Delmer Daves (1904-1977)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit : Task force est bien ennuyeux
Revu ce soir et c'est vraiment le cas de le dire ; pour l'instant le seul film du cinéaste que je trouve totalement raté. Heureusement qu'il reste la romance entre Gary Cooper et Jane Wyatt, le seul élément du film qui arrive à nous faire sortir de notre torpeur. :(
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Cathy
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Cathy »

La Montagne des neuf Spencer, Spencer's Mountain (1963)

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Delmer Daves réalise ici une très belle comédie dramatique qui n'est pas dans la lignée mélodramatique de ses précédents films, mais au contraire, le ton est plus léger, plus frais, même si le drame se cache au tournant. On sent que Daves a vraiment le don de filmer la vie de famille avec amour, tendresse, des petites touches comme les relations entre ce grand frère et sa petite soeur notamment. Le réalisateur continue à filmer cette jeunesse qu'il semble adorer, mais ici nous sommes dans des jeunes gens qui ne vivent aucun drame réel. Certes on y parle encore de libération sexuelle, que ce soit dans les propos des parents, ou dans ce jeune couple qui a sans doute des relations, mais sans conséquence dramatique, contrairement à Parrish, Summer Place, ou Susan Slade.

Le Charme du film vient sans doute aussi du couple principal formé par Henry Fonda, excellent en patriarche père de neuf enfants, qui a tendance à se souler, mais ne vit que pour sa famille. Maureen O Hara est pétillante dans le rôle de son épouse, un peu coincée. La religion est aussi au centre du film avec ce père qui ne va pas à l'église et sa femme qui au contraire élève ses enfants dans les préceptes religieux. La rencontre entre le pasteur et ce père donne d'ailleurs lieu à une savoureuse partie de pêche !

Il y a aussi cette nature magnifiée par la caméra de Daves, le parc des Tetons, sublimé par le cinémascope. Si le film démarre un peu lentement, on finit par rentrer dans cette vie familiale qui tourne autour de la réussite de l'ainé de la famille qui doit entrer à l'université. Contrairement à ses mélos, nous sommes ici dans un milieu moins aisé socialement, mais sans doute plus heureux, assez manichéen, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur finalement. Nous sommes touchés par la mort du grand père, attendris par ces enfants, charmé par le fils ainé. La force du film vient sans doute de son casting exemplaire, James Mac Arthur est très attachant en fils qui passe son temps à courir, Mimsy Farmer est piquante en petite amie, Donald Crisp campe aussi un superbe grand père.

Bref Delmer Daves signe encore une subtile évocation de la vie familiale, pleine de sensibilité, et à la fin du film, on regrette de ne pas pouvoir rester encore avec ces Spencer si sympathiques, malgré leurs défauts, leurs emportements, mais aussi leur amour !
Dernière modification par Cathy le 27 juin 10, 14:04, modifié 1 fois.
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Jeremy Fox
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Jeremy Fox »

Cathy a écrit :La Montagne des neuf Spencer, Spencer's Mountain (1963)

Bref Delmer Daves signe encore une subtile évocation de la vie familiale, pleine de sensibilité, et à la fin du film, on regrette de ne pas pouvoir rester encore avec ces Spencer si sympathiques, malgré leurs défauts, leurs emportements, mais aussi leur amour !
Et une convaincue de plus 8)
Julien Léonard
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Julien Léonard »

Le nombre d'avis positifs autour de ce film va me faire devenir adepte, je le sens. Je parie qu'il existe en DVD zone 1... Je vais aller jeter un coup d'œil.
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Jeremy Fox
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Jeremy Fox »

Julien Léonard a écrit :Le nombre d'avis positifs autour de ce film va me faire devenir adepte, je le sens. Je parie qu'il existe en DVD zone 1... Je vais aller jeter un coup d'œil.
Oui zone 1 Warner (all zone je suppose) avec sous titres français ; d'ailleurs une chronique du DVD (superbe) sera peut-être sur le site dans le courant de l'année :wink:
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cinephage
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par cinephage »

Pride of the Marines (1945)

