Totò (1898-1967)
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- Beule
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Je ne me rappelais plus que Gazzara était de la partie par contre mais ouii c'est ça Il me semble qu'une petite romance se nouait d'ailleurs entre Magnani et Gazzara, donc, en jeune escroc si je ne m'abuse. Souvenir diffus mais ému.Cosmo Vitelli a écrit :Tu veux peut être parler de Risate di gioia, avec Ben Gazzara aussi !Beule a écrit :
Yep! La loi c'est la loi de Christian-Jaque, en contrebandier de ville frontière pourchassé par le gendarme Fernandel. Tarabiscoté mais assez drôle dans mes lointains souvenirs.
Je garde surtout le souvenir du tandem qu'il formait avec la Magnani dans un film de Monicelli: deux figurants s'évertuant à jouer les pique-assiettes dans une suite de parties par un soir de réveillon. Une ode tendre et drôle au courage. Une merveilleuse fable positiviste en fait. Mais impossible de me souvenir du titre
magnani jouait-elle une prostituée ?
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Exact !Beule a écrit :Yep! La loi c'est la loi de Christian-Jaque, en contrebandier de ville frontière pourchassé par le gendarme Fernandel. Tarabiscoté mais assez drôle dans mes lointains souvenirs.vic a écrit :J'ai un souvenir fabuleux d'un peplum avec lui ... Toto and Cleopatra sans doute.
Sinon, vu dans quelques films où il n'avait pas forcément la vedette, dont un avec Fernandel ...
Je ne pense pas que ça soit ma tasse de thé mais j'aimerais bien mieux connaître.
J'avais beaucoup aimé !
Unité Ogami Ittô
Withdrawing in disgust is not the same thing as apathy.
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Totò est génial.
Son comique est à la fois difficilement exportable (son intarissable bagoût mobilise toutes les ressources dialectales de l’italien qui n’ont pas d’équivalent en français, de sorte que ses jeux de mots intraduisibles font le cauchemar des sous-titreurs *) et universel - étant donné sa plastique corporelle sensationnelle, son trésor inépuisable de mimiques, et son sens inné de l’espace cinématographique, qui supplée à des mises en scène le plus souvent anonymes et fonctionnelles.
En laissant de côté ses apparitions chez Comencini, Rossellini, Monicelli, Pasolini et De Sica, dont il a été question ici, voici quelques mots sur les films que j’ai pu voir.
Fermo con le mani ! (1937) Son premier film. Encore à la recherche de son personnage, Totò emprunte la défroque d’un vagabond chaplinien. D’autre part, le film n’a pas réellement d’intrigue mais enchaîne les sketches à la manière d’une revue de music hall (où T. fit ses débuts). Ce qui n’est pas nécessairement un mal. De manière générale, au vu des quelques films que j’ai pu voir (cela fait très peu sur la centaine qu’il a tournés), il me semble que les films genre revue à structure lâche conviennent mieux à sa personnalité comique (en ce qu’ils permettent tous les débordements) que les comédies plus classiques, mieux bouclées, où il se trouve parfois à l’étroit dans le carcan d’une intrigue souvent conventionnelle. Au total, Fermo con le mani ! reste extrêmement plaisant, avec déjà d’excellents gags et de purs moments de délire. Son numéro de chef d’orchestre à la Fürtwangler est irrésistible.
San Giovanni decollato (1940) est précisément l’exemple d’une comédie plus conventionnelle, à base de pittoresque de cour d’immeuble et de quiproquos familiaux. Passé l’ouverture hilarante au tribunal, j’ai moins marché (même s’il y a comme toujours d’excellents moments), malgré la bonne réputation dont jouit le film chez les totologues.
Totò al giro d’Italia (1948) est désopilant, qui confronte Totò aux véritables champions cyclistes italiens de l’époque (Bartali et consorts), qui apparaissent dans leur propre rôle. Naturellement, Totò les devance tous et remporte le tour d’Italie. Grandiose final chanté.
