Budd Boetticher (1916-2001)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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daniel gregg
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par daniel gregg »

kiemavel a écrit :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Jeremy Fox a écrit :

On attend néanmoins encore de pied ferme Le courrier de l'or
Oui, j'ai vu que tu écrivais "le moins bons des B...mais excellent". Entièrement d'accord sauf que je dirais seulement AB mais peu importe. Pour quelqu'un qui n'aurait jamais vu de films de Boetticher comme c'est le cas
de tindersticks, il y en a une petite dizaine au bas mot à voir avant celui là, et çà -je radote- c'est vraiment du bol. D'autre part, si pour tous les cinéastes de ce calibre là il ne restait plus qu'un film important ou deux
à éditer en DVD, ce serait le paradis terrestre mais moi j'y crois (Faut dire que je picole presque autant que John Ford et Raoul Walsh réunis)
Ah ben voilà, tout s'explique.
kiemavel
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par kiemavel »

daniel gregg a écrit :
Ah ben voilà, tout s'explique.
Ah ben voilà, Y va êtes content mon Daniel, la 3ème sollicitation aura été la bonne mais honnêtement (je te le dis gentiment), çà ne va pas m'amuser longtemps surtout si tu poursuis avec des sorties aussi peu inspirées, presque tristes, typique des buveurs d'eau. Faut quand même que je m'appuie sur quelque chose (et ne me dis pas que c'est parce que je suis sans aspérités, je préfère que tu m'insultes. Bon sang, y'a de quoi faire pourtant, y compris "contre" moi).

Enfin, bref, une fois çà va mais pas plus d'autant que je suis maintenant sur 2 fronts depuis l'ouverture du sujet sur les films d'aventure. Et toi alors ? Comment çà va ? çà avance le Topic Film Noir ? Il y a 6 mois tu t'es lancé dans un truc méga ambitieux, 300 ou 400 titres à critiquer dans un Topic que je suis avec passion, des étoiles plein les mirettes (je ne déconne qu'à moitié parce quand tu ne fais pas ton fumiste il est intéressant de te lire)...Et puis là, je m'absente quelques mois et qu'est ce que je découvre...Tu n'as rien foutu. En même temps tu peux pas être partout. Si tu passes ton temps à régler des comptes aux 4 coins du forum, à jouer du clin d'oeil un message sur 2 ou à contacter les membres de la Dream Team "Et vous savez quoi, Jurieux l'aviateur, Jurieux le #@! , Le professeur Fate is back. Qu'est ce qu'on fait ? ". Y'a tellement mieux à faire, même pour toi. Sérieusement, même plus pour toi que pour moi. Je ne suis qu'un plouc autodidacte (Oui, le vrai plouc, bottes en caoutchouc, sécateur, tracteur et tout) et j'ai parfaitement conscience que mes textes sont loin de valoir ceux que l'on peut lire dans des Topics comme celui que tu as initié, mais j'espère que je compense un peu par une sincérité absolue, car je dois beaucoup au cinéma, et moi -comme je te l'ai déjà dit- "J'aime vraiment le cinéma".

Pour finir, si le Noir t'intéresse encore, jette un oeil au topic "Raretés du noir" car tu vas avoir un choc (et comme on dit chez les ploucs, prends en de la graine), une rafale de titres vont y apparaitre en quelques jours . 1ère et dernière sortie sur ce thème.
Pat Wheeler
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Pat Wheeler »

Jeremy Fox a écrit :
kiemavel a écrit :
çà n'a rien de regrettable...Ce serait même plutôt du bol :wink: ...Ce qui serait inquiétant ce serait de ne pas en avoir envie après les éloges justifiés que tu peux lire par ici. Fonce pardi ! Surtout que pour ce
cinéaste on a la chance d'avoir l'essentiel de son oeuvre à disposition, la plupart des indispensables sont en effet sortis en dvd ce qui n'est pas hélas le cas d'autres cinéastes qui mériteraient le même traitement.

