Don Siegel (1912-1991)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Rick Blaine
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Rick Blaine »

Edge of eternity (Le secret du Grand Canyon - 1959)
Le titre français est plutôt explicite sur le sujet de ce film, il s'agit de filmer le Grand Canyon, en Cinémascope comme le précise le générique. Et Siegel nous en donne pour notre argent, avec survols en avion, poursuites en voiture et duel sur une nacelle suspendue au dessus du vide. Autour de cela, une intrigue policière sur fond de mine d'or plutôt simpliste mais rondement menée et une jolie galerie de personnages avec en tête un Cornel WIlde plutôt convaincant en Sheriff adjoint échoué dans une petite ville de l'Arizona et la charmante Victoria Shaw en énergique fille de patron de conglomérat minier.
Le résultat est un polar léger, efficace et résolument spectaculaire dont les 80 minutes passent en un clin d’œil. Nous sommes clairement dans un film de commande, presque une publicité pour passer des vacances en Arizona, mais ça fonctionne fort bien. Un très bon divertissement qui confirme le remarquable savoir faire de Siegel.
Nestor Almendros
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Nestor Almendros »

Revu Madigan dans le beau Blu-ray Eléphant (bientôt en test, donc).

C'est un film qui ne m'a jamais vraiment marqué ni séduit, même si je l'ai un peu revu à la hausse aujourd'hui, mais ce que je retiens surtout c'est son style TV (ah sa musique de série), corseté, statique, un peu vieillot (allez, lâchons le mot) alors qu'à peine trois ans plus tard Siegel fera quelque chose de beaucoup plus moderne et réaliste avec Dirty Harry. J'ai aussi beaucoup pensé aux Flics ne dorment pas la nuit, dont le traitement (là aussi, à peine quelques années après) offre un style "hors les murs" beaucoup plus aéré, moins théâtral, moins "studio", sur un sujet proche...
Une chose aussi qui m'a marqué dans Madigan : la place de la femme, reléguée aux côté des homme dans une vision de "bobonne" en cuisine, recluse à la maison, et par qui les problèmes arrivent (c'est à cause de sa belle-fille, amatrice de fourrures, que l'adjoint de Fonda franchit la légalité et négocie un prêt avec un malfrat). Toute une époque :mrgreen:
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Alexandre Angel
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Alexandre Angel »

Assez d'accord.
Je trouve pas ça très bon non plus et dans mon souvenir (qui date), je ne suis pas plus client d' Un shérif à New York.
Siegel se rattrapera avec des films comme Les Proies, Tuez Charley Varrick!
J'aimerais réessayer Telefon.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Rick Blaine
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Rick Blaine »

J'ai revu Madigan, et pour ma part je trouve toujours qu'il s'agit d'une belle réussite. Oui sur la forme c'est classique, çà évoque plus les films de détective des 60's que ce qu'on verra 2-3 ans plus tard, mais ça ce n'est pas gênant. Et il y a déjà les décors gris de la ville qui annonce ces films futurs. mais sur le fond c'est très moderne, avec ce débat entre la droiture de Fonda et le côté fonceur de Widmark qui parcours tout le film, le côté inutile de l'action (le film est une boucle, les drames qui arrivent procèdent de l'erreur initiale de Madigan sans que rien n'avance), ça c'est assez en avance. Et puis les personnage sont très bien construits attachants, il y a une grande réussite dans l'écriture que l'on doit surement à Polonsky.
Bon, j'ai un avis biaisé, Widmark sur une chaise pendant 1h30 je trouverais ça bien, mais je trouve que c'est un film qui a vraiment de très belles qualités.
Bonner
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Bonner »

"La ronde du crime" : petit chef d'oeuvre assez fou.
bruce randylan
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par bruce randylan »

Alors que la rétro à la Cinémathèque bat son plein, petit retour sur quelques films moins connus :

Night Unto Night (1949) est une excellente surprise ! Pour un second film, Siegel fait preuve d'une stupéfiante virtuosité technique (nombreux travellings complexes et audacieux) et plastique avec une photographie très contrastée et expressionniste. Ca donne une atmosphère vaporeuse et fascinante qui permet de faire passer la pilule d'une histoire rocambolesque avec trauma et refoulement, typique de l'époque où Hollywood s'inspirait (maladroitement) de la psychanalyse.
Après le bon souvenir de The verdict, je trouve dommage que Siegel n'ai pas davantage travaillé plus longtemps pour la Warner.

An Annapolis Story (1955) est un bon gros navet avec deux frères faisant leur classe militaires dans la même école et qui tombent amoureux de la même fille, ce qui les brouille. Ca se déroule durant la guerre de Corée mais c'est assez identique au scénario de Pearl Harbor de Michael Bay ; c'est tout aussi niais et mal écrit (et sans le spectaculaire pyrotechnique). Des acteurs à la réalisation, tout est médiocre et ennuyeux au possible.

The gun runners (1958) n'est guère mieux loti. C'est un remake insipide et sans saveur du port de l'angoisse (ou Breaking Point de Curtiz) et l'un des plus faibles Audie Murphy. La fin possède un peine plus de punch mais c'est franchement décevant de constater que rien ne décolle jamais.

The Hanged Man / Le prix d'un meurtre (1964) est pour sa part un remake de Et tournent les chevaux de bois. Il se traîne une piètre réputation mais j'ai trouvé ça plutôt honorable. Certes on est loin derrière du Robert Montgomery et il y a son lot de conventions/clichés (les français pour changer :P ) mais il y a un savoir-faire technique où Siegel fait preuve du côté méticuleux et carré des bons jours. Malgré le budget réduit où la ville est réduite à une place, 2 ruelles et 3 intérieurs, c'est plutôt bien mené, sans temps mort, et les personnages possèdent assez de caractère et de sécheresse pour avoir ce qu'il faut de tension et de dureté.
La copie de la cinémathèque était dans un état remarquable, ce qui aide sans doute aussi.

