Robert Bresson (1901-1999)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Major Dundee
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ALISOU TWO a écrit :il ne manquera plus que "LES 4 NUITS d'un REVEUR"
Et "Une femme douce"
Alisou Two
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Message par Alisou Two »

Major Dundee a écrit:
D'après "Tele Cable Sat Hebdo" tous ses films devraient être programmés de mai à juillet sauf Quatre nuits d'un rêveur
je pense que "une femme douce" ser programée
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Major Dundee
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Message par Major Dundee »

ALISOU TWO a écrit :Major Dundee a écrit:
D'après "Tele Cable Sat Hebdo" tous ses films devraient être programmés de mai à juillet sauf Quatre nuits d'un rêveur
je pense que "une femme douce" ser programée
Espérons 8)
Alisou Two
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Message par Alisou Two »

UNE FEMME DOUCE n'a jamais été programmée
ni LANCELOT DU LAC
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Major Dundee
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Message par Major Dundee »

ALISOU TWO a écrit :UNE FEMME DOUCE n'a jamais été programmée
ni LANCELOT DU LAC
Si si, je ne l'ai d'ailleurs vu qu'à la télé, mais il y a fort longtemps et je ne sais plus sur quelle chaîne (mais je me demande si ce n'était pas au cinéma de minuit ?)
Je crois qu'il existe un topic qui référencie les programmations.
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Message par Alisou Two »

ce n'est pas le cinéma de minuit qui a programmé un "cycle robert bresson" mais l'ancien cinéclub d'antenne 2 (qui permettait de voir des films comme "la maman et la putain" de jean eustache ou "le lit de la vierge" de philippe garrel etc )
j'avais vu effectivement il y a trés longtemps et je n'avais pas de magnétoscope
"les 4 nuits d'un réveur"
et je crois "lancelot du lac " sur fr3
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MJ
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Message par MJ »

Gounou a écrit :En un mot comme en cent : magnifique. Mon premier Bresson (si l'on excepte l'étude de quelques séquences dans un cadre scolaire) et je suis complètement sous le charme de son art. Art purement cinématographique du mouvement et du montage emmenés, sur la simple base d'un postulat réaliste à forte dimension social (voire philosophique), au plus près de ce que le cinéma permet de capter comme grâce poétique, par une science géniale du découpage et de la captation du détail. Un cinéma de l'essentiel qui, partant d'un sujet quasi-documentaire, confine à l'abstraction.
Encore !
C'est le même genre de mots qui me viennent à l'esprit pour Un Condamné à Mort s'est échappé. Tout passe par le montage et je ne serais pas étonné que le cinéma de Bresson ait fait naître quelques vocations dans le domaine: c'est un cinéma pensé en termes de mouvements, de gestuelles et de découpages de ces dernières. Le moindre objet, le moindre geste devient passionant à regarder et on a vraiment une psychologisation par le corps (tournure un peu maladroite, m'enfin..). Il suffit de regarder la séquence d'ouverte où les mains sont filmées avant et avec une bien plus grande insistance que les visages. Du coup tout prend une autre valeur et l'intensité dramatique s'en voit multipliée au carré (je pense au travail sur la porte à la cuiller en fer qui dure, dure et fascine toujours autant).
Si plus de personnes avaient une telle science du montage nul doute que la production générale serait un peu plus stimulante. Avec Maurice Pialat, Bresson s'impose définitivement pour moi comme le cinéaste français. Et Dieu sait que j'admire beaucoup de metteurs en scène hexagonals, de tous genres et de toutes époques. Bresson est grand.
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Message par Alisou Two »

on attend avec impatience "une femme douce"
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Re: Notez les films - juillet 2008

Message par Wadam »

Les Anges du Péché, de Robert Bresson

Image

Tourné sous l'Occupation, cette première oeuvre du célèbre cinéaste français contient les germes d'un style reconnaissable entre mille. Le récit, qui se déroule principalement dans un couvent, et contenant quelques séquences carcérales, met en valeur une ancienne détenue, devenue bonne soeur. Avide de rachat, son amour foudroyant pour Dieu lui donne l'illusion d'une rédemption qu'elle ne pourra atteindre, tant son orgueil et sa fierté sont vibrants.
Le film prend une tournure tragique, comme dans chaque film de Bresson, mais ce drame n'est pas accentué, boursouflé, accentué, par quelconque effet artificiel.
Les thèmes qui hanteront le cinéaste sont bien présents: le désespoir de cause, la quête spirituelle, la foi ébranlée, la religion, le mépris humain.
La mise en scène reste encore relativement classique, bien qu'elle se montre modeste et réduite. Le noir et blanc est somptueux et limpide, sans ajout de lumière qui le rendrait trop travaillé.