On attend néanmoins encore de pied ferme Le courrier de l'or
Ainsi que certains de ses thrillers comme le très bon The Killer is Loose ou l'intéressant The Rise and Fall of Legs Diamond.
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Père Jules
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Père Jules »

Pat Wheeler a écrit : l'intéressant The Rise and Fall of Legs Diamond.
Sorti en trésor warner ;)
Pat Wheeler
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Pat Wheeler »

Père Jules a écrit :
Pat Wheeler a écrit : l'intéressant The Rise and Fall of Legs Diamond.
Sorti en trésor warner ;)
Oups je suis pas à la page...
C'est un bon p'tit film du père Budd en tout cas, même si on est loin de l'excellence des films avec le trio Boetticher/Kennedy/Scott. Dans le genre biopic de gangster réalisé à la même époque, c'est au même niveau que Portrait of a Mobster de Joseph Pevney et un cran au-dessous de Baby Face Nelson de Siegel (une sortie en DVD s'impose pour ces deux-là aussi, à moins que je sois encore à la ramasse).
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xave44
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Re:

Message par xave44 »

John T. Chance a écrit :boetticher est un génie de l'épure, j'ai vu ride lonesome et comanche station il y a cinq ans et je ne m'en suis jamais remis. direction d'acteurs géniale, sens de la mise en scène... par contre, le déserteur de fort alamo m'a déçu
Je souscrit entièrement.
J'ai découvert Boetticher par hasard il y a à peine plus d'un an en visionnant 7 hommes à abattre et j'ai eu un vrai choc, comme j'en ai rarement eu.
Je viens de visionner Comanche Station (dvd Sidonis) et ce fut au moins aussi fort si ce n'est plus.
Ce qui est proprement remarquable de la part de Boetticher, c'est d'arriver à des films "pleins" avec si peu de choses, avec un matériel si réduit.
C'est à la fois vide et rempli, d'une concision et d'un précision quasi surnaturelle.
Je comprend maintenant ce que Bazin a voulu dire.
Ride Lonesome fait partie de mes prochains achats évidemment.
Julien Léonard
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Re: Re:

Message par Julien Léonard »

xave44 a écrit :Ride Lonesome fait partie de mes prochains achats évidemment.
Autre chef-d'oeuvre absolu, du même niveau que Comanche station. Un vrai choc effectivement. :)
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Captain Blood
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Captain Blood »

Je viens de regarder et de découvrir par la même occasion "Le traître du Texas".

J'ai voulu commencer à le visionner en VF car j'ai un peu la nostalgie des westerns que je voyais à la télé gamin et qui souvent en possédaient d'excellentes.
J'ai abandonné cette idée assez rapidement car cette VF était insupportable ! Je me trompe peut-être mais j'ai eu la sensation qu'elle n'était pas d'époque et que du coup les acteurs doublaient les voix comme dans les sitcoms, sans les rires toutefois (encore heureux :uhuh: ), sans parler des bruitages d'ambiances qui paraissaient comme atténués rendant l'ensemble trop artificiel à mon goût.
Comme je ne suis pas allergique aux VO je suis passé avec soulagement sur celle-ci et j'ai pu enfin m'immerger pleinement dans ce film.

J'ai trouvé le traitement de l'image souvent imparfait même si dans le fond, une fois happé par l'histoire, les quelques défauts ne semblent pas si importants pour un film de cet âge.
Dès le générique, on voit des petits tremblements dans le texte alors que les couleurs sont, elles, bien vives et lumineuses.
A plusieurs reprises les plans sont curieux : les contours sont décalés comme pour les films en relief d'autrefois.
Je n'ai pas de connaissances techniques particulières pour qualifier cela mais il doit bien être possible de corriger ce genre de défaut avec les moyens actuels il me semble.
Attention, le dvd est tout à fait regardable mais je tenais à le préciser car on fait souvent l'éloge des copies de westerns Sidonis et cette précision me semblait être pertinente pour qui aime les belles images.

Pour ce qui est du film en lui-même, j'ai passé un bon moment devant cette bonne série B. Une réalisation solide , un casting agréable : superbe Robert Ryan, Rock Hudson un peu négligé par le scénario et hum, la belle Julie Adams... :oops: . Pas le meilleur film de Budd Boetticher mais pas le plus mauvais non plus. Le film a assurément plus de qualités que de défauts mais à force d'en visionner on devient plus difficile... :D

je lui donne quand même un 7/10
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Jeremy Fox
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Jeremy Fox »

Captain Blood a écrit : A plusieurs reprises les plans sont curieux : les contours sont décalés comme pour les films en relief d'autrefois.
Je n'ai pas de connaissances techniques particulières pour qualifier cela mais il doit bien être possible de corriger ce genre de défaut avec les moyens actuels il me semble.

