Jean-Pierre Melville (1917-1973)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Beule a écrit :La filiation Becker/Melville ne me semble pas si évidente... Becker est un peintre de milieu admirable, alors que Melville, particulièrement dans ses séries noires se caractérise par un grand sens de de la stylisation et de l'abstraction, du moins après Bob le flambeur, le seul d'ailleurs que je vénère.
Je tiens à préciser que je n'ai pas établi de filiation, du moins stylistique, entre Becker et Melville (puisque c'est moi qui ai parlé de Becker). Je citais simplement mes deux cinéastes français favoris. Cependant, il existait entre les deux un vrai respect mutuel et ils étaient tous les deux d'une extrême exigence dans leur métier. On pourrait dire aussi qu'ils appartenaient à la même communauté d'esprit. Dans mon futur test du Trou (qui tarde à venir, je sais :oops: ), je mentionnerai l'hommage fait à Becker par Melville, c'est plutôt émouvant.
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phenryl
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Message par phenryl »

Roy Neary a écrit : Dans mon futur test du Trou (qui tarde à venir, je sais :oops: ).
et monsieur roy est modo :shock:


:lol: :lol: :lol:
...
Cosmo Vitelli
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Message par Cosmo Vitelli »

Puisqu'on parle de filiation, j'aurais plus volontiers lié Melville à Bresson.
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Message par phenryl »

Cosmo Vitelli a écrit :Puisqu'on parle de filiation, j'aurais plus volontiers lié Melville à Besson.
là ,je dis halte man

:mrgreen:
...
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Beule
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Message par Beule »

Cosmo Vitelli a écrit :Puisqu'on parle de filiation, j'aurais plus volontiers lié Melville à Bresson.
Pas forcément dans la mesure où le cinéma de Bresson, certes placé sous le signe de l'austérité lui aussi, semble beaucoup plus libre, plus autodidacte que celui de Melville, qui s'est enrichi des grandes influences du classicisme hollywoodien avant de les remodeler dans une sorte d'épure abstractive.
Et Becker, qui se réclamait lui-même de Bresson -dont il admirait par dessus tout Les anges du péché et Les dames du bois de Boulogne- sinon dans le style en tout cas dans la démarche (faire acte de création toujours neuf et renouvelé, dégagé des carcans narratifs, bref s'engager dans un cinéma absolument libertaire) est peut-être plus affilié à Bresson que Melville, non?. :?
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Cosmo Vitelli
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Message par Cosmo Vitelli »

Le minimalisme de la mise en scène, l'attention extrême portée à chaque geste, un sens inouï du découpage rapprochent Melville de Bresson, je trouve. Bien entendu Melville est resté preméable à l' influences outre-Atlantique...et bressonienne ? (on peut se poser la question avec sérieux). Je suis d'accord pour Becker, il n'y a qu'à se pencher conjointement sur Le trou (de pas trop près quand même) et sur Un condamné à mort s'est echappé. Mais j'irai plus loin : pour moi Bresson, à l'instar d'un Renoir ou d'un Godard, reste, je m'excuse d'employer ce terme à la Atticus Finch :mrgreen: , un paradigme à lui seul, autrement dit un modèle pour de très nombreux cinéastes. Consciemment ou non (Sigmund au rapport !) des dizaines de cinéastes français, semblent obéir aux maximes de Bob (pour les intimes) consignées dans son livre manifeste Notes sur le cinématographe. Il y'a du Bresson chez Dumont, Eustache (mais là Eustache le revendique), Becker (on le voit l'influence traverse les époques). Mince le sujet c'était Melville ! J'y reviens donc.
Melville a mis un certain temps avant d'épouser le style épuré qu'on lui connaît. S'il parle volontiers de ses influences américaines, il reste plus discret sur le cinéma français. Il serait intéressant, pour ceux qui ont lu les entretiens, si Melville (grand mystificateur et mythomane au demeurant) cite, ne serait-ce qu'une fois, le nom de Bresson.
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Message par Swan »

Cosmo Vitelli a écrit :Melville a mis un certain temps avant d'épouser le style épuré qu'on lui connaît. S'il parle volontiers de ses influences américaines, il reste plus discret sur le cinéma français. Il serait intéressant, pour ceux qui ont lu les entretiens, si Melville (grand mystificateur et mythomane au demeurant) cite, ne serait-ce qu'une fois, le nom de Bresson.
Oui, page 37 : il y conteste l'influence de Bresson, expliquant que c'est Bresson qui a été influencé par lui. Selon lui, Les Anges du Péché et Les Dames du Bois de Boulogne ne portent pas encore la marque bressonienne, il trouve de grandes similitudes entre son Le Silence de la Mer et Le Journal d'un Curé de Campagne, entre autres des plans reproduits. Il conclu en disant que Bresson aurait confié à André Bazin l'influence majeure qu'aurait été Melville.
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Cosmo Vitelli
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Message par Cosmo Vitelli »