Les Dames du bois de Boulogne, de Robert Bresson

Image

Aidé par de magnifiques dialogues écrits de la main de Jean Cocteau, poète dans l'âme et dans le ton, Bresson se concentre sur les rapports difficiles et acerbes entre les classes sociales. Si le film est loin de dénoncer la piètre condition des plus démunis, il montre à voir une scabreuse manipulation psychologique et morale. Une dame de la haute société orchestre une vengeance autour de son ancien amant. Elle utilise une jeune femme de cabaret pour le séduire, et l'attire dans le piège de l'amour. Le rabaissement social hante systématiquement les face-à-face entre les différents personnages. Le rapport de force naturel est perçu avec virulence et causticité. Les individus sont condamnés à s'aimer puis à se haïr, ou à se haïr puis à s'aimer. Mais au delà de ces émotions qui forgent tout être humain, il n'y a pas de passion sans preuves de cette passion. La célèbre réplique écrite par Cocteau illustre à point nommé les événements dramatiques qui se déroulent dans ce film de Bresson. Un être peut aimer et rendre de la haine envers celui qui aime.
Comme pour Les Anges du Péché, Robert Bresson en est encore aux prémices de son identité cinématographique. Mais il choisit l'humilité et traite avec beaucoup de retenue cette libre adaptation d'un écrit de Denis Diderot. On sent le cinéaste très mesuré dans ses choix techniques et dans l'élaboration des scènes. Rien ne doit être exagéré, et aucune surenchère n'est permise. La gravité du sujet ne doit pas être prétexte à des égarements émotionnels.

Journal d'un curé de campagne de Robert Bresson

Image

Exemple type de la caméra-stylo, imaginé par Alexandre Astruc, Journal d'un curé de campagne est un exercice qui forge toujours plus Robert Bresson dans sa démarche atypique. Le réalisateur a choisi un acteur subtil pour interpréter le rôle principal. Si le personnage du curé est torturé tout autant physiquement que moralement, il masque ses souffrances derrière une façade lisse. Bresson refuse de forcer le spectateur à partager les accablements de l'individu.
Solitaire, rejeté, mal-aimé, le curé refuse de plier, résiste au renoncement, et tente de garder foi. Il essaye vainement d'apporter à ses paroissiens réconfort et compassion, mais toutes ses entreprises se soldent par des échecs. L'homme finit par douter de lui-même, tant il porte sur ses épaules le malheur des autres.
Sa vie ne tient qu'à un misérable fil, fil qui finit par être rompu. Ses états d'âme, le personnage les note dans un journal intime. Le spectateur a vue sur ce journal, qui sert de passerelle. On y sent la vulnérabilité d'un être, dont les démangeaisons intérieures auront raison de lui. L'histoire est encore une fois tragique, mais Bresson ne cherchera jamais à en renforcer l'apparence funeste. Le cinéaste est contre tout psychologisme. Le psychologisme pousse le spectateur à avoir un parti-pris. Journal d'un curé de campagne est donc un drame grandiose. Il n'y a aucune dimension autre que l'essence même du récit qui ne montre le désabusement de ce curé. Tous les événements à connotation tragique ne sont jamais montrés. Bresson les évacue. Aucune image n'approfondit la mélancolie. Tout est laissé dans la suggestion. Le spectateur a le choix, le choix d'être affecté par les malheurs de ce curé, ou de garder une certaine distance par rapport à lui. C'est à lui d'agir dans un sens ou dans un autre. La tristesse qui s'emplit n'en est que plus lourde.
Une oeuvre à part, réalisée par un cinéaste à part...
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MJ
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Re: Robert Bresson

Message par MJ »

Je n'ai toujours pas vu les Dames du Bois de Boulogne. Je me suis toujours demandé ce que la rencontre de Cocteau et de Bresson pouvait donner, tant il ne viendrait pas à l'idée de rapprocher leurs deux univers.

Mouchette reste mon préféré, celui qui me touche le plus intimement. C'est dans le Condamné qu'il expose le plus clairement sa maîtrise absolue de l'art cinématographique, son sommet technique avec Pickpocket. L'Argent garde aussi une place très chère dans mon coeur pour la vitalité qui s'en dégage, cette fraîcheur étonnante en vue de la noirceur du sujet.
La découverte successive de ses films durant l'année 2007 a passablement transformé ma conception du cinéma (c'est bateau à dire mais ceux qui sont passés sur les terres bressoniennes et en ont ramené quelque chose comprendront). Si le montage est l'essence du cinéma, alors nul n'a mieux atteint son coeur que Bresson... lui qui prétendait pouvoir filmer l'invisible.
Et sa manière d'appréhender l'interprète, le refus du tic ou de la caractérisation, cette méthode construite sur la répétition, l'exténuation de l'acteur jusqu'à ce qu'il ne pense plus le texte mais en dégage la vérité profonde*. Il a toujours insisté sur la force du son, qui a une texture et qui contrairement à l'image utilise les trois dimensions de l'espace. C'est en y prêtant un tel soin qu'il a rendu ses films si présents et si vrais. On a rarement aussi bien révélé l'étrangeté du monde, dans le quotidien le plus banal, à travers les objets les plus simples de la vie courante. Sans parler de cette compréhension ABSOLUE de l'espace, toujours fragmenté et que l'action humaine (donc la main) relie au sein du cadre.
Il est de toute façon difficile de parler de Bresson, lui qui cherchait la grâce et elle ne s'exprime que maladroitement.
On peut difficilement faire plus abominable que l'histoire de Mouchette, répertoire complet des bassesses humaines, pourtant toutes les images que ce film m'évoquent sont lumineuses. C'est exactement ce que j'aime au cinéma: cette hésitation entre la misère de la vie et l'aspiration au sublime. Bresson ne cherchait que cela, le sublime. Ce qui est terrible, puisque le cinéma est l'art impur par excellence.

