George Sidney (1916-2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Jeremy Fox »

Aujourd'hui, l'une des comédies musicales de George Sidney, Annie reine du cirque
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Jeremy Fox »

Doris Day est Calamity Jane dans le film du même nom en une de DVDclassik ce jour. On se demande qui peut bien être l'auteur de la critique :fiou:
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Profondo Rosso
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Profondo Rosso »

Un seul amour (1957)

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Jeanne Eagles ne reçoit pas le prix qu'elle espérait au concours de beauté, mais sa ténacité la fait remarquer par Sal Satori qui l'engage dans sa troupe. Très vite leur lien se transforme en amour. A New-York où se produit la troupe, elle convainc un professeur d'art dramatique, Mme Nielson, de son talent. Engagée pour un simple remplacement, elle connaît un succès étonnant.

Un seul amour est le biopic de Jeanne Eagles, fameuse actrice de théâtre et du muet des années des années 10 et 20. Les aficionados de cette période ou de la carrière de l'actrice devront passer leur chemin s'ils sont en quête d'une évocation fidèle. Si les évènements majeurs sont relativement respectés (les débuts forains, l'accession au vedettariat grâce au rôle de Sadie dans Pluies joué à Broadway, le bannissement des scènes par l'union des acteurs...), leurs chronologie est largement malmenées tandis que les noms de relations existantes se voient modifiés dans leur transposition au cinéma (Morris Dubinsky qui contribue à lancer Eagles et l'épousera devient ici Sartori, tout comme son époux ex footballeur Ted Coy devient Johnny Donahue). L'intrigue est donc largement romancée et globalement la construction obéit largement aux conventions du biopic : parcours courageux semé d'embûches vers le succès, triomphe puis excès et déchéance. Le film captive pourtant de bout en bout grâce à deux atouts de taille, la performance de Kim Novak en Jeanne Eagles et la mise en scène virtuose de George Sidney. Kim Novak incarne une figure fascinante qui n'existe que dans sa quête de devenir une vedette. Le script élimine tout élément lié à son passé qui pourrait lui donner de la substance et dès la scène d'ouverture c'est une toute jeune femme qui concours déjà pour un prix de beauté.

Par la suite on découvrira progressivement que tous ses actes, toutes les relations noués, même les plus tendre, étaient toujours liées à cette ambition sans borne. Jeanne Eagles ne nous paraît pas antipathique pour autant par la grâce de cette fragilité que sait si bien dégager Kim Novak et l'on est plutôt admiratif de cette abnégation tandis que l'histoire d'amour vache avec Satori (Jeff Chandler) s'avère très attachante. Kim Novak qu'on retient souvent pour ces personnages doux et évanescent dévoile une détermination et une énergie (la scène d'audition avec Agnes Moorehead, lorsqu'elle rabroue des mondains en soirée huppée) surprenante ainsi qu'une sensualité juvénile pleine de fougue (la longue séquence de danse, arrestation et procès, le bain de minuit avec Satori...).

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Tous ces aspects sont repris sous un pendant nettement plus sombre lorsqu'on passera de l'ascension au succès. La volonté de réussir devient du pur opportunisme cruel lorsque Jeanne s'approprie la pièce Pluies au détriment d'une autre actrice qu'elle poussera au suicide. Arrivé au sommet, un être qui n'a vécu que pour cette quête ne peut que se brûler les ailes. Toutes les qualités de Jeanne deviennent alors des tares terribles, la séduction vire à la provocation et à la décadence lors de passages où Kim Novak s'abandonne totalement en pantin désarticulé abrutie par les drogues et l'alcool.

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L'actrice module sa voix de manière intéressante pour exprimer cette bascule, prenant un timbre plus grave et quasi schizophrène lorsqu'elle se mue peu à peu en vedette capricieuse (amorcé dès le début lorsqu'elle interpelle Satori pour qu'il l'embauche) quand elle ne s'exprimait qu'avec modestie au départ. George Sidney saisit ses errements avec la virtuosité qu'on lui connaît. Plus Jeanne cède à ses démons plus la mise en scène se focalise sur elle pour montrer son isolement et sa raisons vacillante avec cette caméra aux mouvements incertains lors du pathétique et éthylique nouvel an ou encore la cauchemardesque scène où droguée elle oublie son texte sur scène, des zooms intempestifs semblant nous oppresser de toute part. Kim Novak s'abandonne à un jeu outrancier que Sidney renforce par la sophistication des éclairages sur le visage de l'actrice et exacerbant ainsi toutes les mines expressives de son visage de plus en plus fardés et monstrueux.