Swan a écrit : Oui, page 37 : il y conteste l'influence de Bresson, expliquant que c'est Bresson qui a été influencé par lui. Selon lui, Les Anges du Péché et Les Dames du Bois de Boulogne ne portent pas encore la marque bressonienne, il trouvent de grandes similitudes entre son Le Silence de la Mer et Le Journal d'un Curé de Campagne, entre autres des plans reproduits. Il conclu en disant que Bresson aurait confié à André Bazin l'influence majeure qu'aurait été Melville.
Merci Swan :wink:

Mais qui croire dans cette affaire ? :?
Swan
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Message par Swan »

Cosmo Vitelli a écrit :Mais qui croire dans cette affaire ? :?
Plus proche de nous, ça me rappelle les débats Argento/De Palma : entre influences plus ou moins inconscientes, recyclages, mythomanie, mauvaise fois et anatoles cinématographiques, je crains que la vérité ne soit bien difficile à trouver.
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Leopold Saroyan
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Message par Leopold Saroyan »

Swan a écrit :Plus proche de nous, ça me rappelle les débats Argento/De Palma : entre influences plus ou moins inconscientes, recyclages, mythomanie, mauvaise fois et anatoles cinématographiques, je crains que la vérité ne soit bien difficile à trouver.
Je pense au contraire qu'il ait aisé de déceler la mauvaise foi patante de DePalma chaque fois qu'on l'interroge sur le sujet. et c'est un inconditionnel qui vous parle! :)

Pour Melville, je le considère comme un très grand du cinéma d'avant Nouvelle Vague. J'aime son style, son humour (Bob le Flambeur) et son univers. Et je crains devoir affirmer que le film de lui que je préfère est Les enfants terribles. 8)
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Message par John T. Chance »

Bresson/Melville ?
D'après Chabrol, C'est Melville qui, à un moment, a voulu se modeler sur Bresson pour donner à son cinéma ce côté hiératique et glacé. Chabrol pense lui que c'est le côté bricolage, mal foutu des films de Melville qui fait leur charme.
J'attends de voir Bresson pour mieux en parler... :wink:
passe me voir du côté du rio grande, petite...
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Message par Sergius Karamzin »

Je ne suis pas grand amateur des films de Melville, mais je n'ai jamais vu "Bob le flambeur" et cela semble une lacune bien vilaine.
Nénamoins, mon préféré et de très loin (ça va faire rire) c'est "Léon Morin, prêtre", un film que je trouve touchant, ambitieux et particulièrement délicat, loin des archétypes parfois caricaturaux des films de Melville, et aux préoccupations nettement plus spirituelles.
Jordan White
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Message par Jordan White »

Le Samourai est une oeuvre si mythique qu'il est difficile de passer outre, avec un Delon qui n'a jamais été aussi parfait ( il est aussi très bon dans Le Guépard ou la Piscine au hasard). De plus l'histoire est une histoire minérale, mélancolique, et le film est d'une fulgurance visuelle de tous les instants. Mais pour moi, intimement, son plus grand film reste l'Armée des Ombres un des plus grands films français.
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Message par mifune »

Ce qui manque (et qui fait sa force et son originalité) dans les films de Melville c'est l'émotion (pas vu Bob le Flambeuralors je ne peux juger celui là). Que ce soit dans le cercle rouge, le samourai, deux homme dans la ville (ou un truc comme ça je confonds peut être le nom mais c'est le film où melville se retrouve à nex york avec un journaliste) ou même le deuxième souffle j'ai du mal à m'attacher au personnage qui sont en général assez antipathique. Après on pourrait rapprocher les films de Bresson avec ceux de Melville pour l'épure stylisque ( l'épure stylistique c'est un peu comme le baroque on ne voit que ça) mais bon sans faire l'hérétique le jeu des acteurs chez Bresson est un peu... spécial disons.
A la rigueur le personnage joué par Belmondo dans le Doulos est tout de suite plus avenant mais celà doit être du au charisme de bebel plus qu'un effort du cinéaste.
Celà ne m'empeche pas d'admirer le talent des acteurs melviliens en particulier bien sur Bourvil dans le Cercle Rouge. Melville a laissé un grand vide dans le film de genre français après sa mort et a eu peu de successauers philosophique et cinématographique en France.
Dave Garver
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Message par Dave Garver »

J'ai revu le cercle rouge. Je déteste le personnage Melville et plus encore Alain Delon. Il se dégage du cercle une froideur et une antipathie glaciale, chirurgicale. Le film est pourtant une réussite, un classique du film noir qui n'a rien à envier aux meilleurs polars US, dont il s'inspire allégrement pour la mise en scène. Melville a un univers particulier, qui est une émanation de sa personne. On retrouve ses amours et ses phobies. Tout transparait. Alors comment aimer son oeuvre ? C'est simple, si ses attitudes au privé agacent, sa maîtrise derrière la caméra ne peut qu'inspirer le respect. Ne pas mélanger privé et professionnel, c'est tout.
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