Ce sont les trois bandes de couleurs du Technicolor qui sont parfois mal superposées
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Captain Blood
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Captain Blood »

Jeremy Fox a écrit :
Captain Blood a écrit : A plusieurs reprises les plans sont curieux : les contours sont décalés comme pour les films en relief d'autrefois.
Je n'ai pas de connaissances techniques particulières pour qualifier cela mais il doit bien être possible de corriger ce genre de défaut avec les moyens actuels il me semble.

Ce sont les trois bandes de couleurs du Technicolor qui sont parfois mal superposées

Merci pour la précision Jeremy ! :wink:
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par L'étranger... »

Captain Blood a écrit :Je viens de regarder et de découvrir par la même occasion "Le traître du Texas".

J'ai voulu commencer à le visionner en VF car j'ai un peu la nostalgie des westerns que je voyais à la télé gamin et qui souvent en possédaient d'excellentes.
J'ai abandonné cette idée assez rapidement car cette VF était insupportable ! Je me trompe peut-être mais j'ai eu la sensation qu'elle n'était pas d'époque et que du coup les acteurs doublaient les voix comme dans les sitcoms, sans les rires toutefois (encore heureux :uhuh: ), sans parler des bruitages d'ambiances qui paraissaient comme atténués rendant l'ensemble trop artificiel à mon goût.

Hey Captain, comment va ? :D :D :D

Alors c'est tout à fait ça pour le doublage de ce film, une VF redoublée à l'arrache carrément insuportable, comme toi je n'ai pas pu dépassé les cinq premières minutes, parcre que sinon je suis assez friand des VF de l'époque, car c'est comme cela que j'ai découvert la plupart des westerns et j'adore les voix françaises des années 50 !
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Jeremy Fox
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Jeremy Fox »

L'étranger... a écrit :
Captain Blood a écrit :Je viens de regarder et de découvrir par la même occasion "Le traître du Texas".

J'ai voulu commencer à le visionner en VF car j'ai un peu la nostalgie des westerns que je voyais à la télé gamin et qui souvent en possédaient d'excellentes.
J'ai abandonné cette idée assez rapidement car cette VF était insupportable ! Je me trompe peut-être mais j'ai eu la sensation qu'elle n'était pas d'époque et que du coup les acteurs doublaient les voix comme dans les sitcoms, sans les rires toutefois (encore heureux :uhuh: ), sans parler des bruitages d'ambiances qui paraissaient comme atténués rendant l'ensemble trop artificiel à mon goût.

Hey Captain, comment va ? :D :D :D

Alors c'est tout à fait ça pour le doublage de ce film, une VF redoublée à l'arrache carrément insuportable, comme toi je n'ai pas pu dépassé les cinq premières minutes, parcre que sinon je suis assez friand des VF de l'époque, car c'est comme cela que j'ai découvert la plupart des westerns et j'adore les voix françaises des années 50 !

Je disais d’ailleurs ça
En guise de pistes sonores, on nous offre la version originale de qualité correcte et une version française refaite récemment, qui a gommé tous les bruits d’ambiance et nous donne la détestable impression de voir un soap opera débile : à fuir instamment !
Joe Wilson
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Joe Wilson »

Decision at Sundown

Mon premier film de Boetticher. Sans être admiratif de la mis en scène, j'ai apprécié la rigueur et la concision de l'ensemble, ainsi que la tension constante créée et renouvelée par l'unité de lieu largement valorisée. Le scénario reste relativement classique et prévisible mais la solitude des personnages (alors même que les dialogues sont omniprésents) est évoquée avec finesse. Ils n'échappent pas à un passé, tentent maladroitement de réécrire leur propre vie avant que l'hypocrisie ne cède la place à une prise de conscience. La sensation d'un échec reste en mémoire dès lors que la vengeance ne peut plus être libératrice.
Je ne suis pas complètement convaincu par le jeu de Randolph Scott (figé bien qu'intense), ce qui m'empêche d'être vraiment emporté par le vécu du personnage. Sa rancoeur est peu évidente à exprimer et l'acteur ne parvient pas à mon goût à l'incarner. L'impression reste tout de même positive et je tenterai prochainement d'autres Boetticher/Scott.
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The Magnificent Matador

Message par kiemavel »

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Le brave et la belle / The Magnificent Matador . Budd Boetticher. 1955

