André de Toth (1913-2002)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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daniel gregg
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Message par daniel gregg »

revu recemment pour la memoire, ce somptueux brulot anti fasciste que represente "NONE SHALL ESCAPE" d'Andre De Toth anticipant le proces de Nuremberg puisque datant de 1944.
C'est disons le tout net l'un des plus beaux films meconnus de l'histoire du cinema, capable de rendre sensible a une periode toujours aussi mal discutee de l'histoire le plus insensible des insensibles.
A travers l'histoire mouvementee du personnage merveilleusement interpretee par Alexander Knox, on assiste de facon impuissante(et c'est la toute la magie du cinema quand il opere avec autant de talent) a la diabolisation d' une societe au lendemain de la defaite allemande en 1918 jusqu'aux premieres exactions retentissantes commises par les extremistes de gauche comme de droite des les annees 20.
S'appueyant sur l'effet de frustration que suscitent les victimes de ce regime insane(executions gratuites d'autochtones polonais,humiliation publique,etc...) et pourtant libre de tous droits, De Toth appuie de maniere tres nuancee sur la corde sensible jusqu'au vertige...Et si j'avais ete la...
Un film extraordinaire !!!
Personne
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Message par Personne »

Je viens de trouver en k7 Captain Morgan avec Steve Reeves, et Les Mongols avec Jack Palance. C'est 2 productions Franco-Italienne m'ont l'air tout à fait regardeable. Du scope, de belles reconstitutions....Je sens que je vais me régaler. 8)
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james
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Message par james »

Personne a écrit :Je viens de trouver en k7 Captain Morgan avec Steve Reeves, et Les Mongols avec Jack Palance. C'est 2 productions Franco-Italienne m'ont l'air tout à fait regardeable. Du scope, de belles reconstitutions....Je sens que je vais me régaler. 8)
Les mongols j'ai assez appreciez :wink:
je suis fana de ce genre ciné,je recherche et propose.merci
DirtyTommy
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Message par DirtyTommy »

Roy Neary :
None shall escape est un film de propagande typique de cette époque, mais très violent dans son propos. C'est la description, sous forme de flashbacks, d'une pourriture nazie de la pire espèce. Je n'ai pas trop de souvenirs des comédiens, mais je m'en rappelle comme d'une oeuvre forte.
Et comme le fait remarquer Tavernier lors de la présentation sur Ciné Classic, on peut aussi y voir un film précurseur du procés de Nuremberg. J'ai pas vérifié les dates mais c'est assez étonnant !

Dave Bannion :
De Toth a fait un excellent film noir : chasse au gang, vrai petit bijou avec S Hayden.
Oui, Crimewave est le film qui a inspiré son style à Jean-Pierre Melville. C'est Tavernier, toujours en présentation du cycle De Toth qui racontait que melville l'avait traîné en disant "tu vas voir, c'est formidable, il n'y a pas de musique" ou quelque chose comme ça.

J'ai encore ces films diffusés il y a quelques années sur Ciné Classic...
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james
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Message par james »

Beule a écrit :La chevauchée des bannis, admirable et rugueux western au suspense aussi épais que son manteau de neige, effectivement, qui me conduisait à intégrer Robert Ryan dans mon récent Top 5 acteurs de western il y a peu (avec L'appât et Les implacables). :D

Mention spéciale à son western "espionnage" La mission du Commandant Lex également. Je prends toujours du plaisir devant la série des Randy SCott, mais j'avoue que je les mélange un pey tous :oops: Je ne m'y retrouve pas entre Les conquérants de Carson City, Les massacreurs du Kansas, Terreur à l'ouest (si, c'est dans celui-ci qu'il est chasseur de primes) etc.

J'accorde même pas mal de crédit à ses films de genre européens, qui me semblent empreints d'un souffle rare chez les habituels tacherons italiens: son Capitaine Morgan vaut bien mieux qu'un Surcouf, et Les Mongols, inégal, impressionne par certains morceaux de bravoure épiques (les marais) ou sadiques. Quant à savoir si le crédit en est à porter à De Toth ou Freda, c'est un tout autre problème.
Et le cynisme dévastateur et jusqu'au boutiste de son Enfants de salauds n'a que peu d'égal dans les autres production du genre (commandos de WWII).