Jinxed / La flambeuse de Las Vegas (1982) conclut assez tristement sa carrière, encore que la seconde moitié est plus amusante que la première moitié assez catastrophique il faut bien dire. Don Siegel, conscient de s'être fourvoyer dans un tel projet avec une Bette Midler ingérable, fait un caméo (symbolique) comme gérant d'un sex shop, une manière de dire qu'il se prostitue littéralement et qu'il prend un malin plaisir à balader sa comédienne dans un improbable jeux de pistes final.
Le remplacement par Sam Peckinpah a sans doute été bénéfique. J'ai cru comprendre qu'il avait signé la séquence du meurtre dans la caravane et c'est pour ainsi dire le seul moment où l'humour noir fonctionne et que la réalisation apporte un peu de dynamisme et de rythme.
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Bonner »

Kevin95 a écrit : 4 nov. 17, 10:28MADIGAN (1968) révision
Désolé mais Madigan est un pur chef chef-d'oeuvre où le New York de la fin des 60's est sublimé. La photographie, la musique, l'ambiance, les acteurs, tout dans ce film nous rappelle que Don Siegel était un génie. Hélas pour lui, il n'avait pas reçu l'onction des Fouquier Tainville français pour cause de Dirty Harry soi soi-disant fascisant, mais quel réalisateur !! Dans Madigan, il y a tout le ciném : des nains gangsters, des fausses pistes, des femmes qui se prennent des roustes, une intrigue qui n'en est pas vraiment une en s'effaçant devant les petites histoires du quotidien, des héros qui meurent à la fin car après tout ils n'ont pas d'importance.
Madigan, c'est un polar hyper classique mais stylisé, avec ce petit quelque chose qui a disparu avec son époque. Après, il est inutile de parler des acteurs de ce film. C'est comme parler de la Tour Eiffel ou d'autres trucs dans ce genre, tout a été dit. Il y a quand même la divine Susan Clark qu'on retrouvera en 1970 dans le très bon et très curieux "Cerveau d'acier'. Si seulement aujourd'hui on pouvait faire des films de la teneur d'un Madigan....
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Major Dundee
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Major Dundee »

Bonner a écrit : 21 sept. 20, 21:29 Si seulement aujourd'hui on pouvait faire des films de la teneur d'un Madigan....
+ 1000 8)
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Bonner »

Corrections : pas "chef chef-d'oeuvre", ça fait beaucoup de chefs. Et plutôt Fouquier-Tinville.
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Bonner »

Alexandre Angel a écrit : 11 déc. 16, 14:55 Purée, mon dvd commence à s'impatienter sévère!
The Lineup c'est quand même une bonne grosse claque. Don Siegel a ete trop longtemps infréquentable, un peu comme un Michael Winner.
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par frédéric »

La Dernière Minute (1953)


Petit polar pas déshonorant avec le charme de Teresa Wright (vue dans l'ombre d'un doute) un certain suspense et une atmosphère bien rendue. Sympathique. Avec l'éternel
Spoiler (cliquez pour afficher)
Jack Elam en méchant.

Ca commence à Vera Cruz (1949)


Vaut surtout pour une fantastique course poursuite en voiture des trois protagonistes à travers les routes rocailleuses du Mexique sur un ton assez léger bienvenu et un petit twist final assez inattendu. J'ai cru comprendre que le film a été fait pour que Mitchum sorte de prison à l'époque où une histoire de ce style. C'est bien emballé en à peine 1h10 mns.


Trafiquants d'armes à Cuba (1958)

Remake (officieux) du Port de l'angoisse de Hawks assez pépère dans lequel il ne se passe pas grand chose. Petit ennui poli, malgré le jeu de Murphy qui essayait sans doute de sortir des westerns et le charme de Patricia Owens et Gita Hall, sorte de clone de Lauren Bacall qui se tourna semble-t-il plus vers le mannequinat que le cinéma. Pas le meilleur Siegel.
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Jeremy Fox
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Jeremy Fox »

The Eye Of Doom
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par The Eye Of Doom »

N’ayant hésiter acheter le coffret Powerhouse en raison du manque de stf, je me rabat sur les dvd franchouillards.

The Lineup.
Tres bon film noir porté par une interprétation remarquée de Eli Wallach et Robert Keith, de tres bons dialogues, une mise en scene seche et nerveuse et The streets of San Francisco.
Ca demarre bien mais sans susciter d’interet flagrant. On chance de registre rapidement avec l’arrivée des deux tueurs (enfin du tueur et son mentor).
Tout le passage a la patinoire vers la fin est remarquable.

En bonus, intro du film par Tavernier et Guerif. A voir apres le film bien sur
Copie tt a fait correcte.
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Boubakar
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Boubakar »

Des avis sur son avant-dernier film, Le Lion sort ses griffes ?

Je vois que le blu-ray va sortir dans quelques jours, j'aimerais savoir si ça vaut le coup ou non :)
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Alexandre Angel
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Re: Don Siegel (1912-1991)

Message par Alexandre Angel »

Pas vu mais je crois que le temps joue pour Siegel, l'effet patine. Ils valent le coup d'être essayés car Siegel savait trousser un film.
Bon celui-là je dirais qu'il a une réputation neutre, de film un peu routinier.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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