Spongebob a écrit :J'ai été frappé par l'esthétique générale du film qui cache bien sa mention de série B.
Pourquoi dis tu ça ? Je trouve que c'est au contraire de la pure série B car la série B est aussi bien un esprit qu'un budget. Ca file sans détour, ça bouge, ça ne s'embarasse guère de psychologie, ç'est vraiment de la Série B dans le sens noble du terme. Enfin c'est comme ça que je l'entend et l'apprécie.
Je parlais de l'aspect visuel du film. Je ne suis pas un grand connaisseur des films de série B mais si on ne me m'avait pas dit que celui-ci en était un, je ne l'aurai certainement pas remarqué.
Un critique américain a qualifié ce film d'un des plus noble du genre, une sorte de sommet du western de série B. Est-ce vrai ?
Spongebob a écrit :
Je parlais de l'aspect visuel du film. Je ne suis pas un grand connaisseur des films de série B mais si on ne me m'avait pas dit que celui-ci en était un, je ne l'aurai certainement pas remarqué.
Mais en principe, on ne reconnait pas une série B à son aspect visuel justement
Spongebob a écrit :
Je parlais de l'aspect visuel du film. Je ne suis pas un grand connaisseur des films de série B mais si on ne me m'avait pas dit que celui-ci en était un, je ne l'aurai certainement pas remarqué.
Mais en principe, on ne reconnait pas une série B à son aspect visuel justement
Spongebob a écrit :
Je parlais de l'aspect visuel du film. Je ne suis pas un grand connaisseur des films de série B mais si on ne me m'avait pas dit que celui-ci en était un, je ne l'aurai certainement pas remarqué.
Mais en principe, on ne reconnait pas une série B à son aspect visuel justement
Ride lonesome (La Chevauchée de la vengeance), 1959
Ça faisait longtemps que je voulais le voir, particulièrement séduit et intrigué par son titre français. Eh bien c'est du bon ! Un western d'un total dépouillement. Une dizaine de personnages, autant de chevaux, deux baraquements dérisoires et un désert rocailleux. Avec ça, Boetticher nous offre un film palpitant et assez original qui me semblait même préfigurer les westerns de Leone et Eastwood. L'impassibilité constante de Randolph Scott annoncerait en quelque sorte les cowboys incarnés par Clint : peu de répliques, l'impression de maîtriser n'importe quelle situation sans jamais exprimer la peur ou le doute, et des personnages qui l'entourent beaucoup plus contrastés qui se chargent de lui apporter le relief nécessaire. Avec au bout du chemin la révélation de ce qui le hante et justifie sa présence.
La mise en scène, tout en mouvement, suit ce petit monde avec une belle grâce. Certains plans sont particulièrement réussis, tel ce travelling qui suit les cavaliers, découvrant soudain à l'arrière-plan, au sommet d'une dune, des indiens à cheval. Le plan final est quant à lui magnifique et vraiment marquant
Scott, réduit à l'état de silhouette face à l'arbre aux pendus en feu. Sa vengeance accomplie, le personnage cesse d'exister et consume symboliquement sa raison d'être.
Du côté des seconds rôles, on apprécie de croiser les trognes de James Coburn et Lee Van Cleef.
Entièrement d'accord, le cinéma de Boetticher est vraiment très très appréciable.
J'ai eu la chance de combler mes lacunes concernant ce réalisateur lors de la grande rétro de la Cinémathèque. Là ou habituellement je ne trouve que le temps de voir 1 ou 2 films par rétro, j'ai été tellement soufflé que j'en ai vu une dizaine (dont 6 westerns avec Randy), et demeure complètement convaincu par ce réalisateur.
Decision at Sundown m'a en particulier complètement soufflé. Scott est d'une telle détermination dans ces films, il est tellement minéralisé comme esprit de vengeance, que rien n'infléchira, que n'arrête aucune arrière pensée, que ce film a l'immense mérite d'interroger ce personnage (quasiment le même dans chaque film) qu'incarne Scott chez Boetticher.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Depuis que j'ai relu le livre d'André Bazin "qu'est-ce que le cinéma ?" (titre un peu pompeux, mais contenu brillant) dans lequel il a fait tout un chapitre sur "Sept Hommes à Abattre", le présentant comme l'archétype du sur-western...
... je cherche le DVD : existe-t-il ?
L'Gé a écrit :Depuis que j'ai relu le livre d'André Bazin "qu'est-ce que le cinéma ?" (titre un peu pompeux, mais contenu brillant) dans lequel il a fait tout un chapitre sur "Sept Hommes à Abattre", le présentant comme l'archétype du sur-western...
... je cherche le DVD : existe-t-il ?