J'attends avec impatience de pouvoir découvrir son None shall escape de début de carrière, film anti nazi dont Coursodon et Tavernier comme Lourcelles dressent une exégèse passionnée :wink:
Randy scott dans "terreur a l'ouest" :wink:

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vic
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Message par vic »

Je connais mal ses westerns que j'aimerais bcp découvrir, hormis Springfield Rifle, vu plusieus fois à la télé et en salle, et que j'aime bien.

J'ai été très marqué par House of Wax, vu en relief 8) et surtout par Crime Wave, polar fulgurant avec un Sterling Hayden époustouflant.

Les Mongols, par contre, est franchement poussif....
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bogart
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Message par bogart »

La Rivière de nos amours (1955) DVD MGM : Quelle bonne surprise que la vision de ce western pro-indien, dès les premières images, la plastique irréprochable de la comédienne Elsa Martinelli prenant son bain (nue) dans cette rivière éveille en chacun de nous un retour à la nature. 8)
La durée de ce film relativement court (88 minutes) montre la cupidité de l'homme blanc prêt à sacrifier des vies pour satisfaire sa soif de l'or... A la caméra André de Toth (grand spécialiste du western) dirige avec maîtrise ce film,SPOILER notamment, la séquence de l'attaque du fort par les Indiens, très belle scène.
Au casting, outre l'excellent Kirk Douglas en pacificateur, les méchants ont les traits d'un jeune Walter Matthau (un de ses premiers films) et Lon Chaney.
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noar13
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Message par noar13 »

play dirty - enfants de salauds - 1968

bien que ce film soit souvent comparé aux douze salopards, il ne lui arrive pas à la cheville.
Alors evidemment il y a caine, et un enorme davenport, l'idee de base est interessante, une bande de repris de justice envoyée au casse pipes, quelques rebondissements, les personnages peu developpés restent sympas, et notamment le couple gay, surréaliste, de toth fait de son mieux pour remplir les quotas côté action (c'est plutot sanglant et reussi)

néanmoins on s'ennuye passablement devant d'interminables remorquages de vehicules ou des tempetes de vents qui n'en finissent pas, bref il y a des sequence où même le bruit inuspportable des moteurs, des armes ou du vent (cf la tempete) suffisent a peine à tenir le spectateur éveillé.
Spoiler (cliquez pour afficher)
Mention speciale pour le Final :mrgreen:
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Fatalitas
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Message par Fatalitas »

Mardi 20 decembre sur Cineclassic dans le cadre de Mardi western, diffusion de Last of the comanches (Le Sabre et la fleche) d'André de Toth :wink:

Jeremy, tu l'as vu ?
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Jeremy Fox
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Day of the Outlaw

Message par Jeremy Fox »

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La Chevauchée des bannis (Day of the Outlaw - 1959) de André de Toth
UNITED ARTISTS



Avec Robert Ryan, Burl Ives, Tina Louise, Alan Marshal, Jack Lambert
Scénario : Philip Yordan
Musique : Alexandre Courage
Photographie : Russell Harlan (Noir et blanc 1.85)
Un film produit par Sidney Harmon pour la United Artists


