Une pouliche raconte sa vie : sa naissance, ses rapports avec ses maîtres, ses premiers pas dans les courses hippiques, sa chute...
Avoir un cheval comme narrateur est plutôt un parti pris assez intrigant pour surprendre agréablement au début. Mais au final, c'est une fausse bonne idée. Ses commentaires (sous formes d'intertitres) cassent en fait totalement le rythme en paraphrasant constamment les images et en alourdissant la narration. Sans parler de la platitude des propos ("j'étais vraiment très tristes de voir mon enfant s'en aller". "Si seulement mes maîtres pouvaient savoir comme je suis fier d'eux". "Ma vie n'était vraiment pas très amusante avec ma patte cassée"...). Bref, l'intrigue est sans aucun intérêt même si ça reste dans l'univers "personnel" de Ford. Mais on sait que des thèmes personnels de Ford ne sont pas toujours bons signes. A part de jolis plans sur la canassons, quelques clins d'oeil (le cheval qui s'appelle "Confédération"

On devine que le film s'adressait sans doute à des enfants bien moins exigeants que les adultes qui goberont mal les trop grandes facilités de l'histoire (hop, un cheval est retrouvé comme par magie sans aucune explication) et son absence totale de psychologie et d'enjeux dramatiques.
Le sentiment de se retrouver devant une intrigue mal ficelée et construite se confirme par les éléments brouillons qui semblent mal mixer les éléments qui annoncent the shamrcok handicap et Riley the cop.
The brat (1931)
Un écrivain ramène chez lui une fille paumée, récupérée dans un tribunal, pour s'en servir comme modèle à son prochain roman.
Plutôt pas mal cette petite comédie qui manque encore un peu de souplesse dans son interprétation et qui demeure trop prévisible. Mais on sent que Ford s'y épanouit dans la mise en scène avec un découpage assez dynamique, une mise en scène peu statique et plein d'idées de cadrages surprenant (la balançoire).
D'où plusieurs séquences vraiment réussies dont les meilleures se situent dans l'introduction prenant place au tribunal avec un juge qui anticipe les personnages de Will Rogers. On y croise plein de personnages touchants et/ou grotesques pour autant de morceaux de vies esquissées avec tendresse. C'est aussi dans ces 10 minutes que la mise est la plus élaborée et inventive. Peu surprenant qu'on y croise donc rapidement Ward Bond pour une de ses premières collaboration avec Ford.
La suite est moins atypique mais donne quelques bons moments grâce au charme ingénue de Sally O'Neal qui fait innocemment de la balançoire debout en exposant sa jupe (et ses dessous) à un évêque, déclare son amour à son protecteur de manière touchante, réconforte le frère de celui-ci ou se livre à un sacré crêpage de chignon avec une rivale.
Les autres personnages ne sont pas tous fouillés et l'écrivain manque de nuance mais la courte durée de The Brat permet de ne pas trop subir ces défauts de caractérisation d'autant que la sensibilité du cinéaste est bel et bien là. Celà dit, une ellipse était assez brutale et je me demande si plusieurs séquences ne seraient pas perdues.
Loin d'être parfait mais j'aime bien ce genre d'imperfection quand elles sont faîtes avec du cœur.