Tototruffa (1961). Retour à la structure à sketches, pour un festival d’arnaques et d’escroqueries en tous genres, avec grand numéro de travesti. Excellent.
Totó e Peppino divisi a Berlino (1962), situé dans le Berlin de la guerre froide, est plus poussif pour la raison déjà dite. La nécessité de faire avancer une intrigue d’espionnage assez laborieuse se fait aux dépens de la verve comique de T. Un grand moment cependant, lorsque Totò et Peppino, collés l’un contre l’autre, mains liées derrière le dos, une fiole de nitroglycérine entre leurs deux poitrines, entament un pas de deux dandinant pour aller déposer délicatement l’explosif sur un comptoir (si vous vous souvenez de la scène des oranges dans Charade, vous voyez ce que ça peut donner).
Totò Diabolicus (1962) est excellent de bout en bout. Cette fois, le scénario parodico-policier tient la route tout en ménageant un espace suffisant à l’improvisation totoesque. Comme Alec Guiness dans Noblesse oblige, le génial Napolitain interprète tous les membres d’une famille, qui seront assassinés les uns après les autres.
Pour info, il n’existe qu’un seul livre en français sur Totò : Totò, le rire de Naples, de René Marx, paru il y a quelques années. Introduction accessible et très recommandable.
À quand les dvd ? Que font les Italiens ?
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* Je me souviens d’avoir vu enfant un Totò doublé où on le faisait parler avé l’assent provençal : catastrophe.
Son comique est à la fois difficilement exportable (son intarissable bagoût mobilise toutes les ressources dialectales de l’italien qui n’ont pas d’équivalent en français, de sorte que ses jeux de mots intraduisibles font le cauchemar des sous-titreurs *) et universel - étant donné sa plastique corporelle sensationnelle, son trésor inépuisable de mimiques, et son sens inné de l’espace cinématographique, qui supplée à des mises en scène le plus souvent anonymes et fonctionnelles.
En laissant de côté ses apparitions chez Comencini, Rossellini, Monicelli, Pasolini et De Sica, dont il a été question ici, voici quelques mots sur les films que j’ai pu voir.
Fermo con le mani ! (1937) Son premier film. Encore à la recherche de son personnage, Totò emprunte la défroque d’un vagabond chaplinien. D’autre part, le film n’a pas réellement d’intrigue mais enchaîne les sketches à la manière d’une revue de music hall (où T. fit ses débuts). Ce qui n’est pas nécessairement un mal. De manière générale, au vu des quelques films que j’ai pu voir (cela fait très peu sur la centaine qu’il a tournés), il me semble que les films genre revue à structure lâche conviennent mieux à sa personnalité comique (en ce qu’ils permettent tous les débordements) que les comédies plus classiques, mieux bouclées, où il se trouve parfois à l’étroit dans le carcan d’une intrigue souvent conventionnelle. Au total, Fermo con le mani ! reste extrêmement plaisant, avec déjà d’excellents gags et de purs moments de délire. Son numéro de chef d’orchestre à la Fürtwangler est irrésistible.
San Giovanni decollato (1940) est précisément l’exemple d’une comédie plus conventionnelle, à base de pittoresque de cour d’immeuble et de quiproquos familiaux. Passé l’ouverture hilarante au tribunal, j’ai moins marché (même s’il y a comme toujours d’excellents moments), malgré la bonne réputation dont jouit le film chez les totologues.
Totò al giro d’Italia (1948) est désopilant, qui confronte Totò aux véritables champions cyclistes italiens de l’époque (Bartali et consorts), qui apparaissent dans leur propre rôle. Naturellement, Totò les devance tous et remporte le tour d’Italie. Grandiose final chanté.
Tototruffa (1961). Retour à la structure à sketches, pour un festival d’arnaques et d’escroqueries en tous genres, avec grand numéro de travesti. Excellent.