Ce film souffre d'une construction un peu bancale. Il bénéficie d'un efficace début, charmant, dans la veine des comédies amoureuses des années 30, avec solides seconds rôles et un joli récit de séduction, dans lequel John Garfield révèle un certain talent. Eleanor Parker se révèle parfait en jeune femme qui vient briser ses certitudes qu'il ne se marierait jamais.
Vient le plat de résistance du film, le héros s'engage dans l'armée, et devient un Marine. Le récit guerrier qui suit n'est pas inintéressant, mais sa nature propagandiste sape un peu la force du propos. Seul un morceau d'anthologie, le moment qui fait de Garfield l'orgueil des Marines, est vraiment réussi, porteur d'une belle tension, et brutal.
Après s'ensuit un long épilogue verbeux et mal rythmé, qui verse dans le mélodrame facile, dans lequel nous voyons le héros devenu aveugle refuser sa situation, redouter de retrouver ses proches, de se sentir diminué, avant de se reprendre et de décider d'affronter sa nouvelle condition, grace à la déclaration enflammée d'Eleanor Parker.

Bref, un film très inégal, qui vaut surtout pour sa partie sentimentale du début (en revanche, pas de paysages dans ce film de studio, tout au plus une séquence de rêve troublante et très avant-gardiste). Une veine qu'il semble retrouver ultérieurement dans sa série "romantique", qu'il me tarde de découvrir.
6/10 pour le début si romantique.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Jeremy Fox
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Jeremy Fox »

cinephage a écrit :Une veine qu'il semble retrouver ultérieurement dans sa série "romantique", qu'il me tarde de découvrir.
Oui avec la différence que ses derniers films sont de purs mélos avec les outrances et les envolées qui le caractérisent ; un certain côté kitsch qui n'est pas à l'oeuvre dans la première partie de ce beau film.
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Jack Carter »

au fait, Jeremy, connaissais-tu l'existence de ce livre consacré à Delmer Daves ? : http://www.priceminister.com/offer/buy/ ... Livre.html
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The Life and Death of Colonel Blimp (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1943)
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Jeremy Fox
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Jeremy Fox »

Jack Carter a écrit :au fait, Jeremy, connaissais-tu l'existence de ce livre consacré à Delmer Daves ? : http://www.priceminister.com/offer/buy/ ... Livre.html
Pas du tout mais ça m'intéresse sacrément ; un grand merci pour l'info :D
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par nobody smith »

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Après avoir sélectionné un Hathaway pour sa carte blanche à l’Eldorado, il semblait cohérent que Tavernier choississe un film de Delmer Daves, autre cas emblématique de réalisateur régulièrement qualifié de yes-man alors qu’il a clairement démontré sa maîtrise de l’outil cinématographique. Là encore, ça tombe bien parce que je connais guère le travail du bonhomme. Je garde un très vague souvenir des gladiateurs découvert lors d’un cours de latin (le seul intérêt de cette matière aura été de me découvrir des peplums tout ce qu’il y a de sympathique) et le seul autre Daves que j’ai vu est le remarquable 3h10 pour Yuma (50 ans d’age et 50 fois plus impressionnant que son remake). Et remarquable, ce dark passage l’est également. En le présentant, Tavernier en parlait comme une synthèse du film noir avec le conte de fée. Une hybridation peut-être exagérée même si le film brille par son ton décalé entre rebondissements rocambolesques (le chauffeur de taxi) et un humour assez tordu (l’hallucinante séquence de l’opération esthétique). Cela donne toutefois un sacré charme à l’ouvrage, surtout que Daves ménage une mise en scène captivante. Tavernier avançait pour l’anecdote que Daves avait pour hobbie la minéralogie. Cette passion pour la roche explique d’une certaine manière son approche brutale du cinéma, forçant le spectateur à s’immerger sans ménagement dans le spectacle. Bien qu’assez vieillisant sur certains aspects (Daves n’est pas particulièrement intéressé par le tour de force du plan-séquence), le choix d’une mise en scène subjective épousant le point de vu du personnage principal est incroyablement puissant et donne lieu à une inventivité folle dès l’entrée en matière. En résulte un film noir époustouflant, étrange mais, comme l’a prévenu Tavernier, qui a toute les chances de très bien vieillir dans la tête de son spectateur.
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Père Jules »