J'ajoute mes louanges à celles de Max Schreck concernant La Chevauchée de la vengeance, premier et assurément pas dernier Boetticher que je découvre. En réduisant à une forme de minimum syndical la grammaire visuelle du western classique (canardage filmé sans effets superflus de montage, plans larges embrassant les grands espaces...), Boetticher aboutit à un admirable sens de l'épure. Une économie de moyens qui rend majuscule le B de série B. Film fascinant et très moderne dans sa façon de réduire le western à ses codes, à des situations archétypales par son refus de héros idéalisés. Et avec ces personnages qui existent par une gueule et des attitudes, ces habitations perdues au milieu de nulle part dont n'importe qui peut surgir flingue en main et un sentiment de mélancolie qui finit par émerger progressivement. Belle découverte d'un maitre du B movie et du western tout court.
Après La Chevauchée de la vengeance, Comanche Station est un autre Boetticher/Scott tout à fait à la hauteur de sa réputation. Et là où le premier semblait resserré, intense tout en n'étant pas dépourvu de mélancolie, Comanche Station laisse se déployer dans le calme les regrets et les espoirs illusoires. En cow boy las s'accrochant toujours à ses reves, à son passé, Randolph Scott se révèle des plus attachants et le relatif calme rythmique laisse les personnages se révéler dans toute leur humanité. La mise en scène semble elle couler de source. Jusqu'à cette belle fin toute en regrets et d'un pessimisme foncier. Encore un bijou du western.
Belle claque recue avec Sept Hommes à abattre. Soit un Randolph Scott encore désabusé, presque effacé, hanté par les regrets et toujours ces personnages féminins pleins de détermination, au caractère bien trempé. La grace baigne le film aussi bien dans ses moments de calme que ses moments plus dramatiques (beau duel de fin) et la mise en scène fait dans le sans faute sans trop en faire. Sauf que le film n'aurait pas cette saveur particulière si Lee Marvin ne jouait pas avec tant de talent le bad guy jusqu'à voler la vedette à Scott. Ici, il incarne la définition-meme du terme cool. On sent que sa dégaine (le détail du foulard vert), ses attitudes, la manière dont il dégaine ses revolvers, son verbe sont pour lui des choses tout aussi sinon plus importantes que l'action. Du coup, il devient meme une figure des plus attachantes qui vampirise le film. Du western de grande tenue.
Vic Vega a écrit :Belle claque recue avec Sept Hommes à abattre. Soit un Randolph Scott encore désabusé, presque effacé, hanté par les regrets et toujours ces personnages féminins pleins de détermination, au caractère bien trempé. La grace baigne le film aussi bien dans ses moments de grace que ses moments plus dramatiques (beau duel de fin) et la mise en scène fait dans le sans faute sans trop en faire. Sauf que le film n'aurait pas cette saveur particulière si Lee Marvin ne jouait pas avec tant de talent le bad guy jusqu'à voler la vedette à Scott. Ici, il incarne la définition-meme du terme cool. On sent que sa dégaine (le détail du foulard vert), ses attitudes, la manière dont il dégaine ses revolvers, son verbe sont pour lui des choses tout aussi sinon plus importantes que l'action. Du coup, il devient meme une figure des plus attachantes qui vampirise le film. Du western de grande tenue.
Ton commentaire est tout a fait juste .
Jouer un personnage inexpressif mais dont les sentiments profonds sont exprimés par un autre (Lee Marvin), c'est sans doute la meilleure utilisation possible des piètres capacités de comédien de Randolph Scott.
L'inventivité de la mise en scène est surprenante.
Geoffrey Firmin a écrit :C'est sans doute la meilleure utilisation possible des piètres capacités de comédien de Randolph Scott.
Piètres capacités peut être (même si je l'aime beaucoup et malgré qu'il ait prouvé être à l'aise aussi dans la comédie) mais parfait dans le registre il est vrai assez restreint dans lequel des cinéastes comme Boetticher, De Toth, Enright et d'autres l'utilisent. Rocailleux, impassible, dur, impénétrable...
Geoffrey Firmin a écrit :C'est sans doute la meilleure utilisation possible des piètres capacités de comédien de Randolph Scott.
Piètres capacités peut être (même si je l'aime beaucoup et malgré qu'il ait prouvé être à l'aise aussi dans la comédie) mais parfait dans le registre il est vrai assez restreint dans lequel des cinéastes comme Boetticher, De Toth, Enright et d'autres l'utilisent. Rocailleux, impassible, dur, impénétrable...
Dur et impénétrable peut-être mais il est trop drôle avec sa moustache postiche au début de COUPS DE FEU DANS LA SIERRA de Peckinpah.