Totó e Peppino divisi a Berlino (1962), situé dans le Berlin de la guerre froide, est plus poussif pour la raison déjà dite. La nécessité de faire avancer une intrigue d’espionnage assez laborieuse se fait aux dépens de la verve comique de T. Un grand moment cependant, lorsque Totò et Peppino, collés l’un contre l’autre, mains liées derrière le dos, une fiole de nitroglycérine entre leurs deux poitrines, entament un pas de deux dandinant pour aller déposer délicatement l’explosif sur un comptoir (si vous vous souvenez de la scène des oranges dans Charade, vous voyez ce que ça peut donner).
Totò Diabolicus (1962) est excellent de bout en bout. Cette fois, le scénario parodico-policier tient la route tout en ménageant un espace suffisant à l’improvisation totoesque. Comme Alec Guiness dans Noblesse oblige, le génial Napolitain interprète tous les membres d’une famille, qui seront assassinés les uns après les autres.
Pour info, il n’existe qu’un seul livre en français sur Totò : Totò, le rire de Naples, de René Marx, paru il y a quelques années. Introduction accessible et très recommandable.
À quand les dvd ? Que font les Italiens ?
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* Je me souviens d’avoir vu enfant un Totò doublé où on le faisait parler avé l’assent provençal : catastrophe.
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- David O. Selznick
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vic a écrit :J'ai un souvenir fabuleux d'un peplum avec lui ... Toto and Cleopatra sans doute.
Sinon, vu dans quelques films où il n'avait pas forcément la vedette, dont un avec Fernandel ...
Je ne pense pas que ça soit ma tasse de thé mais j'aimerais bien mieux connaître.
C'est TOTO CONTRE MACISTE qui est passé à Canal+ grace à Dionnet. A quand une édition Cinéma de Quartier ?
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Je ne l'ai vu que dans deux films : "Le Pigeon" et "Des Oiseaux Petits et Gros"...
Dans le premier, il est formidable. Mais le film l'est...
Dans le second, il a de bons moments (la scène ou il sautille pour communiquer avec les oiseaux...). Mais son personnage est tellement à l'opposé de l'univers Pasolinien qu'il en résulte un film que je trouve raté.
Pasolini pratique un cinéma brut, plein de cruauté, et - il faut le dire - souvent dénué d'humour !
La fantaisie de Toto va même jusqu'à parasiter le style de Pasolini (voire ces accélérations à la Benny Hill censées apporter de la légéreté...).
Ce film est souvent le favori des détracteurs de Pasolini. En tant qu'admirateur du cinéaste, je pense qu'il s'agit d'un de ses moins bons ...
PS : le générique du Pasolini est quand même CULTE !
Dans le premier, il est formidable. Mais le film l'est...
Dans le second, il a de bons moments (la scène ou il sautille pour communiquer avec les oiseaux...). Mais son personnage est tellement à l'opposé de l'univers Pasolinien qu'il en résulte un film que je trouve raté.
Pasolini pratique un cinéma brut, plein de cruauté, et - il faut le dire - souvent dénué d'humour !
La fantaisie de Toto va même jusqu'à parasiter le style de Pasolini (voire ces accélérations à la Benny Hill censées apporter de la légéreté...).
Ce film est souvent le favori des détracteurs de Pasolini. En tant qu'admirateur du cinéaste, je pense qu'il s'agit d'un de ses moins bons ...
PS : le générique du Pasolini est quand même CULTE !
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- Pipeaulogue
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Tiens c'est curieux, je suis un détracteur de Maestro et je trouve que ce film est une merdeSimone Choule a écrit : Ce film est souvent le favori des détracteurs de Pasolini. En tant qu'admirateur du cinéaste, je pense qu'il s'agit d'un de ses moins bons ...
Sinon plus sérieusement, un Toto rare que j'aime beaucoup : Le medecin des fous et son procédé de distanciation.
Avec une telle filmographie, il y'en aurait des coffrets DVD a édité.