*Les acteurs amateurs de Bresson sont en cela proche des comédiens américains dénués de formation. Le projet The End de Dumont (je ne sais pas si c'est encore d'actualité aujourd'hui), bressonien s'il en est, avait déjà un antécédent chez le cinéaste de Au Hasard Balthazar: il souhaitait réaliser Lancelot du Lac à Hollywood, par l'entremise de George Cukor... avec Burt Lancaster et Natalie Wood! Il faisait visiblement preuve de plus d'ouverture d'esprit que beaucoup de ses prétendus disciples.

Un maître à penser, pour ma part.
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Re: Robert Bresson

Message par joe-ernst »

MJ a écrit :Je n'ai toujours pas vu les Dames du Bois de Boulogne. Je me suis toujours demandé ce que la rencontre de Cocteau et de Bresson pouvait donner, tant il ne viendrait pas à l'idée de rapprocher leurs deux univers.
Il faut aussi rappeler que ce film est tiré d'un épisode de Jacques le Fataliste et son maître, de Diderot...
L'hyperréalisme à la Kechiche, ce n'est pas du tout mon truc. Alain Guiraudie
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Re: Robert Bresson

Message par Alisou Two »

sortie le 28 novembre 2008 COFFRET BRESSON ANTHOLOGIE VOLUME 1
comprenant "lancelot du lac" "un condamné à mort s'est échappé" et "le diable probablement"
avec en suppléménts "cinéates de notre temps : bresson

(ce qui laisse présager un volume 2 avec "les quatre
nuits d'un réveur" "une femme douce" "les dames du bois de boulogne" )
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Re: Robert Bresson

Message par OlivierB »

Alisou Two a écrit :sortie le 28 novembre 2008 COFFRET BRESSON ANTHOLOGIE VOLUME 1
comprenant "lancelot du lac" "un condamné à mort s'est échappé" et "le diable probablement"
avec en suppléménts "cinéates de notre temps : bresson
Il semble avoir été reporté au 20 mars 2009 selon amazon
(ce qui laisse présager un volume 2 avec "les quatre
nuits d'un réveur" "une femme douce" "les dames du bois de boulogne" )
Ce serait génial! Les quatres nuits d'un réveur et une une femme douce sont introuvable en dvd.
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Re: Notez les films naphtas - Avril 2009

Message par Anorya »

* Un condamné à mort s'est échappé (1956) - 5/6.

Image

Bresson fait des films qui ne ressemblent à rien dans le paysage français généralement. Voici donc ce qui reste l'une des rares tentatives de film d'action ou de guerre chez lui. Bon ça reste du Bresson hein (ça se déroule en 1943 et on a vu les Allemands bien plus féroces dans d'autres films. De plus, on est chez Bresson, donc le héros court en marchant comme dans un bon resident evil old school et parle-d'une-diction-uniforme-où-les-phrases-deviennent-robotiques/monolithiques. Bresson quoi, c'est comme certains jeux vidéos : on met du temps à s'habituer à la maniabilité pis après ça va tout seul. :mrgreen: Oui, je c'est, la comparaison est nulle de nulle. ) mais au délà de tout c'est passionnant comme d'habitude car le bonhomme n'a pas son pareil pour décrire un système ou une procédure (la contamination de l'argent dans le film du même nom; l'apprentissage du vol dans Pickpocket...) que l'on voit en train de se construire ou à l'oeuvre (ici, comment un Résistant français condamné à mort va t'il faire pour s'échapper d'une chambre de prison de 2m sur 3m avec quasi rien à portée ? C'est mission impossible donc. Ou presque. :D )
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Re: Robert Bresson

Message par Anorya »

Olivier B a écrit :
Alisou Two a écrit :sortie le 28 novembre 2008 COFFRET BRESSON ANTHOLOGIE VOLUME 1
comprenant "lancelot du lac" "un condamné à mort s'est échappé" et "le diable probablement"
avec en suppléménts "cinéates de notre temps : bresson
Il semble avoir été reporté au 20 mars 2009 selon amazon
Toujours rien sur amazon quand à la fnac, c'est le vide complet. :cry:
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