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Du coup malgré la superbe reconstitution (le Broadway des années 20, les scènes de tournages de muet) et les belles performances d'Agnes Moorehead et Jeff Chandler notre regard est littéralement happé par cette Kim Novak torturée et possédée en Jeanne Eagles dont les souffrances ne peuvent s'achever que de la plus radicale des manières. La mort de Jeanne est une séquence phénoménale où Sidney atteint des sommets de noirceur, tout à la fois cauchemar et forme de libération. Le film s'achève judicieusement sur une Jeanne Eagles figée à jamais dans ce qu'elle avait à offrir de meilleur, son jeu (et apparemment sur son rôle qui lui vaudra une nomination posthume à l'Oscar The Letter). Une des plus grandes prestations de Kim Novak qui en annonce une tout aussi déroutante dix ans plus tard dans Le Démons des Femmes de Robert Aldrich à nouveau en actrice autodestructrice. 5/6
Dernière modification par Profondo Rosso le 29 mai 12, 02:45, modifié 1 fois.
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par someone1600 »

il a l air vraiment bien ce film. tes captures donnent envie en tout cas !
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Profondo Rosso »

Cass Timberlane (1947)

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Cass Timberlane est juge dans une ville du Minnesota. Il rencontre Jinny Marshland, issue d'un milieu plutôt modeste. Les deux tourtereaux convolent en justes noces. L'idylle est sans nuages, tout paraît pouvoir durer ainsi une éternité. C'est la mort d'un bébé qui vient rompre la mélodie du bonheur et déstabilise Jinny.

George Sidney adapte ici une nouvelle de Sinclair Lewis dans cet intéressant drame sentimental. La grande question ici sera ce qui fait durer un couple, les concessions et renoncements de chacun, les qualités devenant des défauts lorsqu'il s'agit de partager un quotidien. Une idée qui parcourra le film à travers les amours contrariés de Cass Timberlane (Spencer Tracy) et Jinny Marshland (Lana Turner). Cass est un juge d'une petite ville du Minnesota qui s'étonne lors de la scène d'ouverture de l'abondance de couples venus divorcés, y voyant une forme de renoncements de leur part jusqu'à ce que lui-même se trouve plus tard pris dans les affres d'une union contrariée. Sidney filme tout d'abord avec un charme certain la rencontre puis le mariage de Cass et Jinny où il multiplie les instants attachants : Jinny témoin penaude face au juge lorsque celui-ci trouve le bloc où elle l'a caricaturé en dessin, le match de base-ball... Lana Turner jamais aussi bonne que quand elle joue un personnage ordinaire plutôt que les vamps est ici très touchante et espiègle, se mêlant parfaitement à la présence mûre et bienveillante de Spencer Tracy. Les obstacles se devinent pourtant déjà en arrière-plan avec la différence sociale u couple, Cass Timberlane étant un notable invité au country-club et autre lieu de la haute société de la ville quand Jinny ne cessera d'être regardée de haut en dépit de ses efforts du fait de ses origines modestes.

Passé ce début idyllique le drame de la perte d'un enfant va venir rappeler à chacun les carences du couple qui aurait sans doute pu être comblées par la présence du nourrisson. C'est sans doute là la qualité mais aussi le défaut du film. Les conflits du couple s'inscrivent dans une sobriété bienvenue où ce quotidien finit par les ronger. Les deux stars sont formidables pour exprimer ces tourments, Lana Turner forçant l'enjouement pour se fondre dans ce milieu snob mais jamais réellement à l'aise et Spencer Tracy compréhensif et droit mais de plus en plus meurtri par la situation. Malheureusement seule la conviction des acteurs font passer ce tourbillon de sentiments mais les situations qui les amènent sont quelconques (Jinny s'essayant d'un coup au théâtre sans qu'on ne l'ait vraiment vu venir) et de la fadeur du reste casting (hormis une formidable Mary Astor en ancienne amante délaissée) notamment un insipide Zachary Scott en rival amoureux. Du coup lorsqu'arrive le vrai gros rebondissement final, c'est presque "too much" comparé à la sobriété qui a précédée et résout le tout un peu trop facilement. Le dernier échange est cependant très beau et fait preuve d'une vraie profondeur dans la façon dont Jinny et Cass (qui n'ont jamais cessé de s'aimer) comprennent enfin comment évoluer tout en maintenant leur couple. La retenue met vraiment les acteurs en valeur renforce la dimension intimiste voulue mais la trame en elle-même est finalement peu palpitante d'où l'impression mitigée. Sidney ne parvient pas tout à fait à trouver l'équilibre d'un Sirk dans ses films plus feutrés comme Demain est un autre jour ou un Curtis Bernhard dans Le Droit d'aimer (1946) sachant mieux allier terre à terre et flamboyance. 4/6
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Profondo Rosso »