"De toutes les sciences humaines, la pipeaulogie - à ne pas confondre avec la pipe au logis - ou art de faire croire qu'on sait de quoi on parle, est sans conteste celle qui compte le plus de diplômés !" Cosmo (diplômé en pipeaulogie)
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- Monteur
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j'aprécie bcp le peu que j'ai vu de sa filmo qui est partagé entre chefs d'oeuvres et nanars comiques italiens. d'un côté, les cultissimes Pigeon et Des oiseaux petits et gros, d'un autre côté, les films qu'ils a tournés sous la direction de Steno dont deux avec de Funès: Fripouillard et Cie, le seul qui m'ait été donné de voir, est très sympathique... Un coup fumant vien de sortir en DVD...
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- antépiphoromaniaque
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Pour ma part, je suis admirateur de Pasolini et j’aime Uccellacci.
Film étonnant, atypique, où PPP pousse jusqu’au bout la tentation du collage qui traverse toute son œuvre, en mariant la fable didactique, la parabole religieuse (où il surclasse à mes yeux l’ennuyeux Rossellini des Fioretti) et même le documentaire (images d’actualité de l’enterrement du dirigeant communiste, Tondelli ? Son nom m’échappe).
L’emploi de Totò, que PPP admirait, relève de la même logique de "collage" d’un corps radicalement étranger à l’univers du cinéaste.
Et le plus étonnant est que ça fonctionne, que le film ne cesse d’intriguer, captiver, amuser, dérouter dans son hétérogénéité même.
D’accord avec Requiem, le tandem Totò/Ninetto ("le duo d’un stradivarius et d’un pipeau", disait joliment Pasolini) fonctionne admirablement.
Vérification faite, il s'agit en effet du premier film de Davoli (si l'on exclut une apparition non créditée dans L'Évangile selon saint Matthieu).
Film étonnant, atypique, où PPP pousse jusqu’au bout la tentation du collage qui traverse toute son œuvre, en mariant la fable didactique, la parabole religieuse (où il surclasse à mes yeux l’ennuyeux Rossellini des Fioretti) et même le documentaire (images d’actualité de l’enterrement du dirigeant communiste, Tondelli ? Son nom m’échappe).
L’emploi de Totò, que PPP admirait, relève de la même logique de "collage" d’un corps radicalement étranger à l’univers du cinéaste.
Et le plus étonnant est que ça fonctionne, que le film ne cesse d’intriguer, captiver, amuser, dérouter dans son hétérogénéité même.
D’accord avec Requiem, le tandem Totò/Ninetto ("le duo d’un stradivarius et d’un pipeau", disait joliment Pasolini) fonctionne admirablement.
Vérification faite, il s'agit en effet du premier film de Davoli (si l'on exclut une apparition non créditée dans L'Évangile selon saint Matthieu).
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- David O. Selznick
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Tout pareil !Bartlebooth a écrit :Pour ma part, je suis admirateur de Pasolini et j’aime Uccellacci.
Film étonnant, atypique, où PPP pousse jusqu’au bout la tentation du collage qui traverse toute son œuvre, en mariant la fable didactique, la parabole religieuse (où il surclasse à mes yeux l’ennuyeux Rossellini des Fioretti) et même le documentaire (images d’actualité de l’enterrement du dirigeant communiste, Tondelli ? Son nom m’échappe).
L’emploi de Totò, que PPP admirait, relève de la même logique de "collage" d’un corps radicalement étranger à l’univers du cinéaste.
Et le plus étonnant est que ça fonctionne, que le film ne cesse d’intriguer, captiver, amuser, dérouter dans son hétérogénéité même.
D’accord avec Requiem, le tandem Totò/Ninetto ("le duo d’un stradivarius et d’un pipeau", disait joliment Pasolini) fonctionne admirablement.
Vérification faite, il s'agit en effet du premier film de Davoli (si l'on exclut une apparition non créditée dans L'Évangile selon saint Matthieu).
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- David O. Selznick
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Ces iùages sont d'ailleurs remarquablement amenées et insérées dans le film. (Et c'est vrai que le générique est absolument culte)Bartlebooth a écrit :Erratum
Pas Tondelli, mais Togliatti.Bartlebooth a écrit : et même le documentaire (images d’actualité de l’enterrement du dirigeant communiste, Tondelli ? Son nom m’échappe).