Avec Anthony Quinn (Luis Santos), Maureen O'Hara (Karen Harrison), Richard Denning (Mark Russell), Manuel Rojas (Rafael Reyes)

Luis Santos, le plus célèbre matador mexicain, n'est plus qu'à quelques heures de la corrida la plus attendue de la saison, celle ou un de ses protégés, le jeune et prometteur Rafael Reyes, doit passer l'alternative (une cérémonie au cours de laquelle un matador débutant est autorisé par les plus anciens à devenir matador de taureaux) mais quelques instants avant de partir pour les arènes, cette homme vieillissant et tourmenté, prend la fuite et renonce pour une raison mystérieuse à la corrida provocant un énorme scandale dans le pays. Il trouve refuge dans la luxueuse hacienda d'une riche américaine installée au Mexique par amour de la tauromachie...et par admiration pour Santos.

L'argument de départ, les états d'âme d'un matador vieillissant et la résolution de l'énigme, la révélation des raisons qui l'ont poussé à fuir restent en toile de fond mais très vite, c'est la romance avec la richissime américaine et ses conséquences qui occupe presque toute la place. Or, cette histoire de grande bourgeoise américaine énervée par le sud-américain velu et chaud bouillant doté d'une paire de gosses grosses comme des balles de tennis, me fait autant d'effets que si une mémé du 16ème à broche et carré Chanel était prise de vapeur après avoir vu le tablier taché de sang de son boucher-charcutier. C'est d'ailleurs en gros la confession que fait le personnage incarné par Maureen O'Hara. Un soir au clair de lune, elle révèle à Santos qu'elle était tombé amoureuse de lui un soir de corrida à Madrid. C'est de le voir se relever ensanglanté après avoir été renversé par un taureau qui avait entrainé chez elle ce besoin irrépressible de suivre un tel homme jusque dans son pays. Ah ! Le mystère féminin...ou le mystère Boetticher qui nous a parfois habitué à tellement de subtilité dans la façon de dresser en quelques touches légères des portraits justes d'hommes, le plus souvent, mais aussi parfois de femmes, que de le voir jouer avec de tels lieux communs est un peu pénible. Quoiqu'il en soit, comme disait à peu près Desproges (que j'adapte), les mexicains sont peut-être des hommes fiers et ombrageux, qui possèdent un tout petit cul pour éviter les coups de cornes, mais moi, pour poursuivre sur le même ton, comme disait l'autre "çà m'en touche une sans faire bouger l'autre".

Malgré les apparences, le problème de base avec ce film n'est pas d'aimer ou pas la corrida, c'est qu'on a le droit de trouver ce qu'en fait Boetticher pour le moins pas très intéressant. Cette romance est contrariée par les trucs et manigances du personnage incarné par Richard Denning. C'est un expatrié américain amoureux de Karen depuis longtemps et qui cherche à ruiner la réputation de son rival. Il commence par révéler le lieu de sa fuite, puis tente de le pousser à revenir sur sa retraite "sportive" pour briser l'intimité du couple, etc...De plus Boetticher introduit un second personnage féminin, une ancienne petite amie mexicaine de Santos qui est très jalouse ! Et enfin pour en finir avec l'entourage du champion, je dois parler du manager de Santos. C'est un ancien torero qui avait jadis été grièvement blessé dans l'arène en sauvant la vie de Santos et depuis le bougre, qui s'est sacrifié depuis pour faire de lui le plus grand matador du pays, n'arrête pas de le bassiner sur ses devoirs envers lui. Il ne supporte pas de le voir renoncer à sa carrière, finissant par lui dire "Je préfère te voir mort dans l'arène plutôt que de te voir arrêter ! ". Il dis çà en présence de Karen et on comprend immédiatement ou veut en venir B et son scénariste. En fait, Miguel, c'est rien qu'une grande jalouse qui ne supporte pas de voir Santos s'installer durablement avec une femme (Le prob. n'est pas qu'il le soit, c'est la façon dont c'est présenté qui en est un).