Scaramouche (1952)

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Fin du 18ème siècle : André Moreau (Stewart Granger), séducteur impénitent, ne se soucie guère de la Révolution qui couve dans les rues parisiennes jusqu’au jour où il découvre que son frère adoptif, Philippe De Valmorin, se cache derrière le pseudonyme de Marcus Brutus. Cet écrivain, signataire de pamphlets révolutionnaires, est recherché par les autorités royales. Moreau décide de le protéger, et s’enfuit avec lui en province. Malgré leurs ruses, les deux hommes sont rattrapés par le marquis De Maynes (Mel Ferrer) et ses hommes de main. De Maynes provoque De Valmorin en duel et le tue. Moreau jure alors qu’il vengera son frère.

Le cinéma d'aventures hollywoodien, et plus particulièrement le film de cape et d'épée, fut marqué de l'empreinte de Rafael Sabatini. Plusieurs adaptation de ses romans marquèrent les sommets du genre avec à chaque fois l'avènement d'un acteur symbole du héros charismatique pour chaque génération. Captain Blood (1935) et L'Aigle des mers (1940) marquent ainsi la domination d'Errol Flynn, et Le Cygne Noir celle de Tyrone Power tandis que Scaramouche achève d'installer Stewart Granger à Hollywood après le succès de Les Mines du roi Salomon (1950). Scaramouche connu une première adaptation muette par Rex Ingram en 1923 dont George Sidney souhaite tirer un remake sous forme de comédie musicale. Problème les comédies musicales fonctionnent mieux en salle en jouant sur l'attente et la connaissance du public, c'est à dire en ayant d'abord une version scénique jouée à Broadway. Monter un spectacle pour en tirer ensuite un film prenant trop de temps, Sidney change d'idée pour en faire un pur film de cape et d'épée, genre où il s'était illustré en donnant la plus belle adaptation à ce jour des Trois Mousquetaires (1948).

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Le choix de Gene Kelly en D'Artagnan et les acrobaties allant avec, la tonalité légère et sautillante ainsi que la sophistication esthétique avait amené George Sidney à importer certains codes de la comédie musicale (genre lui étant bien plus familier) dans le film de cape et d'épée. Scaramouche poursuit cette entreprise et la place même au cœur du récit, constant va et vient en théâtralité et réel à la fois dans le visuel et l'attitude des personnages. Tout au long de l'intrigue, le héros André Moreau (Stewart Granger) apparaît comme un être incomplet. Incomplet par ses origines inconnues, ses opinions politiques, ses amours incertaines et finalement son identité hésitante entre le bouffon scénique Scaramouche et André Moreau sérieux, ténébreux et assoiffé de vengeance.

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Les évènements guident cette incertitude, nous présentant un jeune homme insouciant rattrapé par la découverte douloureuse de son passé et le contexte politique explosif qui verra l'assassinat de son meilleur ami Philippe de Valmorin (Richard Anderson). Dès lors il ne vivra que pour se venger de l'assassin, l'impitoyable bretteur Noël de Maynes (Mel Ferrer). Le caractère léger d'André n'existe plus désormais que de façon outré sous l'identité de Scaramouche et au contact de la belle et volcanique Léonore tandis que sa nature sincère et profonde s'exprime dans sa quête de vengeance mais aussi ses sentiments coupables pour Aline (Janet Leigh) qu'il pense être sa sœur. Le personnage ne pourra s'accomplir que quand il aura réussi à unir ces différents pans de sa personnalité.