Sortie USA : Juillet 1959


Blaise Starrett (Robert Ryan) arrive à Bitters, petit village enneigé, perdu au fin fond du Wyoming. C’est un éleveur qui a autrefois 'nettoyé' le coin de la 'racaille' qui l’infestait ; raison de plus pour désormais avoir du mal à supporter que les fermiers récemment installés s’approprient les terres par la mise en place de fils de fer barbelés. Mais ce n’est pas la seule raison de sa forte détermination à lutter contre les fermiers ; en effet, l’un d’entre eux, Hal Crane (Alan Marshal), n’est autre que l’époux de Helen (Tina Louise), la femme avec qui il eut autrefois une liaison et de qui il est toujours fou amoureux. Quoi qu’il en soit, Starrett et Crane en arrivent à se défier à mort mais, alors qu’ils sont sur le point de se battre en duel, font violemment irruption dans la ville sept bandits poursuivis par l’armée et menés par l’inquiétant Jack Bruhn (Burl Ives). Ce dernier est un ancien officier de cavalerie qui vient avec son gang de dévaliser la paie des soldats. Blessé assez gravement, Bruhn espère se faire soigner dans ce coin reculé où il compte passer quelques jours cachés de ceux qui recherchent activement son gang. Une fois que la balle a été extraite avec succès, et bien que très affaibli, il arrive encore à canaliser l’envie de violence de ses hommes envers les habitants du village et notamment les femmes. Quand celles-ci tentent de fuir, Bruhn fait infliger une sévère correction à Starrett qui a finalement décidé de faire front avec les fermiers et de prendre la tête de la 'résistance'. La tension est à son comble à l’occasion d’une soirée organisée par les bandits, qui tentent alors d’abuser des femmes qu’ils ont obligées à venir ; Bruhn intervient quand le bal commence à dégénérer mais Starrett a peur que cela ne se reproduise. Une idée lumineuse lui vient alors à l’esprit : égarer les hors-la-loi en leur faisant miroiter un passage imaginaire dans la montagne par lequel ils pourraient prendre la fuite. La 'chevauchée des bannis' commence...

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"Habituellement les héros de western étaient tellement bons qu’ils pouvaient marcher avec une auréole au-dessus de la tête, ou tellement mauvais que Lucifer aurait pu venir prendre des leçons. J’aimais les gens et j’essayais de montrer de véritables êtres humains. Les personnages de Day of the Outlaw m’étaient très proches, car j’avais commencé à gagner ma vie comme cow-boy. Cette histoire est vraie et j’ai essayé de la rendre aussi réelle que possible" disait le communément nommé 'quatrième borgne de Hollywood' (Fritz Lang, Raoul Walsh et John Ford étant les trois autres) à Bertrand Tavernier lors d’un entretien en 1993 à Lyon et repris dans le livre 'Amis Américains'. Et effectivement, pour atteindre à ce vérisme, que ce soit pour les personnages ou les décors, les situations ou les objets, tous ces derniers sont très éloignés des canons hollywoodiens traditionnels ; même s’il est tout aussi vrai que beaucoup de westerns des années 50 avant lui s’en étaient déjà pas mal éloignés. Dans La Chevauchée des bannis, les protagonistes principaux sont avant tout humains, ni tout blanc ni tout noir ; paradoxalement même, son héros interprété par Robert Ryan n’apparaît pas spécialement sympathique dans l’immédiat alors qu’au contraire une certaine humanité semble poindre à de nombreuses reprises chez Burl Ives. La volonté d’authenticité peut également très vite se vérifier en regardant attentivement les décors qui sont d’une grande austérité : rarement nous n’avions vu jusqu’ici dans les westerns une épicerie ou un saloon aussi pauvres, aussi vides d’objets. Il faut dire que dans des régions aussi reculées, ces échoppes n’étaient quasiment pas achalandés en hiver, ce qui fait que les étagères et les comptoirs ne débordaient pas vraiment, ni de victuailles ni de boissons. Cet ascétisme visuel se retrouve dans les paysages extérieurs recouverts de neige, et au milieu desquels s’élèvent trois ou quatre malheureuses cabanes disséminées ici et là. Pas grand chose pour attirer le regard, aucun 'exotisme' de l’Ouest, un aspect pittoresque totalement absent ; tout est fait pour se concentrer sur les personnages, sur leurs failles et leur psychologie, d’où l’appellation par Bertrand Tavernier de 'western dreyerien'.