Vu ce soir La colline des potences et mon témoignage n'apportera sans doute pas grand chose. J'ai juste découvert un film très beau, très dur. Ça commence admirablement par un générique maitrisé de façon hallucinante (avec en prime la chanson titre qui ne gâte rien). Le thème du lynchage apparait au cours du film par morceau si bien qu'il est parfois possible que le spectateur se dise "ça va finir plutôt pas mal on dirait". Mais le titre (que ce soit en VO ou en VF) est particulièrement évocateur et remet en cause cet éventuel sentiment. Traité de manière différente que par exemple The Ox-Bow Incident (film admirable s'il en est), avec une très belle histoire de "cécité féminine" ( :mrgreen: ), La colline des potences est un film réussi tant sur la forme que sur le fond. Un vrai coup de cœur.
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Cathy »

Les passagers de la nuit, Dark Passage (1947)

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Vincent Parry, accusé d'avoir tué sa femme s'évade de Saint-Quentin. Dans sa cavale, il rencontre Irene Jansen une jeune peintre, et décide de trouver quel est l'assassin de sa femme et maintenant de son meilleur ami

Delmer Daves signe ici le troisième film du tandem Lauren Bacall, Humphrey Bogart. Le scenario est audacieux, peut-être un peu trop et souffre un peu d'un manque de cohérence, avec trop d'invraisemblances, et trop de retournement (entre le maître chanteur, le policier et l'absence d'imper, la solution de l'enquête qui cloture une partie du film. On sent toutefois l'incorrigible romantique que semblait être Delmer Daves dans sa relation d'amour entre les deux personnages mais aussi entre ces deux voyageurs qui se rencontrent à la gare routière. Il y a aussi cette première partie en caméra subjective mais qui contrairement à la Dame du Lac n'est pas ennuyeuse. Sans doute est-ce lié au fait aussi qu'il y a des poses dans la subjectivité, avec des plans de routes, de voitures, d'immeubles vus par un spectateur lambda et pas uniquement par Vincent Parry. Il y a aussi ce curieux "cauchemar" de Parry quand il va chez le chirurgien, qui est totalement dans l'air du temps des Spellbound, et autres films "psychanalytiques" même si ici il n'y a aucun thème lié à la psychanalyse. L'ambiance finale semble un clin d'oeil à To have or have not. Malgré ses incohérences et ses multiples rebondissements, Dark Passage s'avère un très bon film noir, avec ces faux coupables et ces faux innocents, cette enquête menée par le fugitif. Et puis il y a naturellement la beauté radieuse de Lauren Bacall auquel répond le charme d'Humphrey Bogart !
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par monk »

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Jubal (L'Homme de nul part)

Belle réussite, encore une fois. Loin de l'aventure bigger than life de La Dernière Caravane vu juste avant, Jubal est un drame intimiste qui a plus à voir avec le film noir que le western, finalement: Un homme en fuite est sauvé par le propriétaire d'un ranch, à la femme infidèle... Le film pose doucement les enjeux, prennant tout son temps pour décrire les situations et les personnages. Les évenements s'imbriquent logiquement et les ennuis arrivent.
Très belle expérience pour moi, j'ai trouvé le film assez captivant malgré (mais aussi grace à) la douceur de son rythme. Les personnages sont bien caractérisés, les décors magnifiques et encore une fois, la caméra de Daves bouge formidablement et jamais gratuitement.
Seul point négatif à ce formidable tableau: sa fin, éxpédiée comme jamais. Alors que la tension est à son comble après une très belle progression, le film est rêglé en une phrase, d'un personne à peine vu, et hop générique. Vraiment frustrant et déstabilisant :?
Mais je garde !

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Petit top des Westerns de Daves vus:

3:10 Pour Yuma
La Colline Des Potences
Jubal
La Dernière Caravane
La Fleche Brisée

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Prochain Daves: Dark Passage, au cours de mon cycle Film Noir.
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Jeremy Fox
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par Jeremy Fox »

Tiens, je ne me souviens plus du final justement. Dans les points positifs, tu peux rajouter Felicia Farr :wink:
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Re: Delmer Daves (1904-1977)

Message par monk »

Jeremy Fox a écrit : Tiens, je ne me souviens plus du final justement.
Il faut qu'on en parle, sinon je vais croire que j'ai un problème avec les fins de ses films ! Seul celle de The Hanging Tree m'a semblée maitrisée entièrement :?
Jeremy Fox a écrit :Dans les points positifs, tu peux rajouter Felicia Farr :wink:
Je serais plus portée sur Valerie French :mrgreen:
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