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Le ton instauré par George Sidney est ainsi à cette image instable. La comédie la plus débridée rythme la romance vacharde avec une sublime Eleanor Parker dont la rousseur enflamme le technicolor et le tempérament orageux donne des scènes d'amour hésitant toujours entre étreinte et empoignade. Le drame le plus tragique accompagne toujours la douce une Janet Leigh à la blondeur pâle et formidable de vulnérabilité. La question d'espace scénique questionne également la dualité du héros. Bondissant, rigolard et outrancier, il apparait irrésistible dès qu'il enfile le masque de Scaramouche avec une aisance croissante qui se devine au fil des théâtres de plus en plus prestigieux traversés, il y est le moteur et le metteur en scène de son destin. En redevenant André Moreau le monde réel apparait bien plus incertain et fait de lui un acteur encore impuissant de ce qui lui arrive. George Sidney multiplie les amorces "scéniques" où la composition de plan, le cadrage ou le mouvement de caméra introduit cette théâtralité dans le réel et fait du héros un spectateur (Philippe de Valmorin sauvagement assassiné sous ses yeux) ou une victime des évènements (toutes les scènes d'entraînements introduite par un regard extérieur que ce soit un personnage ou le réalisateur). Trop agité par ses sentiments pour offrir un répondant crédible lors des deux premiers face à face avec Noël de Maynes, il s'avèrera ensuite trop dans la mise en scène dans les défis lancé à son ennemi à l'assemblée (avec là aussi une entrée théâtrale où il tire sa révérence comme un acteur à chaque retour victorieux de duel) ses deux amours lui évitant une dangereuse confrontation.

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Tout se résoudra donc lors de l'extraordinaire duel final. Noël de Maynes s'invite cette fois dans ce monde du spectacle, permettant à André de l'affronter fort de ses deux visages qui n'en feront plus qu'un. Il s'élève de la scène vers les loge pour poursuivre son adversaire et tout le déroulement du combat le voit mêler froide détermination et "sens du show" (son costume, ses roulades et saut outrés, son attitude fanfaronne) qui le rende virevoltant et invincible. Dès lors inutile d'achever son ignoble adversaire, il l'a de toute manière vaincu et les spectateurs (du film et du théâtre) en ont eu pour leur argent. On jubile ainsi à voir l'arrogance aristocratique de Mel Ferrer (formidable) se déliter, le tout au terme d'un long et virtuose morceau de bravoure (chorégraphié par Fred Cavens) clou idéal des autres excellentes scènes de combat qui précèdent. André peut donc aller non sans un serrement de cœur vers qui son amour le guide et le temps d'une dernière scène parfaite fusionne définitivement le grand héros romantique et le bouffon. 6/6

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Jeremy Fox
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Jeremy Fox »

La Parade aux étoiles (Thousands Cheer) - 1943

Une de ses nombreuses comédies musicales destinées à remonter le morale des troupes durant la Seconde Guerre Mondiale, avec un semblant d'intrigue prétexte à aligner les numéros musicaux. Même si l'on pressent à de nombreuses reprises la virtuosité avec laquelle Sidney manie sa caméra, son génie de la mise en scène, on est encore loin de ce qu'il arrivera à faire dès l'année suivante avec le génialement kitchissime Le Bal des sirènes ou encore l'ultra sympathique Escale à Hollywood. Ici, excepté l'agréable petite romance entre la délicieuse Kathryn Grayson et le tout jeune Gene Kelly on doit subir une suite presque ininterrompue de chansons assez fades et de sketchs absolument pas drôles avec Frank Morgan ou Red Skelton. A retenir néanmoins le célèbre Honeysucke Rose par Lena Horne et une kyrielle de stars de la MGM dans leur propre rôle durant la longue dernière demi-heure.