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En tout cas ce western d’André De Toth, même s’il a subi un échec financier sévère à l’époque, a depuis largement été vengé par toute une frange de la critique française, dont certaines personnalités en font l’un des plus grands chefs-d’œuvre du genre et le sommet de l’œuvre du cinéaste. Le grand écart est néanmoins un peu excessif car il est exécuté au détriment des autres westerns de sa filmographie qui, pour certains, peuvent prétendre à d’aussi belles dithyrambes ; on pense notamment à certains films nés de son association avec Randolph Scott qui méritent bien mieux que le dédain dans lequel ils sont tenus, y compris dans le livre de Philippe Garnier aussi passionnant soit-il. La Chevauchée des bannis ne devrait donc pas nous faire oublier les excellents Cavalier de la mort (Man in the Saddle), Le Cavalier traqué (Riding Shotgun) et surtout cette petite merveille avec Gary Cooper qu’est le captivant La Mission du Commandant Lex (Springfield Rifle). Il est également permis de lui préférer l’un des plus grands films noirs des années 50, à savoir Chasse au Gang (Crime Wave), sans oublier le splendide La Rivière de nos amours (The Indian Fighter). Tout cela pour dire qu’il serait dommage que cet arbre certes majestueux cache une forêt qui n’est pas avare de beaucoup d’autres !

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Le générique du film débute normalement pour laisser place en son milieu à une conversation à deux entre Starrett et son contremaître qui, en quelques phrases et en un seul plan fixe (sans aucun rapport de gros plans), nous fait comprendre toute la situation. Si les premiers échanges nous font penser que l’histoire sera d’une banalité confondante pour tous les amateurs de westerns - le thème du conflit entre éleveurs avides de grands espaces et fermiers casaniers étant certainement le plus usité du genre -, l’on apprend immédiatement dans la foulée que les barbelés semblent être une mauvaise excuse, le troupeau de Starrett ne passant qu’une fois par an sur ces terres. La rivalité entre les deux clans serait plutôt passionnelle, Starrett voulant impérativement récupérer la femme de l’agriculteur. Et le générique de repartir d’où il s’était arrêté ! Modernité de la mise en scène, convention de l’intrigue, si cela avait été si simple ! Alors que le sujet, les situations et les personnages étaient bien campés, proposant de nous donner un parfait et intelligent résumé du conflit éleveur/fermier qui a été le thème le plus souvent rebattu du genre, à la 18ème minute on tourne la page sans que rien ne se soit résolu et une autre histoire commence ; l’irruption brutale des hors-la-loi lors d’une scène déjà fortement tendue fait bifurquer le film vers une toute autre direction. "Je voulais explorer la bizarre situation suivante : un groupe de hors-la-loi en fuite qui terrorise une petite communauté de l’Ouest, et puis, par un sort de la nature, devient lui-même prisonnier d’un silence blanc au milieu de nulle part" disait le scénariste Philip Yordan. Sa description de cette 'seconde' partie est intrigante, le film le sera désormais tout autant, la tension ne se relâchant à aucun moment.

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Dès lors, nous assistons à une sorte de combat psychologique entre deux comédiens formidables : Robert Ryan (qui a grandement participé à l’écriture du scénario) et Burl Ives, qui interprètent avec une grande sobriété deux personnages difficiles à cerner, d’une richesse et d’une ambiguïté sacrément captivantes. Le premier, de prime abord antipathique, individualiste forcené capable de toutes les bassesses pour remettre la main sur la femme de son ennemi, va petit à petit se rendre compte de l’importance de la communauté. Le second, après avoir commis les pires ignominies (le massacre d’un groupe de Mormons), empêchera jusqu’au bout ses hommes de se livrer au pillage et au massacre du village dans une sorte de volonté finale de rédemption ; mais on n’en dira pas plus de peur d’avoir déjà pas mal dévoilé l’intrigue. Des personnages forts mais une interprétation constamment en demi-teinte, tout comme celle de Tina Louise, 'la femme par qui le scandale arrive' ; elle nous offre peut-être ici son rôle le plus mémorable (même s’il n’a rien à voir avec les photos publicitaires lancées à l’époque pour la sortie du film, qui la montraient avec un décolleté plongeant sur une poitrine généreuse ; des photos que l’on retrouve dans le livre d’accompagnement du DVD). Il faut dire que Russell Harlan la photographie divinement, tirant le maximum de son beau et délicat visage ; elle est tellement bien mise en valeur que l’on comprend pourquoi Robert Ryan tient absolument à la récupérer. Pour la fameuse séquence du bal, André De Toth disait ne pas avoir prévenu l’actrice de ce qui allait lui arriver, ne lui avoir donné aucune indication afin qu’elle soit aussi surprise que le personnage ; et en effet, l’effroi qui se lit sur son visage ne semble pas être feint, ce qui était bien le cas.

