
Si l'âge d'or du film noir (américain) correspond bien aux années 40-50, l'invention du genre remonte à la fin du muet.
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Il est vrai que sous-entendre que Wilder invente tout cela dans Double Indemnity est très exagéré.Federico wrote:A les croire, Wilder aurait inventé le flash-back, la femme-fatale, les contournements de la censure etc. Bref, que le film noir commence avec Double Indemnity !.
A mon sens également, peut-être le meilleur des films noir.Demi-Lune wrote:Un authentique chef-d'œuvre pour ma part. Peut-être le meilleur film noir hollywoodien.
Pour moi aussi le plus grand film noir juste derrière Pickup on South StreetCe monologue qui ouvre Double Indemnity, c’est donc celui de l’agent d’assurances, Walter Neff, qui, mortellement blessé par une balle dans le corps, ayant péniblement réussi à regagner son bureau, se met au dictaphone pour y enregistrer sa confession. A partir de ces seules cinq premières minutes constituant le prologue, il serait presque possible d’étudier le film dans son intégralité par une explication de texte et d’analyse filmique et, à travers ceux-ci, faire ressortir les principaux éléments constitutifs du film noir (mystère, atmosphère nocturne, fatalisme prégnant, ambiance tragique et mortifère…) ainsi que les bouleversements et évolutions que Double Indemnity lui a apporté. Car le troisième film de Billy Wilder change radicalement la donne et, comme Le Faucon maltais (The Maltese Falcon) de John Huston trois ans auparavant, fait véritablement repartir le genre sur de nouvelles bases, lui ouvrant des espaces narratifs encore inexplorés et oh combien passionnants ! Depuis, le film noir l’a repris à son compte des milliers de fois mais (avec Citizen Kane dans un autre registre) c’est vraiment Assurance sur la mort qui a lancé la mode de la voix off et du flashback pour briser la linéarité du récit policier et du suspense. Suspense qui ne repose plus désormais forcément sur l’identité du coupable (puisque nous le connaissons ainsi que son échec final dès les premières minutes par l’intermédiaire du soliloque recopié ci-dessus) mais sur le pourquoi et le comment de l’assassinat.
Là, je suis davantage d'accord... tout en ne pouvant m'empêcher (on va finir par croire que j'ai mauvais espritRick Blaine wrote:Il est vrai que sous-entendre que Wilder invente tout cela dans Double Indemnity est très exagéré.Federico wrote:A les croire, Wilder aurait inventé le flash-back, la femme-fatale, les contournements de la censure etc. Bref, que le film noir commence avec Double Indemnity !.
D'ailleurs, plutôt qu'un film inventif ou fondateur, ce serait plutôt à mon sens un film somme, l'archétype parfait du film noir.
C'est effectivement à ce genre de chose que je pensais (même si je n'ai pas encore vu Liaisons Secrètes pour l'exemple cité). Il arrive très souvent que je me dise "tiens, j'ai déjà vu ce genre de chose", et que je tombe finallement sur Double Indemnity. C'est en celà que le film est fondateur, pas nécessairement par ses inventions, mais par le fait qu'il est devenu une sorte de pierre de touche du film noir, et du cinéma hollywoodien dans son ensemble.Federico wrote:j'ai pensé à la scène où les amants se retrouvent dans les rayons du supermarché. Je ne suis pas sûr de moi mais il me semble l'avoir revue dans Liaisons secrètes de Richard Quine avec Kirk Douglas et Kim Novak (qui est plus une comédie dramatique qu'un polar).
C'est aussi l'écrasante réussite des 3 personnages principaux et de leur interprétation, notamment celle d'Edward G. Robinson qui pourrait éclipser les personnages secondaires dans ton esprit. Je n'ai effectivement plus beaucoup de souvenir des autres personnages, mis à part le boss évidement, mais principalement par les réponses de Robinson.Federico wrote:Car pour soutenir les trois acteurs principaux, ceux qui interprètent le mari, la belle-fille et son petit ami ne brillent pas par un grand relief. Même le témoin avec sa dégaine et son accent de gars de la campagne qui veut profiter de la grande ville pour le week-end reste convenu. Il y a juste (mais trop brièvement) le chauffeur de camion pas super futé et qui a voulu arnaquer les assurances et le prétentieux boss de la compagnie (que Robinson remet si génialement à sa place).
C'est sûr.AlexRow wrote:Le film reste puissant 75 ans plus tard.
Ca a probablement été analysé et avoir de multiples raisons, mais je me demandais justement l'autre jour pourquoi beaucoup de réalisateurs "germaniques" ont pu si bien s'intégrer à Hollywood (au point qu'on oublie même parfois leurs racines européennes) tout en réalisant des films critiques sur la vie américaines, au contraire des Français comme Renoir, Duvivier...Plus j'y pense, plus j'y vois le regard d'un étranger - Wilder - sur Los Angeles, sur la classe moyenne et ses valeurs qui sécrètent l'esprit même du crime crapuleux, raccourci vers le succès à la fois obligatoire et inaccessible si l'on reste dans la vertu que prône en façade cette société.
C'est une bonne question. Il faudrait savoir dans quel esprit ces migrants ont abordé Hollywood : se sont-ils mis au service d'une industrie ou ont-ils pensé que celle-ci se mettrait au service de leur art ?Sybille wrote: Ca a probablement été analysé et avoir de multiples raisons, mais je me demandais justement l'autre jour pourquoi beaucoup de réalisateurs "germaniques" ont pu si bien s'intégrer à Hollywood (au point qu'on oublie même parfois leurs racines européennes) tout en réalisant des films critiques sur la vie américaines, au contraire des Français comme Renoir, Duvivier...
Je crois qu'une des raisons est le fait qu'il a existé une assez importante communauté "germanique", issu d'une immigration fuyant le nazisme, à Hollywood. Il étaient réalisateurs, scénaristes, directeurs photo, compositeurs de musique.. Il devait y avoir beaucoup d'entraide. D'après Douglas Sirk, Billy Wilder était, sur ce plan, quelqu'un de bien, accueillant les nouveaux venus avec bienveillance, les aidant à s'installer, leur dégotant du boulot. Fritz Lang, en revanche, n'aurait pas été cool du tout.Sybille wrote: Ca a probablement été analysé et avoir de multiples raisons, mais je me demandais justement l'autre jour pourquoi beaucoup de réalisateurs "germaniques" ont pu si bien s'intégrer à Hollywood (au point qu'on oublie même parfois leurs racines européennes) tout en réalisant des films critiques sur la vie américaines, au contraire des Français comme Renoir, Duvivier...
Tu as raison : la situation de la diaspora est essentiellement différente de celle des artistes français, plus isolés.Alexandre Angel wrote:Je crois qu'une des raisons est le fait qu'il a existé une assez importante communauté "germanique", issu d'une immigration fuyant le nazisme, à Hollywood. Il étaient réalisateurs, scénaristes, directeurs photo, compositeurs de musique.. Il devait y avoir beaucoup d'entraide.