Dans le genre comédie musicale "de propagande", on préfèrera de loin l'excellent Hollywood Canteen de Delmer Daves ou le délicieux Four Jills in a Jeep de William A. Seiter, voire même le film précédent avec Gene Kelly, beaucoup plus attachant et moins lourd, For me and my Gal de Busby Berkeley.
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Rashomon »

Question: cette édition (anglaise) de Annie Get Your Gun comporte-t-elle des stf ou dois-je en passer par le coffret TCM (ce qui m'embêterait un peu vu que je possède déjà deux films sur les quatre) ?

https://www.amazon.fr/Annie-Get-Your-Gu ... tty+hutton
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Jeremy Fox »

Rashomon a écrit :Question: cette édition (anglaise) de Annie Get Your Gun comporte-t-elle des stf ou dois-je en passer par le coffret TCM (ce qui m'embêterait un peu vu que je possède déjà deux films sur les quatre) ?

https://www.amazon.fr/Annie-Get-Your-Gu ... tty+hutton
Sinon achète l'édition américaine :idea:
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par villag »

Et louons une fois de plus Raphael Sabatini, sans qui le film d'aventure américain des années 30,40,50 ( l'age d'or en fait du cinéma ) ne serait pas ce qu'il est ...!!!!
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Profondo Rosso »

Young Bess (1953)

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En 1558, Élisabeth Ire devient reine d’Angleterre. Mme Ashley, sa gouvernante, et M. Parry, son intendant, se souviennent des joies et des peines qui ont jalonné sa jeunesse… En 1536, Henri VIII fait exécuter sa femme Anne Boleyn et écarte sa fille Élisabeth, surnommée Bess, de la cour royale. Après s’être marié trois fois, Henri épouse Catherine Parr, nouvelle reine auprès de qui Bess, rentrée en grâce, trouve sympathie et soutien. De forte personnalité, Bess s’affirme et surprend son père. Elle tombe amoureuse de Thomas Seymour, amiral de la flotte anglaise et homme de confiance du roi.

Young Bess est une évocation romancée de la future reine Elisabeth dans une flamboyante vision hollywoodienne. Le film adapte le roman éponyme de Margaret Irwin dont la MGM acquit les droits en 1945 en envisageant une toute jeune Elisabeth Taylor dans le rôle-titre, puis Deborah Kerr qui jouera finalement Catherine Parr quelques années plus tard quand la production sera enfin lancée. C'est finalement Jean Simmons (teinte en rousse) qui remporte la mise, entraînant dans son sillage son époux Stewart Granger qui jouera Thomas Seymour. L'histoire forge le caractère inflexible en construction d'Elisabeth à travers l'observation de la cour mais aussi de sa romance avec Thomas Seymour. On observe ainsi avec un effroi mêlé d'amusement de l'alternance d'exil et de retour en grâce d'Elisabeth enfant au gré de la durée de vie des épouses de l'orageux souverain Henry VIII. Cela commence au berceau avec l'exécution de sa mère Anne Boleyn, George Sidney jouant du motif e répétition en rejouant les même séquences d'arrivée à la cours et de retour à Hartley. Charles Laughton retrouve le rôle qui lui apporta la gloire vingt ans plus dans La Vie Privée 'Henry VIII (1933, Alexander Korda) et renoue avec cette présence truculente et ogresque. La frontière entre la convivialité bourrue et l'autoritarisme n'est jamais loin, notamment dans le geste affectueux de caresser le cou de ses épouses présage de la décapitation future qu'orchestre Sidney dans un cruel raccord. Le répondant d'Elisabeth face à ce père imposant offre donc quelques séquences plaisant où le tyrannique souverain reconnaît bien là son sang dans ce tempérament orageux.