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Si la scène de bal s’avère être le climax du film, insoutenable par sa longueur et son extrême tension, par le tournis que nous donne la caméra échevelée avec ses panoramiques à plus de 180°, par l’entêtement de sa ritournelle qu’on voudrait bien voir s’arrêter, par les regards concupiscents des hommes de Bruhn, par la violence qui sourd de ces tourbillons sauvages, d’autres séquences d’une intensité dramatique remarquable peuvent ainsi être taxées d’anthologiques comme cette bagarre à mains nues d’une étonnante dureté - filmée de loin au milieu de la neige avec cet époustouflant gros plan de coupe du coup de poing qui fait s’éjecter de la glace du visage de l’adversaire - ou encore, malgré quelques inserts de transparences qui vont à l’encontre de la recherche à tout prix de l’authenticité, ces vingt dernières minutes au milieu de la nature hostile et meurtrière où les chevaux arrivent péniblement à avancer : rarement nous n’avions ressenti le froid à ce point ! "Je voulais raconter une histoire pleine de tension et de peur au milieu de la neige… Je voulais la dureté contrastée du noir et blanc, pas la joliesse de la pellicule couleur." Bon choix d’André de Toth qui, grâce à la superbe photographie assez dure de Russell Harlan (surtout connu dans le genre pour avoir éclairé les trois premiers westerns de Howard Hawks), renforce ce côté âpre et oppressant souligné aussi par ce thème musical martial, lancinant et menaçant d’Alexander Courage, compositeur surtout connu de nos jours pour avoir écrit le thème principal de la première série Star Trek.

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La dureté provient aussi des bandits eux-mêmes ! Car si les personnages principaux ont eu comme consignes de jouer en demi-teinte, les seconds rôles fortement et volontairement typés s’en sont donnés à cœur joie, De Toth (comme d’ailleurs beaucoup de cinéastes de série B) ayant choisi des trognes patibulaires franchement inquiétantes, celles de Jack Lambert, Paul Wexler, Frank Dekova et Lance Fuller. Vous l’aurez deviné, l’humour est quasiment absent de ce hiératique Day of the Outlaw, plus proche du film noir dans ses thématiques, son ton et son ambiance que du western. Peu de coups de feu mais une menace pesante et permanente, aucun exutoire pour le spectateur qui voudrait bien une bouffée d’air suite au générique de fin, après avoir ressenti une certaine claustrophobie au milieu de cet environnement impitoyable. Le dépouillement et le modernisme de la mise en scène, la rigueur de l’écriture, la perfection de l’interprétation, l’étrangeté des situations font bien de cette sombre et insolite Chevauchée des bannis un western très important. Notons cependant qu’un film de dix ans son aîné lui ressemble étrangement sur de nombreux points, un chef-d’œuvre encore plus puissant et à l’épilogue aussi inattendu (dans le mauvais sens du terme pour beaucoup) : le rude et sublime La Ville abandonnée (Yellow Sky) de William Wellman.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Je profite de la remontée de ce topic pour l'alimenter avec mes visions toutes fraîches.

