur sa proie énorme. Je me suis senti "femme" et "objet" dans ce film, j'avais envie d'être dominée, je crois que ressentir de telles choses en étant hétérosexuel convaincu suffit à crédibiliser sa force.
D'autre part les images sont superbes, les idées formelles mutiples (les rails, le jeu de clignement d'yeux, la fin rouge stroboscopique). c'est un film énorme, entre sexualité perverse et expéritmetation formelle. Un bijou à mes yeux.
Sans détester le film, je le juge relativement inférieur à toute la production du cinéaste. On sent une nette baisse de régime, ça ne fait plus un ensemble aussi maîtrisé que par le passé... il était un peu en roue libre, Clouzot, depuis ses problèmes avec L'ENFER... ceci dit, pour l'époque, il avait réussi à faire quelque chose d'assez gonflé, et c'est par moments limite avant-gardiste, comme film... je le juge plus comme une curiosité que comme un film réellement majeur de ce grand réalisateur.
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Ouh la, ce sont de vieux souvenirs de lecture. Je crois bien que c'est Chabrol qui racontait ça dans un entretien. Clouzot avait la réputation d'être un tyran, aussi bien à la maison que sur un plateau de tournage, et d'être maladivement jaloux (ne pas oublier qu'il est le scénariste de l'Enfer [1964], dont il n'a réalisé je crois que des bouts d'essai et que Chabrol a mis en scène en 1994 : film à coloration autobiographique, j'entends sur un plan fantasmatique ; se souvenir aussi du climat paranoïaque des Espions, que je trouve personnellement assez ridicule, mais ceci est une autre histoire).noar13 a écrit :ah bon ? raconte stp
Bref, il paraît qu'il tyrannisait la pauvre Vera, et qu'il était particulièrement dur avec elle sur les tournages. Je me souviens de mon malaise devant tel plan du Salaire de la peur où il filme de manière assez avilissante son épouse se tortillant le popotin en lavant le plancher. Ce plan, tout poisseux de misogynie égrillarde, m'est toujours resté en travers de la gorge. On ne filme pas ainsi la femme qu'on aime.
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Buñuel sors tout de suite de Clouzot !Bartlebooth a écrit :Ouh la, ce sont de vieux souvenirs de lecture. Je crois bien que c'est Chabrol qui racontait ça dans un entretien. Clouzot avait la réputation d'être un tyran, aussi bien à la maison que sur un plateau de tournage, et d'être maladivement jaloux (ne pas oublier qu'il est le scénariste de l'Enfer [1964], dont il n'a réalisé je crois que des bouts d'essai et que Chabrol a mis en scène en 1994 : film à coloration autobiographique, j'entends sur un plan fantasmatique ; se souvenir aussi du climat paranoïaque des Espions, que je trouve personnellement assez ridicule, mais ceci est une autre histoire).noar13 a écrit :ah bon ? raconte stp
Bref, il paraît qu'il tyrannisait la pauvre Vera, et qu'il était particulièrement dur avec elle sur les tournages. Je me souviens de mon malaise devant tel plan du Salaire de la peur où il filme de manière assez avilissante son épouse se tortillant le popotin en lavant le plancher. Ce plan, tout poisseux de misogynie égrillarde, m'est toujours resté en travers de la gorge. On ne filme pas ainsi la femme qu'on aime.
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Assez allergique en effet.Solal a écrit :Totalement allergique à Clouzot ? C'est rare ça.
Même le superbe Quai des orfèvres ?
De lui, je n'aime vraiment que l'Assassin habite au 21, que je revois toujours avec plaisir. J'avais aussi apprécié la Vérité, qui a bien résisté à l'outrage du temps.
Quai des orfèvres ne m'avait pas convaincu, mais je lui redonnerai volontiers sa chance lors d'une prochaine diffusion à la tivi.
Les Diaboliques, hormis le plan grandiose de Meurisse "ressuscitant" dans la baignoire, ne m'a pas convaincu davantage : je vois toutes les ficelles de mise en scène, les effets appuyés pour susciter un climat d'angoisse, etc. Tout ça me paraît bien artificiel.
Pour les Espions, j'en pense autant de mal que MacLean ici. Comme disait méchamment mais drôlement Henri Jeanson, "Clouzot a fait kafka dans sa culotte."