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La grandeur de l'Angleterre sera cependant vue par Elisabeth à travers le regard amoureux qu'elle porte sur Thomas Seymour, amiral de la flotte anglaise. Le film est relativement respectueux de l'Histoire dans les grandes lignes (y compris la fragilité de l'éphémère jeune héritier Edward brièvement évoquée) si ce n'est la caractérisation romanesque loin de la réalité. Thomas Seymour devient donc un héros tragique au centre du triangle amoureux entre son épouse digne Catherine Parr (Deborah Kerr) et la jeune Elisabeth, les sentiments de celle-ci restant contenus. Thomas Seymour sert donc autant d'éveil sentimental que de mentor politique façonnant la détermination d'Elisabeth, certains rebondissement jouant des deux aspects comme lorsqu'il s'agace de la voir promise à un prince étranger. Dans la réalité cette séduction de Seymour était purement ambitieuse et intéressée, la promiscuité après la mort d'Henry VIII amenant des situations gênantes qui deviennent candides passée à la moulinette hollywoodienne. La bonne idée c'est de faire de cette réalité des rumeurs qui menace le couple Seymour/Elisabeth, le sort de Seymour devenant une tragédie par la fiction - sans parler d'une ellipse suspecte qui remets en cause l'idée de reine vierge. George Sidney maître du raffinement et du faste MGM dans ses films historiques (Les Trois Mousquetaires, Scaramouche) comme ses comédies musicales (Show Boat, Ziegfeld Follies, Escale à Hollywood) tisse un écrin somptueux qui conserve néanmoins une dimension intimiste. Les mattes-paintings somptueux d'extérieurs (les arrivées et départ d'Hartley) alterne avec la grandiloquence de la cour que ce soit dans le décor ou l'emphase que la photo et/ou l'arrière-plan amène aux moments romantiques pourtant plus feutrés. Jean Simmons est parfaite entre vulnérabilité et le maintien de la souveraine en devenir, le film alterne les moments de pure éloquence exaltée (malheur à celui qui dira du mal de sa mère Anne Boleyn) avec d'autres où Sidney instaure par l'image sa facette royale qui en impose aux interlocuteurs. C'est particulièrement vrai sur la fin avec cette ombre qui écrase littéralement la vile Anne Seymour (Kathleen Byron) puis ce plan final (presque un tableau filmée) où la jeune fille disparait pour laisser s'avancer la reine. 4,5/6

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Barry Egan
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Re:

Message par Barry Egan »

Tom Peeping a écrit : 4 mars 04, 18:01Bye Bye Birdie (1963) avec Ann-Margret, Janet Leigh, Dick van Dyke.
Un musical qui mélange avec un humour corrosif le culte d'Elvis, la Guerre Froide et les débuts de la télé-réalité. Un teenage movie en danses et chansons qui n'a pas un temps mort. Réalisation parfaite et constamment inventive.
Pas mieux. C'est même tellement bourré de bonnes idées qu'on regarde parfois la montre en se demandant quand est-ce que ça finira pas. Un vrai concentré de bonne humeur qui me fait penser dans le ton à "1,2,3" de Billy Wilder avec un cynisme beaucoup plus discret et d'autant plus percutant quand il se montre, à travers des dialogues bien écrits (qui font regretter le temps des bons mots au cinéma, un peu disparus... ; le comble, c'est cette qualité d'écriture des parties non chantées dans une comédie musicale).

Étrange de temps en temps quand certaines obsessions se recoupent : j'ai beaucoup écouté The Marcels (ceux de "Blue Moon") ces derniers temps et j'ai eu le plaisir de découvrir que deux des chansons qu'ils interprètent, "Honestly Sincere" et "One Last Kiss", proviennent de ce film/spectacle musical. Deux parodies de chansons accrocheuses aux paroles bien bêtes qui contrastent encore une fois avec l'inventivité des dialogues et des chorégraphies de danses que mettent en valeur une mise en scène à la fois discrète et virtuose comme on ne sait plus trop en faire.

Après "Viva Las Vegas" et ce super "Bye Bye Birdie", je vais me pencher plus sérieusement sur l'oeuvre de George Sydney.
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Re: Re:

Message par Jeremy Fox »

Dirk Diggler a écrit : 22 sept. 20, 09:17

Après "Viva Las Vegas" et ce super "Bye Bye Birdie", je vais me pencher plus sérieusement sur l'oeuvre de George Sydney.
Et tu n'as pas fini de te régaler ; enfin, j'espère. :wink:
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Barry Egan »

Le prochain sur la liste, c'est "La Blonde ou la rousse" avec Sinatra et Kim Novak.
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Re: George Sidney (1916-2002)

Message par Barry Egan »

La Blonde ou la Rousse

Film bizarrement prenant mais antipathique... Sinatra n'est pas très aimable dans son rôle de chanteur/escroc, Kim Novak joue son rôle de potiche timide à la perfection et Rita Hayworth chaperonne le tout. Jolies chansons, intrigue baignée d'amertume... Un peu long aussi...

Who Was That Lady ?

Le début est un peu poussif, puis une fois que la mécanique de l'excès se met en place, c'est prenant et ça fait beaucoup rire. Le final dans l'Empire State Building fait autant de dommages que King Kong. Les trois acteurs semblent se régaler, parfois un peu trop (ils semblent oublier le spectateur...). Un agréable moment, là encore un peu long (1h53 !).
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