Entre deux scènes de romance ou de mélo, genre Peyton place chez les péquenots, Boetticher nous fait du "couleurs locales". On a la visite du centre ville de Mexico en limousine. Le groupe de Mariachis. La danseuse de flamenco. La partie de pelote basque. La ferveur religieuse des sud-américains. La visite chez Dom David, éleveurs de champions depuis 1937 qui nous fait visiter son hacienda, tâte quelques croupions de taureaux, vante les mérites de la vie au grand air et révèle ses secrets pour une bonne alimentation de la bêêêêêête.
On a tout de même une ou deux belles scènes, une ou deux belles idées, belles et un brin ridicules pour être exact. La première, c'est le moment attendu, le déclic qui fera revenir Santos sur sa décision. L'environnement est superbe, la scène aussi mais l'argument assez grotesque mais je n'en dis pas plus. Quant à la révélation de ce qui avait fait flancher Santos, c'est tout aussi grotesque. Boetticher nous fait le coup du "secret de famille" !!! Peyton Place je vous dis...

Et la tauromachie dans tout çà ? Et bien la première fois qu'on rentre dans l'arène -en dehors d'une très courte scène de cauchemar qui réveillera Santos au tout début du film- c'est après 1h14 de film. On voit très peu de scènes de combat et elles sont filmées d'assez loin. çà dure 1/4 d'heure et c'est sans intérêt. Qu'on soit aficionado ou pas (on aura compris que je ne le suis pas :mrgreen: ), le film est assez décevant. Boetticher lui-même ne l'aimait pas tellement, admettant avoir trop plié devant les producteurs en acceptant d'intégrer au scénario, pour des raisons commerciales, des ingrédients mélodramatiques et une romance qui ont fini par occuper (presque) toute la place...Mais je ne vois pas comment ce film tel qu'il était écrit, même sur ses bases, pouvait mener à autre chose.

Boetticher a été sa vie durant fasciné par la tauromachie qu'il avait découvert très jeune au cours d'un séjour au Mexique. Il était resté dans ce pays pour y suivre une formation de torero, avait combattu et aurait même été très grièvement blessé dans l'arène, mais il est difficile de démêler le vrai du faux dans les aventures de ces cinéastes américains bourlingueurs de l'âge d'or d'hollywood ( Walsh, Huston, Fleming, etc...). C'est d'ailleurs ce récit en partie auto-biographique qu'il racontait dans le premier film qu'il avait consacré au genre avec " La dame et le toréador " qui est bien meilleur que le second, surtout dans sa version intégrale montrant l'entrainement de Robert Stack (qui n'était pas doublé par des professionnels). C'était également par la tauromachie qu'il était entré dans le milieu du cinéma comme conseiller technique du film de Rouben Mamoulian " Arènes sanglantes/Blood and Sand " et c'est aussi sur ce film qu'il avait rencontré Anthony Quinn qu'il emploiera plusieurs fois, dans : " La cité sous la mer ", " L'expédition du fort King " et " A l'est de Sumatra ". Enfin, il consacra encore un dernier film à la tauromachie " Arruza ", un documentaire sur Carlos Arruza, un ancien torero mexicain qui était son ami et qui mourra tragiquement au cours du tournage. Ce tournage et ses conséquences ont été absolument cauchemardesques pour le cinéaste mais le film finira par sortir plus de 10 ans après le lancement du projet (Je ne l'ai jamais vu).

En dehors de ceux de Boetticher, et du film de Mamoulian déjà cité, la tauromachie a été illustrée par d'autres cinéastes " Le moment de vérité " de Francesco Rosi et " La corrida de la peur/The Brave Bulls " de Robert Rossen, encore plus dur à voir que tous les autres films cités. DVD gravé (Version française)
Dernière modification par kiemavel le 6 avr. 16, 13:43, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Budd Boetticher (1916-2001)

Message par Jeremy Fox »

La dame et le toréador (The Bullfighter and the Lady) 1951


Budd Boetticher était un génie ; avec ce premier film signé Budd et non plus Oscar, il aurait pu faire aimer la tauromachie à ses plus grands détracteurs. Merci à John Wayne de lui avoir fait confiance pour ce sujet qui lui tenait tant à cœur et sans qui le film ne se serait peut-être jamais fait. Un film sublime à tous les niveaux (direction d'acteur, mise en scène, scénario, montage, photo, musique) avec quasiment les plus beaux rôles de tous ses acteurs principaux (Robert Stack, Gilbert Roland, Kathy Jurado). Et une Joy Page inoubliable puisque le film est également une splendide double histoire d'amour. Quant à Victor Young, il a composé l'un de ses plus beaux thèmes, préfigurant celui déchirant de Johnny Guitar ; et d'ailleurs le final du film de Boetticher est tout aussi touchant que celui du film de Ray :o Mon plus beau coup de cœur de l'année.


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