Je reconnais une certaine puissance au Salaire de la peur, mais sa vision du monde plus noirâtre que noire, sa misanthropie poseuse, sa unhappy end plaquée par principe parce-qu'il-faut-que-ça-finisse-mal-et-que-personne-ne-s'en-sorte (ah, la Fatalité, le Destin, tout ça) me semblent justifier tout le mal qu'on a dit (souvent de manière excessive et sans se soucier de faire le détail, polémique d'époque oblige) de la qualité française.
Je suis néanmoins curieux de découvrir Manon, ne serait-ce que parce que Jean Ferry en a signé le scénario.
Bon, je réponds à la question parce que tu la poses, mais je ne souhaite nullement lancer une polémique ni froisser inutilement les admirateurs sincères du cinéaste. La qualité française a certes produit bien pire (Delannoy...), et il entre certainement dans mon "aversion" un manque d'atomes crochus.
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Je ne pense pas que l'on puisse crier au blasphème : tes avis restent modérés et respectueux. Je partage en grande partie ton sentiment mais je ne me considère pas pour autant comme allergique au bonhomme : j'ai trop d'admiration pour Quai des Orfèvres (qui mérite vraiment une seconde chance), L'assassin habite au 21 ou Le corbeau (que tu as zappé).Bartlebooth a écrit : De lui, je n'aime vraiment que l'Assassin habite au 21, que je revois toujours avec plaisir. J'avais aussi apprécié la Vérité, qui a bien résisté à l'outrage du temps.
Quai des orfèvres ne m'avait pas convaincu, mais je lui redonnerai volontiers sa chance lors d'une prochaine diffusion à la tivi.
Les Diaboliques, hormis le plan grandiose de Meurisse "ressuscitant" dans la baignoire, ne m'a pas convaincu davantage : je vois toutes les ficelles de mise en scène, les effets appuyés pour susciter un climat d'angoisse, etc. Tout ça me paraît bien artificiel.
Pour les Espions, j'en pense autant de mal que MacLean ici. Comme disait méchamment mais drôlement Henri Jeanson, "Clouzot a fait kafka dans sa culotte."
Je reconnais une certaine puissance au Salaire de la peur, mais sa vision du monde plus noirâtre que noire, sa misanthropie poseuse, sa unhappy ending plaquée par principe parce-qu'il-faut-que-ça-finisse-mal-et-que-personne-ne-s'en-sorte (ah, la Fatalité, le Destin, tout ça) me semblent justifier tout le mal qu'on a dit (souvent de manière excessive et sans se soucier de faire le détail, polémique d'époque oblige) de la qualité française.
Je suis néanmoins curieux de découvrir Manon, ne serait-ce que parce que Jean Ferry en a signé le scénario.
Bon, je réponds à la question parce que tu la poses, mais je ne souhaite nullement lancer une polémique ni froisser inutilement les admirateurs sincères du cinéaste. La qualité française a certes produit bien pire (Delannoy...), et il entre certainement dans mon "aversion" un manque d'atomes crochus.
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Ah oui, oublié. Ben, sentiment analogue à celui que m'inspire le Salaire : misanthropie factice et comme plaquée, typage artificiel des personnages, un peu comme dans certaines mauvaises pièces de Sartre ou d'Anouilh (ouh la, qu'est-ce que je vais prendre). Cependant, dans le contexte de sa sortie, je comprends que le film ait été un choc (en tant que métaphore de l'occupation et de son climat de suspicion et de délation généralisée).Solal a écrit :...ou Le corbeau (que tu as zappé).
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Mais, compte tenu du jeu sur le clair/obscur et son progressif déplacement, ça me semble cohérent. Autrement dit, discours (un peu) forcé et contraste soutenu font plutôt bon ménage ici je trouve et se répondent élégamment. Sinon, je comprends bien ce que tu ressens mais ne le perçois que plus tardivement dans son oeuvre.Bartlebooth a écrit : misanthropie factice et comme plaquée, typage artificiel des personnages
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J'abonde dans ton sens... heureusement, même, qu'il y a un côté un peu artificiel d'une certaine manière.Solal a écrit :Mais, compte tenu du jeu sur le clair/obscur et son progressif déplacement, ça me semble cohérent. Autrement dit, discours (un peu) forcé et contraste soutenu font plutôt bon ménage ici je trouve et se répondent élégamment. Sinon, je comprends bien ce que tu ressens mais ne le perçois que plus tardivement dans son oeuvre.Bartlebooth a écrit : misanthropie factice et comme plaquée, typage artificiel des personnages