Le Cavalier de la mort (Man in the saddle) 1951

Voilà un excellent film typique du style du 4ème borgne d'Hollywood, prince de la série B westernienne au côté de Boetticher. De l'action, il y en a aussi à la pelle mais là, le scénariste prend le temps de s'attarder sur les personnages et leur vie quotidienne ; ils nous deviennent ainsi plus proches et plus sympathiques. Toujours les longues chevaucées chères au réalisateur, les mêmes seconds rôles ainsi que le choix de paysages plutôt dépaysants pour le genre comme ces séquences dans la neige. Pas mal de très bonnes idées de mise en scène pour ne rien gâcher comme ces gunfights dans le noir total, la bagarre au bord des cascades ou le final se déroulant au milieu d'une tempête de vent sans musique. Randolph Scott est égal à lui-même et les personnages féminins sont assez bien écrits ; le tout dans un somptueux technicolor. Très bonne série B.

Les Massacreurs du Kansas (The Stranger wore a gun) 1953

Action. Action. Action. Les amateurs devraient être comblés, ça n'arrête pas une seconde. Malheureusement au détriment d'une écriture solide du scénario et des personnages. Résultat, ça bouge mais on n'a jamais eu le temps de s'attacher à quiconque et c'est tout juste si l'ennui ne pointerait pas le bout de son nez. Tourné pour le relief, les auteurs ont eu l'air de s'être concentré sur cette technique et avoir laissé de côté l'essentiel. Mais bon, De Toth a du métier et on ne peut pas dire que ce soit mal foutu, juste un peu trop rapide et trop schématique. Un western trépidant mais sans âme.
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Message par bruce randylan »

Plus moyen de trouver la rivière de nos amours en magasins. :?
Heureusement qu'il reste le net.

Ayant du mal à trouver ses films, une rapide dvdgraphie c'est possible ? :oops:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

bruce randylan a écrit : Ayant du mal à trouver ses films, une rapide dvdgraphie c'est possible ? :oops:
DVDgraphie de quoi ? De Toth ?

Mais enfin, si tu trouves Ford niais, je n'ose pas te recommander The Indian Fighter :twisted: :mrgreen:
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Message par Link Jones »

Jeremy Fox a écrit :
Le Cavalier de la mort (Man in the saddle) 1951

Contrairement à celui chroniqué ci-dessus, en voilà un excellent film typique du style du 4ème borgne d'Hollywood, prince de la série B westernienne au côté de Boetticher. De l'action, il y en a aussi à la pelle mais là, le scénariste prend le temps de s'attarder sur les personnages et leur vie quotidienne ; ils nous deviennent ainsi plus proches et plus sympathiques. Toujours les longues chevaucées chères au réalisateur, les mêmes seconds rôles ainsi que le choix de paysages plutôt dépaysants pour le genre comme ces séquences dans la neige. Pas mal de très bonnes idées de mise en scène pour ne rien gâcher comme ces gunfights dans le noir total, la bagarre au bord des cascades ou le final se déroulant au milieu d'une tempête de vent sans musique. Randolph Scott est égal à lui-même et les personnages féminins sont assez bien écrits ; le tout dans un somptueux technicolor. Très bonne série B.
J'ai également été frappé ces ambiances plutôt originales :
le gunfight dans le noir,
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on y voyait vraiment plus rien et les coups de feux partaient dans tous les sens, dur à suivre, un peu stressant même, effet réussi :shock:
les scènes en montagne avec la neige et le torrent,
Spoiler (cliquez pour afficher)
qui donnera lieu à une impressionnante glissade de la jeune femme sur au moins 10/15 mètres, cela ne l'empêchera pas de se relever tout naturellement avec un fusil à la main :lol:
et cette tempête de sable pour finir !

Sans parler des paysages plus habituels semi-désertiques de rochers (à Lone Pine, je pense) ; l'ensemble est donc varié sur 1h20 seulement et cela vaut bien le détour, même si l'histoire est plutôt banale. Les bandits assez moyens m'ont déçus, mais heureusement il y a Randy :D
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Link Jones a écrit :les scènes en montagne avec la neige et le torrent,
Spoiler (cliquez pour afficher)
qui donnera lieu à une impressionnante glissade de la jeune fille sur au moins 10/15 mètres, cela ne l'empêchera pas de se relever tout naturellement avec un fusil à la main :lol:
La magie hollywoodienne ;-)
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